PARIS (75) DIJON (21) - JEAN BONSERGENT, CAPITAINE DE CAVALERIE (1771 - 1839)
LE CAPITAINE JEAN BONSERGENT (1771 - 1839)
La brillante carrière de Jean Bonsergent est résumée dans le dossier de cet officier, qui est conservé aux archives du ministère de la guerre, et dont nous donnons la transcription ci-après :
ACTE DE NAISSANCE
BONSERGENT (Jean), capitaine de cavalerie - État-major. - Né le 30 juin 1771, à Montmartre (Seine), fils de Jean et d'Anne Lattu. - Marié en 1799, à Marie-Catherine Boessenbacher, née le 10 août 1773, à Colmar (Haut-Rhin), fille de Nicolas et de Marie-Catherine Zimmermann. - Décédé le 20 octobre 1839, à Dijon (où il résidait avec sa femme et ses enfants depuis le 11 août 1815). De son mariage est née une fille, Augustine-Prudence, institutrice, demeurant à Londres.
SERVICES
20 mars 1790 - Enrolé volontaire aux canonniers de Paris ;
23 mars 1793 - Entré au 8e Régiment de hussards (devenu 7e régt) ;
19 février 1794 - Fourrier au 7e Régiment de hussards ;
20 juin 1802 - Passé au 6e Régiment de hussards, par ordre avec son grade ;
1er juillet 1806 - Maréchal-des-logis ;
1er avril 1807 - Maréchal-des-logis-chef ;
26 juin 1808 - Sous-lieutenant dans le Régiment des Dragons Italiens par décret du vice-roi ;
28 mai 1809 - Lieutenant ;
21 juillet 1813 - Capitaine au 4e Régiment de Chasseurs Italiens ;
1er juin 1814 - Rentré au service de France ;
10 février 1815 - Admis au service de France, en qualité de capitaine de cavalerie à demi-solde ;
6 avril 1815 - Capitaine d'État-Major à la 1ère Division militaire ;
5 juillet 1815 - Fait prisonnier de guerre lors de la retraite par les Prussiens ;
11 août 1815 - Capitaine d'État-Major à la 18e division militaire ;
23 mars 1816 - Retraité.
Le 16 avril 1809, à la retraite de Sicile, avec douze dragons de son régiment, il chargea l'infanterie ennemie, reçut un coup de mitraille qui traversa son casque d'outre en outre et lui fit une légère contusion à la tête, et son cheval fut blessé. Il prit dans cette charge cinq chevaux à l'ennemi.
Le 14 juin 1809, à la bataille de Raab, en Hongrie, étant attaché au général Baraguay d'Hilliers, en qualité d'officier de correspondance, il s'est conduit dans cette journée avec beaucoup de valeur et fut blessé d'un coup de feu au pied droit. Il eut un cheval tué sous lui (proposé pour l'avancement et la croix d'Italie).
Le 5 novembre, étant détaché auprès du même général, commandant en chef l'armée française, il se mit à la tête d'une pièce de canon du 53e régiment de ligne, abattit la porte de la Chruisa de Müllbach, en Tyrol, se mit à la tête d'escorte du général, chargea les brigands, prit leur chef et entra le premier dans Brixen avec ses mêmes chasseurs.
Le 8 février 1814, devant Specker, il chargea à la tête de vingt chasseurs et fit prisonniers 163 fantassins ennemis sous les yeux du général Palombini.
Le 10 mai 1814, voulant soutenir une compagnie de voltigeurs qui cherchait à monter à l'assaut du village fortifié de Roverbella, se trouvant chargée par une compagnie de lanciers ennemis, il soutint les voltigeurs par une vive résistance et contribua à la prise de ce village et à l'enlèvement des redoutes. Il y fit 63 prisonniers dont 4 officiers et 25 tués dont 3 officiers. Il fut blessé d'un coup de feu à la jambe gauche.
Ces cinq derniers faits sont au service d'Italie.
Le 18 juin 1815, à la bataille du Mont-Saint-Jean (Waterloo), capitaine d'état-major près du comte de Lobau, commandant le 6e corps, il eut un cheval tué sous lui. Dans la retraite, il perdit ses chevaux et ses bagages, lorsqu'il fut fait prisonnier par les Prussiens, le 5 juillet suivant.
DÉCORATION
Chevalier de la Légion d'honneur depuis le 13 thermidor an XIII (1er août 1805).
Proposé pour la décoration d'Italie, il fut oublié. Il sollicita maintes fois la croix de Saint-Louis, qui lui fut refusée.
CAMPAGNES
1792, 1793, 1794, 1795, 1796, 1797, 1799, 1800, 1801, 1803, 1804, 1805, 1806, à l'expédition du Helder en Hollande ;
1809 à l'armée d'Italie ;
1812 à l'armée d'Espagne ;
1814 en Italie et en France.
BLESSURES
Blessé d'un coup de sabre à la main droite, près de l'abbaye d'Haguenau - 1793.
Un coup de feu au genou gauche à l'affaire de Winterthür - le 25 mai 1799.
Trois coups de sabre à la retraite de Winterthür - le 27 mai 1799.
Coup de feu à la jambe à la bataille de Felkirch.
Coup de sabre sur l'épaule, coup de sabre dans le dos à la bataille de Kempten (Souabe).
Coup de feu au pied droit à la bataille de Raab (Hongrie) le 14 juin 1809.
Coup de feu à la jambe gauche au combat de Roverbella - le 10 mars 1814.
ACTIONS D'ÉCLAT
Belle conduite à l'affaire de l'abbaye d'Haguenau, où il a été blessé et fait prisonnier par les émigrés. - S'échappa trois jours après (1793).
Le 25 juin 1797, faisant partie de la garnison de Mannheim, il fut, à la reddition de cette ville, fait prisonnier de guerre. - Le général Montaigu rend témoignage de sa belle conduite.
A l'affaire de Nidau, en Suisse, il chargea sur une pièce de canon défendue par les Suisses ; il sabra les conducteurs, s'empara des chevaux et de la pièce qu'il amena au général Fressinet qui lui en donna reçu et lui promit de l'avancement (qui fut oublié).
Le 25 mai 1799, à l'affaire de Winterthür, en Suisse, il chargea les hussards de Barco qui sabraient et emmenaient le lieutenant Bacher. - Il fut blessé.
Le 28 mai 1799, dans une charge que fit le régiment sur les hussards autrichiens, voulant secourir le hussard Grise, qui était tombé dans la charge et déjà au pourvoir de l'ennemi, le fit monter sur son cheval et parvint par son courage à le délivrer des mains des Autrichiens dont il n'aurait pu s'échapper.
Le 28 mai 1799, à la retraite de Winterthür, chargé par le général Roger, commandant en chef l'avant-garde, de faire rentrer les tirailleurs de la ligne, il fut cerné par des hussards de Barco, qui le firent prisonnier malgré une vive résistance ; il fut dans cette affaire blessé de trois coups de sabre et son cheval fut tué sous lui d'un coup de feu et d'un coup de sabre.
A l'affaire de Schaffouse, en Suisse, dans une charge que fit le régiment, il fut un des premiers qui traversèrent deux camps russes ; il prit avec le capitaine Choq et quelques hussards, une pièce de canon et 150 grenadiers.
A la bataille de Felkirch, faisant partie d'un détachement commandé par le sous-lieutenant Rossi, il fut un des premiers qui traversèrent une petite ville où était embusquée une compagnie ennemie, qui, malgré un feu opiniâtre, fut faite prisonnière.
A la même affaire, voulant former une barrière pour protéger la retraite d'un peloton de son régiment qui était chargé par l'ennemi et obligé de céder au nombre, il fut blessé d'un coup de feu à la jambe gauche. Le chirurgien lui ayant retiré la balle, il se sentit encore assez de force pour se venger et retourner au combat où il continua de se signaler sous les yeux d'Oudinot.
A la bataille de Kempten, en Souabe, il chargea avec le lieutenant Dridoula sur un peloton de Waldeck ; reçut d'un maréchal-des-logis ennemi commandant ce peloton, un coup de sabre sur l'épaule et un autre dans le dos ; malgré ses blessures, il fit le maréchal-des-logis ennemi prisonnier. - Le lieutenant Dridoula fut mortellement blessé.
A l'affaire de Salzbourg, voulant sauver son chef d'escadron Wéry, commandant le régiment, qui était dangereusement blessé et entouré par l'ennemi, il fut fait prisonnier de guerre. Un instant après, ayant été délivré par un peloton de son régiment, il se réunit à ses libérateurs, charge avec eux sur les cuirassiers ennemis, en prend un, s'empare de son cheval et continue à combattre jusqu'à la fin de l'affaire.
Dans une lettre au ministre de la guerre, le capitaine Bonsergent écrit : "Les malheurs de la révolution par la terreur de Robespierre m'ont privé de mes parents et de ma fortune".
Toutes ses démarches sous la Restauration des Bourbons furent vaines, bien qu'il eut fait adhésion au gouvernement du roi. Seulement, il obtint, le 19 mars 1815, en qualité de chef de bataillon, un Bon de fr. 400 sur l'Intendance du Trésor de la Liste civile de Louis XVIII. Mais la police générale lança le 13 septembre 1814 un mandat de perquisition contre cet officier logé alors rue de Grammont, 17, à Paris. Plus tard, le ministre de la Police le signala, en décembre 1815, "comme tenant des propos les plus répréhensibles". On profita de ce rapport pour le remplacer, le 10 décembre de cette année, par M. Drummond de Melfort qui était trop bien en Cour pour ne pas être préféré à un vieux soldat dont l'héritage paternel avait dû être très modeste.
Il fut préposé au Pont à bascule de Lyon au moment des évènements de Juillet à Dijon, puis Vérificateur des poids & mesures du département de la Côte-d'Or, le 1er janvier 1817 à Dijon.
Comme il est dit plus haut, Jean Bonsergent est décédé à Dijon, le 20 octobre 1839, à l'âge de 67 ans.
O'Kelly de Galway - Le Vieux Montmartre - Société d'histoire et d'archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements - 48e fascicule - 2e trimestre 1905.
Archives nationales - Base Leonore - LH/291/39 - LH/291/36 - LH/291/35
AD21 - Registres d'état-civil de Dijon