URBAIN LEPETIT, MEMBRE DU COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE DE SAUMUR
Urbain Lepetit (il signe parfois "Le Petit"), ce sinistre gamin de dix-huit ans, était venu à Tours comme canonnier au bataillon parisien de l'Unité. Le représentant Pierre Bourbotte ayant eu besoin d'un secrétaire le prit avec lui lorsqu'il revint à Saumur. Lepetit, d'un caractère vif, employant une langue oratoire et une belle écriture, gagna les bonnes grâces de son maître. Il professait en toute occasion des sentiments ultra-révolutionnaires, et Bourbotte, ne pouvant trouver à Saumur un homme "assez monté" pour faire marcher dans une voie vraiment républicaine le nouveau Comité, en nomma Lepetit président. Il réside alors en partie à Saumur, où il loge place du Salut Public (place de la Bilange), chez le citoyen Lhousteau, en compagnie de sa maîtresse, la femme Marquis.
De petite taille, teint clair, pommettes saillantes, nez retroussé et écrasé, regard "rempli de feu", vêtu d'un habit bleu et d'un gilet rouge que barrait un ruban tricolore en sautoir, tel était Lepetit.
Son acolyte, Claude-André Simon, tout jeune "extrêmement rude", portait un habit vert avec les insignes de lieutenant-colonel ; il s'appelait François Simon et était en réalité capitaine au 16e régiment de hussards.
Lors de l'approche de l'armée vendéenne vers Baugé, Lepetit, ainsi que le nommé Simon, avait été chargé par le représentant Levasseur de la Sarthe, d'évacuer sur Orléans les prisonniers de Saumur, au nombre de huit cents. De Saumur à Orléans, on compta six cents victimes qui succombèrent à la fatigue et à la barbarie : noyades, fusillades, massacres.
Le 4 vendémiaire an III (25 septembre 1794), les Comités révolutionnaires et les Comités de surveillance des sections furent supprimés. On ne laissa subsister que celui de la Fraternité, qui, sous le nom de Comité révolutionnaire, remplaça tous les autres.
Le 7 février 1795, le représentant du peuple Porcher envoya, d'Orléans, à la convention une dénonciation contre Urbain Lepetit, membre du comité révolutionnaire de Saumur, et François Simon, capitaine commandant du 16e régiment de chasseurs à l'armée des côtes de La Rochelle, qui avaient été chargés de la conduite des prisonniers de Saumur à Orléans (2-10 décembre 1793).
Le Comité de Sûreté Générale à qui l'affaire avait été renvoyée par la Convention, écrivit, le 4 mars, à l'accusateur public près le tribunal criminel de Loir-et-Cher pour lui enjoindre de faire une sérieuse enquête à ce sujet. Une instruction judiciaire eut donc lieu à Saumur, Chinon, Tours, Amboise, Blois, Beaugency et Orléans.
Que devint cet homme, qui, pendant plus d'une année, avait disposé en maître de la vie et de la fortune de ses concitoyens ?
Lepetit, fuyant devant l'exécration universelle, quitta Saumur. Le 20 germinal an III (9 avril 1795). Le tribunal criminel de Blois demanda à Saumur des renseignements sur Lepetit, que la police recherchait. On ne put en fournir que de fort vagues.
Tout ce que l'on sut d'une femme nommée la Marquis, que Lepetit avait eue pour maîtresse pendant son séjour à Saumur, fut qu'elle lui avait envoyé divers paquets à Caen, puis à Paris, et en dernier lieu à Thionville. Dans ces différentes villes, Lepetit avait pris le nom d'Élie.
Arrêtés le 20 messidor an III (8 juillet 1795), Lepetit et ses collègues sont envoyés quelques jours plus tard vers le Tribunal révolutionnaire de Paris. Des scellés sont posés au siège du Comité de Saumur, place du Salut Public, sur "une porte ouvrant sur un salon octogone".
Le 31 juillet 1795, l'accusateur public du Loir-et-Cher cite cinq accusés : Lepetit, Simon. Bonneau, Lemoine et Vaulivart. L'aministie du 4 brumaire an IV permit à Lepetit d'être libéré et de jouir en paix du fruit de ses rapines.
Pour en savoir plus sur les actions d'Urbain Lepetit à Saumur, voir ICI
Revue historique de l'Ouest - 8e année - 1ère livraison - 1892
Mémoires de la Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher - vingt-sixième volume - 1926
https://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr
Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI et sur la Révolution par J.N. Dufort, comte de Cheverny - Tome second - 1886 - vue 181
Bulletin des Amis du Vieux Chinon - Tome 4 - n° 3 - Année 1938 - vue 167