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La Maraîchine Normande
14 novembre 2019

DREUX (28) - JEAN-LOUIS DE BILLY, GÉNÉRAL DE BRIGADE (1763 - 1806)

BILLY DE général z

Fils de Jean-Louis Debilly, potier d'étain, et de Nicole-Simone Brocand, JEAN-LOUIS DE BILLY naquit à Dreux, paroisse Saint-Pierre, le 30 juillet 1763. Il professait les mathématiques à l'École d'artillerie, à Paris, quand les premières secousses de la Révolution française se firent sentir.

baptême

Entraîné par ce que les idées de 1789 avaient de noble et de généreux, Billy, bien que marié depuis peu de temps, s'enrôla volontairement dans la garde nationale non soldée de Paris et fut nommé capitaine commandant des canonniers du bataillon des Pères-Nazareth, puis adjudant d'artillerie.

En 1793, il passa dans l'armée régulière ; appelé en Bretagne par le général de Labourdonnaye, qui l'avait connu pendant la campagne de Champagne, il y conquit le grade d'adjudant général chef de bataillon, et se fit remarquer, dans cette guerre terrible, autant par son humanité que par sa bravoure.

Nous le voyons encore continuer quelque temps cette guerre terrible de la Vendée, sur tous les points de la Bretagne, tantôt au camp d'Ancenis, sous les ordres du général Grouchy, tantôt auprès de Kléber et de Marceau, au combat d'Antrain et à la sanglante bataille du Mans, tantôt à Rennes, à Saint-Malo, à Saint-Brieuc, à Brest, à Quimper, toujours actif, toujours infatigable. Non moins généreux que brave, il sut plus d'une fois contenir, par sa fermeté, la fureur et les violences du soldat, et tempérer par son humanité les excès de nos discordes civiles.

Ici se place un des plus beaux traits de sa vie.

Au plus fort de la Terreur, une mère et sa fille, appartenant à la noblesse de Bretagne, après avoir erré d'asile en asile pour se soustraire à l'échafaud, viennent enfin chercher un dernier refuge auprès du jeune officier. Elles lui font connaître leur affreuse position et le conjurent de leur sauver la vie. Touché d'une telle confiance, ému de leurs larmes, de Billy oublie les dangers qu'il court lui-même en leur prêtant appui et ne songe qu'à assurer leur salut. Il les fait monter aussitôt dans un fourgon où il les cache entre deux matelas, puis il ordonne à un soldat de conduire cette voiture sur la lisière d'un bois. Il dit alors au conducteur de dételer les chevaux, prétextant la nécessité de les faire rafraîchir, et, tandis que celui-ci s'éloigne un moment pour exécuter cet ordre, il favorise la fuite des deux infortunées.

BILLY DE général 3 z

De Billy fit d'assez longs séjours à Rennes ; il commanda même temporairement cette place, en pluviôse et ventôse an II.

C'est pendant qu'il s'y trouvait qu'il se lia d'amitié avec les généraux Kléber, Damas, Marceau, son ancien condisciple du collège de Chartres, avec le représentant du peuple Alquier, avec Pétiet, qui devint plus tard ministre de la guerre, et avec les deux frères Robert de Nancy, attachés alors à l'administration de la guerre.

De Billy abhorrait l'affreuse guerre à laquelle il se trouvait mêlé ; mais, dévoué avant tout aux institutions de son pays, il gardait fidèlement le poste que le devoir lui avait assigné. Son désir de rester auprès des hommes auxquels il avait donné son affection, la crainte aussi de quitter l'artillerie, pour laquelle il se sentait une vocation passionnée, lui firent refuser plusieurs fois l'avancement qu'on lui offrit à cette époque.

Cependant, les fatigues incessantes de son service altérèrent sa robuste constitution ; il tomba malade à Rennes et force lui fut d'abandonner l'armée des côtes le 16 novembre 1794 pour aller prendre quelque repos à Argenteuil, près Paris.

Billy fut ensuite envoyé à l'armée de Rhin-et-Moselle ; devint, avec le grade d'adjudant général chef de brigade, chef d'état-major de Kléber, puis de Marceau, de Championnet et de Gouvion Saint-Cyr ; fit, en 1799, les campagnes d'Allemagne et de Suisse, et s'y distingua tellement que le Directoire lui décerna une carabine et deux paires de pistolets d'honneur.

Forcé par une blessure grave reçue à la bataille de Zurich de se retirer momentanément du service actif, Billy fut chargé par Bernadotte de la division du génie et de l'artillerie au ministère de la guerre, et prouva, dans un poste où tout était à réorganiser, que les qualités d'un excellent administrateur ne lui manquaient pas plus que celles d'un brillant officier. Ses services furent récompensés par le grade de général de brigade.

En 1800, il demanda à retourner à l'armée, fut attaché à la division Decaen, et prit avec elle une part glorieuse à la victoire de Hohenlinden. Chargé, après la signature des préliminaires de la paix de Lunéville, de ramener sur le Rhin la division Souham (mars 1801), il passa quelques mois à Strasbourg, où, l'année précédente, il avait épousé, en secondes noces, Mlle Marie-Barbe Saum, l'un des coseigneurs de Booftzheim. Mais il ne resta pas longtemps inactif en Alsace.

de Billy portrait z

En décembre 1801, le général de Billy fut envoyé à Anvers pour commander le département des Deux-Nèthes. Pendant les deux ans qu'il y passa, il parvint, tout en ménageant le sentiment national des populations nouvellement réunies à la France, à établir un ordre parfait dans toute sa subdivision, à y faire respecter le nom français, à inspirer, enfin, à ses subordonnés une affection sincère et profonde.

Billy était placé depuis quelques mois au camp de Bruges, sous les ordres de Davoust, lorsque le premier Consul institua l'ordre de la Légion d'honneur : le jeune général, qui avait obtenu trois fois des armes d'honneur, fut nommé, à la création même, officier de l'ordre. Son éclatante bravoure lui valut, après Austerlitz, le grade de commandeur ; à Iéna, elle lui valut, sur le champ de bataille, celui de général de division, mais aussi deux blessures dont la seconde fut mortelle (14 octobre 1806).

CIRCONSTANCES DE SA MORT

Le 14 octobre 1806, dès l'aube du jour, les divisions d'infanterie du corps de Davoust avaient pris position sur un plateau situé près de Naumbourg. Le gros de l'armée prussienne, fort d'environ 70.000 hommes, qui marchait sur Berlin, se heurta contre ce corps, qu'il résolut de traverser ou d'écraser par sa masse. L'attaque la plus formidable fut en partie dirigée contre la brigade du général de Billy, dont les troupes s'étaient formées en carrés. Les 51e et 61e de ligne composant cette brigade ne se laissèrent point entamer par le choc de la cavalerie et essuyèrent avec non moins de constance le feu d'une artillerie redoutable qui les accablait de mitraille, à tel point que la place des carrés se reconnaissait encore le lendemain par quatre lignes de cadavres. Ces braves soldats ne s'ébranlèrent que pour se porter en avant à la poursuite de l'ennemi, qui, voyant l'insuccès de ses efforts, opéra sa retraite.

Placé au centre du carré du 61e, donnant l'exemple du sang-froid et de l'intrépidité, de Billy fut frappé d'une balle à l'épaule gauche. Malgré la gravité de cette blessure, il ne quitta point son poste, et, peu d'instants après, un biscaïen lui traversa la poitrine.

L'empereur, pour perpétuer la mémoire du général de Billy, donna son nom "au quai sur lequel le pont d'Iéna devait s'appuyer du côté de Chaillot". (Décret daté de Varsovie, le 3 novembre 1807, art. 2).

Billy z

Jean-Louis de Billy avait eu de sa première femme, Marie-Jeanne Chenard, mariés à Paris, le 30 mai 1787 (décédée en 1798) :

Charles-Louis, né en 1790, page de l'empereur Napoléon Ier en 1806, officier au 5e dragons en 1807, aide de camp du général Montmarie. Il eut le bras droit emporté à la bataille de Sagonte, n'en resta pas moins dans l'armée active, et fut tué, en 1813, devant Tortose, chef de bataillon et chevalier de la Légion d'honneur ;

Marie-Louise-Éléonore, née en 1792, morte en bas âge.

Du second mariage avec Marie-Barbe Saum, à Strasbourg, le 30 ventôse an VIII (21 mars 1800) - née à Strasbourg, le 8 février 1774, morte à Paris le 2 frimaire an VII - sont issus :

3° enfant sans vie,  en 1801 ;

Édouard-Louis-Daniel de Billy, qui suit

Marie-Barbe-Zoé de Billy, née en 1806, mariée à Strasbourg, le 28 avril 1829, avec M. Auguste Brackenhoffer, conseiller de préfecture à Strasbourg, chevalier de la Légion d'honneur.

 

daniel

ÉDOUARD-LOUIS-DANIEL DE BILLY, né le 26 mai 1802, inspecteur général de 1ère classe au corps impérial des mines, officier de la Légion d'honneur, s'est marié, le 26 novembre 1831, à Paris, avec Anne-Louise-Alix Pieyre, fille de M. le baron Pieyre, chevalier de la Légion d'honneur, décédé en 1874, dont il a trois enfants :

1° Alfred-Adolphe-Édouard, né le 28 novembre 1832, ancien élève de l'École polytechnique, inspecteur des finances, marié, en 1864, au château de Jacou (Hérault), avec Henriette-Marie-Marguerite Grand d'Esnon, fille de Henri-Daniel-Guillaume Grand, baron d'Esnon, et de Jeanne-Juliette Boileau de Castelnau, dont un fils, Jules-Robert-Édouard, né le 9 octobre 1866 ;

2° Marie-Louis-Auguste-Marguerite, née le 6 avril 1835, mariée à Paris, le 19 novembre 1856, avec M. Gustave Coste, chef de bataillon du génie, chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre militaire de Savoie, décoré du Medjidié, etc.

3° Charles-Jean-Adolphe, né le 20 septembre 1840, licencié en droit, auditeur à la cour des comptes, chevalier des ordres du Christ de Portugal, des Saints-Maurice et Lazare d'Italie et de Léopold de Belgique.

 

L'Alsace noble par Ernest Lehr - Tome deuxième - 1870

Un chef d'état-major sous la Révolution : le général de Billy par le Lieutenant Lottin du 129e régiment d'infanterie - 1901

AD28 - Registres paroissiaux de Dreux

 

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N
Il est cité à deux reprises par Savary : <br /> <br /> 1° à la bataille de Nantes (29 juin 1793) : « Les canonniers, particulièrement ceux de Paris, commandés par l'adjudant-général Billy, méritent les plus grands éloges » (tome Ier, p. 327). <br /> <br /> 2° fin novembre 1793, dans des propos de Kléber à un conseil de guerre tenu à Rennes : « Je proposai donc Marceau pour commandant des troupes ; Westermann pour commandant de la cavalerie ; et l'adjudant-général Debilly pour commandant de l'artillerie » (tome II, p. 388), avec une note sur ce dernier nom : « Debilly commandait l'artillerie à Antrain ; il se tenait au parc qu'il était décidé à faire sauter s'il n'avait pu le sauver ».
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