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La Maraîchine Normande
30 octobre 2019

BEAUVOIR-SUR-MER (85) - ENLÈVEMENT DU POSTE DE LA PRISON DE BEAUVOIR, EN 1833

COUR D'ASSISES DE LA VENDÉE (Bourbon-Vendée)
Présidence de M. le Baron Bourgnon de l'Aire

Beauvoir marché Z

Enlèvement du poste de la prison de Beauvoir-sur-Mer

Dans cette affaire figuraient six chouans, accusés d'avoir fait partie d'une bande armée de soixante à quatre-vingts hommes qui, dans la nuit du 23 au 24 juillet 1833, s'est emparée de la petite ville de Beauvoir-sur-Mer, a massacré le geôlier de la prison, a tué un soldat et blessé deux autres militaires, et a enfin enlevé deux prisonniers, dont l'un était condamné à des peines perpétuelles.

Les six accusés sont des paysans des marais de Beauvoir-sur-Mer et de Saint-Jean-de-Monts. Ils se nomment Philippe Blanconnier (Beauvoir), Mathurin Nicou (Beauvoir), Louis Nicou (Saint-Urbain), Jacques Menuet (Beauvoir), Philbert Blanconnier (Beauvoir), et Jacques Poiron (Beauvoir).

On remarque surtout Philippe Blanconnier, dont les traits révèlent toute le fanatisme qui lui a valu le surnom de "pape". Le chouan Menuet était depuis longtemps le capitaine de paroisse de Beauvoir, et c'était un homme très influent dans ce pays. Rien en lui cependant n'annonce l'importance politique qu'il s'est acquise dans les troubles civils de ces contrées.

L'acte d'accusation a fait connaître toutes les circonstances de cet audacieux enlèvement de prisonniers, qui a eu lieu à Beauvoir, dans la nuit du 25 juillet.

Qu'une bande de soixante à quatre-vingts chouans envahit le poste de la prison de Beauvoir, gardé par cinq grenadiers du 50e régiment de ligne ; qu'un combat inégal et meurtrier s'engagea entre les militaires et les brigands ; que par suite un grenadier fut tué et trois autres blessés ; que les réfractaires Caiveau et Piberne qui étaient détenus furent enlevés par les rebelles, et qu'enfin un seul d'entre eux resta sur le champ de bataille, quoique la bande ait eu un grand nombre de blessés.

D'atroces détails ont été donnés sur l'assassinat du geôlier Renaudin. Cette attaque improvisée, cette bande de 80 chouans formée subitement dans une nuit, ces hommes quittant leur maison pour "un coup de main", et se dispersant ensuite pour retourner tranquillement chez eux avant le lever du soleil, ont donné une idée de l'état de la Vendée.

Par suite de ces faits, une instruction fut suivie par M. le substitut du procureur du Roi des Sables, et le jute d'instruction près ce Tribunal. Quatorze accusés furent mis en prévention ; six d'entre eux seulement ont pu être arrêtés. Plus de cinquante témoins ont été entendus dans les débats, qui ont duré quatre jours ; la plupart des membres des autorités civiles et militaires, et un nombreux concours de spectateurs, y ont assisté.

M. Gilbert Boucher, procureur-général près la Cour royale de Poitiers, et M. Flandin, procureur du Roi près le Tribunal de Bourbon-Vendée, ont soutenu l'accusation.

M. Flandin, qui a le premier porté la parole, a terminé son réquisitoire par la péroraison suivante :

"Messieurs, a-t-il dit, l'affaire qui est soumise à votre décision peut avoir la plus haute influence sur les destinées de ce pays. Que deviendrait la Vendée, si la justice restait muette en présence de pareils attentats ! Cette Vendée si malheureuse, si plaintive à la vue des bandes de scélérats qui la désolent, vous reprocherait toujours d'avoir renvoyé dans son sein des hommes qui ne tarderaient pas à se souiller de nouveaux assassinats. Quand y aura-t-il du commerce et de l'industrie, quand les routes deviendront-elles sûres, si vous usez de faiblesse dans cette affaire, la plus célèbre et la plus importante de toutes celles qui se sont présentées jusqu'à ce jour ! Qu'on puisse dire bientôt dans ce pays et dans toute la France : Il y avait en Vendée des brigands qui ont commis le plus audacieux des attentats, mais il y avait aussi un jury franc, ferme, impartial et sévère ; il a dignement rempli ses devoirs."

Me Moreau, avoué-licencié, a présenté la défense des accusés.

M. Gilbert-Boucher, procureur-général, a répliqué, et Me Moreau lui a répondu.

M. le président a demandé à chacun des accusés s'il avait quelque chose à ajouter à sa défense.

Louis Nicou s'est écrié : "C'est mon opinion que l'on condamne ; eh bien ! oui, je suis légitimiste, et je marcherai avec courage à l'échafaud."

Philippe Blanconnier, Louis Nicou et Menuet ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité, et à l'exposition sur la place publique de Beauvoir-sur-Mer. Mathurin Nicou a été condamné à dix ans de réclusion. Philbert Blanconnier et Jacques Poiron, à l'égard desquels le ministère public s'était désisté, ont été acquittés.

 

La Gazette des Tribunaux - 8 novembre 1833

AD85 - 2 U 65 - 1833

 

Selon les registres de Beauvoir-sur-Mer, en date du 25 juillet 1833, on déplore deux décès, celui de Pierre-Isidore Renaudin et celui d'André Blanconnier.

 

Renaudin deces 1833

Blanconnier décès 1833

 

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