Nous rencontrons ce brave général à Saint-Sébastien dans son enfance et dans sa vieillesse.
Le presbytère du curé de Saint-Sébastien appartenait autrefois à la famille Cambronne. Cette modeste propriété appelée la Treille était pendant l'été, la résidence de M. et de Mme Cambronne, dont les initiales entrelacées se lisent sur le claveau de la porte centrale qui domine la Loire. Cambronne n'y est point né mais il y passa d'heureux jours.
Dans ces lieux, témoins de ses premiers ébats, le bouillant commandant de la Garde, accomplit plus d'une prouesse. Entre autres, nous retenons celle-ci : Par un rude hiver où tous les bras de la Loire étaient congelés, il lui prit fantaisie de les traverser, pour arriver à Nantes, en ligne droite, disait-il.
Au feu, plus tard, il ne se montra pas moins intrépide.
Après avoir renoncé à la carrière militaire, le général Cambronne venait à la Tullaye chez sa mère, qui, sans doute, ne possédait plus sa petite maison de la Treille. Mme Cambronne mourut dans sa propriété le 2 février 1819, emportant l'estime et la vénération de tous.
Dans ses derniers moments, elle conseilla à son fils d'épouser Mme veuve Sword, fille de M. Osburn de Glasgow, décédé à la Baugerie, propriété contiguë à la Tullaye, le 3 décembre 1813.
Cambronne contracta ce mariage à Saint-Sébastien le 10 mai 1820, et ce fut alors qu'il habita la Baugerie, propriété de sa femme.
"L'an mil huit cent vingt le dix mai, par devant nous, René-Jean Meneust, adjoint au maire de la commune de Saint-Sébastien, canton de Nantes, département de la Loire-Inférieure, faisant les fonctions d'officier de l'état civil ; sont comparus
Monsieur Pierre-Jacques-Étienne Cambronne, Baron, Maréchal de Camp des armées du Roi, l'un des Commandeurs de l'ordre Royal de la Légion d'honneur, chevalier de Saint-Louis, né à Nantes, le vingt-six décembre mil sept cent soixante dix, majeur, fils de feu Monsieur Pierre-Charles Cambronne, négociant, décédé à Nantes, paroisse Sainte-Croix, le sept octobre 1784 et de feüe dame Françoise-Adélaïde Druon, décédée en cette commune le deux février mil huit cent dix neuf, domicilié à la Tullaye sur la Côte de cette commune, d'une part.
et dame Marie Osburn, née à Glagow en Écosse le vingt-sept décembre mil sept cent soixante treize, Rentière, fille majeure de feu Monsieur Robert Osburn, manufacturier d'indienne et de feüe dame Marie Fisse, tous les deux décédés en la dite ville de Glasgow et veuve en dernier mariage de Monsieur John Sword, propriétaire, décédé en cette commune le trois décembre mil huit cent treize, ainsi qu'il est constaté par son acte de décès et domiciliée depuis plusieurs années à sa terre de la Baugerie, sur la Côte en cette commune d'autre part ..."
Des fenêtres de son petit Trianon, l'indompté de Waterloo, prenait ses récréations favorites, en face de cette belle Loire qu'il aimait tant !
Quand l'occasion s'en présentait, et, au besoin, il la provoquait, Cambronne jetait, dans le fleuve, des piécettes d'argent, aux garçonnets de la côte et des environs. Avec quels éclats de rire, il assistait à ces petits combats qui lui rappelaient, non sans quelques délices, ses bousculades militaires d'autrefois ! ...
On lit sur le registre paroissial de Sainte-Croix, que Pierre-Jacques-Étienne Cambronne naquit à Nantes le 26 décembre 1770, et fut baptisé, dans l'église Sainte-Croix le lendemain 27.
Il vit le jour dans une des maisons voisines du pont de Belle-Croix, près du monument de Gilles de Retz dit Barbe-bleue. Ce groupe de construction fut détruit pour faire place au square tracé devant les bâtiments de l'Hôtel-Dieu.
Cette gloire nantaise s'éteignit, à Nantes, en sa demeure, rue Jean-Jacques Rousseau, n° 3, (5e canton), le 29 janvier 1842.
Mary Osburn est décédée le 4 janvier 1854.
Ils n'eurent pas d'enfants mais élevèrent une petite fille, Sophie-Catherine Adamson.
- Le mot de Cambronne (mot de 5 lettres) a-t-il été prononcé par lui à Waterloo ? M. de la Nicollière le nie et attribue l'interjection pimentée à un poète en recherche de bouffonneries ou de rime introuvable. Il démontre que le général n'avait point cette façon de parler, et cite une protestation faite par Cambronne au général Mellinet qui l'avait questionné à ce sujet.
On voudra bien lire la déposition authentique et très circonstanciée qui nous a été faite par M. le chanoine Peigné Eugène :
"En ma présence, mon père qui voyait souvent Cambronne comme voisin et l'aimait beaucoup, lui dit : - mon général, est-il vrai que vous ayez prononcé, à Waterloo, les paroles qu'on vous a prêtées : la garde meurt et ne se rend pas ! - Un soldat, répondit Cambronne, n'a pas l'idée de prononcer de telles paroles, surtout, quand il est sur le champ de bataille. Je n'ai pas dit cela ; j'ai tout simplement répondu à celui qui me demandait de me rendre : "va te faire f."
La phrase sententieuse, très littéraire d'ailleurs, n'a pas été dite par Cambronne. Le mot de cinq lettres moins académique et très énergique, ne l'a pas été non plus.
La vérité est entre les deux : "Va te faire f." voilà une exclamation suffisamment militaire et bien en situation ..."
Revue historique de l'Ouest - Quinzième année, 1ère livraison - janvier 1899 - p. 153 et 154
AD44 - Registres paroissiaux de Saint-Sébastien-sur-Loire et d'état-civil de Nantes
Armorial du Premier Empire - Vte A. Reverend / Cte E. Villeroy - Alsyd Multimédia