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La Maraîchine Normande
1 janvier 2019

DOMFRONT - COUTERNE (61) ROCHEFORT (17) - RÉMY LELANDAIS, VICAIRE DE COUTERNE (1756-1794)

DOMFRONT Z

Fils de Julien, sieur de la Grette, et de Julienne Champain, Rémy Lelandais ést né le 1er octobre 1756 à Domfront.

 

LE LANDAIS BAPTEME z

 

Appelé par Dieu à l'état ecclésiastique, il se prépara par de fortes études et par la pratique de toutes les vertus à recevoir le sacerdoce.

Il édifiait depuis environ dix ans la paroisse de Couterne, où il exerçait les fonctions de vicaire, lorsque la tempête révolutionnaire éclata sur la France.

Les prêtres les plus pieux ne sont pas à l'abri des surprises. M. Lelandais, qui était regardé comme un saint dans la paroisse de Couterne, eut le malheur de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile. Mais il ne tarda pas à revenir sur cet acte malheureux, et à faire une rétractation publique. Les fidèles, témoins de son repentir, oublièrent sa faute, et lui portèrent le même respect qu'auparavant.

Bientôt la persécution ravagea l'Église de France, et les prêtres fidèles à Dieu furent obligés, pour sauver leur vie, de partir pour l'exil ou de se cacher dans quelque famille catholique.

Pendant quelques mois, M. Lelandais trouva un asile dans la pieuse paroisse de Couterne. Lorsqu'il ne lui fut plus possible d'y rester, il se réfugia dans sa famille. La violence de la persécution l'obligea de quitter même cet asile.

N'ayant plus où reposer sa tête, que les révolutionnaires avaient mise à prix, il vint à Alençon dans l'espoir que la Providence lui ferait trouver des coeurs compatissant à ses mots. Il ne se trompait pas. Un de ses amis lui procura un asile chez une pieuse fille d'Alençon, Mlle Catherine Vannier, dont le nom ne peut être assez béni.

Il s'y trouva en compagnie de cinq autres prêtres des diocèses du Mans et de Séez, qui souffraient, comme lui, persécution pour la foi. Toute la consolation de ces fidèles serviteurs de Dieu était de prier ensemble, à voix basse, pour leur ingrate patrie, et de célébrer tour à tour la sainte messe afin de désarmer la colère de Dieu. Ils n'avaient pour chapelle et pour asile qu'un misérable grenier, éclairé par une petite lucarne, et dans lequel on pénétrait difficilement par une trappe fort étroite. La pieuse Catherine procurait aux confesseurs de la foi, avec un dévouement admirable, tout ce qui était nécessaire à leur subsistance. Pour récompense elle entendait chaque jour la sainte messe, et recevait plusieurs fois la semaine le corps du Seigneur.

Afin d'avoir le pain quotidien pour ses pensionnaires, sans exciter les soupçons des agents républicains, elle avait été obligée de mettre quelques personnes dans la confidence de sa charité.

L'une d'elles manqua malheureusement de discrétion, et, le 20 octobre 1793, les membres du Comité de surveillance furent avertis de la présence de plusieurs ecclésiastiques dans la maison de cette pieuse fille. Ils s'y transportèrent aussitôt accompagnés de la garde nationale et découvrirent, en poussant des cris de joie, M. l'abbé Lelandais et ses pieux compagnons d'infortune. Ils furent sur-le-champ conduits à la prison d'arrêt avec la généreuse ouvrière, qui s'était dévouée pour eux.

Quelques jours après, en vertu des ordres du représentant du peuple Letourneur, M. Lelandais et tous les autres prêtres incarcérés pour la cause de la foi, furent transférés à Chartres, et de là à Rambouillet.

Au mois de mars 1794, on ramena dans les prisons d'Alençon, M. Lelandais et quinze autres personnes déférées au tribunal révolutionnaire.

Le confesseur de la foi fut traduit, le 2 avril 1794, à la barre de Joseph Provost.

"Interrogé de ses noms, surnoms, âge, profession et demeure, il répondit :
- Je m'appelle Rémy Lelandais, âgé de trente-huit ans. Je suis prêtre catholique et vicaire de Couterne. Ma demeure est la paroisse où j'exerçais le saint ministère.
- Pourquoi, ajouta le président, n'exerces-tu plus ton saint ministère ?
- Parce que j'ai été obligé de fuir et de me cacher pour avoir refusé d'accomplir toutes les prescriptions des lois civiles relatives au clergé.
- A quelle époque as-tu quitté tes fonctions ?
- Vers le mois de juillet 1791.
- As-tu obéi à la loi qui ordonne aux prêtres réfractaires de passer une déclaration de départ pour l'exil ?
- Je n'ai point cru devoir passer cette déclaration.
- N'avais-tu pas prêté le serment à la Constitution civile, dans le moment où il fut demandé aux fonctionnaires publics ?
- Oui, malheureusement.
- Pourquoi l'as-tu rétracté ?
- Pour obéir à ma conscience.
- Par quels moyens as-tu subsisté depuis le mois de juillet 1791.
- J'ai vécu de mes modiques épargnes et du secours de mes amis."

Joseph Provost interrogea le même jour : MM. Étienne-Charles-Antoine Duplain, vicaire de Chemiré-le-Gaudin, Pierre-Guillaume-François Anceaume, curé de Saint-Georges-d'Annebecq, Louis Pollard, curé de Vezeaux, près Mamers, Simon Guillereau, vicaire de Saint-Rémy-du-Plain, près Mamers, et Ambroise Marchand, curé de Larré, près Alençon, arrêtés le même jour et dans la même maison que M. Lelandais.

Quelques instants après cet interrogatoire, ils furent tous amenés devant le tribunal révolutionnaire, qui porta contre eux la sentence suivante :

"Vu par le tribunal criminel du département de l'Orne, séant en la commune d'Alençon, la procédure criminelle instruite contre :

1° RÉMY LELANDAIS, prêtre réfractaire, âgé de 38 ans, ci-devant vicaire de Couterne, district de Domfront ;

2° ÉTIENNE-CHARLES-ANTOINE DUPLAIN, autre prêtre réfractaire, âgé de 44 ans, ci-devant vicaire de Chemiré-le-Gaudin ;

3° PIERRE-GUILLAUME-FRANÇOIS ANCEAUME, prêtre réfractaire, âgé de 49 ans, ci-devant curé de Saint-Georges-d'Annebecq, district d'Argentan ;

4° LOUIS POLLARD, âgé de 59 ans, prêtre réfractaire et ci-devant curé de Vézeaux, district de Mamers ;


5° SIMON GUILLOREAU, prêtre réfractaire, âgé de 43 ans, ci-devant vicaire de la commune de Saint-Rémy-du-Plain, district de Mamers ;

6° AMBROISE MARCHAND, autre prêtre réfractaire, âgé de 42 ans, ci-devant curé de la commune de Larré, district d'Alençon.

Tous trouvés cachés le 29 vendémiaire, en la maison de Catherine Cabaret, dite Vasnier, blanchisseuse, demeurant en cette commune d'Alençon ;

Entendu lesdits accusés en leurs réponses aux interrogations qui leur ont été faites par un des commissaire du tribunal cejourd'hui ;

Entendue également la lecture publiquement faite des pièces de la procédure, ensemble l'accusateur public en ses conclusions ;

Le tribunal déclare lesdits Rémy Landais, Étienne-Charles-Antoine Duplain, Pierre-Guillaume-François Anceaume, Louis-Jean Pollard, Simon Guilloreau et Ambroise Marchand, convaincus de n'avoir prêté aucun des serments prescrits par les lois ;

Et attendu que leur détention, depuis le 29 vendémiaire dernier, leur a ôté la liberté de satisfaire au décret des 29 et 30 du même mois ;

Le tribunal condamne lesdits Rémy Landais, Charles-Antoine Duplain, Pierre-Guillaume-François Anceaume, Jean Pollard et Simon Guilloreau, à la peine de la déportation ; ordonne en conséquence qu'ils seront transférés sur les côtes d'Afrique, depuis le 23° degré jusqu'au 28° sud ;

Et vu le certificat du citoyen Bougon, officier de santé, attestatif de l'état d'infirmité dudit Ambroise Marchand ;

Le tribunal condamne ledit Ambroise Marchand à la peine de la réclusion pendant sa vie, ordonne en conséquence qu'il sera renfermé dans la maison destinée par l'administration du département pour les prêtres insermentés sexagénaires ou infirmes.

Déclare le tribunal les biens meubles ou immeubles desdits condamnés confisqués au profit de la république, le tout conformément aux dispositions des art. 8 et 9 de la loi du 26 août 1792, et de l'art. 4 des lois des 21 et 23 avril dernier (vieux style), dont lecture a été faite.

Fait et arrêté à Alençon le 13 germinal an II de la république française en l'audience publique du tribunal, où étaient les citoyens François-Joseph Provost, Louis Pattu, François Savari, François-Philippe Chartier, François-Mathurin-Pierre Bourdon, accusateur public, et Nicolas-Charles Audollent, greffier.

Signé : F.J. Provost, etc."

LELANDAIS SIGNATURE Z


Quelques jours après, M. Lelandais dit adieu pour toujours à la ville d'Alençon, où il avait reçu une si généreuse hospitalité, et partit pour Rochefort avec MM. Duplain, Anceaume, Pollard et Guilloreau.

Comme les difficultés que l'Angleterre mettait à la navigation française empêchaient de transporter les prisonniers sur les côtes d'Afrique, M. Lelandais fut embarqué et retenu sur le Washington, qui stationnait à peu de distance de Rochefort. Pendant quelques mois il supporta courageusement toutes les tortures infligées aux serviteurs de Dieu par les suppôts de l'Enfer. Mais les mauvais traitements dont il était sans cesse l'objet lui ayant causé une plaie cruelle, qui le faisait souffrir jour et nuit, il sentit à la fin son âme accablée de douleur et de tristesse jusqu'à la mort.

Il appela dès lors de tous ses voeux le jour qui mettrait un terme à ses souffrances. Cependant il ne cessa de dire avec son divin Maître, agonisant au jardin des Oliviers : "O mon Père ! que votre volonté soit faite et non la mienne !"

Tant qu'il lui resta un peu de force, il continua de prier en silence, de méditer sur la passion du Sauveur, d'assister ses confrères mourants, et d'aider à leur rendre les devoirs de la sépulture, afin d'expier à force de dévouement le malheur qu'il avait eu d'être infidèle un instant au chef de l'Église.

Son âme comblée de mérites s'envola au ciel le 7 novembre 1794. Son corps fut enterré sur les rives de la Charente, près du fort Vazeux.

 

Extrait : Les Martyrs de la Révolution dans le diocèse de Séez - Tome 2 - par M. l'abbé J.B.N. Blin - 1876

AD61 - Registres paroissiaux de Domfront

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