2 avril 1794
CRÉATION DE LA PREMIÈRE ARMÉE AÉRIENNE


Dès son apparition, en 1783, le ballon avait suscité divers articles dans un journal parisien qui suggéraient d'utiliser l'invention des Montgolfier à des buts de guerre.

Guyton de Morveau Z

Dix ans plus tard, Guyton de Morveau, membre de la commission fondée par le Comité de Salut public pour appliquer aux intérêts de l'État les découvertes de la science, présentait un projet pour l'utilisation des aérostats aux armées comme moyen d'observation des mouvements de l'ennemi. Après avoir subi quelques critiques, l'audacieux projet fut enfin accepté par le Comité, qui chargea le physicien Coutelle de procéder aux études nécessaires à son application, sous la condition primordiale de préparer l'hydrogène indispensable au gonflement des ballons sans avoir recours à l'acide sulfurique, jusqu'ici employé.

En effet, le soufre était devenu rare du fait du blocus exercé par l'Angleterre sur les côtes de Sicile, d'où il était importé, et il commençait à manquer pour la fabrication de la poudre. Mettant en pratique la récente découverte de Lavoisier, qui venait de produire de l'hydrogène en faisant agir de la vapeur d'eau sur des copeaux de fer chauffés au rouge, Coutelle ne tardait pas à franchir ce premier obstacle.

Mais d'autres problèmes aussi délicats restaient à résoudre, pour pouvoir utiliser le ballon à la guerre. Il fallait notamment assurer l'imperméabilité de l'enveloppe de manière à conserver le sphérique gonflé pendant plusieurs jours ; imaginer les appareils permettant de suivre les opérations et mettre au point de nombreuses questions de détail. Secondé par le physicien Conté, Coutelle réussit rapidement à vaincre toutes ces difficultés et le 2 avril 1794 la Convention créait la première compagnie d'aérostiers militaires dont le commandement était attribué à son organisateur.

Meudon z

Cependant l'annonce que le ballon allait servir d'élément de reconnaissance souleva les plus véhémentes protestations de la cavalerie, qui voyait en lui un concurrent sérieux. Coutelle résista avec fermeté et bientôt il obtenait l'autorisation de s'installer au château de Meudon pour procéder à la confection de son premier ballon. Celui-ci, l' "Entreprenant", pesait 250 kilos, mesurait 10 mètres de diamètre, pouvait s'élever à 500 mètres et était relié à la terre par deux câbles, tenus par des soldats.

Coutelle l'entreprenant z

Le 3 mai 1794, il effectuait à Maubeuge, sa première ascension, à la vue des Autrichiens qui investissaient la ville. Pendant plusieurs heures, Coutelle transmit, à l'aide de signaux convenus d'avance, avis et renseignements. L' "Entreprenant", dont les services avaient été appréciés par l'état-major, participa à la bataille de Charleroi, puis à celle de Fleurus où Coutelle, en compagnie du général Moriot, resta en observation pendant huit heures, transmettant, sans interruption, les indications les plus précises sur les mouvements de l'ennemi. Pendant toute la durée de la bataille il avait fallu, en raison de la violence du vent, atteler quinze chevaux à chacun des câbles.

A la suite de cet exploit, qui venait de consacrer l'utilité du ballon, une "École nationale d'aérostatique" était créée à Meudon, où une cinquantaine de ballons furent mis en construction. La première compagnie d'aérostiers suivi l'armée de Sambre-et-Meuse à Aix-la-Chapelle, Manheim et en de nombreux autres points où elle effectua diverses missions.

COUTELLE DEVANT MAYENCE

Le 3 septembre 1796, obligée, pour procéder à une révision complète de son matériel, de se retirer à Würtzbourg, elle tombait, avec cette ville, aux mains de l'ennemi. Coutelle, qui en avait abandonné le commandement au capitaine Lhomond, organisait pendant ce temps une seconde compagnie qui ne tardait pas à rejoindre l'armée de Rhin et Moselle devant Mayence, où elle allait participer, à l'aide d'un nouvel aérostat, le "Télémaque", au siège de la ville. Malheureusement, pendant les opérations, un violent coup de vent précipitait le ballon au sol avec une telle force que la nacelle se brisait en plusieurs morceaux. Fortement impressionné par cet engin inédit, l'ennemi avait été jusqu'à déléguer des officiers, munis d'un drapeau blanc, auprès du commandement français, pour lui demander de faire atterrir les aéronautes afin d'éviter un malheur.

Après quelques mois de captivité, la première compagnie regagna Meudon pour se réorganiser. C'est de là qu'en mai 1798, elle fut dirigée sur l'Égypte. Malheureusement, les Anglais ne tardèrent pas, à Aboukir, à mettre la main sur tout le matériel et, dès son retour en France, Bonaparte fermait l'école de Meudon. Cette mesure entraîna un ralentissement dans l'utilisation de l'aérostation militaire et son emploi dans les guerres qui suivirent n'eut lieu que de loin en loin jusqu'en 1849, date à laquelle les Autrichiens envoyèrent sur Venise des ballons auxquels étaient suspendues des bombes. Cette expérience fut un échec total : sur une vingtaine de projectiles un seul tomba sur la ville, les autres éclatèrent en l'air ou tombèrent à la mer.

Il fallut attendre 1870 pour voir à nouveau les ballons utilisés efficacement. On sait les services qu'ils rendirent au cours de cette guerre aux villes de Paris et de Metz pour correspondre avec le reste du pays.

Ajoutons que l' "Entreprenant", vétéran de l'armée aérienne, figure parmi les trophées de guerre à l'arsenal de Vienne.

 

B.G.
La Croix - 6 avril 1943

 

Coutelle 3 z

 

NOTICE SUR LE COLONEL COUTELLE

Fils de maître Jacques Coutelle, notaire royal au Mans (décédé au Mans le 26 avril 1764, à l'âge de 48 ans), et de Marie Gardien, Jean-Marie-Joseph COUTELLE naquit au Mans, rue Saint-Vincent, le 3 janvier 1748, ondoyé le 4 et baptisé le 17. Il y fit avec distinction ses études chez les Oratoriens. Le père Toury, professeur de physique, appréciant les dispositions de cet élève, le choisit pour l'aider dans les grandes expériences de son cours.

COUTELLE naissance

Les découvertes sur l'électricité occupaient alors tous les esprits. Le génie de Franklin avait deviné le secret d'enlever aux nuages la foudre et d'en préserver nos édifices ; les paratonnerres s'établirent ; et notre jeune physicien, le premier, au Mans, en construisit un qu'il plaça sur la maison de son père, notaire dans cette ville. Il procura aussi la guérison à plusieurs malades, en faisant sur eux l'application de la machine électrique.

Jaloux d'augmenter ses connaissances, M. Coutelle se rendit à Paris, en 1772, où il fut chargé de l'éducation des neveux du physicien Charles. Il se lia d'amitié avec ce savant, qui lui permit de prendre part aux nombreuses opérations faites dans son cabinet, l'un des plus riches de l'Europe. Profitant de cet avantage, il se livra à toutes les parties de la physique, et spécialement à l'étude des gaz. Ces travaux lui procurèrent, plus tard, les moyens de servir son pays.

En 1793, l'Europe entière, liguée contre la France, entreprend de conquérir ce royaume ; déjà les armées d'Autriche et de Prusse s'étaient emparées de plusieurs places fortes de la frontière du Nord. Pour s'opposer à cette invasion, il fallait, avec des soldats, des armes, des projectiles et de la poudre. Les jeune Français volèrent à la frontière ; des établissements pour la fabrication des armes s'élevèrent sur divers points, notamment à Meudon. Une commission formée des premiers chimistes, Guyton de Morveau, Bertholet, Monge, etc. proposa au gouvernement de faire usage, pour la défense de la patrie, des aérostats. Celui-ci adopta le projet et charge Courtelle de son exécution ; il le nomme, en même temps, capitaine de la compagnie créée pour ce nouveau service, et l'attache à l'état-major de l'armée.

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Les travaux confiés à M. Coutelle, pour ces opération, furent exécutées avec autant d'intelligence que de rapidité. Il obtint, par la décomposition de l'eau, 15 mille pieds cubes de gaz, nécessaire à ses aérostats ; résultat immense et d'autant plus étonnant, qu'à cette époque l'art d'extraire les gaz était en quelque sorte dans son enfance, et que les expériences dirigées par le célèbre Lavoisier, pour une semblable extraction, n'avaient donné que de bien faibles résultats.

Lorsque les préparatifs furent terminés, le capitaine, à la tête de sa compagnie, part de Meudon et arrive devant Charleroi, le 23 juillet. Le surlendemain fut livrée la bataille de Fleurus, pendant laquelle cet aéronaute fit son ascension. Deux officiers supérieurs, placés avec lui dans la nacelle, observaient les mouvements de l'ennemi et en informaient le général, par des notes lancées le long des cordes qui retenaient l'aérostat. Ces observations contribuèrent en partie au succès de cette journée.

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Notre compatriote dirige ses équipages sur Liège, où plusieurs ascensions eurent lieu. Appelé à Paris, il remet le commandement à son lieutenant, et va s'occuper de la création de nouveaux équipages et d'une autre compagnie pour l'armée du Rhin. Pendant son séjour sur les bords de ce fleuve, il s'élève avec l'aérostat devant les places de Manheim, de Mayence, d'Ehrenbreistein, etc. En 1795, le grade de chef de bataillon lui est accordé.

Les ascensions de M. Coutelle furent toujours périlleuses. Il avait à essuyer, lorsqu'il s'élevait dans les airs, les coups de mitraille et de boulets que l'ennemi lançait contre son ballon.

Au moment où les biens nationaux furent mis en vente, Coutelle fit choix d'Auteuil (ancien presbytère) pour y avoir sa maison de campagne. Il avait épousé, à Paris, le 25 prairial an V (13 juin 1797) demoiselle Élisabeth Urbain Guillodon de Saint-Urbain, née à Lyon vers 1761. Elle est décédée à Paris, rue de Seine Saint-Germain, n° 70, le 2 février 1845

Trois ans plus tard (1798), les deux compagnies d'aérostiers firent partie de l'armée d'Égypte ; mais l'incendie du vaisseau l'Orient, sur lequel étaient restés presque tous les équipages de l'aérostat, anéantit le matériel indispensable aux ascensions.

Privé des moyens d'exercer son emploi, le chef de bataillon se réunit à la commission des sciences et des arts, dont il est membre, et s'applique à la recherche des monuments de l'antiquité. Il entreprend, avec ses collègues, un voyage dans la Haute-Égypte et parvient, le 3 février 1799, jusqu'à l'île de Philae, dernière limite de l'Empire romain. Là, commencent les travaux admirables de cette commission sur les temples, les palais et les tombeaux répandus à Philae, à Luxor, à Thèbes et dans toute la Haute-Égypte. Malgré tout leur zèle, nos savants sont obligés de suivre le mouvement des armées françaises, et sont souvent forcés de rétrograder et de suspendre leurs opérations.

Mais après la victoire remportée le 25 juillet sur les Turcs, Bonaparte ayant ordonné de continuer les travaux scientifiques, les membres de la commission partirent du Kaire le 15 août, pour la Haute-Égypte. Ni les fatigues, ni les combats auxquels ils étaient obligés de prendre part chaque jour, ne ralentirent leur activité. L'excursion dura six semaines.

Ils remontèrent le Nil jusqu'aux Cataractes, visitèrent Esné, l'île d'Éléphantine, Philae, Memphis et ses pyramides ; Thèbes, ses temples, ses palais, ses sépultures et ses momies ; Luxor, ses obélisques et ses Sphinx.

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A leur retour, on s'aperçut que les pyramides de Gizeh et du désert de Sakkarat, ainsi que les tombeaux souterrains, sur lesquels elles sont construites, n'avaient pas été suffisamment observés. L'ancien chef des aérostiers eut l'ordre de compléter ce travail. Parti le 17 décembre avec quelques-uns de ses collègues, il reconnut la superbe Memphis, dont il n'existe plus que des ruines, à un colosse en granit de 45 pieds de hauteur, mentionné par Hérodote, et aujourd'hui fort mutilé.

Le général Kléber, ne pouvant résister aux forces réunies des Turcs et des Anglais, entre en négociation avec le grand vizir et conclut, le 24 janvier 1800, un traité par lequel l'armée française devait évacuer l'Égypte et être transportée en France. Coutelle, chargé de régler avec les plénipotentiaires turcs les conditions relatives à l'embarquement des objets d'arts, se rend à bord du vaisseau amiral et remplit, de la manière la plus satisfaisante, cette mission honorable, dont le grade de chef de brigade fut la récompense.

Cette même année, traversant le désert, le colonel aperçoit sur le sable un amas de papiers en partie calcinés. Dans les débris, il reconnaît une lettre à son adresse. C'était celle par laquelle sa femme lui mandait la mort de leur fille unique. Une feuille desséchée, cueillie dans le jardin d'Auteuil et sur la tombe même de l'enfant chérie, accompagnait ce lugubre message.

Le traité d'El-Arisch ayant été rompu, la victoire d'Héliopolis rétablit la domination des Français en Égypte ; elle fournit aux savants l'occasion de poursuivre leurs recherches.

Le nouveau chef de brigade propose à la commission un voyage dans la presqu'île de Tor, aux monts Sinaï et Horeb. Ce voyage avait un double but : il était avantageux à la France de connaître les tribus arabes, que les marchandises transportées par la Mer Rouge attirent au Kaire ; la science était également intéressée dans l'exploration d'un pays peu connu, et qu'aucun Français n'avait encore visité.

Le 9 octobre, MM. Coutelle et Rosière, désignés pour cette expédition, se joignent à la caravane des Arabes de Tor. A six lieues du Kaire, ils entrent dans le Désert, passent à Suez, l'ancienne Arsinoé, traversent la Mer Rouge, visitent les Fontaines de Moïse, les Bains de Pharaon et arrivent au village de Tor ; ils pénètrent ensuite chez plusieurs tribus arabes et parvinrent, à la dix-septième journée, depuis leur départ, au Mont Sinaï, éloigné de 145 lieues du Kaire. Les voyageurs logent au couvent de Sainte-Catherine.

Dirigés par des religieux de ce monastère, ils explorent la montagne, en reconnaissent les diverses parties ; et, après une marche extrêmement pénible, en atteignent le sommet, où sont les ruines d'une chapelle et une espèce de caveau. C'est sur l'emplacement de cette chapelle, leur dirent les religieux, que Dieu donna aux Israélites les tables de la Loi ; et, dans ce caveau, que Moïse passa quarante jours et quarante nuits.

Il restait à visiter le Mont Horeb ou Sainte-Catherine, séparé du Sinaï par une vallée étroite. L'ascension dura quatre heures et présenta beaucoup plus de difficultés que la première. Sur le sommet est une cabane en partie détruite, renfermant un bloc de granit consacré à Sainte-Catherine, vierge d'Alexandrie, dont les reliques sont déposées dans le monastère de ce nom. Au bas de la montagne, on leur montra le rocher dont Moïse fit jaillir l'eau en faveur des Juifs ; ils remarquèrent aussi la Vallée des Israélites et la Montagne d'Aaron. Voulant rejoindre la caravane, nos Français quittent le couvent et rentrent au Kaire le 20 novembre.

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A peine remis de ses fatigues, M. Coutelle reçoit l'ordre de visiter de nouveau, avec M. l'architecte Peyre, les pyramides de Memphis et de Sakkarat. Ces savants pénètrent dans le souterrain de la grande par un puits de 150 pieds de profondeur, et de 20 à 22 pouces de largeur. Ils y voient comme à Thèbes, des momies et des ibis embaumés, renfermés dans des pots disposés par rangs. Le premier gravit jusqu'au sommet de cette pyramide, élevée de 441 pieds, et détermine, à chaque assise, la hauteur du baromètre, tandis que le second s'occupe d'un autre objet. Parvenu au faîte de ce gigantesque monument, M. Coutelle y fixe un drapeau tricolore, aux acclamations de ses compagnons d'armes. Il mesure ensuite, avec M. Peyre, les autres pyramides de Gizeh et de Sakkarat, et observe l'énorme sphinx, dont la hauteur des genoux à la tête est de 38 pieds.

Lors du voyage de la commission des arts à Thèbes, notre colonel mesura les deux obélisques placés devant le palais de Luxor. Aussitôt il pense à faire jouir sa patrie de ces monuments de l'antiquité. Dans un mémoire lu à la séance de l'institut d'Egypte, le 8 octobre 1800, il développe son idée et indique les moyens de transport. Un quart de siècle s'écoule et ce projet est en partie réalisé : Paris possède l'un de ces obélisques.

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Le 15 janvier 1805, Coutelle était nommé chevalier de la Légion d'honneur.

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Rentré en France, M. Coutelle reçut le brevet de sous-inspecteur aux revues avec la confirmation du grade de colonel. Il fit les campagnes d'Allemagne, devint intendant du Wurtemberg ; passa en Espagne, se trouva le 28 mars 1807 à la bataille de Medelin et y eut le bras cassé. Après l'affaire de la Talavera de la Reyna, il obtint la sous-inspection de Versailles, avec l'inspection des écoles de Saint-Cyr et de Saint-Germain ; et en 1814, il fut nommé sous-inspecteur à Paris et mis à la retraite en 1816 ; il fut fait chevalier de Saint-Louis, le 2 juillet 1817.

L'âge ne ralentit pas son zèle pour le bien public. Doué d'une activité extraordinaire, ce savant cherchait toutes les occasions d'être utile. Comme membre de la Société générale de l'instruction élémentaire, il a contribué à la formation de l'école mutuelle, au Mans, et a procuré à cet établissement des livres et autres objets. Plus tard, il s'est encore occupé de notre salle d'asile.

M. Coutelle avait atteint sa 87e année, lorsqu'une indisposition grave, ayant l'apparence d'une indigestion, occasionna sa mort, arrivée le 20 mars 1835 (inhumé au cimetière du Père Lachaise).

Ses seuls héritiers furent sa veuve, Élisabeth Urbain Guillodon de Saint-Urbain, et son frère, Joseph-François-Pierre-Placide Coutelle, magistrat au Mans.

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Les sciences ont perdu, en lui, un savant distingué ; sa famille, un ami plein de zèle ; la jeunesse studieuse, un protecteur généreux ; et son pays, un excellent citoyen.

Ses ouvrages sont :

1° - Sur l'aérostat employé aux armées de Sambre-et-Meuse et du Thin. Paris, 16 pages, in-8°, sans date.

2° - Sur la colonne de la place Vendôme. Paris, 8 pages, in-8°, également sans date.

3° - Observations sur la topographie de la presqu'île de Sinaï, les moeurs, les usages, l'industrie, le commerce et la population de ses habitants. Paris, grand in-4°, tirage à part du grand ouvrage sur l'Egypte.

4° - Observations météorologiques, faites au Kaire en 1799, 1800 et 1801, faisant aussi partie du même ouvrage.

 

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NOTE SUR LE TRANSPORT EN FRANCE DU CORPS DU GÉNÉRAL EN CHEF KLÉBER PAR LE COLONEL COUTELLE :

Le général Belliard ayant ordonné, conformément aux voeux de toute l'armée d'Égypte, que le corps du général Kléber fût transporté en France, les officiers attachés aux ateliers militaires de mécanique s'empressèrent de faire les dispositions nécessaires pour le transport.

Ils firent ouvrir le tombeau dans lequel le corps avait été déposé au bey. Ils trouvèrent le cercueil en bois de chêne parfaitement conservé. Ils remarquèrent seulement qu'il paraissait que le cercueil de plomb avait été crevé et qu'une liqueur rousse avait coulé.

Le cercueil, placé sur des tréteaux, fut percé de plusieurs trous d'un pouce environ en dessus. Le corps n'avait aucune odeur, ce qui fit supposer qu'il était entièrement desséché. On fit fondre de la résine, de la poix et de l'encens qu'on versa bouillant, autant que le cercueil en put contenir, en sorte que les trous qu'on avait faits, se bouchèrent par l'excédent de matière.

Lorsque le tout fut refroidi, le cercueil fut enduit dessus, dessous et des quatre côtés avec du goudron et recouvert d'une forte toile parfaitement ajustée et clouée.

Une seconde couche de goudron fut appliquée sur cette toile, qui fut recouverte d'une seconde toile, ajustée comme la première ; ensuite un drap noir appliqué avec le même soin.

Dans cet état, l'intérieur, le cercueil et les deux toiles formaient une masse homogène que rien n'aurait dû détruire pendant bien longtemps.

Le corps fut placé sur le vaisseau anglais, sur lequel je suis arrivé à Marseille, avec le général Belliard.

D'après l'ordre de l'Empereur, il fut transporté au château d'If avec les honneurs de la guerre.

Il faut qu'il ait été enterré ou placé dans un lieu bien humide pour que le bois ait été trouvé pourri ; mais on a dû trouver le corps enfermé dans une masse de plus de cent livres de matières résineuses et un cercueil de plomb.

Colonel COUTELLE.

Cette note a dû être établie par le colonel, sous l'Empire et sur la demande du général Damas, ami et ancien chef d'état-major du général Kléber, qui avait sans doute appris, qu'en visitant le tombeau, on avait trouvé le cercueil détérioré.

 

Dagoneau - Bulletin de la Société Royale d'Agriculture, Sciences et Arts du Mans - Tome second - 1836-1837

Bulletin de la Société historique d'Auteuil et Passy - Avril 1914

État-civil de Paris

Archives Nationales - Base Leonore - cote LH/621/28

AD72 - Registres paroissiaux du Mans, paroisse Saint-Vincent

Extrait : Le lieutenant-général comte Belliard, chef d'état-major de Murat, par le général Derrécagaix - 1909