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La Maraîchine Normande
21 juillet 2018

LA ROCHE-SUR-YON (85) - 1808 - PASSAGE DE LEURS MAJESTÉS L'EMPEREUR ET L'IMPÉRATRICE A NAPOLÉON

LA ROCHE SUR YON z

Séance extraordinaire du 8 août 1808, à laquelle ont assisté Messieurs Genet, Gouin, Bacqua, Chapot, Goupilleau, Duchiron, Michau, Guitton et Ménardeau, Monsieur Lansier, maire président.

Aujourd'hui huitième jour du mois d'août mil huit cent huit, Sa Majesté Napoléon le Grand, Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin et Sa Majesté l'Impératrice Reine, sont entrés à Napoléon sur les onze heures du matin, venant de Bayonne, elles y étaient attendues le sept d'après l'avis qu'en avait donné Monsieur le Maître des Requêtes, Préfet de ce Département ; mais leur passage à La Rochelle qui n'était pas dans leur itinéraire, a retardé leur arrivée jusqu'à ce jour.

Napoléon et Joséphine z

Le Maire, assisté de son adjoint et du Conseil Municipal, attendaient Leurs Majestés au dehors d'un arc de Triomphe qui avait été élevé sur le Pont Rouge qui sépare cette commune de celle du Bourg. Leurs Majestés étaient dans la même voiture suivies de plusieurs grands dignitaires de l'Empir et escortées d'un détachement de la garde impériale et de la garde d'honneur de ce Département. Leurs Majestés ayant aperçu le Corps Municipal, ont fait arrêter leur voiture ; Le Maire s'en est approché et les a harangué au nom de la commune, en ces termes :

Sire,

Le Maire, l'adjoint et le Conseil Municipal de Votre Ville de Napoléon, se font un devoir bien doux de présenter à Votre Auguste Majesté l'hommage et le respect qu'ils doivent à Votre Personne Sacrée.

Il est doux pour eux, dans cette précieuse circonstance, d'être l'organe du sentiment d'amour et de reconnaissance dont leurs concitoyens sont pénétrés.

Nous supplions Votre Majesté de croire qu'elle n'a point de sujets plus dévoués qu'eux ; ils se rappelleront toujours avec émotion les bienfaits dont Vous les avez comblés. Ce sentiment passera à notre postérité la plus reculée. Nos neveux n'oublieront jamais que Vous fûtes le restaurateur, le bienfaiteur de leur pays. Ils ne songeront aux malheurs que nous avons éprouvés que pour bénir Votre Mémoire. Votre nom sera toujours pour eux l'objet de la plus profonde vénération, et ils ne le prononceront jamais sans le plus vif enthousiasme. Ils nous envieront, nous n'en doutons pas, le bonheur de Vous avoir contemplé, de vous avoir témoigné notre Reconnaissance et d'avoir, avant eux, exprimé à Votre Majesté les sentiments de Respect dont nous leur aurons transmis l'héritage.

Vivez, Sire, Vivez, le Bonheur de la France entière est lié à la Conservation des jours de Votre Majesté, et l'Europe qui vous contemple attend avec sécurité l'accomplissement des hautes destinées que lui préparent les vastes projets de Votre Étonnant Génie.

Le Maire adressant ensuite la parole à Sa Majesté l'Impératrice, a dit :

Madame,

Après avoir rendu un hommage au plus grand, au plus chéri des Monarques, Permettez que nous payions à Votre Majesté le juste tribut de notre admiration pour les rares vertus dont le Ciel s'est plu à orner Votre âme. Quel heureux assortiment de caractère, Votre auguste Époux remplit le monde de son nom et de sa gloire, et Vous, Madame, par la bonté de Votre Coeur et par Votre Bienfaisance, Vous effacez jusqu'à l'idée du malheur.

Que nous nous estimons heureux, Madame, de pouvoir entretenir Votre Majesté des sentiments d'amour et de respect que Vous avez su inspirer aux habitants de ce pays. Que ne doivent-ils pas espérer de la visite que Vous avez bien voulu leur faire ? Ils en seront constamment reconnaissants, et ne cesseront de former des voeux pour la conservation des jours de Votre Majesté dont l'existence est intimement liée au bonheur de la France entière.

Leurs Majestés ont écouté avec bonté le discours du Maire, et Sa Majesté l'Empereur a dit qu'il reverrait le Corps Municipal à la ville. Elles se sont ensuite rendues au Palais qui leur était destiné, au milieu de presque tous les fonctionnaires publics et employés du Département et d'un peuple immense qui était accouru pour jouir du bonheur de posséder leur Souverain chéri et aux acclamations mille fois répétées de Vive l'Empereur, Vive l'Impératrice. Leurs Majestés ont paru satisfaites et ont dû se convaincre de l'attachement inviolable que les habitants de ce Département ont pour Leurs Personnes Sacrées.

Sa Majesté l'Empereur est montée à cheval ayant avec elle quelques-uns des grands dignitaires qui l'avaient suivie, et est allée visiter les travaux de la ville. Partout, sur son passage, elle a été accueillie des mêmes acclamations. Elle est rentrée à son palais vers une heure après-midi et a admis à son audience tous les fonctionnaires publics du Département ; elle leur a parlé avec bonté et fait des questions relatives au pays qu'ils habitent et à leurs fonctions. Elle a donné audience particulière au Corps Municipal. Elle a adressé plusieurs fois la parole au Maire et lui a fait plusieurs questions sur les besoins et la population de la ville. Le Maire lui a présenté une série de demandes à ce sujet. Sa Majesté, après en avoir pris lecture, a promis de s'en occuper. Le Corps Municipal s'est ensuite retiré, enivré de la bonté touchante de Sa Majesté. Elle a ensuite donné audience au Corps des officiers de la garnison, et par suite au Clergé du Département. Tous se sont retirés enthousiasmés de l'affabilité que leur a témoigné Sa Majesté.

On était généralement persuadé que Leurs Majestés séjourneraient dans cette ville pendant deux jours, ainsi que M. le Préfet en avait donné l'assurance ; mais cet espoir flatteur s'est évanoui et a fait place à la plus profonde stupeur lorsqu'on s'est aperçu qu'il se faisait des préparatifs de départ. En effet, sur les quatre heures du soir, Leurs Majestés sont montées dans leur voiture, suivie des mêmes personnes qui les avaient accompagnées et avec leur même escorte, et ont pris la route de Nantes par celle de Saint-Fulgent. Le Corps Municipal était en avant de l'arc de Triomphe sous lequel Leurs Majestés avaient déjà passé. Le Maire leur adressant la parole a dit :

Sire,

Nous avions conçu l'espoir de vous posséder plus longtemps, nous craignons que le mécontentement ne soit la cause de la précipitation de votre départ. Nous avons fait peu pour Vous recevoir, parce que nous pouvions peu, mais c'est dans nos coeurs que sont élevés les autels sur lesquels brûle pour Vos Majestés, l'encent le plus pur.

Leurs Majestés sont parties au milieu des mêmes acclamations qui les avaient accueillies à leur entrée dans la ville. Il est à remarquer que pendant presque tout le temps que Leurs Majestés ont passé dans cette ville, il est tombé une pluie affreuse, mais que malgré sa violence, la place était couverte d'un peuple immense que la satisfaction d'avoir leur Souverain si près d'eux, empêchait de se retirer. Le Corps Municipal suivi de son cortège, est rentré à l'hôtel de la mairie, dans la soirée, et fort avant dans la nuit, il y a eu dans les salles de la nouvelle préfecture, un superbe bal présidé par Monsieur de Beauharnais, Comte de l'Empire.


De tout ce que dessus, il a été dressé le présent procès-verbal que le Corps municipal a signé, le neuf août mil huit cent huit.

 

Empereur La Roche signatures z

 

AMRY_85_191_D81D81 - Registres de délibérations de La Roche-sur-Yon - 08/1808 - 10/1819

 

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