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La Maraîchine Normande
6 mai 2018

BELFORT (90) SANTENY (94) - AMÉDÉE, GÉNÉRAL COMTE DE WILLOT DE GRANDPREZ (1755 - 1823)

 

PORTRAIT z


Fils de Louis-Simon Willot de Grandprez et d'Élisabeth Erhard, Amédée Willot de Granprez est né à Belfort, le 31 août 1755, d'une famille noble.

 

naissance z

Il fut officier dans la légion de Maillebois avant la Révolution, et fit dans ce corps, la campagne de Corse.

Colonel et général de brigade en 1792, à l'armée des Pyrénées orientales, un échec qu'il approuva en avril 1793, fut imputé par les représentants du peuple, à son impéritie, et au peu de confiance qu'il inspirait au soldat ; en conséquence, il fut suspendu de ses fonctions.

Employé, après le 9 thermidor, à l'armée des Pyrénées occidentales, sous Moncey, il se distingua particulièrement à l'attaque du camp de Louis XIV, où il pénétra le premier ; le 28 juin 1795, au passage de la Deva, où il défit l'ennemi, qu'il poursuivit jusqu'à Mondragon ; le 6 juillet, devant Pampelune ; enfin, aux affaires des 14 et 15 du même mois, qui entraînèrent la reddition de Bilbao. Il fut fait à cette époque, général de division.   [Mis en état d'arrestation le 4 octobre 1793] Une lettre de Fontenay, nous informe que Willot fut incarcéré à la citadelle de Bayonne, pendant dix-neuf mois : "De Fontenay le 12 au général Hoche à Nantes : "par la loy du 3 brumaire, article 16, tout officier qui n'étoit pas en activité de service le 15 germinal & qui a été placé depuis cette époque jusqu'au 15 thermidor même année est suspendu de ses fonctions, etc., etc, etc.J'ai l'honneur d'être en prison à la citadelle de Bayonne depuis dix-neuf mois sans avoir été ni suspendu ni destitué ; un arrêté du représentant du peuple en datte du 21 germinal m'a continué dans mes fonctions près l'armée des Pyrénées occidentales ; le 19 messidor, j'ai été reçu général de division ... sur le champ de bataille ; un décret de la Convention a confirmé ma nomination ; j'ai reçu mon brevet et mes lettres de service tant à l'armée d'où je sors qu'à celle que vous commandés ; je ne sçais si je suis atteint par la loy, j'écris au gouvernement de le décider mais en attendant qu'il ait prononcé, je serai très faché d'exercer des fonctions que la loy pourrait m'interdire ; je vous prie, général, de vouloir bien me prescrire ce que je dois faire ; j'attends vôtre réponse pour aller soigner ma santé ou pour continuer de servir ma patrie de toutes mes facultés."

Après la signature de la paix avec l'Espagne, Willot fut envoyé dans la Vendée, où il commanda quelque temps sous Hoche. Mais la différence de leurs opinions, et surtout le procès de Charette, auquel il avait transmis, d'après les instructions du général en chef, des propositions d'accommodement, peu de jours avant qu'on le fit prisonnier, mirent la désunion entre eux ; et, à la fin de mars 1796, Willot fit imprimer une lettre qu'il avait écrite à Hoche, relativement au chef vendéen : "Si votre intention, lui disait-il, si celle du Gouvernement n'ont point été de traiter avec les rebelles, je ne vous pardonnerai jamais de m'avoir jeté dans une démarche, pour compromettre ensuite ma foi. Jusqu'alors je n'avais fait que les combattre ; c'est par vos ordres que j'ai accepté leur soumission, et c'est vous qui les faites arrêter !" Peu de temps après, le général Willot envoyé pour commander la division militaire de Marseille, y comprima énergiquement les terroristes ; il se vit en butte à leurs accusations, qui échouèrent devant la majorité du Conseil des Cinq-Cents. Au mois de janvier 1797, il dissipa par la force, un attroupement de Jacobins qui menaçait de troubler l'ordre à Marseille. Il écrivait au général Bonaparte, qui alors semblait appartenir au parti opposé à celui du général Willot, et qui se plaignait à lui de l'arrestation d'un des officiers de son armée : "Je n'envie point votre sort : tandis que vous repoussez les ennemis extérieurs, je rends un service essentiel à la France, en comprimant ceux de l'intérieur, et nulle considération ne saurait m'arrêter lorsque je remplis ce devoir sacré."

En octobre 1796, il adressait au Directoire un rapport sur les troubles du Midi, dans lequel on remarquait le passage suivant : "Les royalistes qui assassinent les républicains, les émigrés débarqués sur nos côtes, ne sont que des fantômes grossiers, avec lesquels on veut alarmer le Gouvernement, pour donner une fausse direction à sa vigilance ; le seul parti qu'il ait à combattre, est un amas d'anarchistes, de brigands et de scélérats de toute espèce, qui infestent ces contrées."

Un des griefs allégués contre Carnot, dans le Rapport de M. Bailleuil sur la journée du 18 fructidor, est de s'être opposé à la destitution de Willot ; voici ce que le directeur dit du général, à cette occasion : "Willot fut envoyé à Marseille comme homme à caractère et propre à contenir tous les partis. Il avait combattu avec succès, les rebelles de la Vendée. On trouvera même dans ses lettres, qu'il pense que Hoche ne s'en défie point assez : il craint que leur soumission ne soit une feinte, qu'ils n'abusent de l'indulgence du Gouvernement, qu'ils ne profitent de la première circonstance favorable pour renouer leurs trames. Bientôt cependant arrivent de Marseille des rapports contradictoires sur la conduite de Willot : ceux qui les font se disent tous les vrais patriotes, traitent tous leurs adversaires de brigands et d'assassins, les uns pour le compte de l'anarchie, les autres pour le compte du royalisme. Barras propose la destitution de Willot. Mais quels avis, quels correspondants pouvait avoir Barras à Marseille ? ... J'opinai contre la destitution de Willot avant qu'il fût pris de nouveaux renseignements ; les autres membres du Directoire opinèrent de même ... Il y avait dans les départements du Midi, un particulier investi de la confiance du Directoire, nommé Cadet. On convint de s'en rapporter à lui ; on lui ordonna d'aller sur-le-champ à Marseille, et de rendre un compte exact et positif de la conduite de Willot. Cadet écrivit que Willot se conduisait très-bien, qu'il déployait beaucoup d'énergie et d'impartialité, et qu'il était absolument sans reproche. Willot fut donc unanimement conservé à Marseille ..." (Réponse de Carnot au Rapport sur la conjuration du 18 fructidor, par J. Ch. Bailleuil, p. 17 et suivantes)

Élu vers le milieu de l'année 1797, député des Bouches-du-Rhône au Conseil des Cinq-Cents, Willot s'y prononça contre le Directoire et y devint l'un des chefs du parti Clichien. Le 19 juillet, il fut élu secrétaire du Conseil, et on le vit le même jour, attaquer M. de Talleyrand, qui venait d'être nommé ministre des relations extérieures ; il attaqua également Barras et Hoche, nommés l'un Directeur, l'autre Ministre de la Guerre, soutenant qu'ils n'avaient point atteint l'âge fixé par la constitution, pour avoir la capacité de remplir les fonctions auxquelles ils venaient d'être promus. Il apostropha son collègue Quirot, qu'il accusa de provoquer les applaudissements et les murmures des tribunes. Une explication s'ensuivit entre les deux députés, après la séance ; mais elle n'eut point de suites sérieuses.

Le 13 thermidor, c'est-à-dire près d'un mois avant le coup d'état qui se machinait contre le Corps législatif, Willot en dévoila publiquement la trame ; il signala les mouvements des troupes dans l'intérieur, leur marche vers la capitale, l'approche de l'armée de Sambre-et-Meuse, parvenue à Reims, avec son chef le général Hoche, et ayant franchi le rayon constitutionnel tracé par la loi autour du lieu des séances de la représentation nationale, qu'il était prescrit aux armées de ne point violer. Il proposa, en conséquence, diverses mesures de précaution, ou même de prendre l'offensive et d'aller arrêter les Directeurs dans leur palais du Luxembourg ; mais ses avis restèrent sans effet, par suite de l'irrésolution de quelques-uns des membres du Conseil, et surtout par suite de la supériorité d'action naturelle du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif.

Membre de la commission des inspecteurs du Conseil des Cinq-Cents, qui soutenaient contre le Directoire cette lutte inégale, Willot fut une des premières victimes de la journée du 18 fructidor. Arrêté dans la salle des inspecteurs, où il avait passé la nuit avec Pichegru et quelques autres, il fut d'abord enfermé au Temple avec ses collègues, de là conduit à Rochefort et déporté à Cayenne.

S'étant échappé le 3 juin 1798, avec Barthélémy, Pichegru et quelques autres de ses compagnons d'infortune, il se réfugia dans la Guyane hollandaise, et puis en Angleterre, où il fut successivement bien accueilli.

A la nouvelle de l'évasion de Willot, le Directoire inscrivit son nom sur la liste des émigrés, et il fut du nombre des déportés dont le gouvernement consulaire ne permit point la rentrée en France, par son arrêté du mois de décembre 1799. Il paraît qu'il s'occupa depuis lors à fomenter des mouvements royalistes dans le Midi, et qu'à cet effet, il suivit les troupes autrichiennes en Piémont. Mais la bataille de Marengo ayant renversé ses espérances, il s'embarqua à Gênes avec un corps d'émigrés suisses et français, à la solde de l'Angleterre. Ensuite il se rendit à Londres, où il prit des engagements plus directs avec la cause des Bourbons ; mais l'affermissement du gouvernement impérial le détermina à passer aux États-Unis.

La Restauration ramena le général Willot sur le territoire français, et il reçut la croix de Saint-Louis le 27 novembre 1814. Il était retourné passagèrement aux États-Unis lorsqu'il apprit les évènements du 20 mars ; sur-le-champ, il s'embarqua pour revenir en Europe, où il trouva les Bourbons remontés sur le trône.

Le souvenir de ses anciennes campagnes en Corse fit songer à lui pour le commandement de cette île, et il fut investi du titre de gouverneur de la 23e Division militaire. On dit que son administration, dans ce poste difficile, fut marquée au coin de la sagesse et de la modération, et qu'il emporta les regrets des habitants, lorsqu'il fut rappelé au mois de juin 1818.

signature z

Le général Willot vécut dans la retraite depuis cette époque, dans son domaine de Choigny, commune de Santeny, département de Seine-et-Oise. C'est là qu'il est décédé, après avoir reçu les sacrements de l'Eglise avec piété, le 17 décembre 1823, âgé de soixante-huit ans. Il fut inhumé le 23 décembre à Boissy-Saint-Léger (94)

 

Choigny z

 

Il avait le grade de commandant des ordres de Saint-Louis et de la Légion d'honneur, et celui de chevalier de l'ordre des SS. Maurice et Lazare de Sardaigne.

 

Decès A Santeny 94

 

Il eut une relation avec Marguerite-Angélique Fouques, dont Amédée-Charles-Victor Fouques, puis il épousa en Angleterre, le 27 février 1806, Marie-Flora Giller.

M. le chevalier A. Boulet prononça, sur la tombe du général Willot, un discours qui a été imprimé (Paris, Lebel, 1824, in-4 d'une demi-feuille), et qu'on trouve dans la Quotidienne du 23 décembre 1823.

Annuaire nécrologique - par Alphonse-Jacques Mahul - 1824

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Dans une lettre, signée de Bonaparte, adressée au Directoire exécutif, et datée du quartier-général à Milan, le 11 vendémiaire an 5 (2 octobre 1796), on trouve quelques phrases concernant le général Willot :

- L'administration du département du Var s'est refusée à fournir deux cents hommes que j'ai mis en réquisition pour la formation de cette colonne mobile. Le général Willot non-seulement a refusé d'obéir à un ordre que j'ai donné pour le départ du 10e bataillon de l'Ain, mais encore il a retenu la 11e demi-brigade que le général Châteauneuf-Randon envoyait à l'armée et un escadron du 18e régiment de dragons ...

- Le général Willot a servi, au commencement de la révolution à l'armée d'Italie ; il jouit de la réputation d'un brave homme et d'un bon militaire, mais d'un royaliste enragé. Ne le connaissant pas, et n'ayant pas eu le temps de peser ses opérations, je suis bien loin de confirmer ce jugement : mais, ce qui me paraît bien avoué, c'est qu'il agit dans le midi comme dans la Vendée, ce qui est un bon moyen pour la faire naître ...

- Je vous prie d'ôter de dessous mes ordres la 8e division, parce que les principes et la conduite du général Willot ne sont pas ceux qu'il doit avoir dans sa place, et que je me croirais déshonoré de voir dans un endroit où je commande se former un ferment de trouble, et de souffrir qu'un général sous mes ordres ne soit qu'un instrument de factions ...

- Par sa désobéissance et par son insubordination, il est cause des horreurs qui se commettent en ce moment dans le département des Alpes-Maritimes. Le convoi de tableaux chefs-d'oeuvre d'Italie a été obligé de rentrer à Coni ; il eût été pris par les barbets. Si le général Willot n'obéit pas sur-le-champ à l'ordre que je lui ai donné de faire partir la 83e demi-brigade, mon projet est de le suspendre de ses fonctions ...

 Son nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe 

 

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- volontaire au régiment de Mantes en 1771 ;
- enseigne le 28 octobre 1774 ;
- lieutenant au régiment provincial de Paris le 24 mars 1775 ;
- lieutenant de grenadiers le 7 juin 1780 ;
- capitaine le 13 février 1787 ; licencié avec son régiment par la loi du 20 mars 1791 ;
- aide de camp du général Choisy le 30 juin 1791 ;
- second lieutenant-colonel du 5e bataillon d'infanterie légère le 23 mars 1792 ;
- chef provisoire de la 5e demi-brigade légère le 1er juin 1793 ;
- compris dans la nouvelle organisation des états-majors du 13 juin 1795 ;
- général de division provisoire le 6 juillet 1795, confirmé le 17 du même mois ;
- employé à l'armée de l'Ouest le 15 septembre 1795 ;
- commandant en chef provisoire de cette armée le 22 décembre 1795 ;
- employé à l'armée des Côtes de l'Océan le 1er janvier 1796 et à celle de Rhin-et-Moselle le 13 avril suivant ;
- commandant la 8e division militaire (Marseille) le 25 juillet 1796 ;
- député des Bouches-du-Rhône au Conseil des Cinq-Cents le 22 germinal an V (11 avril 1797) ;
- déporté à Sinnamary le 22 septembre 1797 ;
- évadé en juin 1798 ;
- réfugié en Angleterre, puis aux États-Unis ;
- rentré en France, rétabli sur le tableau des officiers généraux et admis à la solde de retraite le 2 novembre 1815 ;
- baron le 22 novembre 1815 ;
- gouverneur de la 23e division militaire (Corse) le 10 janvier 1816 ;
- comte le 2 mars 1816 ;
- commandeur de la Légion d'honneur le 4 avril 1816 ;
- commandeur de l'ordre de Saint-Louis, le 1er mai 1821 ;

 

 

Annuaire nécrologique - par Alphonse-Jacques Mahul - 1824
Correspondance général de Carnot publiée par Étienne Charavay - Tome III - Août-Octobre 1793 - p. 268

Archives Nationales - AN 220 AP 1 - 10 vendémiaire - 8 frimaire an IV (2 octobre - 29 novembre 1795 : correspondance active du général Willot

AD90 - Registres paroissiaux de Belfort

AD94 - Registres d'état-civil de Santeny

Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon - Tome Sixième - écrit par le Général Comte de Montholon - 1825

 

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