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La Maraîchine Normande
13 octobre 2017

LA JUMELLIÈRE (49) - LA LÉGENDE DES BUHARDS

LA JUMELLIÈRE
LA LÉGENDE DES BUHARDS

La Jumellière - les Buhards z


Le XVIIIe siècle fut une période mouvementée pour le château des Buhards ; ses différents propriétaires, sa reconstruction au milieu de ce siècle et ses étranges histoires de maléfices.


En 1540, la terre des Buhards appartenait à la famille Marveilleau. Elle passa dans le XVIIe siècle à la famille du Bellay et, à la fin de ce même siècle, à la comtesse Montmorency. La terre passa ensuite à messire Paul Desclaux de Lescard, écuyer, ancien mousquetaire du roi, demeurant à Paris, lequel vendit la propriété, devant notaire au Châtelet de Paris, le 26 mars 1776, pour la somme de 155.000 livres, à MM. Pierre Guérin, seigneur de La Chouannière et autres lieux, et dame Françoise Bonneau son épouse, ainsi qu'à René Bonneau des Varennes, lieutenant de la compagnie du gouverneur d'Anjou, et dame Marie Joubert des Vaux, son épouse, demeurant ordinairement à Angers.

Le château, trop étroit pour loger les deux feux, fut remplacé par un nouveau. Cette immense construction demanda énormément de main-d'oeuvre, c'est pourquoi MM. Guérin et Bonneau firent venir des compagnons de toute la France. Ces ouvriers, plus ou moins bien payés, et de moeurs assez peu respectables, arrivèrent à La Jumellière au début de l'année 1776. Peu de temps après, les métayers des fermes voisines du château se plaignaient que leurs poules mouraient en grande quantité et d'une façon étrange. Ils crurent évidemment à un mauvais sort et refusèrent de se nourrir avec.

Les ouvriers, connaissant la naïveté de ces métayers, avait inventé un subterfuge pour manger à bon compte. Ils faisaient avaler aux volailles des morceaux de verre, des pointes enveloppées de pain ; ces animaux périssaient bientôt, victimes de leur gloutonnerie. C'est alors que ces hypocrites venaient prier les métayers, lesquelles leur donnaient ces bêtes et, trompés, disaient en gémissant : "Pauvres gens, il faut qu'ils soient bien malheureux pour être réduits à manger ces volailles."

La reconstruction du château a laissé de sinistres souvenirs. On racontait notamment que M. Guérin tenait des discussions avec le diable, que celui-ci, sous la forme d'une poule noire, lui donnait des oeufs d'or. Les gens de La Jumellière et les métayers du Petit et du Grand Ecorcheboeuf avaient, en effet, remarqué une poule plus noire que les autres, possédant des yeux d'un rouge extraordinaire et, parfois, surtout la nuit, lançait des flammes ; ses cris, ses habitudes étaient étranges. Personne ne pouvait la saisir. Par contre, elle se montrait très familière avec M. Guérin, qui restait seul avec elle durant un temps considérable. Le diable donnait uniquement ses faveurs à M. Guérin et ce dernier s'était par un écrit signé de son sang, donné à l'esprit infernal corps et âme. D'après leurs conventions, jamais le château ne serait terminé ... Il est un fait incontestable, c'est que ce château commencé en 1776, n'a pas été entièrement fini.

MM. Guérin et Bonneau convinrent que le survivant donnerait à la famille du défunt 60.000 francs, et garderait la propriété. M. Guérin mourut le premier. Mme Bonneau des Varennes avait, elle aussi été enlevée par la mort à un âge où l'on espère encore jouir de nombreuses années. Elle mourut le mardi 25 janvier 1780, et fut inhumée en sa terre des Buhards, après avoir été portée à l'église de la paroisse Saint-Aignan sur le territoire laquelle elle est morte. En se voyant mourir, elle n'éprouva qu'un seul regret, celui de laisser sa fille unique.

M. Bonneau des Varennes, à la mort de son épouse, plaça sa fille, dont la présence le gênait (on ne sait pas pourquoi), dans un couvent. Mlle des Varennes refusa de rester au couvent ; elle méditait la possibilité de s'enfuir, aussi se confia-t-elle à une autre pensionnaire, Mlle Delanoue. Cette dernière fit part de ses secrets à son frère qui projeta un enlèvement. Le succès répondit aux désirs des jeunes gens qui, par la suite, désirèrent se marier. Le père, très mécontent, refusa toute espèce de dot à sa fille. Le mariage eut lieu malgré cet obstacle.

La vie du château des Buhards, en ce XVIIIe siècle, se termina par la tourmente révolutionnaire où M. Bonneau fut arrêté, condamné et jugé à Angers pour avoir caché des prêtres réfractaires. Grâce à la protection de quelques amis, il fut acquitté.

Extrait : Paroisse de La Jumellière au XVIIIe siècle - Gilles Rousseau - 1997

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