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La Maraîchine Normande
6 septembre 2017

BUSSIÈRE-BOFFY (87) - CHÉNÉRAILLES (23) - L'ABBÉ HENRI LENOIR (? - 1805)

CHÉNÉRAILLES
L'ABBÉ HENRI LENOIR

Bussière-Boffy z

M. Henri Lenoir, curé de Chénérailles est décédé le 10 octobre 1805 (18 vendémiaire, an XIV), à l'âge de près de 65 ans, à Bussière-Boffy, canton de Mézières, département de la Haute-Vienne, après une maladie de quatre jours.

Lenoir henri curé décès z

Élevé en grande partie à Limoges, où il avait fait presque toutes ses études, et son cours de séminaire, M. Lenoir en sortit, après sa promotion au sacerdoce pour entrer dans celui des missions, où il se distingua singulièrement, par son zèle, par sa piété et par toutes les autres vertus sacerdotales ; mais principalement par une ardente charité pour les pauvres de l'hôpital, qui furent toujours ses meilleurs amis.

Après quelques années passées dans cette maison, M. d'Argentré, voyant que sa mauvaise santé ne lui permettait plus de continuer un travail aussi fatigant, quoiqu'analogue à son goût, jugea à propos de la placer à la tête de la paroisse de Bussière-Boffy (1778), où il développa tous les talents et toutes les vertus d'un pasteur selon le coeur de Dieu.

Les orages de la révolution l'ayant forcé de passer en Italie, il y demeura jusqu'au retour de l'ordre, et au rétablissement de la religion en France, mais il ne perdit jamais de vue, ni les pauvres de l'hôpital de Limoges, ni ses chers paroissiens. Aussi, dès son arrivée en cette ville, n'eut-il rien de plus pressé, que d'aller visiter les uns et les autres. Il rentra donc dans son ancienne paroisse, et il y fut reçu avec les plus grandes démonstrations de joie ; et il ne l'aurait jamais quittée, si des ordres supérieurs et impératifs ne l'avaient forcé de passer à la cure de Chénérailles, chef-lieu de canton, dans le département de la Creuse, qu'il regarda plutôt comme un nouvel exil, que comme une récompense due à son mérite.

Ce n'est pas qu'il n'y eût aussi gagné presque tous les coeurs, et qu'il n'y fût estimé, même de ceux qui pouvaient être les plus indifférents pour la religion ; parce qu'outre qu'à la simplicité de la colombe, il savait joindre la prudence du serpent, son caractère de douceur et d'aménité, ainsi que sa profonde humilité, étaient bien faits pour lui attirer la vénération de tous ceux qui avaient le bonheur de le connaître.

On en vit des preuves manifestes, lorsqu'il eut sollicité et obtenu de M. l'Évêque la permission de se démettre de la cure de Chénérailles, pour venir passer le reste de ses jours avec les pauvres, ses plus chers amis, dans l'humble place d'aumônier de l'hôpital de Limoges. A peine cette nouvelle fut-elle parvenue dans la ville de Chénérailles, que, par un mouvement spontané, ses paroissiens le supplièrent tous de ne pas les abandonner. Il se rendit enfin à leurs désirs ; mais il disait toujours qu'il désirait de mourir entre les bras des pauvres de l'hôpital, ou entre ceux de ses anciens paroissiens de Bussière-Boffy. Il a été exaucé.

Nous nous interdisons toute réflexion ; mais nous ne pouvons nous refuser au plaisir de transcrire ici l'extrait d'une lettre qu'il écrivit, de Bussière-Boffy à M. l'Évêque de Limoges, le 5 février 1803. Quand on l'eut averti que le Prélat le destinait définitivement à la cure de Chénérailles. Cet extrait servira de preuve à tout ce que nous venons de dire.

"Si c'est mon avantage temporel que vous avez en vue, je vous supplie, monsieur, de vous rappeler de ce que j'eus l'honneur de vous dire, la première ou la seconde fois que j'eus celui de vous rendre mes hommages ; c'était, et je suis toujours dans les mêmes sentimens ; c'était qu'une cure de 6000 francs de rente, et je dis aujourd'hui de 10.000 fr. ne me faisait aucune envie : toute mon ambition étant de sauver des âmes, pour pouvoir sauver la mienne. Or, tout pécheur, tout ignorant et tout misérable que je suis, Dieu paraît vouloir se servir de moi pour en sauver dans l'endroit où je suis ; et je ne sais s'il en serait de même ailleurs. Il est vrai que rien n'est impossible à Dieu, qui peut se servir de ce même qui n'est pas, pour détruire ce qui est ; mais si j'avais la présomption d'accepter un autre poste, tel qu'il fut, excepté d'être attaché au service des pauvres de ma paroisse, ou de ceux de l'hôpital, je croirais le tenter ; sur-tout n'ayant plus les moyens pour cela, ou ayant plus d'infirmités (dans lesquelles pourtant j'ose me glorifier, si Dieu lui-même y trouve sa gloire) que de moyens pour faire le bien."

Journal du département de la Haute-Vienne - 7 novembre 1805

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