CANDÉ (49) - L'ABBÉ LOUIS BAUGÉ (1788 - 1872) - UNE HISTOIRE D'ANDOUILLE ...
M. BAUGÉ, CURÉ DE CANDÉ
M. Baugé Louis était fils de M. Louis-Joseph Baugé, maître en chirurgie et de dame Jeanne-Marie Brouillet. Il était né et a été ondoyé à Angers, paroisse Saint-Évroult, le 11 mars 1788 ; son baptême eut lieu en cette même paroisse, le 3 avril. Il fut élevé au prytanée militaire de La Flèche.
Il fut nommé vicaire de Candé en 1812 jusqu'au 12 mars 1816, qu'il fut nommé curé en remplacement de M. Raimbault Pierre, décédé le 19 février de la même année. Il a augmenté de ses deniers une précieuse bibliothèque, qui est restée à la cure ; il a construit deux ailes de chaque côté des bâtiments de la cure ; il a acheté l'ancien hôpital Saint-Joseph près de la cure ; il a fait bâtir une maison près de l'église et a donné le tout à la fabrique ...
L'église a été reconstruite à neuf par M. le curé Baugé, sous l'architecte Bonnet ; le choeur vers 1824, et la nef entourée de chapelles ... La fenêtre placée au bas de l'église est venue de l'ancienne église de Saint-Mars-la-Jaille. Le clocher terminé par deux tours carrées, est achevée vers 1866 ; les trois cloches sont encore dues à la bienveillance de ce curé ; elles ont été fondues en 1820. Cette église a été rebâtie en partie par ledit curé, à ses frais, et par des offrandes ; le gouvernement n'a presque rien dépensé, quelques mille francs seulement.
On a trouvé par hasard à Candé, un rocher de granit de couleur rouge, dont on a entouré les portes latérales de la nouvelle église, ainsi que les croisées de la sacristie.
Il a fondé et arrenté l'école des frères de Candé, et, à travers les oppositions de tout genre, il était parvenu à mener toutes ses entreprises à bonne fin.
Il est décédé à Candé, le 28 janvier 1872, et a été enterré dans un caveau, sous la croix de marbre du cimetière de Saint-Nicolas, à côté de M. de Villette, vicaire, et Chaillous, aumônier de Saint-Jean. Il a donc été quatre ans vicaire et cinquante-six ans curé, en tout soixante ans.
Une petite histoire de ce brave curé, qui aimait à faire des tours :
Étant allé, un jour, à Marans, voir le curé, M. Courtois, son ancien vicaire, il vit dans la cheminée de la cuisine une belle andouille ; il se dit : Si je pouvais l'emporter, je l'inviterais à venir en manger. Alors il dit à son garçon : André, tâche donc de me cacher cette andouille dans la voiture, nous allons l'emporter. André trouva un moment favorable, la prit et la mit dans le coffre de la voiture ; mais, avant leur départ, le garçon de Marans s'aperçut que la cheminée était dévalisée. Il courut à la voiture du bon curé de Candé, reprit son objet et remit dans le même fourreau une garniture parfaitement semblable et bien ficelée.
Arrivé à Candé, on trouva bien le fourreau de l'andouille, mais rempli de chiffons. André alla dire cela au curé, qui lui répondit qu'il était un sot ; que le garçon du curé de Marans était plus fin que lui. André, sans s'emporter, lui répondit : M. le curé, j'ai toujours entendu dire qu'un voleur qui vole l'autre, le diable en rit. Le curé lui répondit : Peut-être, mais le péché est fait, et nous ne mangerons pas d'andouille.
Extrait : Candé ancien et moderne, par Perron-Gelineau - 1886