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La Maraîchine Normande
12 février 2017

TARBES (65) - 1799 - L'AFFAIRE MATRAS

TARBES
1799
L'AFFAIRE MATRAS

tarbeszzz

 

Marie Matras vient d'expier sur l'échafaud, le 26 du mois de nivôse an VII (15 janvier 1799), la juste punition due à ses forfaits.

Marie Matras vint de son village, innocente et belle, habiter la ville de Tarbes. Elle fut servante dans un couvent de religieuses ; mais bientôt après, séduite par les charmes trompeurs du vice, elle abandonna cette retraite austère, et se perdit dans le tourbillon du monde. Comparez Marie Matras, villageoise simple et ingénue, à Marie Matras, fille de ville, corrompue ; jadis elle était aimable et sensible, et par la suite le libertinage en fit un monstre.

Sexe intéressant autant que fragile, n'oublie jamais que tu ne pourras apporter assez de précautions pour conserver ton innocence, et réserver tes grâces pour l'amant vertueux que tu choisiras pour ton époux, et que le premier pas qui te conduit à l'avilissement et à l'oubli de tes devoirs, t'entraîne irrésistiblement à tous les crimes.

Marie Matras à peine à son quatrième lustre, trop généralement connue dans la commune de Tarbes, instruite que le citoyen Lacave, plâtrier, célibataire, âgé de quarante ans, d'un esprit très-borné, jouissait d'une honnête fortune, jeta sur lui son dévolu. Elle employa toutes les ressources de sa beauté et de son art perfide pour l'attirer dans ses filets. Il la connaît à peine, que déjà elle a su lui extorquer deux obligations, l'une de 12.000 et l'autre de 5.000 francs. Le malheureux Lacave n'est que trop tôt instruit qu'il a comblé de biens une femme qui s'en rend chaque jour indigne par sa conduite. Il trouve le moyen de reprendre ses deux obligations, et c'est ce qui lui a causé la mort.

En effet, Marie Matras voyant échapper de ses mains l'objet unique qui l'avait rendue complaisante, forme l'horrible projet de s'en ressaisir à quelques prix que ce soit. Elle offre de l'argent et ses faveurs à deux garçons cordonniers s'ils veulent l'aider dans l'assassinat qu'elle a depuis long-temps médité. (Plusieurs témoins ont déposé qu'elle leur avait fait de pareilles propositions). La consommation de ce crime affreux est acceptée à la lueur d'un écu de six francs.

Le 17 pluviôse prairial de l'an IV (5 juin 1796), entre onze heures et midi, elle entre dans la chambre de Lacave, auquel elle avait eu l'infernale politique de ne témoigner aucun ressentiment sur la reprise qu'il avait faite de ses deux obligations ; elle lui offre un mouchoir de soie qu'elle vient d'acheter, le fait asseoir, et veut, dit-elle, le mettre elle-même à son cou. A peine Lacave est-il assis, qu'il est frappé par derrière, par Pierre Bégarie, l'un desdits cordonniers, à la figure et au cou, de deux coups de tranchet qui laissent une ouverture de quatre pouces de profondeur chacun. Les assassins, après avoir consommé leur crime, se lavent tranquillement les mains dans un chaudron d'eau à côté du cadavre, l'étendent au milieu de la chambre, et le couvrent de son manteau.

Ce ne fut que le lendemain que le sang de ce malheureux, après avoir inondé la chambre, perça le plafond et découvrit le crime.

LACAVE DECES zzz

Traduits au tribunal criminel, Marie Matras et Pierre Bégarie furent condamnés, le 18 thermidor de l'an IV (5 août 1796), à la peine de mort. Ce jugement fut confirmé par le tribunal de cassation devant lequel ils se pourvurent en appel.

Bégarie subit son jugement le 14 frimaire an V (4 décembre 1796) [acte de décès inexistant, indiqué dans les tables comme étant le n° 26 en date du 13 frimaire an V] ; mais la Matras, qui ne manquait pas de conseils officieux, se déclara enceinte ; des officiers de santé, des sages-femmes l'affirmèrent ; un sursis de trois mois à l'exécution du jugement fut accordé, et le soir même de la notification de ce jugement, la Matras enceinte eut cependant la force de rompre les fers qu'elle avait aux pieds, aux mains, aux bras et autour du cou, et par lesquels elle était attachée à un anneau de fer planté dans le mur ; elle fit plus, elle trouva un mur de quatre pieds d'épaisseur, à la hauteur de quinze pieds de la rue ; elle eut même l'art magique de passer et descendre par ce trou, par lequel, au rapport des gens de l'art, un enfant de trois ans n'eût pu passer.

Le concierge, traduit devant les tribunaux, est absous.

Marie Matras passe en Espagne. La punition terrible à laquelle elle vient d'échapper, n'est pas encore suffisante pour réfréner son incontinence et pour la rappeler à la vertu. Elle se plonge, de plus en plus, dans le torrent du libertinage ; elle est le sujet d'une rixe entre deux jeunes gens qui se donnent mutuellement la mort dans un duel. La police la fait arrêter, et allait instruire son procès, lorsqu'elle apprend que cette femme abominable est déjà condamnée, en France, à la peine de mort. Elle est renvoyée devant ses premiers juges, où, enfin, elle trouve le terme à tant de scélératesse.

Tant il est vrai que le crime ne reste jamais impuni, et que tôt ou tard, il est atteint par le glaive vengeur des lois.

(La Vedette des Landes)

Marie Matras Tarbes décès

 

AD86 - Journal de Poitiers et du département de la Vienne - 3 février 1799 (15 pluviôse an VII) - 28 février 1799 (10 ventôse an VII)

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