SAINT-JULIEN-DES-LANDES - SAINT-GERMAIN-L'AIGUILLER (85) - MARTYRE DE L'ABBÉ GAUDON DE LA GESTIÈRE
Nous n'avons presque aucun détail sur la vie de l'abbé GAUDON, curé de Saint-Germain-l'Aiguiller. Les circonstances de sa mort sont bien plus obscures encore. J'ai pu trouver trois versions de la fin tragique de ce pauvre prêtre :
PREMIÈRE VERSION :
Il avait refusé le serment schismatique et resta parmi ses paroissiens. Malgré les menaces de la persécution, il se livrait si pleinement à l'ardeur de son zèle, dans l'exercice de son ministère pastoral, qu'on pourrait parfois l'accuser d'imprudence.
Quand les Vendéens occupèrent les Herbiers, l'apostat Houdet du Gravier, ex-chanoine, y conduisit un détachement pour les forcer à vider la place. Il passait par le Boupère, et arrivant près du bourg de Saint-Paul, il vit un homme qui venait à lui, à travers champ.
— Tiens, dit-il, c'est Gaudon, le curé de Saint-Germain.
— C'est moi, répond celui-ci, mais tu n'auras pas la barbarie de me tuer ! Nous avons fait nos études ensemble.
Du Gravier n'ordonna point de le mettre à mort, mais il ne dit pas un mot pour le sauver. Un protestant du village de l'Hermondière lui tira, à bout portant, un coup de fusil dans la tempe. (31 janvier 1794 - 12 pluviôse an II)
Le prêtre martyr fut enterré sur le lieu même du meurtre, et plus tard, inhumé dans le cimetière de Saint-Paul.
Extrait : Le Martyr de la Vendée - L.P. Prunier, Chanoine
DEUXIÈME VERSION :
Aux Archives Départementales de Vendée, dans la Semaine Catholique du Diocèse de Luçon, 1912, p. 417, nous trouvons une autre version de la mort de l'abbé Gaudon :
M. Jean-Michel-Augustin Gaudon de la Gestière, curé, qui refusa le serment schismatique et se cacha d'abord à Mouilleron, chez les frères Cadou, cordonniers et protestants, qui se firent ses protecteurs, puis à Saint-Paul-en-Pareds, au village de Proutière.
Découvert par la garde nationale de la Châtaigneraie qui se rendait aux Herbiers, il fut mis à mort à la barrière d'un champ qu'on appelle le champ du Cormier, et l'un de ces cannibales poussa la rage jusqu'à exercer sur le cadavre du martyr les cruautés les plus infâmes.
Le sieur Lebel lui coupa les oreilles et les attacha sur sa coiffure, en guise de cocarde, tout fier de son sanglant et honteux trophée. On dit même qu'elles furent grillées et mangées par ces anthropophages (Archives de Mouilleron).
TROISIÈME VERSION :
Un jeune homme, Dominique Ussault - qui, au mois de mars 1793, détermina Pouzauges et plusieurs communes environnantes à prendre les armes, dit ceci dans ses Mémoires manuscrites :
"... Parmi eux [les prisonniers républicains], le commandant de la garde nationale de Pouzauges, M. Gentil, receveur de l'Enregistrement, conduit ... à Montaigu, en sortit sur ma réclamation et rentra chez lui, où il vécut tranquille. Plusieurs autres de ces soldats républicains s'étant dirigés sur les Essarts et Saint-Fulgent, y furent assassinés ... Ce fut sûrement alors une punition du ciel pour la garde nationale de Pouzauges, qui avaient horriblement massacré à coups de sabre, près le Boupère, un prêtre très vieux, M. Gaudon, curé de Saint-Germain-l'Aiguiller, près Mouilleron-en-Pareds". (Paysages et monuments du Poitou - par René Vallette - 1887-1892)
La première version nous signale que le massacre de l'abbé Gaudon aurait eu lieu le 31 janvier 1794. Le Dictionnaire des Vendéens (AD85) nous dit que ce serait plutôt le 30 janvier de cette même année.
En collaboration avec Richard Lueil, l'auteur du blog Chemins Secrets, nous avons pu, à partir des informations données dans la seconde version, localiser le lieu du martyre de l'abbé Gaudon : voir ICI
QUI ÉTAIT L'ABBÉ GAUDON ?
Nous trouvons sa signature sur les registres de Mouilleron-en-Pareds, où il remplaçait le curé Guinefolleau, du 17 mars au 4 avril 1790.
Selon le Dictionnaire des Vendéens, aux Archives Départementales de Vendée, l'abbé Gaudon fut successivement vicaire à Chantonnay, de février à juin 1765 ; prêtre, aux Sables-d'Olonne, de décembre 1765 à septembre 1766 ; vicaire au Bernard, en 1775 ; vicaire à La Caillère, de février 1778 à novembre 1782 ; curé à Saint-Germain-l'Aiguiller à partir du 22 novembre 1782.
Dans les registres de Sainte-Gemme-les-Bruyères, l'abbé Gaudon signe deux actes ; le premier, en date du 10 juin 1792, qui concerne l'abjuration de Perrine Fraud, âgée de 20 ans, servante domestique ; et le second, daté du 26 juin 1792, pour la bénédiction du mariage d'Antoine Ferrand et de Perrine Fraud, citée précédemment.
Le Dictionnaire des Vendéens nous dit également que l'abbé Gaudon de la Gestière pourrait être le fils de Jean-Michel-Augustin Gaudon de la Gestière, Sénéchal de la Baronnie de Jard ; or, cela est impossible puisque le Sénéchal se marie en 1755, il a son premier enfant en 1756, et l'on sait que l'abbé Gaudon fut vicaire de Chantonnay en 1765 .
J'ai donc tenté d'établir une petite généalogie de la famille Gaudon de la Gestière, détaillée ci-dessous.
Dans la troisième version, Dominique Ussault nous dit que l'abbé Gaudon était très âgé. Aussi, il pourrait bien être un frère d'Augustin, notaire royal. Malheureusement l'absence de registres, entre 1697 et 1705, empêche cette vérification.
Sauf erreur, on peut raisonnablement penser que l'abbé Jean-Michel-Augustin (?) Gaudon serait fils de René Gaudon et de Marie Renaudin et serait né à Saint-Julien-des-Landes au début des années 1700.
AUGUSTIN, LE PÈRE DU SÉNÉCHAL ET PROBABLEMENT FRÈRE DE L'ABBÉ
Les Sables-d'Olonne - Mariage d'Augustin Gaudon, né à Saint-Julien-des-Landes, le 25 septembre 1694 et baptisé le lendemain, notaire royal et procureur, fils de feu René Gaudon, sieur de la Gestière, et de Marie Renaudin, de la paroisse de Saint-Julien-des-Landes, avec demoiselle Anne Burcier, veuve du sieur Louis Dumoulin, du Mesnil. Témoins, du côté de l'époux : Joachim Pelletier, pilote, cousin germain, Pierre Brioché, notaire royal et procureur en cette ville, Pierre Grangier, maître chirurgien, et du côté de l'épouse : André Cheviteau, notaire royal et procureur aux Sables d'Olonne, beau-frère, Maître Vincent Vincent, docteur en médecine, Charles Chauviteau, capitaine de navire (11 mai 1721).
- Baptême de Marie-Madeleine, fille d'Augustin Gaudon et de Marie-Anne Burcier, 2 mars 1722, paroisse Notre-Dame des Sables-d'Olonne.
- Baptême de Suzanne-Françoise, le 25 juin 1724, au même lieu
- Baptême de Jean-Michel-Augustin, le 30 septembre 1725 (futur Sénéchal), au même lieu.
- Le 7 novembre 1726 - inhumation dans le petit cimetière d'un enfant né, baptisé car en danger de mort, et décédé le 6 novembre 1726 - même lieu.
- Baptême de Louise-Catherine, le 6 septembre 1728, au même lieu.
- Baptême de Marie-Anne-Charlotte, le 23 février 1732, au même lieu.
- Baptême de Suzanne-Thérèse, le 15 janvier 1734 - décédée à l'âge de 2 ans et demi, même lieu.
- Baptême de Henriette, née et baptisée le 30 août 1735, même lieu.
Hélas, pas de registres entre 1694 et 1697 - non plus entre 1697 et 1705.
Une soeur aînée, MARIE, née et baptisée le 1er mars 1693.
Une autre soeur, Jeanne, se marie aux Sables-d'Olonne, le 24 novembre 1739, avec Daniel Morisson, seigneur de la Chaussée, veuf de Radegonde Rouché, de la paroisse d'Avrillé ; dont une fille Marie-Madeleine, mariée à Avrillé, le 22 septembre à René Biret, bourgeois - morte sans postérité.
Un frère, René, né le 27 juillet 1697.
Après 1705, plus de naissances pour cette famille.
Augustin Gaudon, notaire royal est décédé aux Sables-d'Olonne, paroisse Notre-Dame, le 23 septembre 1778, à l'âge de 84 ans.
JEAN-MICHEL-AUGUSTIN, LE SÉNÉCHAL
Le 9 juin 1755, à Nieul-le-Dolent, a lieu le mariage de :
Jean-Michel-Augustin Gaudon de la Gestière, Sénéchal de la Baronnie de Jard, fils de Maître Augustin Gaudon, notaire et procureur royal des Sables-d'Olonne et de Marie-Anne Burcier
et de demoiselle Marie-Anne Frappier, 29 ans, fille de Joseph-Philippe Frappier, seigneur du Fief et de demoiselle Anne Gauvrit, née à Aubigny le 7 novembre 1725.
Naissance de Joseph-Augustin, à Nieul-le-Dolent, baptisé le 5 mai 1756 ;
Naissance de Marie-Anne, à Nieul-le-Dolent, le 3 mars 1759, baptisée le lendemain ;
Naissance de Marie-Jeanne-Gabrielle, née à Jard-sur-Mer, et baptisée au même lieu le 22 avril 1761.
Marie-Anne Frappier est décédée à Jard-sur-Mer le 28 juin 1761.
AD85 - Registres paroissiaux