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La Maraîchine Normande
25 novembre 2016

BOUIN (85) - 1794 - LES VINCENDEAU

 

BOUIN EGLISE

Toussaint Gouvard avait épousé, le 13 octobre 1778, une excellente catholique de Bouin, MARIE VINCENDEAU, qui se fit un devoir de seconder son mari pendant la guerre de Vendée.

Aussi, Marie Vincendeau, fut-elle, sous la Terreur, compromise à cause de lui, arrêtée et mise en prison, sur la dénonciation de trois femmes républicaines.

Elle est inscrite au nombre des prisonnières de Noirmoutier ; mais, à Noirmoutier, on la laissa loger en ville.

Interrogée, le 21 juillet 1794, elle fut écrouée le 1er août. On l'accusait d'avoir traité trop durement (?) les prisonniers républicains confiés jadis à la garde de son mari, et d'avoir dit qu'ils étaient "bons à mettre dans des souterrains".

Elle fut comprise dans l'hécatombe des 22 fusillés du 3 août.

Marie Vincendeau était la fille de Jean Vincendeau et de Marie Boulas ; elle fut baptisée, le 23 mars 1755, par M. l'abbé Lefon de la Béfiserie, vicaire de la paroisse (née de la veille).

Vincendeau Marie baptême

Bien des fois, la famille Vincendeau est nommée dans les archives qui concernent la lutte des catholiques de Bouin contre la Révolution.

JEAN VINCENDEAU, le père, qui survécut à la guerre, était maréchal-ferrant aux Vignes. Il se mit avec ardeur au service de la cause catholique et ferra les chevaux de l'armée.

L'un des fils, PIERRE, maréchal-ferrant, est sur la liste des dénoncés. Il put s'échapper.

JOSEPH VINCENDEAU est, sans doute, aussi un des fils de Jean. Au moment du soulèvement de mars 1793, il fut envoyé, avec une troupe d'hommes bien décidés, au secours des catholiques de Beauvoir. Il partit à la guerre dans la compagnie Drouet et servit dans la cavalerie de Charette.

Quant à JEAN VINCENDEAU, le troisième fils, les détails de son histoire sont encore plus remarquables.

Maréchal-ferrant et serrurier aux Vignes, comme son père, il se montra résolument dévoué à la cause catholique et royale. D'après le registre du Comité de Bouin, Jean Vincendeau fournit le fer qui servit à faire de la mitraille. Le Comité, à court d'argent, le payait "en pains de douze livres à prendre chez Baril, boulanger".

Jean Vincendeau mourut à Bouin, à l'âge de 35 ans, le 6 décembre 1793, le jour même de la bataille, mais son décès ne fut enregistré que le 28 janvier 1794 (9 pluviôse an II). Malgré le désarroi qui suivit la prise de Bouin, ce décès était connu cependant : dans l'intervalle, sa fille Aimée, âgée de 8 ans et sa femme, Marie Quebaud, moururent à quelques jours de distance, et celle-ci est désignée ainsi : veuve de Jean Vincendeau.

Vincendeau Jean décès

Tous ces détails donnent une presque certitude à la mort violente des époux Vincendeau, spécialement du mari, surtout si on les rapproche des faits suivants.

Dans tous les documents postérieurs, les époux Vincendeau sont qualifié "morts aux brigands" ; leur maison est fermée, leurs biens confisqués, et les scellés sont apposés sur leurs meubles, le 21 juillet 1794, par la municipalité révolutionnaire.

Ils laissaient plusieurs enfants en bas-âge : la Convention nationale s'en empara, en attendant que la famille, beaucoup plus tard, pût légalement les réclamer.


A côté des Vincendeau, maréchaux-ferrants, une autre famille Vincendeau, alliée à la première, joue un rôle important dans la guerre de 1793.

Voici son histoire :

JACQUES VINCENDEAU, marin, époux de Luce Gouvard, et, par conséquent, beau-frère de Toussaint Gouvard, avait deux soeurs : Renée, 42 ans, baptisée à Bouin, le 2 janvier 1752, par l'abbé Monnier, vicaire, et Marie-Madeleine, la jeune, âgée de 33 ans. Toutes deux, catholiques ardentes, jouèrent un rôle pendant la Révolution.

Renée avait épousé, le 16 septembre 1777, Pierre Drouet, journalier à l'Épois, qui mourut en 1793 au service de la cause catholique et royale. Elle avait trois enfants en bas âge.

Drouet et sa femme furent accusés d'avoir été, à l'Épois, des agents actifs du Comité établi dans le village, Comité qui comptait Gazou, au nombre de ses membres les plus zélés. On les dénonça, et, en l'absence du mari déjà disparu, on arrêta la femme Drouet. N'avait-elle pas, en outre, "dit du mal de la constitution ?"

Après sept mois de prison à Bouin et dans l'enceinte du château de Noirmoutier, elle fut traduite devant la Commission militaire et condamnée à la déportation perpétuelle :

"Considérant que Renée Vincendeau, veuve Drouet, a contribué par sa mauvaise conduite à l'égarement de ceux que son incivisme a pu influencer, et qu'ainsi elle s'est rendue indigne d'habiter le sol de la République", etc.

Rendue à la liberté par les évènements de 1795, elle fut plus tard pensionnée par la Restauration.

Sa soeur, Marie-Madeleine, épouse de Sébastien Thomas, le fils, figure encore au nombre des prisonniers de Noirmoutier.

Elle fut arrêtée, quelques jours après la veuve Drouet, sur un ordre du Comité de surveillance révolutionnaire de Challans. Son dossier porte la mention suivante :

"Aristocrate enragée qui a excité à la révolte et pillé les patriotes".

Elle aussi avait trois enfants. La mort de son mari remonte au mois d'août 1793. Sébastien Thomas, un des cavaliers les plus en vue de l'armée vendéenne, mourut évidemment de mort violente car, en août 1793, tous les hommes étaient à la guerre et son décès n'est pas inscrit sur les actes de Bouin.

Après l'arrestation de la veuve Sébastien Thomas, les scellés furent apposés sur les meubles.

Elle comparut devant la Commission militaire à la fin de la Terreur. Des personnes bienveillantes purent-elles alors intervenir en sa faveur ? On doit le supposer. La Commission militaire qui n'avait aucune charge sérieuse contre Marie-Madeleine Vincendeau, veuve Thomas, la mit en liberté, le 16 juin 1794.

Autre victime de la persécution révolutionnaire de même nom de famille : ANNE VINCENDEAU, 41 ans, célibataire, marchande à Bouin, était peut-être parente éloignée des deux autres. Elle aussi fut compromise dans la liste de proscriptions du Comité révolutionnaire ; voici les motifs de son arrestation :

"Comme les précédentes (il s'agit des filles Redois), prosélyte zélée des prêtres réfractaires, et à propagé comme elles leurs principes dangereux".

Anne Vincendeau fit, comme Marie-Madeleine, six mois de prison, interrompus seulement par une grave maladie qui obligea les autorités à la sortir de la maison d'arrêt de Noirmoutier et à la placer, en ville, chez le capitaine Gendron.

L'interrogatoire d'Anne Vincendeau est très touchant. D'abord, elle ne voulut compromettre personne. "Je n'ai, dit-elle, aucun parent, et j'ai très peu d'amis". Elle ajouta : "J'ai employé tous les moyens pour exercer envers les malheureux et surtout envers les prisonniers patriotes des actes d'humanité et de soulagement".

Le juge poussa plus loin ses questions insidieuses et hypocrites, car elle n'avait été dénoncée que pour son attachement à la religion catholique : "Comment, lui demanda-t-il, avez-vous considéré la destruction des prêtres ?" Anne Vincendeau ne perdit pas son sang-froid : "La destruction des hommes, quels qu'ils soient, répondit-elle, me cause toujours une peine sensible".

Devant son attitude énergique, la Commission militaire n'osa pas la condamner à mort : elle la renvoya dans sa commune, le 5 août 1794, pour y rester comme suspecte, jusqu'à la paix, sous la surveillance des autorités. Anne Vincendeau survécut à la Révolution.

Docteur Pelletier
AD85 - Semaine Catholique du Diocèse de Luçon - 1913 - p. 730-732, 810-811

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