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La Maraîchine Normande
27 septembre 2016

TRIAIZE (85) PENDANT LA RÉVOLUTION : L'ABBÉ JACQUES-JEAN-CHRISOSTOME HILLAIRET (1757-1837) - GUINOT, PERSÉCUTEUR

Extraits de la Monographie d'une paroisse du Marais de Luçon, par l'abbé A. Baraud (1894)

Triaize église

 

Le premier extrait concerne M. Hillairet, qui avait été nommé curé de Triaize en janvier 1788 :

"Pour sanctionner la spoliation du clergé, les députés de 1791 prescrivirent un serment d'adhésion à la Constitution civile.

["Aujourd'hui 24 juin 1792, l'an 4e de la Liberté s'est présenté à la Chambre commune, Monsieur Hillairet, curé de cette paroisse, et a déclaré être né à Aizenay, chef-lieu de canton, District de La Roche-Sur-Yon, Département de la Vendée ; le s'est égallement présenté M. Guérineau, vicaire de la ditte paroisse, a déclaré qu'il est natif de la Chaize-Giraud, canton de Landevieille, District des Sables, de ce Département de la Vendée. Fait en la ditte Chambre commune, jour et an que dessus.
Signé : Hillairet, Curé de Triaize ; Guérineau, vicaire de Triaize ; Belaud, maire ; Sarazin ; Cailleteau ; Feret."

La municipalité considère l'abbé Hillairet comme suspect et projette une visite domiciliaire :

 

"Aujourd'hui, troisième jour du mois d'avril 1792, l'an 2e de la République françoise, nous, maire et officiers municipaux réunis en conseil général, avons délibéré pour faire une visite domicilière dans plusieurs maisons de notre commune que nous connoissons suspectes. Pour cet efets nous requerons deux officiers de garde nationale et quatre fusiliers de la commune de Saint-Michel, chef-lieu de notre canton, pour nous prêter main forte à cette égard. En conséquence, nous envoyons une réquisition aux officiers municipaux du dit Saint-Michel. Pour ce qui est dit ci-dessus, fait en notre Chambre commune, les jour, mois et an que dessus,
Signé : Daleau, Fallourd, Jousseaume, Dorin" (Délibérations communales de Triaize)

 

"Aujourd'hui le 30 août 1792, l'an 2e de La Liberté,
Nous, Maire et off. de la Commune auroit requis le dit Sieur Jaulain, lieutenant des grenadiers de St-Michel-en-l'Herm, chef-lieu de canton, pour faire la visite chez le dit sieur Hillairet, curé de cette paroisse, comme soupçonnant qu'il puisse avoir des armes chez lui pour troubler l'ordre public & nous nous sommes transportés." (Délibérations communales de Triaize)

La soeur et la servante de l'abbé Hillairet sont également suspectes :

Aujourd'hui 9 avril 1793, l'an 2e de La République françoise, Nous, maire et officiers municipaux en Conseil général de la Commune assemblés en permanence extraordinaire, ouï le Procureur de la ditte commune qui nous auroit exposés que la Soeur et la Servante du ci-devant Curé de cette commune étoient devenues suspectes par les propos incendiaires qu'elles ne cessent de tenir journellement et qu'en outre, à des preuves sans équivoque, qu'elles sont en correspondance très suspectes avec le ci-devant Curé et le ci-devant Vicaire. En conséquence, l'assemblée auroit arrêté que le citoyen juge de paix du canton de Saint-Michel, est requis de se transporter avec nous, assistés d'une garde de volontaires, composé de deux officiers et six soldats ; jeudi prochain, onze du courant.
En conséquence, nous avons fait le réquisitoire suivant :
La municipalité de Triaize à l'invitation du citoyen Rodrigue administrateur du Département de la Vendée, Commissaire des Districts de Fontenay & de La Roche-sur-Yon, ayant requis le citoyen François-Louis Chantreau, juge de paix du dit Canton, de se rendre sur le territoire de la commune de Triaize au domicile de la citoyenne Hillairet pour aprouvé ses papiers s'ils sont en règle, et sur le champs aposer les scellés ; et lui ordonnons, dans deux jours, de prendre des mesures nécessaires pour se transporter dans son pays natal ou sans quoi, on la fera de suite conduire au Département, accompagnée de sa servante.
En conséquence, nous prions le citoyen Chantreau, juge de paix, de se rendre Jeudi prochain, onze du courant.
Fait en la Chambre ordinaire de nos séances, ce neuvième jour du mois d'avril mil sept cent quatre vingt treize, l'an deuxième de la République françoise.
Signé : BOILLEAU, maire ; Jousseaume ; Barbier ; Bellaud, Guillon, Daleau, Fallourd, Dorin." (Délibérations communales de Triaize)

Suite du procès-verbal ci-dessus - La Municipalité, à dix heures du matin, ayant accompagné le citoyen juge de paix et avons été témoin du scellés qui ont été aposés sur les effets du ci-devant Curé de Triaize, émigré, et ayant ordonnés à la citoyenne Hillairet et à la servante, de se transporter dans sa commune respective et le délai de trois jours passés ou sans quoi ont les fera de suite conduite par la force armée au Département et ayant promis de leur délivrer des certificats pour aller ou bon lui semblera, ayant chargé la municipalité de toutes les clefs ... (?) par elle, à comparoître à sa première réquisition qui leur en sera faite, fait et arrêté en notre Chambre commune ce onze avril mil sept cent quatre vingt treize l'an deuxième de la République françoise.
Signé : Jousseaume, Daleau, Guillon, Barbier, Dorin. (Délibérations communales de Triaize)]

M. Hillairet, avec tout ce qu'il y avait d'honnête et de consciencieux dans le clergé, refusa le serment, au mois de septembre 1792, par ces belles paroles, bien dignes d'être transmises à la postérité : "Si j'avais deux âmes, je pourrais peut-être en sacrifier une, mais je n'en ai qu'une et je veux la sauver."

Hillairet signature

Le courageux confesseur de la foi ne pouvait plus demeurer dans le pays : il dut s'exiler et partit pour l'Espagne.

"Il s'embarqua avec son vicaire, M. Guérineau, au port des Sables, qui les transporta à Saint-Sébastien, ainsi que de nombreux confrères. A la fin de 1799, ils obtinrent des pièces leur permettant de rentrer en France. Mais, sur la route, cette autorisation ne fut pas trouvée en règle.

M. Hillairet parvint cependant à revenir au milieu de ses paroissiens, et, le 9 janvier 1801, il reprenait possession de sa cure après huit années d'exil.

Après avoir exercé jusqu'en 1835, le 15 juin, il donna sa démission pour cause de vieillesse, étant âgé de 78 ans, et se retira dans la paroisse de Champagné, où il mourut le 24 août 1837.

 

Hilairet décès

 

Sa mémoire a toujours été en vénération dans la paroisse ; aussi ses restes ont été triomphalement transportés, par les soins d'un de ses successeurs, dans le cimetière de Triaize (mars 1851), où la reconnaissance populaire lui a érigé un monument qui rappelle sa dignité, son courage et son exil pour la foi."

[JACQUES-JEAN-CHRISOSTOME, fils de Maître André Hilairet et de Françoise Guilbaud, était né à Aizenay, le 27 janvier 1757 et baptisé le lendemain.]

 

Hilairet naissance

 


 

BLEUS 3

Le second extrait nous montre à quels excès la haine antireligieuse poussait les révolutionnaires, à cette triste époque :

"De Bonald a apprécié les hommes et les oeuvres de la Révolution en ces mots : "Des sottises faites par des gens habiles, des extravagances dites par des gens d'esprit, des crimes commis par d'honnêtes gens."

Nous avons lieu de douter que les agents de la Terreur à Triaize aient été des honnêtes gens, nous ne connaissons pas toutes leurs oeuvres, mais nous en savons assez pour être certain que parmi eux il y avait de grands scélérats. Nous allons les voir à l'oeuvre.

"Le plus coupable d'entre eux, celui dans lequel les chanoines avaient d'abord malheureusement placé leur confiance, était un certain Guinot. Cet homme, étranger au pays, venait du Bocage. Par son habileté hypocrite, ayant capté les bonnes grâces des chanoines, il s'était fait nommer intendant et gouverneur civil de Triaize : il habitait la forteresse située devant l'église.

En 1793, devenu le chef de la canaille et le persécuteur des honnêtes gens, il ordonna une perquisition chez les habitants du bourg pour y chercher et saisir tous les livres de prière. Les ayant fait apporter sur la place, il en fit un grand feu, dans lequel il jeta le tabernacle arraché à l'autel, puis, avec ses compagnons d'impiété, il organisa des danses en ronde autour de ce "feu de joie" d'une nouvelle sorte.

A cette date, par ses soins, l'église avait changé de nom et de destination. Transformée, comme à Paris, en temple de la Raison, elle était appelée et désignée dans les actes municipaux sous le nom de temple de la Raison ou temple décadaire. Guinot, capable des impiétés les plus révoltantes, profana de nouveau le lieu saint en y entrant à cheval, scia la poutre qui soutenait le Christ à l'entrée du sanctuaire, et ayant attaché une corde au cou de l'effigie du Sauveur, avec ses complices, il traîna cette image bénite dans les rues du bourg et la livra aux flammes.

Mais le châtiment de si grands scandales ne se fit pas longtemps attendre.

Quelques mois après ces saturnales impies, Guinot fut pris d'une étrange maladie. Des douleurs d'entrailles le torturaient, des ulcères couvrirent son corps, qui peu à peu tomba en pourriture. Deux années durant, ce mal implacable s'acharna sur sa victime, lui arrachant des cris par lesquels, il demandait vainement la mort.

Dieu voulait sans doute faire expier dès cette vie, ses crimes à ce misérable, qui vécut encore deux années, malgré ses affreuses douleurs, pour demeurer un exemple de la punition et l'effroi de ses compagnons d'impiété.

Le souvenir de ces terribles évènements est resté à la mémoire des habitants de la localité.

Semaine Catholique du diocèse de Luçon - Année 1895 (AD85 - 4 Num 115/20 - p. 94 à 96)

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