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La Maraîchine Normande
23 septembre 2016

LE GIVRE (85) - LA BRUNIÈRE / LE PÂTIS DES BELLES FILLES

LE GIVRE
CHÂTEAU DE LA BRUNIÈRE

LA BRUNIÈRE 3

Là où se dresse aujourd'hui l'élégant château de la Brunière, au Givre, s'élevait autrefois une sorte de donjon carré, flanqué de tours d'angles, s'apparentant à celui de Chambrette, en partie détruit, et qui, comme la tour d'Angles, devait servir au maintien d'une petite garnison. Ces constructions avaient fonction de sentinelles pour la surveillance du pays toujours menacé par les invasions. Les vieilles chartes désignent ce lieu du nom de "Fief Arondeau".

Au XVIème siècle, son propriétaire, René Bodin, gentilhomme de la Cour, calviniste convaincu, revint en Poitou pour se joindre aux troupes d'Henri IV, lui offrant même l'hospitalité de sa demeure.

Tout devait être austère, dans cette tour aux murs épais, percés seulement d'étroites ouvertures. Aussi, lors d'une paix relative, Bodin entreprit de se faire édifier un logis plus confortable, plus aéré surtout.

De cette époque, nous gardons les grandes lignes. Le corps principal du logement, soudé aux tours primitives, le double escalier partant de l'entrée, laquelle fut dotée d'un arc en plein cintre, encadrée de colonnes cannelées. Un entablement à frise apporte un peu de fantaisie à la façade, rompu par un oculus, on peut voir à côté la date gravée de cette restauration : 15 May 1590.

La tour Sud est assez curieuse, avec ses bretèches et son imposante cheminée en forme d'urne dont ne connaît aucune réplique dans le pays. L'intérieur présente une très belle cheminée de salon d'un grand intérêt, avec les armes des Bodin et de Bessay.

 

La Brunière porte d'entrée

 

La porte d'entrée principale, qui s'ouvre sur la cour et à laquelle on accède par un perron à double escalier, a seul conservé quelque intérêt architectural. C'est une porte à plein cintre, accostée de deux colonnes cannelées d'ordre dorique qui supportent un entablement. Dans la frise, on voit sculptés en relief : un monogramme, la date du 15 MAY 1590 (1) et enfin un écusson dont le premier parti renferme six besants et le deuxième quatre chabots.

Le monogramme est celui des Bodin de la Rollandière, et la date - sans doute celle de la pose de la première pierre du château - semble indiquer qu'il fut construit par ce même René Bodin, seigneur de la Rollandière, de la Brunière et de Lavau-Richer, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, auquel Catherine de Parthenay, lors de la mort de M. de Rohan-Soubise, son mari, écrivait la belle lettre que nous transcrivons et qui donne la mesure de l'estime et de la considération dont le seigneur du Givre jouissait dans l'esprit du défunt, de son épouse et de tout le parti protestant :

"Monsieur, je sais que vous avez tant affectionné Monsieur mon mari, comme vous le lui avez témoigné de son vivant et à moi aussi, que je me promets que vous m'accorderez volontiers la requête que je vous fais, de vouloir honorer sa mémoire en accompagnant son corps, lequel je désire transporter de La Rochelle en ce lieu de Bleing, où il avait eslu sépulture ; c'est le dernier office qu'on peut rendre à ceux qu'on a aimez, dont je prie bon nombre de mes amis, qui, je crois, ne m'en refuseront pas. Je vous en supplie bien affectionément en particulier, et pour cet effet, de vouloir prendre la peine de vous rendre le 13 d'octobre prochain à Fontenay, là où mon fils de Soubise se trouvera pour y recueillir et recevoir ceux qui lui feront ce bien de l'y vouloir accompagner, soit en tout le voyage ou en une partie d'iceluy, suivant ce que le Sr des Cours vous fera plus particulièrement entendre, qui me gardera de vous en écrire davantage, sinon pour vous assurer que je vous aurai obligation de cet office, comme étant l'occasion du monde en laquelle mes amis me peuvent plus témoigner leur bonne volonté, et qu'en tous endroits où j'aurai moyen de les recognaître, et vous servir en récompense, vous m'y trouverez aussi disposée, comme l'effet dont je vous requiers le mérite, vous suppliant en faire état, et me tenir pour votre bien affectionnée amie à vous servir.

De Bleing, ce 16 septembre 1599.
Signé : CATHERINE DE PARTHENAY."

L'écusson, sculpté au siècle suivant, doit être celui de Charles Bodin, petit-fils du précédent, qui épousa, en effet, en seconde noces, Marthe Chabot, veuve d'Isaac de la Lande de Machecoul, et fille de Christophe, écuyer, sieur du Chaigneau, et de Claude de Gourdeau.

En 1621, la Brunière a été pillée par les troupes royales, luttant contre la garnison huguenote qui y était entretenue, commandée par un certain Fatas, lequel multipliait les exactions auprès des populations ne partageant pas ses idées.

Les Bodin paraissent avoir possédé La Brunière jusqu'à la fin du XVIIème siècle.

A la Révolution, elle appartenait à la famille de Mauras qui émigra. Charette y établit une petite garnison commandée par Delaunay (25 septembre 1794).

Plus tard, les aléas de la lutte y amenèrent Travot qui répara les fortifications, ce qui lui permit de repousser l'attaque de Mme de Bulkeley : "Le Vendredi 3 octobre 1794, à la tête d'une troupe de cavaliers recrutés dans la division de La Roche-sur-Yon, Madame Bulkeley attaque la garnison de deux cent vingt quatre Bleus qui tiennent le château. Elle est repoussée vivement. Elle dirige une seconde tentative plus puissante. Mais le "poste ayant été fortifié et le château crénelé", elle échoue à nouveau. Et elle est obligée de se replier vers sa propriété de la Brossardière, en Saint-André-d'Ornay". Malheureusement les troupes républicaines qui occupèrent la Brunière, en 1794, saccagèrent l'intérieur et en brûlèrent le mobilier.  

La Brunière fut achetée nationalement par un sieur Porchier-Thibaudière (maire) qui la revendit à la famille Pineau. Ce sont ces derniers qui en tentèrent la restauration ; mais cette restauration, comme hélas ! la plupart de celles exécutées à cette époque, fut faite parcimonieusement et sans goût. Un exemple : les toitures étaient autrefois surmontées de cheminées monumentales en briques qui devaient être d'un grand effet. On les supprima pour les remplacer par de minces tuyaux en pierre calcaire, sous prétexte qu'elles chargeaient trop les murs. Deux seulement ont été épargnées, pour faire sans doute regretter les autres : l'une, sur la tour du nord, la seconde sur celle du sud. Cette dernière porte à sa base l'inscription suivante formée de briques en saillie :

La Brunière inscription


qu'il faut lire, ce nous semble : Jean Elouin, nom probable de leur constructeur.

En 1853, la terre de la Brunière fut achetée à la famille Pineau par M. Louis-Adolphe de Goué, fils de Louis et de Victoire du Tressay. Il mourut au Givre, le 27 avril 1881, à l'âge de 69 ans, laissant de son mariage avec Mlle Charlotte-Lydye Avice de Mougon, décédée en 1880, deux enfants : M. Alain de Goué, grand chasseur devant l'Éternel, et Mlle Mathilde-Louise-Lydie de Goué (née à Saint-Juire-Champgillon, le 1er avril 1846), qui a épousé, le 25 janvier 1869, M. Augustin-Eugène Letard de la Bouralière (16.08.1838-1908) qui, suite à un accord de famille, fut en possession du curieux et hospitalier manoir.


'1) Cette même date est également gravée à gauche de la porte d'entrée, sur une pierre qui forme cadran solaire.

Sources :

- Constant Gauducheau - Revue : La Fin de la Rabinaïe - n° 59 - Juin 1990

- Paysages et monuments du poitou - photographiés par Jules Robuchon - Tome XII - 1888-1894

- Itinéraires de la Vendée Militaire - P. Doré Graslin - Journal de la Guerre des Géants 1793-1801 - 1979


 LE PÂTIS DES BELLES FILLES

La Brunière Le Givre

Pendant la Révolution, un engagement entre Blancs et Bleus eut lieu au Givre.

LE PÂTIS DES BELLES FILLES, qui borde la route des Sables-d'Olonne, non loin du Pont-Rouge, doit son nom au massacre qui y fut fait en 1793, par les troupes républicaines, de sept jeunes filles du bourg.

Aux Archives Départementales de la Vendée, cote 3P1125, un registre intitulé "Tableau indicatif des Propriétaires, des Propriétés foncières et de leur Contenances", daté de 1811, indique que la parcelle 80, "Section C du Bourg", dite "le champ belle fille", appartenait à Jacques Chevallereau, "homme de loi", demeurant à Luçon.

 

La Brunière Pâtis des belles filles

La Brunière Pâtis des belles filles 3

 

La Brunière le Pâtis 3

Paysages et monuments du poitou - photographiés par Jules Robuchon - Tome XII - 1888-1894

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Commentaires
F
Merci beaucoup
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S
Bonjour, je ne suis pas l'auteur des articles que je publie, bien que je cherche toujours à apporter de nouveaux détails. Les sources sont indiquées en fin de texte. Pour ce qui vous intéresse, l'auteur en est M. Constant Gauducheau.
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F
Bonjour je m'intéresse à René Bodin de la Rollandière, et je souhaitais connaître vos sources notamment sur le fait qu'il a rejoint Henri IV et l'a hébergé chez lui. Merci d'avance. F Jacqmin
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