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La Maraîchine Normande
19 juillet 2016

CHANTELOUP (79) - LE CHÂTEAU D'ÉTRIE

Chanteloup - Etrie - cassini

L'existence de ce qui fut le premier château d'Etrie est mentionnée sur un document de 1407. Il relevait, en 1556, de la seigneurie de Forges, à Bressuire. Propriété des Béry, le domaine passa, en 1486, au mains des Gentet qui le conservèrent pendant plus de trois siècles. Son dernier représentant, Jacques René, encourut une peine criminelle vers les années 1720 et dut s'enfuir en Irlande pour échapper à la justice royale. Il ne revint dans la paroisse qu'en 1722, mais quatre années plus tard, il devait mourir assassiné par le domestique d'un certain Jacques Henri d'Arcemalle, seigneur de la Touche et de la Grange et qui n'était en fait que son propre neveu !

En effet, le "marquis de la Touche", comme ce gentilhomme aimait se faire appeler, avait remarquer le départ précipité de son oncle et n'avait pas hésité à s'installer sur la terre d'Étrie, devenant ainsi le seul maître du domaine. Le retour du fugitif l'obligea donc à commander ce meurtre délibéré qui plongea la paroisse dans la plus profonde consternation.

CORBIN CARTE


ACTE DE DÉCÈS DE MESSIRE JACQUES-RENÉ GENTET, SEIGNEUR D'ÉTRIE

"Le 4e du mois de décembre 1726 â esté enterré dans la chapelle de St-Pierre le corps de messire Jacques René Gentet, escuyer, sieur destrie qui â esté assassiné dans la paroisse de Boismé proche Corbin lequel corps a esté levé par le nommé Bourgeron, vicaire de Boismé, et le fist transporter dans son église qui y resta trois jours. La visite de son corps fut faitte par les officiers de Bressuire qui en firent procès verbal en présence du Sr curé de Boismé et moy curé avec affluence de peuple dont on eppercent trois balles passées au travers du coeur qui ont passée doutre en outre dont en appercent quelles balles estoient avec des morceaux de cuiellère destain avec plusieurs grains de plomb, le 4e jour, moy Sr curé et vicaire assisté de messire Jacques Jaudonnet escuyer Sr de Lavau son cousin germain nous nous transportâmes a Boismé pour réclamer le cadavre qui nous fut délivré par ledit curé et fut conduit avec tout honneur avec flambeau selon la qualitez avec laffluence du peuple infini et ferveur de tous les habitants, lon reposa son corps dans l'église et comme moy Sr curé prest de le mettre en terre lon me fait deffance de par le roy de lenterré, le corps resta dans l'église 4 jours et Mr le prévost de Fontenay si transporta et en fit encore une 2e visite après quoi fut enterré en présence de Mr de Lavau et de presque toute la paroisse, d'Hillaire, et autres qui ouï déclaré ne savoir signé.
J. Jaudonnet de Lavau Richer.
Martineau curé de Chanteloup."

 

GENTET CHANTELOUP acte décès

 

Un document postérieur à ces faits résuma cette terrible affaire en ces termes : "... Le dits sieurs Dytris ne parut quau pay qua près le sacre du Roy Louis 15 et fut assassiné par ledit sieur de la Grange au mois de décembre 1726". Peu de temps après, Jacques Henri d'Arcemalle fut condamné à être rompu vif mais, pour une raison qui nous est inconnue, il fut seulement exécuté "en effigie" et son domestique tué "en personne".

Après la mort de son oncle, le "marquis de la Touche" était considéré comme légitime propriétaire d'Étrie et il en prit possession comme si rien ne s'était passé.

Malheureusement, cet aventurier géra fort mal sa nouvelle seigneurie, s'absentait pendant de très longues périodes et s'endetta irrémédiablement. C'est ainsi qu'en 1735 "le sieur d'Arcemalle étoit dans les prisons de la Conciergerie à Paris", en 1737, il est encore "présent en la Conciergerie du Palais à Paris" et en 1747 "estant actuellement détenu prisonnier en la prison de Fort l'Evesque à Paris". A la même époque, il déclare justement "qu'il n'a point de domicile fixe et qu'il résidoit à sa terre d'Étrye en Poitou".

Étant complètement couvert de dettes, son domaine d'Étrye lui fut confisqué par autorité de justice et par décret de l'Hôtel des Requêtes à Paris, Étrie fut adjugé, en 1747, à un gentilhomme de Fontenay-le-Comte, François-Xavier Brochard d'Auzay, pour la somme de 35.000 livres.

Chanteloup - Brochard de la Rochebrochard - armes

FRANÇOIS-XAVIER BROCHARD DE LA ROCHEBROCHARD, chevalier, seigneur d'Auzay, la Vergnay, la Cossonnière, Salidieu, Etrie, etc., né le 27 septembre 1684, fils de Charles de la Rochebrochard et de Radegonde Marois, obtint un congé de service du marquis de Vins, capitaine lieutenant de la deuxième compagnie des mousquetaires de la garde du roi, le 25 novembre 1704 ; eut un brevet de lieutenant de cavalerie dans le régiment du prince de Marsillac, le 12 mai 1708 ; la commission de capitaine de cavalerie dans le même régiment, le 23 mars 1709 ; reçut une ordonnance qui lui fut envoyée par le comte Dio de Montpéroux, comme mestre-de-camp général de la cavalerie, le 13 août 1713 ; obtint un certificat du comte d'Evreux le 4 juin 1715 ; eut, à son profit, une sentence de maintenue de noblesse, étant capitaine au régiment d'Angleterre, cavalerie, par M. le Richebourg, intendant du Poitou en juin 1715, épousa le 20 mai 1727, Marie-Aimée de Régnault, fille de Gabriel de Régnault, chevalier, seigneur de la Proutière, et de Marie-Madeleine Bodet de la Fenestre.

De ce mariage sont issus : 1° - François-Xavier-Joseph ; 2°- François-Louis ; 3° - Charles-Alexis ; 4° - Radegonde-Florence ; 5° - Charlotte-Angélique ; 6° - Gabrielle-Aimée ; 7° - Marie-Françoise-Louise, mariée à Joseph-Henri-Alexis-Aimé de Tusseau, chevalier, seigneur de Maisontier ; 8° - N..., morte jeune ; 9° - Geneviève-Aimée-Josephe, mariée à Silvestre-Charles Brochard de la Rochebrochard, chevalier, seigneur du Foutenioux.

Ce dernier étant décédé peu de temps après l'achat d'Etrie, ce fut son fils François-Xavier-Joseph qui s'occupa alors de remettre les choses en ordre. Il fit reconstruire entièrement le château et ce domaine devint ainsi une des plus belles seigneuries de la région. Une description de 1790 le dépeint comme un bâtiment rectangulaire entouré par les anciennes douves, flanqué de deux tours aux extrémités.

La tradition a gardé un bon souvenir de cet homme juste et droit et de son fils Charles-Xavier qui, dit-on, aimait réunir ses métayers et bordiers pour les faire danser lui-même au son du violon.

FRANÇOIS-XAVIER-JOSEPH BROCHARD DE LA ROCHEBROCHARD, chevalier, seigneur d'Auzay, la Vergnay, Etrie, etc., né le 14 juillet 1737, chevau-léger de la garde ordinaire du roi, après avoir fait ses preuves, délivrées au duc de Chaulnes, capitaine de ladite compagnie ; capitaine de cavalerie, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, épousa, le 17 mai 1776, Marie-Françoise de joussard, fille de Philippe, IVe du nom de Joussard, chevalier, seigneur d'Iversay, et de Marie-Anne-Geneviève de Légier de Puiravault (née le 17 mai 1752).

De ce mariage sont issus : 1° Philippe-Xavier ; Charles-Xavier, né le 3 septembre 1782, marié le 23 novembre 1813, à Clémentine de Gourjault ; 3° Philippe-Xavier, mort jeune ; 4° Aimé-Xavier, mort jeune ; 5° Marie-Anne-Geneviève, morte jeune.

Il fut arrêté en 1793 avec sa femme et ses deux enfants ;  emprisonnés au château de la Forêt-sur-Sèvre, et par crainte que l'armée vendéenne ne vinsse les libérer, ils furent ensuite conduits à Saint-Maixent, puis à Angoulême jusqu'en 1795, où on les oublia pendant la Terreur.

Pendant leur absence, le château d'Étrie fut entièrement incendié par les colonnes républicaines du général Desmarres.

Philippe-Xavier Brochard de la Rochebrochard acte naissance

 

PHILIPPE-XAVIER BROCHARD DE LA ROCHEBROCHARD baptisé le 23 septembre 1777, épousa, le 18 octobre 1802, Cécile de Berthelin de Montbrun, fille de Gabriel-Jean-Simon de Berthelin de Montbrun, chevalier, seigneur d'Aiffres, Coulon, Séligny, la Mortmartin, etc., et de Marie-Thérèse-Henriette Brochard de la Rochebrochard (née à Aiffres le 8 novembre 1780)

De ce mariage sont issus : 1° - Adrien-Xavier ; 2° Evremond-Xavier ; 3° - Charles-Xavier ; 4° - Françoise-Cécile-Amélie.

Le baron Philippe-Xavier de la Rochebrochard servit parmi les Vendéens comme aide-de-camp du marquis de Grignon, de Pouzauges, son parent, pendant la campagne de 1799 et fit partie, en juillet 1814, de la garde à cheval de la Vendée. Il reçut, de Louis XVIII, un brevet de capitaine de chevau-légers de la garde du roi.

Le château d'Étrie fut entièrement reconstruit au XIXème siècle et se termina en 1812.

Chanteloup château d'Etrie zzz


 

VISITE DU CHATEAU D'ÉTRIE APRÈS SON INCENDIE DE 1793

Du 11 brumaire an 6 (1er novembre 1797)

"Nous Alexis Brillaud, juge de paix du canton de la Chapelle St Laurent ayant avec nous René Roy, notre greffier ordinaire en vertu de l'arrêté de l'administration centrale du département des Deux-Sèvres du 5 vendémiaire dernier. Nous sommes transporté aux appartenances de la basse-cour du château d'Etrye commune de Chanteloup qui ont échappé à l'incendie, ledit château étant totalement brûlé et en mazure et appartenant à Philippe Xavier Brochard cy-devant noble et qui se trouve compris suivant ledit arrêté sur la liste des émigrés, nous y avons trouvé Jean-Baptiste Germon homme d'affaires dudit Brochard nous lui avons déclaré que nous avions des ordres pour faire un inventaire et description sommaire de tous les meubles, effets, grains et bestiaux de toutes espèces qui sont dans lesdits appartenances et sur les terres dudit château et qui appartiennent audit Brochard et de mettre les scellés sur les meubles qui pourraient en être susceptibles de faire l'évaluation d'iceux. Il nous a répondu qu'il était prêt de satisfaire à notre réquisition et en conséquence il nous a introduit dans les chambres et étables ci-après dénommés.

Premièrement dans la cuisine, il s'y est trouvé deux tables en gros madriers, un tourne-broche, deux chenets, deux crémaillères, deux broches, une casserole de cuivre rouge, une passette en fer blanc et quelques mauvais vase de terre.

Plus dans la chambre à côté, deux mauvaises tables et une harmoire ni ayant rien dedans et quelques pots de terre à l'usage des domestiques.

Plus dans la boulangerie, deux lits en couchette composés l'un de deux coettes, un travers à petites rayes et un landin en filace et l'autre d'une seule coette, un travers et un landin aussi en filace et ayant chacun deux draps assez usés, un moullin à passer la farine, un chaudron et quelques mauvais linges, nappes et essuyemains à l'usage des domestiques.

Plus dans la chambre, un mauvais lit, un travers, deux draps et un landin en filace, un grand mauvais coffre tout raccomodé et séparé en deux, il ne s'y est rien trouvé que quelques hardes de domestiques, cinq coins de fer, deux mauvaises pelles à bécher, un piard et une barre de fer.

Plus dans une autre chambre, deux lits dont l'un sans rideaux, est composé d'une coette et deux ballières et un landin en filace ; l'autre d'une coette, un matela en laine, une ballière, un landin et des rideaux roux, deux paires de draps, une commode tous les tiroirs en étant vides et six chaises.

Plus dans une petite chambre se communiquant, deux tables, deux commodes, il ne s'y est rien trouvé que quelques vieux chiffons de papier, six chaises et un bois de couchette.

Plus dans les écuries aux boeufs et aux vaches, il s'y est trouvé cinq vaches de différents âges, quatre boeufs de quatre ans, quatre boeufs de trois ans, quatre veaux d'un an et un cochon.

Enfin dans les greniers, il s'y est trouvé environ dix charges de bled seigle que ledit Germon nous a déclaré et affirmé estre pour la nourriture et consommation des domestiques de la maison et plusieurs meubles tous fracassés et entassés les uns sur les autres.

Nous n'avons pas jugé d'apposer les scellés sur aucun desdits meubles et effets, bestiaux et grains que ledit Germon nous a présenté.

A Etrye, le 11 brumaire an 6.
Brillaud. Roy.

 

Sources : 

Une paroisse du Bocage Bressuirais au XVIIIème siècle - Pascal Paineau - 1985

Histoire des Communes des Deux-Sèvres - Le Pays du Bocage - Maurice Poignat

AD79 - Registres paroissiaux de Chanteloup

Nobiliaire universel de France - M. de Saint-Allais - tome quatrième - 1815

Châteaux, Manoirs et Logis - Les Deux-Sèvres - Association Promotion Patrimoine - 1998

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