Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
19 juin 2016

NIORT - VERNOUX-SUR-BOUTONNE (79) - L'EXIL DE L'ABBÉ PHILIPPE-PAUL ESSERTEAU, DIT BRANDKEIM (1735-1819)

L'ABBÉ PHILIPPE-PAUL ESSERTEAU
(1735-1819)

NIORT 1835


JOURNAL D'ÉMIGRATION D'UN PRÊTRE POITEVIN

 

C'est un journal de fortune composé de 18 feuillets pliés, rattachés en leur centre par le moyen d'un fil grossier. L'écriture en est aisée, fine, déliée, parfaitement lisible. Il a été rédigé dans une ombre propice et dans des termes volontairement abscons en maints endroits, par crainte d'une saisie éventuelle. Son hermétisme, sa discrétion et le voilé de certaines allusions ne laissent pas de rendre assez difficile l'identification de son auteur. La confrontation de ce manuscrit avec des pièces des archives des Deux-Sèvres, nous ont permis, cependant d'identifier le rédacteur de ce journal.

Il est dû à l'abbé Philippe-Paul Esserteau, curé de Vernoux-sur-Boutonne au moment de la Révolution , qui devait finir ses jours, après son retour d'émigration, comme prêtre habitué de la paroisse Saint-André à Niort. (??, il était déjà à Niort au moment de la Révolution)

Un long procès qui opposa ses héritiers rassembla un nombre important de lettres, passeports et autres documents d'une incontestable authenticité. La précieuse découverte d'un tel dossier, aux archives départementales, nous a permis d'identifier l'écriture du manuscrit et de contrôler l'itinéraire suivi par l'abbé Esserteau. Qu'il nous suffise d'en rapporter quelques preuves.

Aux premières pages du journal du curé de Vernoux, à la date du 3 septembre 1792, on lit :

Arrivé à Rouen et logé à l'Écu de France sur le port. Visite à Monsieur Lepilier, négociant, et bon service qu'il nous rend avec un de ses amis.

Or, dans le dossier conservé aux archives des Deux-Sèvres, on retrouve un passeport délivré par les administrateurs du district de Rouen dont voici la transcription :

Laissez passer librement le sieur Philippe-Paul Esserteau, ci-devant curé de Vernou, district de Melle, département des Deux-Sèvres, demeurant à Rouen, à l'Écu de France, sur le port, municipalité de Rouen, district de Rouen, département de la Seine-Inférieure, ainsi que nous l'ont certifié les sieurs Boullaye et Lepillier, tous deux bien connus, témoins soussignés ; ledit sieur Esserteau, âgé de 57 ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils gris, yeux gris, nez court, bouche petite, menton rond, front découvert, visage ovale, lequel a déclaré être dans l'intention de se retirer en Angleterre. Il s'embarquera à Rouen, Le Havre ou Dieppe ...

On remarquera que tous les détails de ce passeport, que nous pouvons contrôler, se trouvent concorder avec le passage du manuscrit qui vient d'être cité ... : le journal d'émigration qui est entre nos mains est bien celui de l'abbé Esserteau.

Suivons donc le curé de Vernoux-sur-Boutonne dans ses pérégrinations.

D'après le vicomte de Lastic Saint-Jal, "les abbés "Bridier, Bouhier, Desplans et Esserteau, curé de Vernoux, partirent ensemble. Le sacristain Echillet, neveu du chantre de Notre-Dame, les conduisit jusqu'à Tours. De là, ils gagnèrent Dieppe, s'embarquèrent sur une barque de pêcheur, qui les conduisit dans les Pays-Bas. Ils se retirèrent en Westphalie où il furent rejoints par l'abbé Villemonté, curé de Beaussay".

A la fin de son ouvrage sur les Martyrs des Carmes, l'abbé Main de Boissière donne une liste des prêtres insermentés condamnés à la déportation. On y lit ceci : "Bouhier, chantre de Notre-Dame ; Bernard, curé de Saint-Liguaire ; Aimé, curé de Granzay ; Esserteau, curé de Vernoux ... partis tous les quatre et sortis du département ; sont arrivés à Rouen où ils ont pris des passeports pour sortir de France et obéir à la loi du 26 août 1792".

A ces quelques indications, en partie contradictoires, s'arrêtait toute notre documentation sur l'abbé Esserteau et ses compagnons. Notons toutefois que les seuls noms de Bouhier et d'Esserteau se retrouvent dans l'un et l'autre textes.

Traversant la France, ces prêtres durent, à n'en pas douter, rencontrer leurs compatriotes, les abbés Goizel, Landry et Marchand, de Niort, et l'abbé Auzuret, curé d'Usseau, qui se dirigeaient sur Paris où, dénoncés par le charpentier Nigot, leur guide, ils furent jetés dans les prisons des Carmes et massacrés le 2 septembre.

L'abbé Esserteau ne les rejoignit point, malgré leur appel insistant et bien que son projet initial eût été de se rendre à Paris.

[Voici le procès-verbal de la comparution de l'abbé Esserteau devant le Directoire du district : "Pardevant nous, administrateurs composant le directoire du district de Niort, département des Deux-Sèvres, a comparu ce jourd'hui, le sieur Philippe-Paul Esserteau, âgé de 57 ans, domicilié dans notre ressort, lequel a déclaré que pour satisfaire à l'arrêté de MM. du département du 25 de ce mois, concernant les ecclésiastiques non-sermentés, il choisissait pour le moment la ville de Paris pour lieu de sa retraite et qu'il ne sortirait de cette dernière ou de toute autre ville de France qu'autant qu'il serait contraint, attendu que sa patrie est le seul endroit où il a déclaré vouloir être enseveli ... Fait à Niort, le 28 juillet 1792".]

Le décret du 28 août avait modifié ses intentions premières. Puisqu'il lui faut quitter sa patrie, il gagnera l'Angleterre où, après un séjour de cinq semaines, il s'embarquera pour les Pays-Bas.

Or, à la fin de l'automne, Dumouriez envahit la Belgique, bat les Autrichiens à Jemmapes et met le pays conquis sous les lois républicaines. Les exilés, pour échapper à la persécution, doivent l'évacuer. Désormais le mouvement des troupes va conditionner les déplacements de l'abbé Esserteau. Retournée sous la domination autrichienne après la défaite de Neerwinden, en mars 1793, la Belgique accueille à nouveau les émigrés. Mais le 6 juin 1794, Jourdan décide, à Fleurus, du sort de ce pays qui restera, jusqu'en 1815, sous le régime français.

Les commissaires de Convention, auxquels bien plus qu'aux généraux, appartient la véritable autorité, instaurent une politique de violence et de persécution religieuse qui met en révolte les habitants et amène un second courant d'émigration vers la Hollande. La conquête de celle-ci, durant l'hiver 1794-1795, fait passer en foule les émigrés vers l'Allemagne. C'est la panique ; les routes sont encombrées de fugitifs.

C'est l'exil dans l'exil ; un nouvel et tragique exode commence pour les prêtres français. En Wesphalie, où l'abbé Esserteau se retire, le territoire regorge d'émigrés. Le peuple est pauvre ; malgré le dévouement, le zèle du clergé pour lui donner asile, il rencontre mille difficultés pour se procurer un logement. Les fugitifs, et c'est le cas de notre compatriote, doivent séjourner un temps chez l'un, un temps chez l'autre. En dépit de la généreuse hospitalité qu'ils reçoivent, ils sont accablés par l'incertitude du lendemain. De plus, il leur faut vivre en des lieux qu'ils ignorent et dans un pays dont ils ne comprennent point le langage. La correspondance qu'ils parviennent à échanger avec leur famille ne fait qu'accroître leurs inquiétudes, car les évènements ne laissent guère présager des temps meilleurs qui leur permettraient de revenir dans leur patrie.

C'est que la France est longue à se lasser des idéologies révolutionnaires. La lutte contre la religion et les prêtres est encore à l'ordre du jour. Le désordre moral, la vie insouciante en sont devenus la trop logique conséquence. Sous le Directoire, le peuple, qui s'amuse, se désintéresse de la politique.

D'aucuns croient le moment favorable pour forcer l'opinion en faveur des exilés, et pour amener les Conseils à lever les décrets de proscription. En juin 1797, la question de la suppression des serments est évoquée au Conseil des Cinq-Cents. La tolérance va-t-elle l'emporter ? Pas encore ; mais un climat se crée, plus favorable au clergé, qui autorise tous les espoirs.

Ces espoirs, l'abbé Esserteau les partage. Son journal laisse entrevoir l'ardent désir qu'il a de rentrer dans sa patrie. La prudence, toutefois, conseille de ne point se hâter. Ses parents, ses amis l'invitent à se montrer très circonspect ; lui-même hésite. Il attend une détente mieux prononcée, plus stable. Les évènements vont se charger de lui donner raison.

En des temps où, pour se maintenir ou se hisser au pouvoir, les ambitieux se doivent de recourir aux coups de force, il est sage de conserver une attitude expectante. L'avènement des Fructidoriens rompt brusquement la trève qui, timidement, cherchait à s'installer. Les rigueurs reprennent. Le clergé, tout spécialement visé, se voit imposer un nouveau serment, celui de haine à la royauté et à l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la République et à la Constitution de l'an III. Si longue que soit l'attente, il faut se résigner à rester en exil.

Mais voici qu'une grande nouvelle se répand, qui surexcite à nouveau les espérances : Bonaparte, rentré d'Égypte, vient de s'emparer du pouvoir. Sans doute maintient-il la législation révolutionnaire et tout l'appareil de proscription qu'elle a dressé. Certains signes, cependant, montrent que l'esprit de persécution s'amortit, en dépit de l'hostilité que l'entourage du Premier Consul ne cesse de manifester contre la religion. Les évènements, au surplus, orientent l'opinion vers la clémence. Après Marengo, alors que Bonaparte est fort d'un incontestable prestige, une amélioration des rapports entre l'Église et l'État s'établit. La tension, peu à peu, se relâche. Avec une insistance accrue, les populations réclament leurs prêtres. Tout se prépare pour leur arrivée prochaine.

Le moment est proche où l'abbé Esserteau va pouvoir rentrer en France. En septembre 1800, la permission tant attendue est enfin accordée. Pour le curé de Vernoux, comme pour ses confrères, la vie de proscrit est terminée. Elle s'est prolongée huit ans.

Le 10 octobre, il part d'Unna ; à la fin de décembre, il est de retour dans son pays natal.

Le 3 vendémiaire an IX, en exécution de la lettre du ministre de la Police du 23 messidor, le préfet des Deux-Sèvres prononce la radiation provisoire de Philippe-Paul Esserteau, prêtre déporté.

Le 15 pluviôse an X, son élimination de la liste des émigrés devient définitive.

Rentré en possession de ses biens, dans la mesure où l'État ne les a pas annexés, il demeure jusqu'à sa mort prêtre habitué de Saint-André. Elle arriva le 27 novembre 1819 ; il avait 84 ans.

Esserteau - acte décès Niort

 

MÉMORIAL DE MON EXIL

Selon son mémoire, l'abbé Philippe-Paul Esserteau aurait parcouru, au cours de son exil, 788 lieues (3.804,49 km).

ANNÉE 1792

28 juillet - Parti de Niort, département des Deux-Sèvres, à trois heures du matin, en voiture, avec deux compagnons de mon infortune - Dîné chez le maire de Soudan - Couché à Lusignan - 12 lieues.

29 juillet - Arrivé à Poitiers, sur les dix heures avant midi, et logé aux Trois-Piliers - 6 lieues.

Pendant dîner apparition imprévue et projet de séjour qui en est la suite - A six heures, apparition nouvelle - Pendant la nuit, évènement qui renverse nos projets.

30 juillet - Dîné à la Tricherie - Rafraîchi à Châtellerault - Couché à Port-de-Piles - 14 lieues.

31 juillet - Dîné à Sainte-Maure - Couché à Tours, à Sainte-Catherine au-delà du pont - 15 lieues.

Examen sévère de nos passeports et dangers qui ont accompagné cette cérémonie.

1er août - Dîné à Veuves chez un officier municipal - Aussitôt dîné, grande alarme qui nous détermine à prendre la poste pour échapper au danger. - Passage pendant la nuit, par Blois et Beaugency.

2 août - Arrivé à Orléans à deux heures après minuit - 20 lieues - Logé à la poste - Visite à un de nos amis qui à force d'insistances, nous décide à séjourner quelque temps à Orléans où nous louons un appartement à l'hôtel de l'Épervier. - Sur les trois heures du soir, l'apparition de Poitiers se renouvelle à Orléans. - La compagnie des quatre (futurs martyrs des Carmes) ne veut pas entendre parler de séjour et part de suite pour Paris d'où ils nous mandent, quelques jours après, de les y rejoindre attendu qu'ils y sont tranquilles et qu'ils nous ont visé des appartements ; ce que notre ami d'Orléans nous empêche d'exécuter.

Connaissance d'un brave chirurgien et service important qu'il nous rend. - Arrivée de trois autres de nos collègues qui sont recueillis par une dame de distinction dont la maison nous est aussi ouverte, pour visiter de temps en temps nos camarades. - Évènement dangereux qui nous oblige à nous cacher pendant trois jours chez une connaissance de notre ami. - Alarmes sur alarmes. - Projet de nous chercher une retraite pour y vivre ignorés. - Nouvelle du décret de notre déportation qui met notre dessein à néant. - Choix de l'Angleterre pour notre pays de refuge. - Projet de gagner de suite la côte de Normandie comme la plus proche et cela par un chemin de traverse vu le danger actuel de la grande route par Paris. - Nous faisons renouveler nos passeports, louons une voiture et, après avoir été régalés par la bienfaitrice de nos collègues, nous partons à trois heures après midi, dix dans deux voitures.

30 août - Couché à Saint-Peravy - 5 lieues

31 août - Dîné à Châteaudun - Couché à Bonneval - 10 lieues.

Risques que nous avons couru d'être dévalisés sur cette route. - Passage de gens de notre connaissance.

1er septembre - Dîné à Chartres - Couché à Péage - 12 lieues.

2 septembre - Passé par Dreux - Diné à ... - Couché à Évreux en Normandie - 15 lieues.

3 septembre - Dîné à Louviers - Particularité à l'occasion de notre passeport d'Orléans - Frayeurs à notre passage par Pont-de-l'Arche - Nous apprenons chez un aubergiste de ce lieu que le décret de déportation est affiché à Rouen de la veille.

Arrivée à Rouen et logé à l'Écu de France, sur le port - 12 lieues.

Visite à Monsieur Lepilier, négociant, et bon service qu'il nous a rendu de concert avec un de ses amis. - Visite et diner chez Monsieur Locu, négociant, pour lequel un ami d'Orléans nous avait donné une lettre de recommandation. - Service qu'il nous a rendu mais qui nous a coûté bon. - Formalités et passeports, pour obéir à la loi de notre exil. - Difficultés et embarras pour gagner la côte où notre embarquement est fixé. - Nous apprenons le massacre des prêtres du deux septembre à Paris et que nos quatre camarades, qui douze jours auparavant nous appelaient si instamment auprès d'eux, sont au nombre des victimes.

Préparatifs de notre départ de Rouen et anxiété cruelle où se trouvent trois de nos confrères.

Séjourné à Rouen : deux jours.

6 septembre - Partis tous six en deux voitures - Dîné à Tôtes ; couché à Dieppe, port de mer en Normandie. - 14 lieues.

Traitement humain et protection de la garde nationale et des corps administratifs pour toutes les formalités de notre arrivée et de notre embarquement. - Services de l'aubergiste, mais que nous avons bien payé. - Échange de nos assignats au tiers de perte. - Embarquement de 80 prêtres sur un paquebot anglais. - Évènement qui nous a fait courir le plus terrible danger au moment du départ, mais auquel nous avons heureusement échappé grâce à l'excellente conduite d'un brave municipal et à la protection de la force publique à laquelle plus de trente de nous doivent peut-être la vie.

8 septembre - A cinq heures après midi, nous quittons la France cette patrie si chère à nos coeurs, mais qui nous rejette hélas ! si cruellement de son sein.

Pendant le trajet qui fut de dix-neuf heures de temps, nous payons à la mer le tribut le plus douloureux, presque tous jusqu'à l'extinction de nos force.

Arrivée à la baie d'Eastbourne - 30 lieues.

8 septembre - A midi débarquement en Angleterre. - Accueil généreux des habitants d'Eastbourne ; - secours, adresses, rafraîchissements, etc ... - Projet et quiproquo qui nous jette dans le plus grand embarras. - Nécessité de gagner promptement la ville de Londres pour joindre un de nos collègues, qui dès une heure après-midi avait dû prendre le devant à pied, en vertu du projet en question et intérêt majeur que nous avons de le rencontrer. - A six heures en conséquence deux se détachent à pied pour le suivre à la piste sur la route de Londres et laissent le soin commun des paquets aux trois autres qui se proposent de faire le voyage par mer, à la plus prochaine occasion.

Couché à ... - 6 lieues.

Misère pour nous faire entendre et trouver un gîte pour la nuit.

9 septembre - Parti à trois heures après minuit. - Grand service que nous rend un bon anglais, sans le savoir. - Bonheur que nous avons de rencontrer notre collègue par le hasard le plus singulier. - Prévenances de tous les Anglais que nous rencontrons sur la route. - Générosité signalée d'un habitant du lieu où nous dînâmes.

Marché ce jour-là : 12 lieues.

10 septembre. - Arrivée à Londres - 7 lieues.

Étrennes de la première nuit. - Visite à Messieurs Thelusson, négociants français pour lesquels nous avions reçu à Eastbourne une adresse de recommandation commune à nous six. - Services qu'ils nous ont rendus. - Arrivée de trois autres collègues. - Dangers qu'ils ont couru sur mer à l'entrée de la Tamise. - Réception charitable qu'ils éprouvèrent à leur débarquement à la douane de Londres. - Honnêtetés du duc de ***.

[Peut-être s'agit-il d'un passeport que nous avons retrouvé aux Archives des Deux-Sèvres, valable durant un mois et ainsi rédigé :
"Jean Philippe, comte du Saint-Empire, de Stadion et Thannhaussen, Seigneur de Warthaussen, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Sa Majesté Impériale, Royale, Apostolique, auprès de Sa Majesté le Roi de Grande-Bretagne ;
Je prie et requiers tous ceux qui sont à prier et à qui il appartiendra de laisser sûrement et librement passer le sieur Philippe-Paul Esserteau, curé de Vernou, du diocèse de Poitiers, allant pour les Pays-Bas, sans lui donner ni souffrir qu'il lui soit donné aucun empêchement, mais au contraire toute aide et toute assistance dont il pourra avoir besoin. En foi de quoi je l'ai muni du présent passe-port et j'y ai apposé le cachet de mes armes.
Fait en mon hôtel de Londres, le seizième de septembre, l'année 1793".]

Connaissance et services de M. de Meur, notaire public. - Misère pour nous loger et établir notre manière de vivre à raison de l'économie commandée par la nécessité. - Souscription abondante et comité de secours qui se forme à Londres pour soulager les prêtres français. - Établissement de Winchester en leur faveur et mandement de l'Évêque de Londres pour nous recommander aux catholiques de cette grande cité.

Connaissance de M. Coen, pasteur catholique, et service signalé qu'il m'a rendu en particulier. - Projet et causes de notre départ pour la Belgique malgré les secours, en tous genres, des habitants de Londres, sans distinction de communion. - Nous partons par la diligence de Douvres à deux heures après minuit, le 18 octobre.

Séjour à Londres : 5 semaines, 2 jours.

18 octobre - Passé par Dorchester et Chatham ; rafraîchi à Cantorbéry, couché à Douvres. - 25 lieues.

19 octobre - Embarqué à deux heures après midi ; débarqué à Ostende le lendemain, à huit heures du matin. - 35 lieues.

20 octobre - Déjeuné et dîné à Ostende, en Belgique. - Inquiétudes et irrésolutions pour le choix d'un domicile dans ces belles provinces. - Raisons qui nous déterminent provisoirement pour la ville de Tournai. - A deux heures après midi, parti d'Ostende par la diligence ; couché à Turnhout - 6 lieues.

21 octobre - Déjeuné à Courtrai - Arrivé à Tournai à trois heures après midi - 12 lieues.

Embarras pour nous loger. - Visite à deux de nos collègues, réfugiés dans cette ville depuis un an qui, enfin, nous procurent une pension à assez bon compte. - Transes et alarmes continuelles pendant notre séjour en cette ville.

7 novembre - A sept heures du soir, retraite de l'armée et évacuation subite de la garnison. - Fuite précipitée sans avoir le temps de nous reconnaître et sans pouvoir mettre ordre à nos affaires. - Nous partons à huit heures du soir, les uns par une porte, les autres par l'autre. - De huit confrères qui nous étions visités et qui étions réunis l'instant d'avant, quatre prennent la route du Brabant, trois celle de Flandre et le huitième - vieillard presque infirme - prit seul la fuite dans une route inconnue.

Aucun de nous ne peut sauver et emporter que ce qu'il a sur lui.

La compagnie des quatre, de laquelle je me trouvai, marche à tâtons par la nuit, la plus obscure, la pluie sur le corps, dans la boue jusqu'aux genoux, au milieu de l'armée en retraite, jusqu'à Leuze où nous passons jusqu'au jour à délibérer sur le parti à prendre.

Séjour à Tournai : dix-sept jours.

8 novembre - Déjeuné à Ath. - Misère que nous eûmes pour trouver à nous rafraîchir. - Dîné à Enghien dont un aubergiste compatissant nous fait conduire jusqu'à un village écarté, la grande route étant obstruée de troupes. - 8 lieues.

9 novembre - Arrivé à Bruxelles à dix heures du matin. - Rencontre singulière à l'entrée de la ville par suite de laquelle nous trouvons à nous loger à peu de frais. - Précautions prises pour tâcher de recouvrer les effets que nous avions laissés à Tournai. - Projet de gagner la Hollande pour repasser en Angleterre. - Dangers de la traversée par Anvers. - Emplettes, faites à Bruxelles, des choses absolument nécessaires.

10 novembre - Arrivé à Louvain à midi. - 5 lieues.

Nous sommes accostés à la porte de la ville par un étudiant qui, après trois heures de démarches, nous met enfin à l'abri chez un tailleur nommé Lebon. - Service dont les suites nous ont été du plus grand avantage.

Les circonstances nous forcent de borner à trois jours un séjour où nous comptions nous reposer quelque temps. Le brave tailleur nous fait renoncer au dessein de repasser en Angleterre et nous conseille de gagner la Campine brabançonne, où le peuple est bon et où nous pourrions trouver des secours : - Il nous adresse, à cet effet, à son frère avocat à Gheel.

13 novembre - Diné à Aerschot où nous prenons un guide pour nous conduire à l'abbaye de Saint-Averbode - pays de Liège où nous couchons. - 7 lieues.

Hospitalité généreuse exercée dans cette superbe abbaye ; service que nous rend le maître d'hôtel.

14 novembre - Dîné à Endert, chez le curé qui nous fait aussi très bon accueil. - Couché dans la petite ville de Gheel à l'entrée de la Campine. - Refus du curé de nous recevoir ; bon succès de la recommandation auprès de l'avocat Lebon qui nous reçoit tous quatre. - Mouvement que se donne le chanoine Bosquet, son ami, pour nous trouver une modique pension. - Affligeantes nouvelles qui déconcertent ce projet. - Le chanoine et l'avocat nous donnent des lettres de recommandations pour Turnhout.

15 novembre - Couché à Casterlé - 2 lieues.

16 novembre - Arrivé à Turnhout sur les dix heures.

Conseils et service d'un prêtre de Cambrai qui vient par hasard à notre auberge. - Entrée en pension chez le sieur Ignatius Vantissum. - Protection de la part des magistrats et secours de la part des habitants. - Connaissance des béguines Cleerens, Jacob, etc. - Aumône des écoliers du collège. - Lettre de nos quatre autres confrères qui nous apprennent leur passage en Angleterre et leur retour à Londres. - Lettre de Tournai qui nous donne des nouvelles de nos effets. - Formalités et embarras pour les obtenir.

ANNÉE 1793

Le 5 janvier, en arrive une partie à mes collègues ; les miens me manquent presque en total par un quiproquo de celle qui en était demeurée la dépositaire. - Nouvelle tentative de ma part pour réparer cette erreur, mais infructueuse.

Inquiétudes cruelles et continuelles qui accompagnent notre séjour. - Première arrivée des Français à Turnhout. - Service qui nous est rendu à l'occasion d'une cérémonie publique. - Départ des Français. - Nouvelles alarmes. - Féconde arrivée d'un Français. - Protection marquée des citoyens de toute classe. - Précautions et passeport pris en cas de quelque alerte subite. - Connaissance de M. de Fierlant. - La béguine Cleerens place deux de mes collègues chez madame veuve Liebrechts, où ils entrent le 7 février, à condition d'une modique pension.

Quatre jours après mon autre confrère et moi sommes reçus chez M. de Fierlant, sous la seule condition de donner des leçons de français à ses enfants. - Bontés et honnêtetés de nos nouveaux hôtes respectifs. - Arrêté des commissaires français à Bruxelles pour chasser les prêtres déportés de la Belgique. - Alarmes cruelles qui en sont la suite. - Projet de nous retirer à Baveinstein, pays sur la Meuse, enclavé dans la Hollande, appartenant à l'électeur palatin, alors pays neutre. - Adieu et séparation sensible de nos chers bienfaiteurs qui nous somment de retourner prendre nos places dans des temps plus heureux. - Ils nous fournissent voitures, domestiques, et le fils de la maison vient nous accompagner jusqu'à une journée. - Nous partons comblés de bienfaits et de bénédictions d'un bon peuple, dont les larmes coulent de toutes parts.

Séjour à Turnhout : trois mois, dix jours.

26 février - Diné à Poppel. - Hébergé gratis, sur l'ordre de M. de Fierlant qui s'était chargé de toute la dépense. - Couché à Osterwieck : 4 lieues.

27 février - Arrivé à Bois-le-Duc, en Hollande, où nous passons jusqu'au lendemain. - Madame Liebrechts nous fait faire connaissance de Madame Killian et en obtient pour nous des lettres de recommandation pour la route. - Rencontre imprévue de plusieurs Poitevins. - Services que nous rend Madame Killian pour poursuivre notre voyage et pour faciliter notre correspondance avec nos amis de Turnhout.

D'Osterwieck à Bois-le-Duc : 3 lieues.

28 février - Diné et couché à Heesch. - 4 lieues.

Accueil et bienfaits de l'aubergiste Godschal pour lequel nous avions une lettre de recommandation de Madame Killian. - Visite du pasteur catholique du lieu et du secrétaire de la commune, un protestant, qui nous donne plusieurs lettres de recommandation pour le pays où nous allons. - Godschal ne veut rien prendre de nous et nous fait conduire dans son chariot.

1er mars - Jusqu'à Raveinstein : 3 lieues.

En vertu de la recommandation du secrétaire d'Heesch, un de mes confrères et moi sommes reçus gratis chez monsieur Ruys, docteur en médecine ; les deux autres trouvent une modique pension, que nous convenons de payer tous quatre, par quart.

Agrégation à la société bourgeoise de Raveinstein. Alarme terrible la troisième nuit de notre arrivée. - Bienfaits des écoliers du collège pour un pauvre prêtre tout à fait réduit à l'aumône. - Complaisance et bienfaits de notre nouvel hôte. - Promenade à Grave et Nimègue, forteresses hollandaises, ainsi qu'à Clèves, capitale du duché de ce nom, appartenant au roi de Prusse. - Évacuation de la Belgique par les Français. - Invitations pressantes de nos amis de Turnhout pour y retourner prendre nos places. - Nous nous arrachons à nos nouveaux bienfaiteurs et nous partons en chariot le 17 avril pour Bois-le-Duc. - Nous sommes obligés d'y coucher deux nuits à cause du passage abondant des troupes.

Séjour à Raveinstein : six semaines et cinq jours.

19 avril - Arrivé à notre cher Turnhout. - Réception paternelle des maisons de Fierlant et Liebrechts. - Première promenade à Breda, charmante ville de Hollande.

Allée et venue : dix-huit lieues.

Transport du domicile de M. de Fierlant au château. - Lettre de nos confrères de Londres qui désirent revenir auprès de nous. - Nous nous employons pour procurer des places à nos quatre confrères. - La béguine Jacob leur en procure quatre gratuites à Anvers, à huit lieues de Turnhout. - Nous leur mandons cette bonne nouvelle. - Ils quittent Londres, repassent la mer et viennent occuper l'asile que nous leur avons préparé. Ils passent nous voir, séjournent une semaine à Turnhout et partent pour Anvers où deux de nous vont les installer.

Madame de Fierlant me procure la connaissance des demoiselles Jacob, de Malines, qui ont la bonté de s'intéresser à mon sort et me comblent de bienfaits. - Le neveu de monsieur de Fierlant, magistrat à Bruxelles, qui a occasion d'aller à Tournai, m'obtient et me fait expédier et parvenir mes effets dont j'étais privé depuis neuf mois et que je croyais perdus. - Le voiturier Dox a la générosité de me les livrer francs de tout port. - Monsieur Guillaume de Fierlant me fait aussi grâce de les débourser, en sorte qu'un porte-manteau, assez pesant, me parvient de trente lieues sans qu'il m'en coûte un sol. - Formalités pour conserver nos précieux domiciles. - Voyage et partie de plaisir d'Anvers, où je fais un séjour de trois semaines dans la plus charmante compagnie, chez madame Minna.

Allée et venue : seize lieues.

Rencontre à Anvers de monsieur Lemit, prêtre d'Oléron. - Translation de mon domicile chez la dame veuve Liebrechts auprès de mes deux autres confrères, aux mêmes conditions qu'eux. - Le quatrième obtient une place aux Récollets. - Le médecin, fils et voisin de madame Liebrechts, me donne une chambre gratis et son épouse me procure, ainsi qu'à mes deux autres confrères, de quoi payer la moitié de notre pension. - J'en prends possession le 22 août. - Nous formons tous quatre société et communauté de recettes et de dépenses. - Féconde promenade à Breda.

Allée et venue : 18 lieues.

ANNÉE 1794

Étrennes des demoiselles Jacobs. - Étude de la langue flamande. - Dans les mois d'avril, mai, juin et juillet, inquiétudes allant toujours croissantes. - Seconde entrée des Français dans les provinces belges. - Dès les premiers jours de juillet, fuite et émigration, non seulement des étrangers, mais des naturels du pays. - Grand passage par Turnhout, surtout des prêtres déportés, qui y couchent une certaine nuit, au nombre de plus de 700, trouvant presque tous, même dans les auberges, hospitalité gratis et chacun cherchant, à l'envi à les recueillir chez soi.

Lettre à notre médecin de Raveinstein pour lui demander de nouveau asile, au cas qu'il nous faille aussi fuir de Turnhout. - Il nous répond que sa maison nous est toujours ouverte et que nul autre que nous y sera reçu. - Approche du moment fatal d'une nouvelle séparation bien plus cruelle et plus sensible que la première. - Passeports pris en conséquence et préparatifs faits pour notre troisième exil.

Deuxième séjour à Turnhout : 15 mois.

18 juillet - Le Vendredi 18 juillet, à trois heures après-midi, nous nous arrachons encore une fois à nos amis fondants en larmes et nous partons à pied. - Le temps des voitures est passé pour nous. - Le paquet sur le dos et par la plus ardente des chaleurs. - Nos camarades partent à la même époque d'Anvers, étant convenus par lettre d'un point de ralliement.

Couché à Poppel : 3 lieues.

19 juillet - Dîné à Osterwieck où nous nous trouvons réunis. - Couché et séjourné le dimanche à Bois-le-Duc. - 7 lieues.

21 juillet - Dîné et couché, au nombre de six, à Ghees, chez l'aubergiste Godschal qui, comme l'année précédente, nous donne la passée gratis.

Chemin : 4 lieues.

22 juillet - Arrivé à Raveinstein sur les onze heures.

Mon cher docteur Ruys me reçoit de nouveau à bras ouverts, avec mon confrère, quoique sa famille soit augmentée et que son épouse soit infirme.

Réponses réitérées de nos amis de Turnhout qui nous expriment de nouveau leurs regrets et font des voeux pour notre retour, mais voeux, hélas ! qui ne paraissent pas devoir être sitôt exaucés !

Progrès journaliers des armées françaises et alarmes continuelles pendant les huit semaines de notre second séjour à Raveinstein.

Deuxième séjour à Raveinstein : 8 semaines.

15 septembre - A onze heures du soir, alerte décisive. Fuite des principaux des la ville. - Le sac, derechef sur le dos, nous passons la Meuse et demandons, pour le reste de la nuit, retraite à un paysan, dans le premier village de l'autre côté du fleuve.

16 septembre - Dîné et couché à Nimègue, distant de trois lieues.

Confusion où nous trouvons cette ville, à cause de la retraite des troupes. Services que nous rend le sieur Weymans, négociant, beau-frère de notre médecin Ruys, tant pour trouver des logements que pour envoyer à Clèves le surplus de nos effets que nous ne pouvions porter.

17 septembre - Dîné à Clèves où une dame a la bonté de nous procurer, à bon compte, un chariot jusqu'au Rhin. - Passage du Rhin. - Arrivé à Emmerich, ville du duché de Clèves sur le Rhin. - 8 lieues.

Difficulté pour trouver à loger. - Deux prêtres français, de nos amis, nous trouvent enfin, à onze heures du soir, une chambre, chez un honnête marchand qui nous fournit à peu de frais tout ce qui nous est nécessaire.

Nous séjournons dans cette ville quelques jours, dans l'espoir d'y trouver quelques places, mais en vain. - L'abondance des prêtres a tout rempli. - Les émigrés de tout pays mettent tout hors de prix ; d'ailleurs le voisinage des armées toujours en retraite rendent l'endroit peu sûr.

Visite à Herrenberg distant d'une lieue à un prêtre français de mes amis dont j'avais l'adresse. - Service que veut me rendre, ainsi qu'à un de mes confrères sur sa recommandation, une maison de sa connaissance. - Quiproquo singulier qui nous fait faire une assez désagréable démarche. - Visite à un de nos confrères qui nous avais laissé un mois auparavant à Raveinstein, et qui avait trouvé l'hospitalité chez un paysan près d'Emmerich. - Résolution d'aller à Munster joindre nos autres confrères qui nous y avaient précédés. - Visite à Mgr l'évêque de Soissons, alors à Emmerich, qui me donne une lettre de recommandation pour Munster. - Enfin, nous partons d'Emmerich et faisons notre entrée en Wesphalie, un des cercles d'Allemagne.

Séjour à Emmerich : 8 jours.

26 septembre - Couché à Anholt où le curé du lieu auquel nous faisons visite défraie notre auberge. - Rencontre d'un marchand d'épingles du pays de Cologne qui nous offre de faire route avec lui. - Services et bienfaits que nous a rendus ce charitable conducteur.

27 septembre - Dîné à Bocholt, chez les Dominicains où nous fûmes bien reçus et où nous prîment des renseignements très utiles pour le reste de la route.

Soupé et couché à Borken au couvent des Augustins où nous trouvâmes aussi bonne hospitalité et où nous fîmes séjour le lendemain, jour de dimanche. - 6 lieues.

29 septembre - Dîné à Ramsdorf chez le frère d'une religieuse de Borken auquel elle nous avait adressé. - Un avocat du lieu, parent de la maison, nous fait visite, dîne avec nous et nous donne une lettre de recommandation pour Munster.

Soupé et couché chez les Capucins de Coesfeld.

30 septembre - Dîné à Nottuln dans une maison hospitalière fondée pour les pauvres voyageurs. - Soupé et couché chez le curé de ... - 6 lieues.

1er octobre - Sur les dix heures du matin, arrivé à Munster, capitale de la Wesphalie. - 1 lieue. - Logé à la Licorne. - Services que l'hôtesse a rendus aux prêtres français. - Rencontre de nos confrères. - Comité établi en cette ville en faveur des prêtres français. - Raisons pour lesquelles nous n'avons pu y obtenir de places malgré nos recommandations. - Charité d'un professeur en théologie. - Voyage de Warendorf sans succès pour nous.

Allée et venue : 14 lieues.

Visite à deux de nos compatriotes habitants de Munster depuis deux ans. - Bienfaits dont nous leur sommes redevables. - Impossibilité de trouver des places. - Résolution d'aller à Osnabruck où il y a un comité de secours pour nous auquel celui de Munster nous adresse et nous recommande. - Il nous paye de plus à tous des places à la diligence et nous partons dans la nuit du 7 au 8.

Séjour à Munster : 7 jours.

8 octobre - Dîné à Lengerich. Couché à Osnabruck : 12 lieues. - Visite au comité qui nous donne quelques secours. - Quant aux places gratuites elles sont épuisées par le grand nombre qui nous a précédé et on nous conseille de percer plus loin dans l'Allemagne. - Quelques jours après, féconde tentative. - Nous représentons notre fatigue, la mauvaise saison, l'épuisement de nos ressources. - Rien encore, mais quelques lueurs d'espérance. - En attendant, nous louons des chambres en ville et vivons économiquement. - Industrie pour ménager le petit reste de la bourse.

Connaissance singulière et services rendus du vicaire Semetmann. - Rencontre de quelques compatriotes. - Enfin le 25, le comité nous envoie chercher, nous donne une lettre pour le curé de Glandorf, village du pays d'Osnabruck, moitié chemin entre cette dernière ville et Munster, lequel curé se chargeait de nous placer tous dans sa paroisse. - Deux de nous précèdent et le 28, nous sommes réunis à Glandorf.

Séjour à Osnabruck : 19 jours.

Le charitable curé nous distribue nos logements et nous y introduit lui-même. - Deux de mes confrères ont une chambre chez un bourgeois, et dix autres maisons, la plupart d'artisans, se chargent, tour à tour, de leur nourriture. - Un autre trouve asile chez un honnête maréchal qui partage avec deux de ses voisins, aussi tour à tour, la charge de le nourrir. - Pour moi, le nommé Wartmann, laboureur, vieillard respectable, père de onze enfants, dont la femme est infirme, me reçoit sans partage, et je deviens son douzième enfant.

Quatre autres de nos confrères sont aussi placés dans divers autres lieux du pays, tous gratis.

Étude de la langue allemande. - Hiver excessif. - Secours et bienfaits que nous éprouvons à Glandorf. - Le Rhin se prend. - Inquiétudes nouvelles.

ANNÉE 1795

Invasion de la Hollande - Alarmes sur alarmes. - Émigration de Munster par la plus rude des saisons. - Frayeurs toujours croissantes. - Retraite des alliés jusque dans le pays que nous habitons. - Nos hôtes nous gardent, quoique foulés pendant plusieurs mois de troupes qui vivent chez eux à discrétion. - Moyen auquel j'ai recours pour témoigner à mon hôte ma reconnaissance. - Évènements qui nous rassurent sur nos craintes de partir.

Dans le cours de mai, visite à un de nos confrères à Osnabruck. - Allée et venue : 10 lieues.

Dans le même mois, lettre à la municipalité de Niort pour donner de nos nouvelles à nos familles, avec qui nous ne communiquons plus depuis plus de deux ans.

Le 9 juillet, arrivée de la réponse d'un ami commun qui nous annonce le bon accueil de notre lettre, la bonne santé de nos parents et invitation d'agir ainsi tous les trois mois et tour à tour.

Sur la fin du même mois, nouvelles directes de ma famille par la voie d'un négociant du pays de Berg en Wesphalie, ce qui nous ouvre une nouvelle voie de correspondance avec nos parents, pour constater, au moins de temps en temps, notre existence et notre santé réciproques.

Invitations honnêtes et réitérées de messieurs Wuppermann et Springmann, et raisons qui nous font différer longtemps d'y répondre.

Visite dans le mois d'août à deux de nos confrères, à Melle, pays d'Osnabruck, pour leur faire part des lettres de notre pays. - Hospitalité gratuite, en allant et venant, de la part d'un honnête bourgeois sur la recommandation d'un ami de Glandorf. - Promenade au château de Gestmoll et honnêtetés que nous y avons reçues.

Le dit voyage, allée et venue : 14 lieues.

Réponse de nos amis de Turnhout, en Brabant, auxquels nous avions écrit quelque temps auparavant pour rétablir entre nous une communication que l'état des choses nous avait fermée pendant près d'un an. - Désir de nous réunir encore une fois, mais raisons qui en éloignent l'espérance. - Second voyage à Onasbruck pour affaires de la petite société. Allée et venue : 10 lieues.

Au commencement de septembre, inquiétudes nouvelles, et de la part des armées françaises qui passent le Rhin à vingt-cinq lieues de nous et semblent menacer le pays que nous habitons, et relativement à nos hôtes, qui sont foulés de troupes et nous ont déjà gardés près d'un an.

Évènements qui nous délivrent du premier sujet de crainte et nouvelles espérances de nos amis qui nous tranquillisent sur le second, au moins pour tout l'hiver suivant.

Bontés particulières de mon respectable vieillard et de toute sa maison. - Services que je leur rends en échange. - Agréments personnels que me procure l'avantage de balbutier un peu d'allemand, étude qui charme souvent les ennuis de mon exil. - Société avec les trois camarades qui partagent mon séjour à Glandorf, pour les honoraires de messes et autres petits secours qui nous sont donnés. - Promenade de Fuchdorf, de Laar et de Harcotten. - Cérémonie de l'oncle et des neveux. - Désagrément de l'hiver, vu les petitesses de l'homme aux Rouets.

ANNÉE 1796

Continuation des bonnes dispositions de nos bienfaiteurs. - Obstacles successifs à mon voyage de Barmen. - Nouvelles accablantes qui m'apprennent la ruine de tous ceux de ma famille dont je pouvais espérer quelque secours. - Instances réitérées de mes amis de Barmen.

7 juin - Exécution de mon voyage. - Parti de Glandorf accompagné d'un confrère et à pied. - Couché chez le curé de Tellicht.

8 juin - Dîné à Munster chez le frère de mon hôtesse de Glandorf. - Service que nous rend un brave paysan à la sortie de la ville, ce qui nous procure d'aller coucher chez le curé de Lüdinghausen.

9 juin - Passage de la Lippe. - Dîné chez le curé de Datteln. Couché à Dortmund, ville impériale du pays de la Marck : 8 lieues.

10 juin - Dîné à Witten. - Passage de la Roer. - Arrivé à Barmen près d'Elberfeld, pays de Berg, couvert à la distance d'un quart de lieue par la ligne de démarcation en vertu de la paix précédemment conclue entre la France et la Prusse. - 8 lieues.

Bon accueil et honnêtetés de messieurs Wupperman et Springman. - Rares vertus qui distinguent cette respectable famille. - Ouvertures de coeur que je leur fais sur mon malheureux sort. - Promesses consolantes de leur protection à Barmen quand mes ressources de Glandorf seront épuisées. - Connaissance et amitié du pasteur Seyd. - Promenade à Elberfeld et aux bains de Schwelm. - Cadeaux de mes amis tant pour moi que pour mon hôtesse de Glandorf.

Départ après trente-deux jours de séjour à Barmen.

13 juillet - Dîné à Witten ; couché à Dortmund.

14 juillet - Dîné chez le curé d'Haltern et couché chez le curé de Lüdinghausen.

15 juillet - Éconduit par la dame Limberg. - Couché à la Licorne, à Munster, après avoir été, à midi, refusés chez le curé de Finnen ; mais avoir dîné gratis chez un honnête villageois du voisinage. - 6 lieues.

16 juillet - Dîné chez le curé de Tellicht. - Arrivé le soir à notre cher Glandorf.

Tendre et touchante réception de mon vieillard, de son épouse et de sa famille. - Ce qu'avait fait ce bon vieillard en m'attendant et ce qu'il fit à mon arrivée. - Présents que je leur apporte de Barmen. - Promenade de Warendorf avec lui. - Allée et venue : 8 lieues.

Au mois d'août, visite de nos deux confrères de Melle et promenade à Fuchdorf pour saluer Alexandre. - Célébration successive des fêtes à patron. - Établissement du commerce de Charles Steinhagen et Compagnie.

ANNÉE 1797

Le 14 mars, réunion agréable à Osnabruck, où la fête procurée par nos amis de Barmen, est célébrée pendant deux jours.

Procédé noble et généreux des dits Barmenois envers nous tous et surtout envers moi en particulier. - Charité admirable et déclaration consolante que j'éprouve et reçois à cette occasion de mon digne bienfaiteur.

Dans le courant de mai, visite de nos deux compagnons de Melle ; promenade à Fuchdorf. - L'aurore de l'espérance commence à poindre et va toujours croissant. - En conséquence, réunion de toute la famille à Glandorf, le 3 juillet. - Le 20, départ pour Tilburg, près de Turnhout, dans le Brabant Hollandais et projet de nous rejoindre tous auprès de nos anciens bienfaiteurs et amis, à Turnhout, pour retourner tous ensemble dans notre Patrie dès que le décret de notre rappel sera rendu et sanctionné.

Le 28 juillet, anniversaire de notre départ de Niort, nous arrive la nouvelle de ce décret désiré, rendu le 15.

- Les nouvelles du 16, de Paris, nous replongent dans l'inquiétude. - Nos craintes se prolongent et s'augmentent par le délai que met le Conseil des Anciens à sanctionner l'acte de notre délivrance et à prononcer sur la déclaration y contenue, et par conséquent par le retard de l'arrivée des lettres de Niort qui doivent nous donner le signal du départ et nous tracer notre route.

Tous les prêtres laissent le pays, soit pour rentrer en France, soit pour s'approcher des frontières.

Nous nous déterminons aussi à quitter Glandorf et nous arrêtons d'aller nous établir le 23 août à Munster, à l'auberge de la Licorne, pour y attendre et la confirmation du décret et les lettres de Niort, au cas où tout cela ne nous arrive auparavant le dit jour 23. - Cette attente incertaine et les nouveaux troubles de notre Patrie nous alarment et nous tourmentent on ne peut plus douloureusement.

7 août, réception d'une lettre consolante de ma chère île d'Oléron d'où un bon ami me marque que tout y est dans le calme, que tous mes amis me sont restés fidèles et que mille familles attendent mon retour avec impatience.

Sanction du décret de notre rappel par le Conseil des Anciens. - La joie que cette nouvelle nous donne est mêlée de beaucoup de crainte à cause de la division et des troubles qui renaissent dans notre Patrie. - Malgré cela projets et préparatifs pour y rentrer.

Notre départ est fixé au 20 septembre et je me mets en marche pour aller chercher notre infirme à Osnabruck. - A peine ai-je fait cent pas qu'arrive la fatale nouvelle du 4 septembre qui anéantit d'un seul coup tout notre espoir, nous replonge dans le deuil et en cassant le décret de notre rappel semble devoir éterniser notre exil.

Mon vénérable vieillard me console, remercie le Ciel de ce que la nouvelle est encore arrivée à temps et que je suis à l'abri du danger où se trouvent les prêtres partis trop tôt. - Il me réitère et m'assure que tant qu'il vivra, il partagera avec moi son morceau de pain.

Tentatives de quelques individus pour me faire sortir de sa maison, sous prétexte de me procurer une place, qui ne peut me convenir. - Conduite et démarche prudente de mon vieux bienfaiteur qui déjoue l'entreprise.

Une lettre de Niort m'apprend que ma chère cousine est attaquée d'une maladie mortelle et m'exhorte à me préparer à ce douloureux sacrifice. - Lettre amicale et consolante de mes amis de Barmen qui m'invitent à aller les voir aussitôt le premier de l'an et d'amener avec moi un confrère à mon choix. - Je me propose, à cause de la saison, de ne me rendre à l'invitation qu'au mois de mai.

Projet de donner au bon peuple de Glandorf quelques prônes en allemand. - Début le 10 décembre. - Le bon succès me détermine à continuer de prêcher, de six semaines en six semaines.

ANNÉE 1798

Le bruit que les troupes françaises doivent traverser ce pays pour aller occuper le Hanovre nous alarme et nous tremblons d'être obligés de fuir un lieu qui nous abrite depuis si longtemps.

Sur la fin de janvier, j'apprends la mort de ma bienfaitrice Marguerite et par là l'anéantissement de toutes les ressources que je pouvais espérer du côté de ma patrie. - Lettre consolante de mes amis de Barmen à cette occasion. - Détails sur la détresse de ma pauvre mère et de ma soeur qui mettent le comble à mon chagrin.

Difficultés pour recouvrer quelques objets d'un usage indispensable que j'avais, dans l'ivresse de notre espoir, fait partir d'avance, croyant pouvoir bientôt les suivre.

Le bruit de l'approche des troupes françaises se dissipe, mais nos inquiétudes n'en vont pas moins toujours croissant, étant probable qu'on exigera dans le traité de paix qui se négocie à Rastadt, notre éloignement de l'Allemagne. - L'idée de nous voir rejetés jusque dans la Russie et de nous éloigner de cinq cents lieues de plus nous déchire le coeur et nous ôte tout repos.

Recouvrement de mes livres et papiers, le 9 mai. - Projet d'un second voyage à Barmen. - Nouvelle preuve d'attachement de mes amis de Barmen qui m'occasionne un voyage à Unna par Hamm dans le pays de la Mark.

Allées et venues sur la fin de mai : trente lieues.

Accueil et honnêtetés chez le boulanger Jumann, à Unna. - Projet de m'établir dans cette petite ville pour enseigner le français et aider au pasteur catholique dans ses fonctions. - Difficultés qui me font désespérer du succès. - Zèle de mes amis de Barmen dans ce projet.

Au mois de juin, lettre de ma soeur qui me donne avis d'un bienfait signalé de mes amis de Barmen qu'ils avaient eu la grandeur d'âme de me laisser ignorer.

Au mois de juillet, annonce consolante qui fait espérer prochainement à divers membres de ma famille un petit ravitaillement. - Au mois de septembre, exécution de l'annonce. - Au mois d'octobre, lettre d'Unna qui m'invite à m'y rendre pour l'exécution du projet exprimé de l'autre part. - Le 15, je m'arrache aux bras de mon cher bienfaiteur Vartmann et de mes chers confrères, pars de Glandorf et arrive à Königsborn, près d'Unna, où j'établis mon nouveau domicile chez monsieur Krauss, inspecteur de la saline dudit lieu. - Adieux touchants et promesses généreuses de mon vénérable vieillard.

Séjour à Glandorf : 3 ans, 11 mois, 15 jours.

Arrivé à Königsborn le 17 octobre - 15 lieues.

[Avant de quitter Glandorf, l'abbé Esserteau se fit délivrer une pièce officielle constatant son identité et le séjour accompli par lui dans cette ville :

"Nous, juge du district d'Ibourg, pays et évêché d'Osnabrück en Westphalie, certifions à qui il appartiendra que Philippe-Paul Esserteau, prêtre français, natif de Niort, département des Deux-Sèvres et résidant depuis le 26 octobre 1794 dans le village de Glandorf, dépendance de notre juridiction, s'est présenté à nous aujourd'hui et nous a requis de constater son existence ; ce que nous lui avons octroyé par ces présentes, signées de nous et munies de notre sceau de justice.
Fait à Ibourg, en notre hôtel, le 12 février 1798.
Signé : H. Kramer."]

ANNÉE 1799

Progrès de mes élèves. - En avril, autre ravitaillement que la société de Glandorf vient chercher au commencement de mai. - Mes écoliers se multiplient. - Au commencement de juillet, passage du Roi de Prusse.

- Dans le même mois, visite à mes bons amis de Barmen dont l'amitié, la protection et les bienfaits se soutiennent sans cesse.

Désagréments et amertume que j'éprouve chez monsieur Krauss. - Au mois d'août, visite à mon vénérable vieillard à Glandorf, avec mes deux élèves. - Célèbre procession de l'Assomption à Warendorf. - Aller et retour par Munster. - 34 lieues.

Accueil paternel et promesses consolantes de mon bienfaiteur qui ne cesse de correspondre avec moi, avec les expressions du meilleur père vis-à-vis d'un fils tendrement aimé.

Au mois de novembre, changement subit et imprévu dans la maison de monsieur Krauss, ce qui me fait perdre ma place et me jette dans l'embarras. - Départ de mes confrères de Glandorf, à l'exception de Trianon et translation de leur domicile à Elten, auprès de Mentor et de Dufiguier.

En novembre, mon établissement à Unna, par le moyen de quelques bienfaits, des services que je rends à l'église par la messe, prédication et en donnant des leçons de français. - Lettre de mes amis de Barmen, pleine de consolation et d'offres généreuses. - Le 26 septembre, sortie de chez monsieur Krauss et translation de mon domicile à Unna.

Séjour à Königsborn : un an et neuf jours.

Je loue une chambre chez G. Görs. - Attachement et soins de ce brave homme pour moi. - Bienfaits du pasteur, de madame Setintz, de Hillman et de Clarfeld ainsi que de quelques émigrés.

J'apprends que le ciel a conservé mon frère dans l'explosion du moulin à poudre de Landau.

ANNÉE 1800

Le changement de constitution et de gouvernement en France, qui s'occupe de lois bienfaisantes, nous font naître l'espérance de revoir notre chère patrie et le terme de notre exil.

Dans le mois de juin, voyage à Barmen et ravitaillement. - Dans le mois d'août, promenade à Glandorf, et, à la fin du mois, nouveau ravitaillement, avec annonce qu'on travaille à mettre fin à notre exil, qu'on a l'espoir du succès ; mais on avertit de ne rien précipiter et d'user sobrement de la permission, attendu que l'état actuel des choses n'exclut pas encore tout espèce de danger.

Le 9 octobre, à neuf heures du soir, sommation de la société pour le départ. - Adieux à Unna.

Séjour à Unna : dix mois et demi.

Le 10, à onze heures du soir, parti d'Unna, arrivé et bonne réception à Barmen. - Bienfaits et lettres de recommandations de nos amis. - Heureuse occasion pour aller à Elten. - Adieux touchants à Barmen.

Séjour là jusqu'au 15.

15 octobre. - Parti de Barmen et couché à Dusseldorf. - 7 lieues.

16 octobre - Dîné à Duisbourg et couché à Wesel - 12 lieues.

17 octobre - Déjeuné à Rees, dîné à Emmerich, couché à Elten. - 8 lieues. - Réunion depuis longtemps désirée. - Nous nous mettons en règle. - Quatre seulement se décident au séjour à Elten jusqu'au 27.

27 octobre - Dîné et couché à Nimègue. - 6 lieues.

28 octobre - Passé à Grave, soupé et couché à Bois-le-Duc. - 9 lieues.

29 octobre - Couché à Tilburg. - 5 lieues.

30 octobre. - Arrivé à Turnhout. - 6 lieues - Réception amicale de nos anciens bienfaiteurs. - Bon succès de nos démarches pour nous mettre en règle, aux fins de continuer le grand voyage. - Séjour jusqu'au 6 novembre.
Dîné à Westmalle, couché à Anvers. - Séjourné jusqu'au 8.

8 novembre - Couché à Gand.

9 novembre - Passé à Courtai, dîné à Menin. - Vent terrible qui a fait les plus grands dégâts. - Couché à Lille. - 15 lieues.

10 novembre - Dîné et couché à Seclin. - Petite fête. - 2 lieues.

11 et 12 novembre - Dîné à Arras ; passé à Bapaume ; soupé à Péronne ; déjeuné à Roye ; dîné à Senlis ; couché à Paris. - 55 lieues. - Promenades dans cette superbe ville. - Hospitalité chez un bon ami. - Voyage à Versailles et à Saint-Cloud. - Séjourné à Paris jusqu'au 19 novembre - Dîné à Étampes ; couché à Orléans. - 30 lieues.

21 novembre - Dîné à Blois ; couché à Tours. - 30 lieues.

22 novembre - Dîné à Sainte-Maure ; passé à Châtellerault et couché à Poitiers. - 26 lieues. - Hospitalité à la Grand'Maison ; visite aux anciens amis ; agréable surprise. - Séjourné jusqu'au 26.

26 novembre - Dîné à Lusignan ; couché à Saint-Maixent. - 10 lieues. - Hospitalité et nouvelle surprise.

27 novembre - Dîné à Souché ; scènes intéressantes ; couché à Niort. - 4 lieues.

[Une lettre écrite par l'abbé Esserteau à son frère, négociant à Niort, porte le post-scriptum suivant :
"Dans ce moment, je sors de parler au Ministre de la Police (Fouché) qui m'a reçu fort honnestement. Il m'a demandé mon nom ; à la surprise qu'il m'a témoigné lorsque je me suis nommé, en faisant une exclamation entre-coupée et se retirant trois pas en arrière en étendant les bras, je vis bien que ce nom ne lui était pas inconnu. Et il me confirma dans mon idée en disant qu'il connaissait Niort ainsi que la paroisse Saint-André où était curé Monsieur Bridier. Il me fit amicalement une demande par rapport à la soumission ; je lui dis que je n'accepterais jamais un passeport à ces conditions. Il ne me répliqua rien. Bien plus, je crois que mon refus, bien loin de lui déplaire, l'a flatté."

Cette lettre, dont l'intérêt n'a pas besoin d'être souligné, est signée : BRANDKEIM, nom d'exil adopté par l'abbé Esserteau, pour détourner de lui l'attention de la police française et assurer la transmission de son courrier.]


Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres - Tome VII - vingt-septième année - 1938 - 3e et 4e trimestre

 

Fils de Jacques-François Esserteau, sieur de Boiscormier, et de demoiselle Catherine Arnault, PHILIPPE-PAUL est né à Niort, paroisse Saint-André, le 13 mars 1735 et baptisé le 16. Il fut curé de Vernoux-sur-Boutonne depuis la fin août 1766 jusqu'en août 1777. En mars 1778, il fut nommé à Niort, paroisse Saint-André.

 

ESSERTEAU acte de naissance paroisse Saint-André

AD79 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Niort

 

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité