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La Maraîchine Normande
17 juin 2016

NOIRMOUTIER (85) - NOTES SUR LES PRISONS ET MAISONS D'ARRÊT OU DE DÉTENTION PENDANT LA RÉVOLUTION

NOTES SUR LES PRISONS ET MAISONS D'ARRÊT OU DE DÉTENTION, A NOIRMOUTIER PENDANT LA RÉVOLUTION

De Challans, des Sables, de la Garnache, de la Barre-de-Monts et de bien d'autres lieux, sont envoyés à Noirmoutier, l'Île de la Montagne, des prisonniers par centaines.

Les municipalités, les administrateurs se figurent que le château de Noirmoutier est immense et peut contenir des quantités de détenus. Ce qui est fort exagéré.

Il résulte de cet entassement des épidémies, provenant de malpropretés entassées, de mauvaises aérations, de mauvaise nourriture, etc.

Les administrations locales requièrent alors diverses maisons pour recevoir le trop plein du château et les prisonniers nouveaux qui abondent de divers côtés sous ce beau régime de la liberté.

Le 28 floréal (17 mai 1794), vingt-sept prisonniers, sans doute les plus coupables, sont envoyés à Paris ; mais c'est un bien faible dégagement.

Il est vrai qu'il meurt continuellement de pauvres prisonniers et prisonnières, qu'on ne sait plus même où enterrer.

Plusieurs aussi réussissent à s'évader ; d'où mesures de surveillance prises le 16 prairial (4 juin). "Sous peine d'être regardés comme suspects", tous les marins de Barbâtre, de la Guérinière, de l'Herbaudière, du Vieil, doivent désarmer leurs bateaux ..."

D'autre part, la Commission militaire fait dresser une liste "des noms, sexes et âges de tous les prisonniers existant dans les différentes maisons d'arrêt de la Commune " (27 prairial - 15 juin).

NOIRMOUTIER MAISON DE TINGUY

MAISON DE TINGUY, AU PUITS-DE-LORRAINE

Séance du 6 floréal an 2. (25 avril 1794)

Sur la réquisition du Comité révolutionnaire de ce jour, trois heures du soir, qui requière que la maison Tinguy soit désormais réservée pour mettre les prisonniers au fur et à mesure qu'il en arrivera, et que dès ce moment on y introduise ceux qui sont arrivés le jour d'hier, qu'on nous a dit être au nombre de 303 ; l'assemblée arrête que les citoyens Béranger et Viaud qu'elle nomme ses commissaires à cet effet, se transporteront de suite à la dite maison Tinguy, et la feront évacuer par toutes personnes ou effets qui peuvent être dedans, et la fasse mettre en état de recevoir sous peu d'heures les prisonniers que l'on y fera conduire.

13 floréal. (2 mai 1794)

Sur les représentations verbales faites par le sieur Tiroco, membre du Comité militaire, qu'il ne trouvait point de local plus commode que la maison Tinguy pour loger des prisonniers qui arrivent ce jour, vu que le château et l'église ne pouvaient les contenir tous ; l'assemblée arrête que les prisonniers y logés seront logés ailleurs, et que de suite ils seront obligés d'évacuer la dite maison Tinguy ...

Le Conseil général de la Commune, de concert avec le Comité militaire, ayant jugé la maison Tinguy absolument nécessaire pour loger une partie des prisonniers, la quantité que l'on nous envoie de tout le département étant trop considérable pour le château et la ci-devant église, les deux seuls locaux assez vastes pour en contenir beaucoup, et ayant arrêté d'un commun accord de faire faire à ladite maison Tinguy les réparations les plus urgentes, cette maison n'ayant ni portes, ni fenêtres, a invité, en conséquence, le citoyen Gautier, menuisier, à nous présenter un état des réparations, pour que nous puissions en faire payer le montant par le district de Challans, lorsqu'elles seront faites.

15 floréal. (4 mai 1794)

L'assemblée ayant eu connaissance que les ouvrages nécessaires aux réparations de la maison Tinguy, servant de maison d'arrêt, ne se faisaient pas avec assés de célérité, arrête l'assemblée que les citoyens Boutolo et Marchouenne seront requis d'aller, demain 16 du courant, se rendre à ladite maison Tinguy pour y joindre le citoyen Gautier, pour travailler de concert avec lui aux dits travaux, pour les presser.

23 prairial an 2. (11 juin 1794)

Le Conseil général de la Commune, sans cesse occupé de chercher des moyens pour empêcher les effets du fléau qui menace cette isle, a cru que partie du mauvais air qui y règne provient des matières putrides qu'y causent le nombre prodigieux de malades qui sont reclus dans les diverses maisons d'arrêt, et qu'en conséquence, le seul moyen qu'il pouvait employer était de séparer les malades des sains, après les recherches les plus scrupuleuses, pour trouver un local convenable à cette partie du service, afin de décharger les prisons qui sont si pleines qu'elles ne peuvent presque plus les contenir.

4 thermidor. (22 juillet 1794)

Le citoyen Joseph Gauthier a présenté sur le bureau un mémoire des réparations qu'il a faites à la maison Tinguy par ordre de la municipalité, pour la mettre en état de recevoir les prisonniers que le château ne peut plus contenir, et a demandé qu'il soit nommé deux commissaires pris en son sein pour vérifier si les ouvrages relatifs au présent mémoire sont bien faits ainsi qu'ils sont portés.

Sur quoi arrête l'assemblée que le citoyen J.-L. Maublanc et Béranger seront nommés pour ledit examen.

6 thermidor. (24 juillet 1794)

Arrête l'assemblée qu'il sera donné un bon au citoyen Joseph Gautier, de la somme de cent quatre-vingt-dix livres dix sols montant dudit mémoire ...

MAISON MOURAIN AUX COQUES

23 prairial an 2. (11 juin 1794)

L'assemblée arrête que tous les malades des différentes maison d'arrêt seront transportés dans les greniers et maison du Coq, qu'ils y seront soignés autant que possible, qu'il y sera porté de la paille fraîche, et que le commandant de la place sera invité d'y faire faire bonne garde, qu'il en sera écrit au Comité de surveillance pour qu'ils ayent à faire disposer les locaux.

9 août.

L'assemblée parle de l'hôpital de la maison Mourain et de celui de la cure.

noirmoutier château

LE CHATEAU

Un bon nombre sont jugés sommairement et exécutés.

Mais il vient d'autres malheureux prisonniers. Des Sables, il en arrive 144, le 30 prairial (18 juin 1794).

Des fumigations sont faites dans les prisons pour les assainir (4 messidor, an 2 - 22 juin 1794).

Les représentants du peuple autorisent la municipalité à écrire aux districts des comités révolutionnaires de n'envoyer dans l'île que les prisonniers pouvant subir un jugement, et de faire passer les autres sur les derrières des armées républicaines.

Le 6 messidor (24 juin), un bateau chargé de 200 prisonniers arrive de Paimboeuf. L'assemblée municipale les refusa et les renvoya à Paimboeuf.

Ce renvoi avait été fait à la suite de la lettre du représentant Bo, séant à Nantes, et dont voici la teneur :

2 messidor (20 juin). Aux officiers de la commune de l'île de la Montagne.

"Vos réclamations, citoyens, sont trop frappantes pour n'être pas senties par les amis de la justice et de l'humanité. L'établissement de la Commission militaire et révolutionnaire extraordinaire établie dans votre isle nécessite l'afflux de beaucoup de prisonniers. Mais il faut prévenir un encombrement funeste à la vie des habitants. Pour y parvenir, vous préviendrez les comités de surveillance et les districts qui vous avoisinent de ne vous envoyer que les hommes qui doivent être jugés par la Commission militaire, et de faire évacuer le reste sur les derrières de l'armée. Conformément aux arrêtés du Comité de Salut public et des représentants du peuple, vous les préviendrés que vous êtes autorisés à leur renvoyer tout ce qui n'est pas soumis à jugement. Vous voudrez bien vous concerter avec les membres de la Commission militaire pour toutes les mesures qu'elle vous proposera pour le dégagement des prisons, la salubrité de l'air, l'assistance des détenus. Il faut que la justice soit prompte, sévère et surtout éclairée ..."

11 messidor (29 juin)

En conséquence d'une lettre du commandant de la place qui expose que la troupe ayant une quantité prodigieuse de malades, qu'elle est chargée d'une multitude de postes et ne peut fournir à tous ces différents services, sans être comme en permanence dans les corps de garde, et qu'il estime qu'il serait possible de mettre tous les détenus dans la même maison d'arrêt, le château, tout ce considéré, d'après le voeu de la société populaire bien prononcé :

Arrête l'assemblée qu'il en sera conféré avec le Comité de surveillance, et que, de suite, les lieux appropriés au château, les prisonniers des différentes maisons d'arrêt seront placés. Et sur le réquisitoire fait audit commandant de la force armée, des commissaires ont surveillé cette opération.

Une délibération du 13 messidor (1er juillet) rappelle le renvoi de 16 prisonniers de la Barre à la municipalité de cette commune.

"En conséquence de la lettre du représentant du peuple Bo, résidant à Nantes, en date du 2 courant, qui autorise la municipalité à renvoyer dans leurs districts respectifs tous les détenus qui ne sont pas soumis à son jugement, et se concerter avec la Commission militaire "pour le dégorgement des prisons", etc."

Le 18 messidor (6 juillet), deux députés de Bouin (l'Île Marat) viennent demander l'élargissement de divers prisonniers de cette commune détenus au château de Noirmoutier. Leur demande est exaucée après avis du directeur du district de Challans.

Le château recevant encore des prisonniers, il est nécessaire à nouveau de le dégager. C'est alors que l'on songe à approprier la maison de Tinguy. Un nommé Gautier, menuisier, est chargé de l'aménagement.

Le 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794), l'assemblée municipale s'occupe de l'envoi aux Sables, par le bateau la Sylphe de Charente, capitaine Lelong, d'un grand nombre des prisonniers détenus à Noirmoutier. En conséquence, le château peut contenir le reste, et la surveillance sera simplifiée comme le réclame le commandant de la place. C'est ce que mentionne le réquisitoire suivant, de l'agent national Viaud.

Le 2 thermidor (20 juillet) :

Requère l'agent national que tous les détenus envoyés en cette isle contre lesquels il n'y a aucune dénonciation soient renvoyés dans leurs districts respectifs en conformité de la lettre à nous adressée en datte du 2 courant par le représentant du peuple Bo, à l'exception des nobles, prêtres ou religieuses.

Le 16 thermidor (3 août), 21 prisonniers sont condamnés et fusillés à la Claire.

LE PRIEURÉ MAISON D'ARRÊT

Il serait étonnant que le prieuré n'eut pas été lui-même employé comme maison d'arrêt ou hôpital à une époque où l'île regorgeait de prisonniers venus de partout et de malades. En voici la preuve :

Séance municipale du 11 thermidor, an 2 (29 juillet 1794).

Le troisième bureau chargé de la surveillance des hôpitaux, des prisons, de la salubrité de l'air, et netoyement des rues, visitte faite des maisons d'arrêt, ils ont rapporté qu'il fallait des pailles ou fougères pour coucher les détenus, placer 11 carreaux en bois aux croisées qui en manquent, des pots de chambre, un bidon et des balais, à la chambre des galeux, une chandelle tous les deux jours et de la paille, lesquels sont placés à la maison du cy-devant prieuré.

NOIRMOUTIER vue

LA MAISON CURIALE

La maison curiale servit aussi, à l'occasion, de maison de détention, mais surtout d'hôpital.

AD85 - Bulletin paroissial de Noirmoutier-en-l'Île - 1909

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