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La Maraîchine Normande
24 mai 2016

ARGENTAN (61) - JACQUES-ANDRÉ-SIMON LEFESSIER, ÉVÊQUE CONSTITUTIONNEL (1738 - 1806)

 

Lefessier Jacques acte naissance


Fils de Jacques-François Fessier et de Jacqueline Braham, Jacques-André-Simon, né à Argentan le 23 février 1738 [paroisse Saint-Germain], étoit, à l'époque de la révolution, curé de Berus, diocèse du Mans.

Il fut élu en 1791 évêque de l'Orne, et sacré à Paris, le 3 avril. La même année, le département de l'Orne l'élut député à l'assemblée législative.

On trouve dans les Annales Catholiques, tome IV, page 188, un extrait des registres des délibérations de l'administration municipale de Séez, du 29 ventôse an II (19 mars 1794) ; il en résulte que ce jour-là, Lefessier remit sur le bureau ses lettres d'ordre, sa crosse, ses deux mitres, son anneau et sa croix, en disant que tout culte public étant prohibé et reconnu contraire à l'ordre social et à la tranquillité publique, il renonçait à faire aucunes fonctions du ministère et les abdiquait entièrement ; il réclamait le prix de ses mitres et des autres objets, attendu qu'il n'était pas riche.

Lefessier signature

Extrait du registre des délibérations de l'administration municipale de Seez, intrà-muros.

Du 29 ventôse de l'an second de la république, etc.

Le conseil général extraordinairement assemblé,
S'est présenté le citoyen Jacques-André-Simon Lefessier, ci-devant évêque du département de l'Orne, lequel a remis sur le bureau de la municipalité ses lettres de tonsure, minorat, sous-diaconat, démissoire pour diaconat, de diaconat et prêtrise.

A encore remis une crosse en cuivre doré, deux mitres, un anneau et une croix pastorale, et a dit que tout culte public étant prohibé et reconnu être contraire à l'ordre social et à la tranquillité publique, il remet les papiers ci-dessus au conseil général, pour, par lui, en faire tel usage qu'il avisera bien ; renonçant à faire en cette commune ni ailleurs, aucunes fonctions du ministère ecclésiastique, et les abdiquant entièrement ; que si, parmi ses papiers, on ne trouve pas les titres de sa consécration comme évêque, c'est qu'il les a égarés, et que, quelques recherches qu'il en ait faites, il n'a pu les recouvrer ; promettant s'il les retrouve, les mettre à cette maison commune ;

Qu'il désirerait faire de ses crosse, croix et mître ci-dessus, hommage à la patrie ; mais que n'étant pas fortuné, il a besoin du prix de ces objets ; pourquoi il demande au conseil général de les faire estimer par telles personnes qu'il voudra nommer ou faire nommer par le district d'Alençon, qui lui en fera payer la valeur par son receveur
De tout quoi il a demandé acte.
Au registre,
Signé Lefessier.

Sur quoi délibération prise, le conseil général, ouï l'agent national, a arrêté que les bulles du charlatanisme ci-dessus déposées et remises par le citoyen Lefessier, seront à l'instant brûlées, ce qui a été fait ; qu'en ce qui concerne les hochets de la superstition par lui remis, dont il demande que la valeur soit payée, expédition de la présente sera adressée au district d'Alençon aux fins de nommer par lui un expert qui les estimera, pour le prix de cette estimation lui en être de suite payé par le receveur du district, sur un mandat de cette administration.(Extrait : Almanach des catholiques pour l'année 1801)

Lefessier fut président de club et de la municipalité de Séez, pendant et après la terreur.

Avec cela, il signa les encycliques, tint des synodes, et assista aux deux conciles, sans qu'on voie de lui aucune rétractation.

Peu de temps après le 9 Thermidor, l'un des prélats constitutionnels osa faire appel aux pouvoirs publics. Il s'appelait Lefessier, avait été élu évêque de l'Orne, et avait siégé à l'Assemblée législative. Son âme n'était point celle d'un confesseur. Sous la Terreur, il avait honteusement abdiqué.

Le danger une fois passé, un grand désir l'obséda, celui de reposer sur son front la mitre. De Seez, sa ville épiscopale, il s'adressa, le 6 brumaire, au Représentant Génissieux et, en termes très onctueux, plus humiliés qu'humbles, sollicita l'autorisation de rétablir le culte dans le diocèse. La réponse fut un mandat d'amener.

Le 10 brumaire, l'évêque fut introduit devant le proconsul : "Je vis entrer, écrivit celui-ci en rendant compte de l'interrogatoire, un individu à mine cafarde et à tournure extrêmement apostolique." Lefessier, tout repentant, s'excusa : il avait cédé aux instances de quelques pieuses personnes ; il n'avait voulu que demander conseil ; il ne souhaitait que l'affermissement de la République. Génissieux écouta : "sans tenir compte de toutes les choses flatteuses que le saint homme me disait, je crus devoir le faire mettre en arrestation."

Au domicile du prélat, une perquisition fut pratiquée. Elle fit découvrir deux manuscrits qui étaient, l'un l'éloge de Rousseau et l'autre celui de Mably, puis des formules d'abdication sacerdotale, enfin quelques brouillons de lettres où l'on demandait à Robespierre un peu de tolérance.

Alors, alors seulement, Génissieux se rassura et, jugeant que Lefessier n'avait rien d'un martyr, prescrivit, au bout de sept semaines, qu'on le remît en liberté. (extrait : Histoire religieuse de la Révolution française - T. 4 - 13e édition - 1924)

Lefessier donna sa démission en 1801, et alla se fixer à Argentan. Il y publia en 1803 un pamphlet, sous ce titre : Avis pacifique aux prêtres rentrés, par le Solitaire d'Argentan. C'est un écrit d'une douzaine de pages, plein de plaisanteries sur les insermentés, sur les rétractations, sur les anciens évêques et sur M. de Boischollet, alors évêque de Séez.

L'auteur se retira dans sa ville natale avec 3.000 fr. de retraite. Il mourut à Argentan le 2 décembre 1806, sans donner signe de repentir. Par son testament, qui était une longue déclamation contre l'Église, les papes et les évêques, il demanda à n'être point porté à l'église ; il n'y paraissait plus depuis longtemps.

C'était un bel esprit, qui passait pour être peu ferme dans les principes de la foi ; on a lieu de croire que les ouvrages des philosophes lui avaient faussé l'esprit. Ces derniers renseignements nous ont été communiqués par un respectable curé de la capitale, qui habitait alors le diocèse de Séez.

Extrait : L'ami de la Religion et du Roi - Volume 64 - 1830

Jacques-André-Simon Fessier est décédé à Argentan, en son domicile rue Saint-Martin, le 2 décembre 1806.

Lefessier Jacques acte décès

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