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La Maraîchine Normande
9 avril 2016

CHAVAGNES-EN-PAILLERS (85) - JEAN-KNOWER-LOUIS-HONORÉ, COMTE DE SUZANNET (1884-1938)

 

Chavagnes-en-Paillers Comte Jean de Suzannet


Né à Chavagnes le 11 octobre 1884, il fut baptisé le 8 novembre de la même année comme en fait foi l'acte du baptême.

"L'an de Notre Seigneur mil huit cent quatre-vingt-quatre et le samedi, huitième jour du mois de novembre, nous Louis Rorthais, curé de cette église paroissiale de Saint-Pierre et de Saint-Paul de Chavagnes-en-Paillers, soussigné, avons baptisé au château de la Chardière, un garçon né le samedi onzième jour du mois d'octobre, du légitime mariage de Monsieur le Comte Louis-Constant-Fortuné de Suzannet et de Dame Virginie French, comtesse de Suzannet, son épouse. On a donné à cet enfant les noms de Jean-Knower-Louis-Honoré. Le parrain a été M. John Knower, représenté au baptême par M. le Vicomte Roger de Villebois ; la marraine a été Mme Yolande de la Rochefoucauld, duchesse de Luynes.
Le baptême a été différé jusqu'à ce jour et célébré au Château de la Chardière par une faveur particulière de N.T.S. Père le Pape, avec l'approbation de Mgr l'Évêque de Luçon.
En foi de quoi, nous avons dressé le présent acte."

Suzannet comte Jean de acte naissance


Il perdit sa digne mère, le 13 janvier 1900. Sous le tableau qui la représente au château de la Chardière, la piété filiale a fait inscrire cette note, trouvée dans les papiers de M. le Comte Louis de Suzannet : "Nina French, comtesse de Suzannet, parfait modèle à imiter par les générations futures, que Dieu a rappelée à lui le 13 janvier 1900"

Au cours de ses vacances d'enfant et de jeune homme, Monsieur Jean a fait à la Chardière des séjours assez prolongés. Beaucoup à Chavagnes l'ont donc approché d'assez près dans son premier âge.

Chavagnes-en-Paillers château de la Chardière

Ses fortes études secondaires terminées, il choisit la carrière militaire, se plaça dans les premiers rangs aux Écoles de Saint-Cyr et de Saumur et sortit brillant élève de l'École supérieur de guerre pour les officiers. Il servit aux confins de l'Algérie et du Maroc, à la lisière du Sahara et il fut sous les ordres du Maréchal Lyautey.

La guerre, en août 1914, le trouva au 20e Corps. Ses capacités en stratégie militaire obligèrent les chefs du Grand Quartier Général à retirer cet officier remarquable de son commandement, pour s'assurer sa compétence. Son activité personnelle et sa bravoure rêvaient toujours les combat du front. Sur sa demande, il passa dans l'Infanterie, comme chef de compagnie d'abord et chef de bataillon ensuite, dans la célèbre "Division de Fer".

Lorsque le généralissime Foch fut choisi pour la victoire finale, il se souvint de la valeur particulière de son ancien élève de l'École Supérieure de Guerre et exigea de M. Jean de Suzannet, qu'il prit place au G.Q.G.

Après la Guerre, si pour des raisons particulières il n'avait pas démissionné, il aurait certainement conquis les postes les plus en vue dans l'armée. Il était capable d'y devenir un grand chef.

Des épreuves pénibles frappèrent son coeur d'époux et de père ; il perdit son épouse et sa fille aînée.

Il trouva une diversion à ses chagrins, en tournant son activité vers l'industrie. Puis vint l'heure où M. Jean de Suzannet comprit qu'il ne pouvait laisser sa maison dans une permanente désolation. Répondant aux plus intimes désirs de son coeur et de celui de son père, il refit son foyer, en contractant mariage, en la chapelle des Invalides, à Paris, le 24 août 1922, avec Mlle Hélène de Mareuil.

Après son mariage. Il se rendit sur la côte du Pacifique à Victoria, dans l'Ouest canadien. De là il surveillait une exploitation qu'il possédait dans l'île de Vancouver. La Providence, après l'avoir formé à l'art militaire, complétait son expérieuce pour lui permettre, une fois revenu en France, de rendre d'utiles services à ses concitoyens.

Lors de son séjour au Canada, M. Jean de Suzannet n'oublia pas la France. Par des conférences multipliées, il fit connaître sa Mère-Patrie et en bon Français qu'il était, il la fit estimer.

Ce fut au Canada qu'il apprit la mort de son vénéré père, survenue le 8 août 1928.

Pour succéder à son père, Chavagnes, malgré l'absence de M. Jean de Suzannet, vota pour lui, comme Conseiller Municipal. Et lors de l'élection du nouveau maire, toutes les voix des Conseillers se portèrent sur l'absent.

Après cette preuve de sympathie, dans laquelle il vit un hommage d'affection à la mémoire de son père. M. Jean de Suzannet n'ayant pu répondre au voeu des électeurs, demeura au Canada, d'où il leur adressa un reconnaissant merci. Ensuite il s'efforça, en union avec son frère, de continuer à Chavagnes les oeuvres de son père.

Au début de 1935, pour l'éducation française et l'instruction de ses six enfants, il regagna la France. Il dirigea son activité vers la politique.

Le 16 septembre 1928, par un vote unanime, Chavagnes avait invité M. Jean de Suzannet à succéder à son père. L'heure du retour en France n'étant pas sonnée, la population dut attendre jusqu'au 5 mai 1935, pour manifester sa réelle sympathie à M. le Comte Jean de Suzannet. Aux élections municipales, il recueillit 548 voix sur 576 votants.

En avril 1936, il posa sa candidature aux élections législatives. Le succès était attendu par tous ceux qui avaient suivi de près la campagne de M. J. de Suzannet. Ses démonstrations lumineuses, ses attitudes dignes et respectueuses, son noble nom estimé dans ce pays et son glorieux passé, lui préparèrent en effet un succès inespéré. Par 13.280 suffrages, il fut élu député de la deuxième circonscription de la Roche-sur-Yon, contre 5.292 à son principal concurrent.

Enfin, aux élections cantonales du 10 octobre 1937, il fut amené à se présenter comme candidat au Conseil Général. Le canton de Saint-Fulgent le choisit par 2.447 suffrages sur 2.360 votants.

De tels chiffres manifestent par leur nombre les sympathies profondes, que M. le Comte Jean de Suzannet possédait dans sa circonscription, son canton et sa commune.

Je laisse à d'autres le soin de rappeler ce qu'il fut comme homme politique. Je ne veux ici en graver le souvenir que par un simple mot. Avec M. Jean de Suzannet qui s'imposait par sa valeur personnelle, on pouvait être persuadé que l'union existerait et que tout serait pesé avec une intelligente attention.

Et voici que les conséquences d'un accident d'automobile ont privé sa famille, la France, la Vendée et Chavagnes de tous les services que M. le Comte Jean de Suzannet pouvait encore leur rendre dans une abondante mesure.

Les plans de Dieu ne concordent pas avec ceux des hommes.

Décédé le 27 janvier (1938), le 29 eut lieu à Paris sa sépulture. Quelques personnalités de Chavagnes y représentèrent tous les foyers.

Enfin, le jeudi 3 février, une foule immense vint s'associer aux prières du service religieux, qui était célébré dans notre église pour le repos de l'âme de M. le Comte Jean de Suzannet.

On était venu de toute la Vendée, mais surtout des cantons qui composent la circonscription électorale. Tous les délégués portaient sur leurs traits une empreinte de tristesse, chacun sentait la perte immense qu'il venait de faire.

Monseigneur l'Évêque de Luçon avait délégué M. le Chanoine Massé, vicaire général, pour le représenter à ce grand deuil, qui s'étendait sur son diocèse. Les chants religieux exécutés par une partie de la maîtrise du Petit Séminaire aidaient les âmes à s'unir aux supplications de la Sainte Église pour les fidèles trépassés.

Avant l'absoute, M. le Vicaire Général avec une émotion communicative, parla aux âmes émues, leur rappela ce que la Sainte Église désirait pour l'âme de M. de Suzannet et ce qu'avaient été les oeuvres de sa vie qui plaidaient les miséricordes du bon Dieu en sa faveur.

Après l'absoute, un nombreux cortège se rendit au Monument des Morts du cimetière de Chavagnes. Là M. de Guerry de Beauregard, maire de Chavagnes, M. le Colonel Gomart, M. de Tinguy du Pouet, M. le Sénateur Robert et M. le Préfet de la Vendée prononcèrent des discours qui furent attentivement suivis et religieusement écoutés, présentant dans leur ensemble une note chrétienne très marquée.

Cette cérémonie religieuse et funèbre se déroula dans un ordre parfait. Un recueillement absolu saisissait la foule qui compatissait à la douleur de la noble famille très éprouvée. L'âme endeuillée de tout un peuple pleurait sur le sincère ami et le vrai père qu'il venait de perdre.

Toutes ces manifestations ont été une consolation profonde pour Mme de Suzannet, qui a fait remettre cette note, que je me fais un devoir de transcrire :

"La Comtesse Jean de Suzannet particulièrement touchée des marques d'attachement données à la mémoire de son mari, par les habitants de Chavagnes, aurait désiré leur exprimer sa profonde gratitude à l'issue de la pieuse cérémonie du 3 février. Elle leur demande d'en trouver ici l'expression, avec ses regrets de n'avoir pu serrer la main à chacun d'eux."

AD85 - Bulletin paroissial de Chavagnes-en-Paillers - 1938

 

LE STADE JEAN DE SUZANNET


1 - SON INAUGURATION

Quelques mois avant sa mort, M. le Comte Jean de Suzannet, qui s'intéressait particulièrement aux questions sportives, avait acquis, entre la métairie de la Dodénière et la route de Benaston, un terrain de deux hectares en vue d'y établir tous les aménagements exigés pour l'utilité des sociétés sportives et de préparation militaire.

Lorsque survint le tragique accident qui causa sa mort, le jeudi 27 janvier, M. de Suzannet n'avait que commencé le drainage de ce terrain, exposé à conserver trop d'eau à la surface du sol.

Madame la comtesse Jean de Suzannet, la confidente intime des plus chers désirs de son mari, se fit l'impérieux devoir d'achever l'oeuvre commencée.

Ceux qui se réjouiront de ce stade dans l'avenir ne se douteront pas de la mesure de volonté et de sacrifices qui fut exigée pour l'amener à son perfectionnement.

Le travail, poursuivi avec activité, a pu être présenté à la bénédiction de l'Église, le dimanche 2 octobre.

Pour cette cérémonie, Mme la Comtesse Jean de Suzannet avait invité, avec le chef religieux du diocèse, tous les Parlementaires de la Vendée et un grand nombre des amis et des administrateurs du caractère de son époux.

Plusieurs discours furent prononcés du haut de la tribune du stade. Tous louèrent, en termes parfois bien émouvants, la mémoire de M. Jean de Suzannet, la belle oeuvre qu'il avait rêvée et commencée en vue des sociétés sportives et militaires et le dévouement qui l'avait achevé. Les orateurs laissèrent, en bien des âmes, des regrets profonds de ne plus revoir ici-bas celui à qui Chavagnes avait donné toute sa confiance et en qui la Vendée pensait avoir trouvé son chef politique plein de sagesse. Beaucoup croyaient connaître à fond M. le Comte Jean de Suzannet ; mais en entendant les paroles de ceux qui l'avaient fréquenté de près et qui révélaient à la foule bien des détails de sa vie militaire en particulier, qu'ils ignoraient, regrettaient de ne pas l'avoir connu parfaitement et ils auraient voulu le revoir vivant, pour lui témoigner une affection encore plus profonde.

Son Excellence, Monseigneur de Luçon, ne pouvant venir, avait prié Mgr Jarosseau de le représenter à l'inauguration du stade et de le bénir en son nom.

Par cette bénédiction, l'Église sollicitait de la bonté divine ;

1° que l'usage de ce stade devint une source de santé, pour ceux qui en useraient dans une sage mesure ;

2° que ceux qui en profiteraient pour leur préparation militaire, n'y perdissent pas le souvenir des ennemis de leur salut, ni celui des luttes exigées pour l'éternelle couronne du ciel ; enfin l'Église a demandé dans sa prière qu'en celieu régnât toujours la charité, qui résume et couronne toute la loi chrétienne ...

Chavagnes a reçu avec ce stade un nouveau témoignage du dévouement que ne cesse de lui manifester la noble famille de Suzannet. Sa population se fera un devoir de cultiver dans l'âme de ses enfants, pour qu'ils la transmettent aux générations futures, son affection reconnaissante.


AD85 - Bulletin paroissial de Chavagnes-en-Paillers - 1938

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