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La Maraîchine Normande
14 mars 2016

SAINT-ANDRÉ-GOULE-D'OIE (85) - FRANÇOIS COUGNON, CAPITAINE DE PAROISSE ET LES "CAMISOLES"

Nicolas Delahaye, sur le blog Vendéens & Chouans, nous livre ICI une biographie très complète  de François Cougnon, et de son frère. Aussi, je me bornerai simplement à vous transmettre une petite anecdote concernant ce capitaine de paroisse, trouvée dans une revue de 1854.

sabots et baluchon


COUGNON, brave homme du village du Coudray, capitaine de la paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie, mort en 1848, aimait à raconter avec quel bonheur et quelle présence d'esprit, il était parvenu un jour à s'échapper d'entre les griffes des patriotes.

Voici dans quelle occasion :

Le général Joba, commandant les gardes nationales de la plaine de Fontenay, que nos gens appelaient les "camisoles", à cause de la forme particulière de leurs vêtements, se trouvait depuis quelques jours à Saint-Fulgent ; et, ne sachant trop à quoi occuper ses loisirs, il s'amusait, de concert avec un citoyen du pays que je ne veux pas nommer, à se faire le pourvoyeur de la guillotine.

Ayant annoncé une amnistie générale, il parvint à rassembler dans la cour du citoyen M***, son digne acolyte, une quarantaine de vieillards, de malades ou de boiteux, les seuls qui ne fussent pas alors à l'armée ; et, sous prétexte de les interroger, on les appelait par trois ou quatre à la fois, puis on les faisait disparaître par un autre côté de la maison.

Notre ami Cougnon qui était du nombre des malheureux pris dans cette espèce de souricière, voyant que tous entraient, mais que pas un ne sortait, conçut de tels soupçons qu'il résolut de se tirer à tout prix de ce mauvais pas.

Prenant donc une grande et subite détermination, il court d'un air affairé droit à la sentinelle, et celle-ci lui ayant crié d'une voix retentissante : "On ne passe pas !" - "Si, si, citoyen, dit-il, d'un air patelin, laisse-moi passer, je vais faire une commission au citoyen M***, et tiens, pour avoir plus tôt fait, je vais quitter mes sabots et les laisser ici pour qu'on ne les vole pas." - Cela dit, il ôte ses sabots, les dépose près du factionnaire complètement rassuré par cet air de vérité et de bonhomie, court à son village, prend un morceau de pain, son fusil, et décampe au plus vite pour rejoindre Charette.

Deux jours après, Joba et ses camisoles étaient complètement battus ; Cougnon, à la suite de Charette, rentrait en triomphateur dans ce bourg d'où il était parti en fugitif ; mais, par exemple, je ne sais pas s'il a retrouvé ses sabots.

Les autres, moins heureux, furent conduits à Fontenay, et destinés à la guillotine. En ce temps-là, tout le monde mourait avec courage ; prêtres, nobles, paysans, femmes, enfants, vieillards, tous ceux qui avaient la foi du bon Dieu rivalisaient de ferveur et de fermeté dans leurs derniers moments.

En attendant l'heure suprême, le chantre de la paroisse de Saint-André, qui était au nombre des victimes, entonna d'une voix ferme le Libera nos Domine, que tous répétèrent en choeur. Quand le tour du chantre fut arrivé, les chants cessèrent ; mais un boulanger de Saint-Fulgent, nommé Maquigneau, prit alors la parole, et se mit à faire à ses amis les dernières exhortations jusqu'à ce qu'il n'en restât plus un seul.

La Providence voulut pourtant que ce Maquigneau échappât à la mort ; car, au moment où on le menait à la guillotine, il fut reconnu par un gendarme pour avoir autrefois fait la charité de quelques morceaux de pain, et cela le sauva.

Extrait : La Mode - 25 juin 1854 - Voillet de Saint-Philbert

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