SAINT-JEAN-DE-MONTS (85) - 1830 - JEAN-JACQUES BRUNETEAU, PRÊTRE, CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR

SAINT-JEAN-DE-MONTS
Révolution de 1830

Les célèbres ordonnances de Charles X ayant amené les journées de juillet, le vieux roi fut conduit militairement jusqu'à Cherbourg, où il s'embarqua pour l'Angleterre. Louis-Philippe d'Orléans fut proclamé roi des Français. Ce changement de monarque excita de nouveaux troubles dans la Vendée, et particulièrement dans le canton de Saint-Jean-de-Monts.

Il se forma des bandes de réfractaires qui, cachés dans le marais, bravèrent longtemps les poursuites dirigées contre eux.

Dans ces temps malheureux, le vénérable curé Bruneteau s'exposa plus d'une fois aux balles de ses ennemis et même de ses amis pour arriver à la pacification du pays.

Déjà, en 1815, il avait sauvé la vie à cinquante douaniers qui s'étaient imprudemment engagés sur la place de Saint-Jean-de-Monts et qui étaient sur le point d'être immolés par une multitude en délire.

Voici un autre trait peu connu de son existence toute dévouée au bien public.

Un soir de l'année de 1831, il pria un des notables de sa paroisse de lui confier son domestique pour l'accompagner dans le marais où il voulait, disait-il, aller voir un malade. Sa demande ayant été agréée, il monta dans une yole avec le jeune gars, au milieu de la nuit, et fit diriger la frêle embarcation vers une guinguette clandestine. En approchant de la maison, ils entendirent des chants joyeux :

- "Mais M. le curé, dit le paysan, ce n'est pas là qu'est le malade ?

- Si, mon ami, c'est bien là.

- Oh ! s'il était bien malade, on ne chanterait pas ainsi !

- Va toujours et ne t'inquiète de rien."

On aborde près de la guinguette autour de laquelle un grand nombre de yoles étaient amarrées. M. Bruneteau saute à terre et frappe à la porte. Aussitôt les chants cessent, les lumières s'éteignent et, au milieu d'un profond silence, on distingue le bruit sec de plusieurs batteries de fusil qu'on arme.

- "Ouvrez, mes amis, c'est votre curé, n'ayez pas peur."

La porte s'ouvre, les chandelles de résine sont rallumées et M. Bruneteau commence une chaleureuse allocution pour engager ses paroissiens à se soumettre à la loi. Tous l'écoutent avec respect et sa parole entraînante en décide cinq à déposer les armes (récit du paysan qui accompagnait M. Bruneteau dans cette expédition).

Toutefois le plus grand nombre persistèrent dans leur résistance ; les uns furent dénoncés et arrêtés, d'autres échappèrent à toute poursuite. Un des chefs, pris deux fois, fut exposé au carcan sur la place de Saint-Jean-de-Monts.

En reconnaissance de ses services tout désintéressés, Louis-Philippe envoya la croix d'honneur à M. Bruneteau, mais celui-ci ne la porta jamais, la trouvant mieux placée sur la poitrine d'un militaire que sur celle d'un prêtre.

Né à Saint-Benoist-sur-Mer, le 17 mars 1775, M. Jean-Jacques Bruneteau, vicaire de Chavagnes-en-Paillers, arriva comme vicaire à Saint-Jean-de-Monts en 1805, et fut nommé curé de cette paroisse en 1811, après la mort de M. Moran. Il s'appliqua activement à effacer les traces de la révolution et pendant sa longue administration, il sut se concilier l'estime et l'affection de tous.

Il mourut à la suite d'une attaque d'apoplexie, le 6 janvier 1847.

AD85 - BIB PC 16/7 - Etudes physiques, administratives et historiques sur le pays de Monts - Annuaire départemental de la Société d'émulation de la Vendée (1868/1869)

Archives nationales - Base Leonore - LH/384/28