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La Maraîchine Normande
1 février 2016

NEUVILLE-SUR-AIN (01) - 1792 - JEAN-BAPTISTE BOTTEX

BOTTEX Portrait

JEAN-BAPTISTE BOTTEX, né d'une famille honnête de Neuville-sur-Ain, le 26 décembre 1749, et baptisé le 28,  montra dès son bas âge de grandes dispositions pour la piété et les études.

 

acte naissance Jean-Baptiste Bottex

Sa vocation à l'état ecclésiastique fut aussi précoce que le développement de son esprit.

A l'âge de seize ans, il se fit distinguer par ses succès au séminaire de Saint-Irénée de Lyon, et à peine avait-il fini sa théologie, qu'il fut nommé professeur de logique en 1773, dans ce même séminaire qui jouissait, à juste titre, d'une si haute réputation.

Son zèle et ses goûts lui firent désirer d'être employé dans le saint ministère, et ses supérieurs l'envoyèrent vicaire à Saint-Jean-le-Vieux. Le bien qu'il opéra dans ce nouvel emploi, ne fit que donner un nouvel éclat à ses vertus et à ses talens.

La cure de Neuville vint à vaquer, et quoique ce ne soit pas la coutume que les supérieurs mettent un prêtre à la tête de sa paroisse natale, la considération dont jouissait l'abbé Bottex parmi ses compatriotes fit faire une exception à cette règle en sa faveur.

Le nouveau pasteur montra bien qu'on ne s'était pas trompé. La confiance que le peuple de Neuville et le clergé de toute la province avaient en lui, facilita les moyens de faire le bien que son zèle ardent lui inspirait : on l'aimait, on le respectait, et chacun se plaisait à rendre justice à son mérite.

Aussi, en 1789, lors de l'assemblée du clergé du baillage de Bourg en Bresse pour le choix de ses députés aux états-généraux, le curé Bottex attira sur lui, sans le vouloir, presque tous les suffrages de ses confrères.

Arrivé à Paris, il fut dans l'assemblée des états-généraux et dans l'assemblée nationale en laquelle ils se convertirent, le même saint prêtre qu'on admirait dans sa paroisse.

C'est du sein de cette assemblée que le curé Bottex entendit gronder l'orage et vit l'horizon chargé de nuages prêts à lancer la foudre ; il n'en fut point intimidé, et constamment il servit avec ardeur la cause de la religion et de la monarchie. S'il ne put arrêter le torrent qui entraînait l'autel, le trône et la société dans le gouffre où la démagogie les précipita peu de temps après, du moins il en gémit et s'y opposa de toutes ses forces.

M. l'abbé Barruel, qui le connut particulièrement dans la capitale, a dit de lui dans son Histoire du clergé pendant la révolution française : "Un novice dans toute sa ferveur n'avait pas la conscience plus délicate que cet excellent prêtre ; les maîtres les plus versés dans l'art d'aprofondir une question n'apportaient pas à la discussion une logique plus exacte, un jugement plus droit, une métaphysique plus profonde, et surtout un désir plus sincère de sacrifier ses premières idées à la vérité. Sa modestie alors semblait prendre tout des lumières des autres, quand ils prenaient eux-mêmes tout des siennes. Je l'ai vu bien des fois flottant péniblement entre le désir d'aller rejoindre ses chers paroissiens et l'obligation où il se croyait de rester à l'assemblée pour ne pas priver d'un suffrage la cause des amis de la religion et de la monarchie."

Ces affections pastorales furent sacrifiées à ce désir ; mais il ne négligea pas pour cela ses ouailles : il leur envoyait les ouvrages qui leur convenaient le plus pour se maintenir dans la foi ; il les leur faisait distribuer à ses frais. Les honoraires qu'il recevait comme député ne lui paraissant pas assez légitimement acquis dans leur entier, il en distribuait la plus grande partie aux pauvres. La maison qu'il avait choisie pour sa demeure indiquait bien ses inclinations apostoliques : il habitait le séminaire des missions étrangères.

Une conscience aussi timorée que celle de Bottex, lui fit rejeter le serment de la constitution civile du clergé. Dès lors, il ne lui fut plus permis de retourner dans sa paroisse après la fin des séances de l'assemblée constituante. Ses goûts le portèrent à rester en pension dans le même séminaire où il s'adonnait paisiblement aux saints exercices de son état.

Vers la fin d'août 1792, les agens de la persécution contre les prêtres vinrent troubler sa retraite sous prétexte d'une perquisition à faire dans ses papiers. Une lettre de l'abbé Maury qu'ils y trouvèrent, leur fut un motif suffisant pour l'arrêter. Ils le conduisirent dans la prison appelée la Force.

Prison La Force

Le curé Bottex y conserva le calme d'une bonne conscience ; mais il avait mieux aimé avoir été arrêté formellement pour la cause de la religion que pour cette correspondance trop facile à justifier. "Je sais bien, disait-il avec regret, que cette lettre de l'abbé Maury est loin de rien contenir contre l'État ; je mourrai innocent de ce crime, mais je n'aurai pas le bonheur de mourir pour la foi !"

Il était trop digne du martyre pour que Dieu lui en refusât la gloire. L'assemblée législative venait d'en fournir les moyens en prescrivant, le 10 août 1792, le serment de maintenir la liberté et l'égalité, et de mourir même pour les défendre. Ce serment alarma la conscience du curé Bottex.

En vain un autre ecclésiastique, M. Faust, compagnon de sa captivité, et qui, en le prêtant, échappa ensuite au carnage dans lequel notre curé succomba, lui alléguait que, par ce serment, aucun dogme n'était blessé, qu'il ne contenait rien de ce que celui de la Constitution civile du clergé avait en vue. "Ce serment, à la vérité, n'est pas clair, disait M. Faust, mais s'il a un double sens, l'un bon et l'autre mauvais, nous pouvons le faire dans le sens qui est bon."

Bottex vitrail Neuville-sur-Ain

Le curé Bottex rejetait ce raisonnement comme très-condamnable, parce qu'il savait qu'un serment se fait toujours suivant l'intention de la personne qui le demande ; et, en supposant même que les vues de l'assemblée législative ne fussent pas connues, il croyait devoir se décider d'après ce principe incontestable qu'il vaut mieux s'exposer à perdre la vie que prononcer un serment en termes équivoques, parce que la crainte de prendre Dieu à témoin d'une promesse vague et captieuse, doit l'emporter sur la terreur de la mort. Ce serment enfin parut au curé Bottex une dernière épreuve à laquelle Dieu avait permis que fût livrée la fidélité de ses ministres, afin que ce qui restait d'ivraie parmi le bon grain, en fût séparé par ce nouveau crible.

Se voyant destiné à la mort, il s'y encourage saintement avec l'abbé Bertrand, conseiller au grand conseil, frère de l'ex-ministre de Louis XVI, et l'abbé de la Gardette, vicaire de la paroisse de Saint-Gervais de Paris, homme plein de foi et de lumières. Ils se lisent les prières des agonisants, s'exhortent à pardonner à leurs bourreaux, prient pour eux et se donnent l'absolution.

L'heure du massacre avait sonné ; le curé Bottex parut devant les municipes Hébert et L'Huillier, érigés en juges du redoutable tribunal qui envoyait à la mort. Il ne lui fut pas difficile de prouver que l'objet de sa correspondance avec l'abbé Maury ne contenait point de complot contre la nation. Il fut absous ; mais cette absolution ne fut que la plus difficile des épreuves.

"A la Force, dit M. Barruel, le prisonnier que les juges n'avaient pas condamné, était d'abord saisi par quatre brigands. Celui qui présidait au massacre, le conduisait, criant et ordonnant aux prisonniers de crier comme lui : Vive la nation ! Ils arrivaient ainsi jusqu'au guichet. Là, étaient les bourreaux, au nombre d'environ soixante cannibales, ils formaient une haie prolongée jusqu'à l'extrémité de la rue fermée par un trophée de cadavres entassés les uns sur les autres.

Bottex vitrail Grand Séminaire de Belley

Si le prisonnier était condamné à mort, le mot du guet était : A l'Abbaye ! Dès qu'il avait franchi le seuil de la porte, les bourreaux à massue l'étourdissaient, les sabres et les piques l'achevaient. S'il n'était pas tombé sous les premiers coups, il ne pouvait fuir qu'en suivant cette route fatale, tracée par ce double rang de bourreaux, et fermée par des cadavres.

Quand le chef des bandits devait annoncer la grâce, il paraissait le premier au guichet, tenait un sabre levé, et son chapeau sur la pointe du sabre. Il répétait le cri de Vive la nation ! et il ajoutait : Grâce au bon citoyen. La double haie, la populace qui abondait à ce spectacle, dans la rue, aux croisées, et jusque sur les toits, faisait retentir le même cri jusqu'au moment où, toujours précédé du chef des Marseillais, et tenu par les quatre gardes, le prisonnier arrivait près des morts entassés en trophée. Là, il était lâché par ses gardes ; le Marseillais se postait devant lui, la main étendue sur les cadavres, il prononçait le serment de la liberté et de l'égalité. Il se faisait un grand silence ... Si le prisonnier répétait le serment, les derniers bourreaux lui ouvraient le passage et il était libre ; s'il se taisait ou refusait de le répéter, ceux-mêmes qui l'avaient conduit, l'immolaient à l'instant, et son corps couronnait le trophée."

Arrivé à cette barrière fatale, le curé Bottex se vit entouré de meurtriers qui, les mains teintes de sang et environnés de cadavres qu'ils foulaient aux pieds, lui demandèrent le serment, lui offrant la liberté à ce prix.

Sans être effrayé par l'affreux spectacle qui s'offre à ses yeux, ce généreux ministre de J.-C. préfère la mort au doute même de s'être souillé par un serment illicite. Il est égorgé sur le champ, le 3 septembre 1792, et va recevoir dans les cieux la récompense d'une conscience pure, timorée, et d'une vie toute pleine de bonnes oeuvres.


Extrait : Histoire hagiologique de Belley ... - par M. Depery - Tome second - 1835

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