NAMPTY (80) - 1791 - JEAN-FRANÇOIS DUHAVRAN, PRÊTRE
DÉPARTEMENT DE LA SOMME
Séance du conseil général du 2 juillet 1791
Tous les membres composant le conseil général de la commune de Nampty se sont présentés et ont déclaré à l'assemblée que :
le dimanche 26 juin, sur les huit heures du soir, un grand nombre d'habitans de Bacouel, Plachy, Buyon et Prouzel, se sont portés avec des armes de toute espèce et munis de corde vers la maison presbîtérale de M. Jean-François Duwarant [Duhavran], curé de Nampty, et se sont saisis de lui en l'injuriant de la manière la plus grossière et en le menaçant de le pendre ; qu'ils l'ont ainsi traîné avec eux au village de Bacouel, en continuant de l'injurier et de le menacer ; que ces menaces ont été portées au point qu'ils lui ont ôté sa perruque et ont levé le sabre sur lui pour lui couper la tête ; que parvenus au village de Bacouel, ils l'ont incontinent conduit chez M. Tafin, curé dudit lieu, qui étoit venu 400 marches environ au devant de l'attroupement ; que ce curé n'a fait aucun mal à celui de Nampty, qu'il lui a au contraire offert des rafraichissements dont celui-ci avoit grand besoin, à cause de l'assaut qu'il venoit d'éprouver ; qu'ensuite, sur la prière du curé de Nampty, celui de Bacouel l'a reconduit avec l'attroupement de Plachy ; qu'à cette distance ceux qui formoient l'attroupement se sont retirés petit à petit et ont laissé M. Duwarant [Duhavran] retourner chez lui ; que ce curé est un vieillard respectable qui n'a jamais parlé contre la constitution ; ils ont ajouté qu'ils étoient témoins oculaires des faits qui se sont passés dans leur village, mais que, pour le surplus des faits, ils ne les connoissent que par le récit qui leur en a été fait par Louis Leguay et Jean-Baptiste Compère, qui n'ont pas quitté le sieur curé de Nampty.
L'assemblée profondément affligée des actes de licence auxquels le peuple des campagnes se livre : convaincue que de pareils excès amèneroient bientôt l'anarchie s'ils étoient tolérés et qu'un tel ordre de choses est très nuisible à la Constitution, considérant néanmoins que ceux qui se sont portés à ces désordres peuvent y avoir été excités par l'impulsion des ennemis de la Constitution ou entraînés par de fausses applications des décrets, l'assemblée, après avoir entendu M. le procureur général syndic, a arrêté qu'il sera écrit aux municipalités de Bacouel, Plachy, Buyon et Prouzel, pour leur faire connaître que toutes les opinions religieuses sont libres ; que la sureté individuelle des citoyens doit être respectée et maintenue par la force publique, lorsqu'on y porte atteinte ; que ceux de leurs habitans qui se sont portés chez M. le curé de Nampty ont violé toutes ces règles et qu'ils ont encouru la vengeance de la loi, en attaquant, ainsi qu'ils l'ont fait, ce citoyen respectable. ...
Ducastel, Lefebvre, Taupin Le Comte, Creton.
Extrait : Documents pour servir à l'histoire de la Révolution Française dans le Département de la Somme - Tome V - Délibérations du conseil du département (1ère partie) - Amiens - 1909 (8° 1839/5)