UN CALVAIRE BRETON A MAISSIN


On sait qu'à la fin du mois d'août 1914, le XIe corps, submergé parle flot de l'invasion allemande, subit de cruelles pertes aux environs de Maissin, en Belgique.

Les corps des héros bretons et vendéens, tombés face à l'ennemi, reposent dans le sol même qu'ils ont défendu et arrosé de leur sang. Ils sont là environ un millier.

 

CALVAIRE MAISSIN

 

Pour veiller sur ces tombes creusées loin du pays natal, on a eu l'heureuse idée de transporter à l'entrée du cimetière militaire de Maissin, un calvaire situé sur la paroisse de Tréhou dans le Finistère.

Le 3 avril dernier, la population de ce village se rendit une dernière fois au carrefour de Croas-ty-ru, pour dire un adieu solennel au vieux monument.

Démonté pierre par pierre, le calvaire fut chargé sur un wagon et quitta la Bretagne le 24 avril. Au calvaire, on joignit de la terre de Tréhou et un important bloc de granit pesant près de deux tonnes.

Le monument a été refait à Maissin. Deux plaques de bronze ont été encastrées dans la pierre. L'une porte quatre vers bretons extraits d'un poème de Jos Le Braz. Sur l'autre, on lit cette inscription : "Ce calvaire breton du XVIe siècle, provenant de la commune du Tréhou (Finistère) a été érigé dans ce cimetière, en l'an 1932, pour veiller sur le dernier sommeil des soldats bretons et vendéens du XIe corps d'armée, tombés les 22 et 23 août 1914, au combat de Maissin."

Suit la liste des différentes unités qui constituaient "le XIe corps, Nantes, France".

Dans les fondations, un certain nombre de documents ont été placés, notamment la collection complète des cahiers du 19e régiment d'Infanterie (de Brest) et un parchemin ancien, aux armes du duché de Bretagne.

L'érection de ce calvaire a eu lieu au mois d'août dernier devant de nombreux survivants de ces luttes héroïques.

Le monument s'harmonise parfaitement avec le décor ordonné et grandiose du cimetière. Face à l'entrée, la Vierge accueille les pieux visiteurs, tandis que le Christ étend ses bras vers les soldats qui dorment à ses pieds leur dernier sommeil, sous les petites croix dominées par la grande.

Désormais, ce calvaire sera "l'antenne sacrée qui captera, apportées par les brises, les prières de ceux et de celles qui pleurent, qui espèrent et qui croient.


AD85 - Bulletin paroissial de Saint-Malô-du-Bois - 1932

 

calvaire breton

 

 

Article de l'Ouest-Eclair - du 23 août 1932

Bruxelles, 22 août - Hier après-midi, au cimetière de Maissin, dans le Luxembourg, a été inauguré le monument aux morts du 19e régiment de ligne français, composé en grande partie de soldats bretons.

Le monument consiste en un authentique calvaire breton offert par la commune de Tréhou. La Fraternelle du 19e de ligne français, dissous depuis la guerre, avait apporté un peu de terre de Bretagne pour la mêler à la terre où reposent ses héros.

Près du monument on voyait une pierre tombale portant l'inscription française suivante : "Ce calvaire breton du XVIe siècle provenant de la commune de Tréhou (Finistère), a été érigé dans ce cimetière en l'an 1932 pour veiller sur le dernier sommeil des soldats bretons et vendéens du XIe Corps d'Armée, tombés les 22 et 23 août 1914 au combat de Maissin.

En breton, une inscription dont voici la traduction : "La meilleure parole, c'est la mort ; car sa voix est profonde ; écoutez peuple charitable ; elle nous dit d'être des Bretons fidèles. Amis, allez souvent visiter les tombeaux ! Jos. Per Le Braz, 1889-1915".

Le petit village luxembourgeois était paré pour la circonstance et partout flottaient de nombreux drapeaux français et belges. Une messe paroissiale a été célébrée avec l'assistance des évêques de Quimper et de Namur.

P

 

Au cours de l'office, l'abbé Le Boetté, recteur de Tréhou, ancien aumônier du 19e régiment d'infanterie de Brest, prononça un sermon où il célébra la vaillance des enfants de la Bretagne, qui tombèrent loin de leurs foyers. Il rappela les liens d'inaltérable amitié qui unissent les deux nations soeurs ; la France et la Belgique et toute la reconnaissance de la France pour les habitants de Maissin qui entourent les tombes des glorieux disparus d'un culte pieux.

Parmi l'assistance qui était présente à l'inauguration du monument, on remarquait : le général Maton, représentant le ministre de la Défense nationale et l'armée belge ; le général de Partourneaux, commandant le 11e Corps de Nantes et représentant l'armée française ; Mgr Duparc, évêque de Quimper ; Mgr Helen, évêque de Namur ; MM. Legorgeu, sénateur-maire de Brest ; Degrello, député permanent du Limbourg, représentant le gouverneur ; Dubois, commissaire d'arrondissement ; Gordon, président de l'Amicale du 19e régiment d'infanterie de Brest ; le général de Chardigny, attaché militaire français à Bruxelles et d'importantes délégations d'anciens combattants français et belges.