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La Maraîchine Normande
19 décembre 2015

LA RÉORTHE (85) - 1908 - LETTRES A MES PAROISSIENS - LA CURE - REMERCIEMENTS A M. DE VILLEDIEU

 

La Réorthe rue

Octobre 1907
LETTRE A MES PAROISSIENS - POURQUOI JE N'AI PAS LOUÉ LA CURE


Mes chers Paroissiens,

Puisque tout le monde en parle, je ne vois pas pourquoi je ne dirais pas aussi mon mot, dans une affaire qui me regarde bien un peu et sur laquelle j'ai les meilleures raisons de me croire, sans fausse modestie, aussi bien renseigné que personne.

On s'est donc demandé pourquoi je n'ai pas loué la cure. La première raison pour laquelle je n'ai pas loué la cure, c'est que je n'ai pas encore compris et je sais que je ne suis pas le seul, dans la paroisse, à ne pas comprendre de quel droit on vient dire au curé de la Réorthe qu'il n'est plus chez lui dans la cure.

Dans quel temps vivons-nous ? et où allons-nous ? si maintenant et désormais, on n'a plus besoin de produire, de titres pour s'emparer du bien des autres ? Des titres ! Je demande des titres ! qu'on me montre des titres !
On me répond : Il y a la loi et les gendarmes. Laissez-moi, mes chers paroissiens, tirer mon chapeau à la loi et aux gendarmes, car ce sont pour moi de vieilles connaissances. J'ai l'honneur de vous présenter la loi, d'abord. Vous allez voir que je la connais.

C'est elle qui a décidé qu'il ne serait plus payé de traitement, ni aux curés, ni aux vicaires de la Réorthe. C'est elle qui a déchiré le testament par lequel Rose Bénéteau avait légué à l'église de la Réorthe, la borderie de Foliette. C'est elle qui a fait passer du coffre de la fabrique de la Réorthe, dans le coffre de M. le Receveur, le titre de rente de 300 francs, dont le capital avait été recueilli et placé par un curé de la Réorthe pour les curés de la Réorthe. C'est elle qui a dit au curé de la Réorghe : Vous ne faucherez plus le foin de votre pré et c'est un autre qui y mettra ses vaches. (Elle n'a même pas ajouté sauf votre respect !)

Et c'est elle, cette loi, qui, ayant tout pris au curé, vient lui dire aujourd'hui : Vous n'êtes plus chez vous, vous devez payer un loyer pour habiter chez vous. Sinon, je vous envoie les gendarmes. Les gendarmes ! je connais aussi ces Messieurs pour les avoir vu, en nombre imposant, qui aidaient quelques hommes de mauvaise mine à enfoncer les portes de notre église, à coups de barre de fer.

Si je ne suis pas encore convaincu qu'il me faut payer loyer pour habiter la cure, c'est que je suis difficile, n'est-ce pas ? Mais, j'ai bien une autre prétention que celle-là encore, et, pendant que j'y suis, je veux vous la dire. Non seulement, je prétends être chez moi dans la cure et n'avoir pas à payer loyer pour y demeurer, mais j'estime que si je n'y étais pas, il faudrait m'y mettre.

Depuis bientôt deux ans que je suis curé de la Réorthe, j'ai eu le temps de m'apercevoir que la Réorthe est une paroisse chrétienne qui tient à avoir un curé et qui s'en sert. Ne dit-on pas partout, que ce sont ceux qui crient le plus fort contre la religion, qui veulent avoir les plus belles cérémonies ? Ils y viennent tous, à l'église un jour ou l'autre, pour un baptême, pour une communion, pour un mariage, pour une sépulture. La Réorthe veut un crué, c'est de première évidence.

Mais si la paroisse veut un curé et si c'est évident, n'est-ce pas aussi évident qu'elle doit lui assurer le logement et la subsistance ? Une commune qui veut un instituteur, le paye et le loge. Je conclus de ce petit raisonnement et de cette simple comparaison, que si, par hasard, la Réorthe n'avait pas de logement à offrir à son curé, elle devrait plutôt lui en faire bâtir un, dût-il coûter un peu moins à la commune, que certains palais scolaires. Je conslus à plus forte raison, que si le curé est déjà dans une cure qui n'a rien coûté à la commune, il faut l'y laisser tranquille.

Il y en a, peut-être, qui ont pensé que la commune ferait une bonne affaire en mettant le curé à la porte et qui eussent lâché les principes pour le petit bénéfice que cela rapporterait. Je voulais aussi répondre à ceux-là mais c'est inutile aujourd'hui. Si de braves gens ont pu croire un moment sur la parole d'un candidat, que les contribuables profiteraient de ce qu'on enlève aux curés, je crois les gens de la Réorthe guéris pour longtemps de cette douce illusion. Ils n'ont eu qu'à consulter, cette année, la liste de leurs impôts. Après le fameux milliards pris aux congrégations, après les 400 ou 500 millions volés à l'Église et aux morts, on n'a guère vu augmenter que les impôts et ... le traitement des députés et des sénateurs.

Je reviens à la question de la cure.

- Écoutez, M. le curé, me dit quelqu'un. Vous pouvez avoir raison sur le principe, mais pour la paix, vous devriez être d'arrangement. On ne vous demande que 100 francs, cent petits francs. Avouez qu'on vous fait là une faveur.

Si c'est une faveur, c'est une faveur comme celles dont on enveloppe les surprises. Vous n'avez vu que la faveur, souffrez que je vous montre la surprise. La surprise, c'est qu'en plus des cent francs de loyer, j'aurais à payer tous les impôts, ceux du locataire et ceux du propriétaire. En y joignant un certain impôt de mainmorte, j'arrive au joli chiffre d'environ 80 francs d'impôts. Mettez au bout les réparations locatives, sans parler des grosses réparations que la cure exige et qu'elle attendrait comme les attend toujours l'église, voilà la surprise qui s'allonge de 100 francs. 100 plus 100 égal 200.

Supposez maintenant que je passe un bail de six ans, je ne désespère pas d'avoir à payer vers la fin du bail, pour peu que les impôts augmentent, un loyer de plus de 200 francs, pour habiter une cure en ruine. Je n'ai pas voulu d'un pareil marché. Que celui qui l'eût fait, à ma place, me blâme !

Une dernière réflexion. On veut, à toute force, que je ne sois plus qu'un locataire. Eh bien ! soit, mais puisque je ne suis plus qu'un locataire, je demande qu'on me laisse libre d'être locataire, où il me plaît, comme il me plaît, et de qui il me plaît.

Je me résume. Pour des raisons de principes, pour ces considérations financières et par goût, j'ai refusé et je refuse de louer la cure. Il est inutile, je pense, d'ajouter que pour prendre cette résolution, j'ai suivi exactement les instructions que j'avais à suivre.

Je ne loue pas la cure, mais j'y suis encore et j'y reste. J'en ai les clefs et j'y ai suffisamment de meubles pour marquer mon droit d'y être. J'attends les évènements et s'il y a du nouveau, nous en reparlerons.

Quoiqu'il arrive, croyez, mes chers paroissiens, à mon entier et religieux dévouement en Notre-Seigneur.

E. AMOSSÉ
Curé de la Réorthe

 

Septembre 1908
LETTRE A MES PAROISSIENS
COMMENT J'AI ÉTÉ EXPULSÉ


Mes chers Paroissiens,

C'était le mercredi 12 août. Retenez cette date. Elle est mémorable ...

Il était environ 9 heures quand on vint m'avertir que le commissaire spécial me demandait. Je me trouvai en présence d'un monsieur qui me dit, en se présentant lui-même : - "Le commissaire spécial" ; à quoi je répondis : - "J'ai bien l'honneur de vous saluer, Monsieur."

Et là-dessus, s'établit le petit dialogue suivant :

"Je viens vous demander les clés de la cure".
- "Pourquoi faire ?" - "Je dois en prendre possession administrativement." - "!?? Je regrette de ne pouvoir vous aider en cela." - "Il me faut les clefs." - "Mais, Monsieur, je n'ai pas été condamné, que je sache !" On ne m'a signifié aucun jugement, je n'ai reçu aucune sommation". - "Monsieur, vous devez savoir qu'un locataire doit rendre les clés." - "Mais, Monsieur, je ne suis pas locataire, puisque j'ai précisément refusé de le devenir." - Eh bien ! alors !" - "Eh bien ! alors, je me demande ce que vous venez faire." - "Vous ne voulez pas donner les clefs." - "Certainement, non." - "C'est bien !"

Sur cette réplique, le commissaire sortit et fit signe à deux gendarmes restés à l'entrée du bourg.

La colonne d'assaut réunie devant la cure se trouva ainsi composée du commissaire, de quatre gendarmes qu'on me dit être de Chantonnay et d'un acrobate, emprunté, pour la circonstance, à je ne sais quel cirque.

Sur l'ordre du commissaire, l'acrobate passa par dessus le portail et de l'intérieur, ouvrit la porte aux assaillants.

Je voulus entrer, mais un gendarme m'opposa la consigne. Je vis bientôt sortir mes meubles et constatai que le compte y était. Un lit de fer sans sa literie, une table et une chaise.

Le dernier meuble sorti, le commissaire apparut sur le seuil et alluma victorieusement une cigarette. Je l'abordai et protestai vivement contre le procédé arbitraire dont il avait usé en m'empêchant de pénétrer dans la cure, alors que mes meubles y étaient ; je protestai surtout contre l'opération qu'il venait d'effectuer.

- "Protestez, me dit-il, c'est inutile." Je ripostai qu'une protestation est la dernière ressource du droit contre la force et libère au moins les consciences pour ceux qui savent ce que c'est.

A ce moment, le clown qui venait de mettre un cadenas à la porte de la cure, en remit la clé au commissaire. La colonne se reforma pour le départ. En tête le commissaire avec l'homme du cirque et derrière, les gendarmes qui avaient l'air - oh ! mais l'air seulement - d'être à leur poursuite.

Et maintenant que sont partis les exécuteurs officiels, simples agents qui marchent parce qu'ils sont commandés, si nous causions.

Il y en a donc toujours qui en sont encore à trouver qu'on ne me demandait pas cher pour rester à la cure.

Je croyais pourtant avoir répondu à cela, chiffres en main, dans une lettre parue ici en octobre 1907.

Pas cher ! 100 francs plus les impôts ! Mais alors, qu'on m'explique pourquoi cela avait paru d'abord assez cher de donner 1 franc pour la cure et l'église et plus tard, 100 francs sans les impôts.

Pas cher ! la cure et le jardin, sans le pré ni le coteau mais pour m'en convaincre, on a un bon moyen, c'est de trouver un locataire pour ce prix-là. Si c'est une si bonne affaire, il va certainement s'en présenter plus d'un et puisque les délibérations communales sont publiques, je m'attends, un de ces matins, à lire sur le mur, en face de ma fenêtre, le nom de l'heureux locataire. J'ai même entendu dire que la cure valait bien 300 francs. Ce sera une mine d'or pour la commune, cette cure dont les actions haussent si rapidement.

Pas cher ! Encore une fois, je trouve cela trop cher pour mes ressources, trop cher pour le bâtiment, trop cher surtout, parce qu'il me faut oublier, et je ne le peux pas, que la cure est aux curés de la Réorthe.

Pour moi, le fond de la question est là.

Dès lors, dites-moi, si quelqu'un venait vous mettre à la porte de chez vous, le moins que vous fussiez en droit d'exiger, c'est qu'on vous montrât des papiers en règle. Il ne suffirait pas qu'on vînt vous dire : "Votre maison vaut trois cents francs de loyer ; vous allez en donner 100 francs plus les impôts et vous aurez la bonne grâce de paraître content, sinon vous passerez à la porte." - Je paierais 300 francs contre 100 que vous recevriez mal ce mauvais plaisant et comme vous n'êtes pas un curé, les tribunaux vous donneraient raison. Il n'y a qu'un curé, en effet, à qui, en pareil cas, on songe à envoyer les gendarmes.

J'ai protesté. Ce n'est pas de ma faute si je ne peux pas faire davantage. On a usé de la force contre moi, j'en appelle au droit, j'ai subi la violence, j'en appelle à la justice

Le Droit ! la Justice ! Il peut ne plus y en avoir dans les lois, mais il n'est au pouvoir d'aucun régime même maçonnique, d'en effacer toute trace dans les consciences. J'en appelle des lois aux consciences restées libres.

J'ai défendu mon droit ; ce m'était un devoir de le faire. Ce devoir rempli, il en est d'autres pour un curé expulsé. Il en est un surtout qui comprend tous les autres, c'est de rester curé. Je reste et je vous demande, mes chers paroissiens, d'y voir une preuve de plus de mon absolu dévouement pour vos âmes.

A la grâce de Dieu !

E. AMOSSÉ
Curé de la Réorthe.

 

Janvier 1909
ENCORE LA CURE ! TOUJOURS LA CURE !


C'est une nouvelle qui n'en est plus une pour personne, puisqu'elle a fait désormais plusieurs fois le tour de la paroisse.

Tout le monde aura donc appris et le plus grand nombre avec la plus entière satisfaction, qu'au lendemain pour ainsi dire de son expulsion brutale de la cure, c'est-à-dire de chez lui, le curé de la Réorthe a trouvé dans le bourg même de la Réorthe, plus hospitalier, à ce point de vue, que bien des villes, une nouvelle cure.

Une circonstance, que certains ne manqueront pas de relever et d'apprécier, à même voulu que toutes les manoeuvres, employées pour mettre le curé dehors, n'aient réussi qu'à le rejeter de l'autre côté du mur.

M. le Curé qui se fait un devoir, en même temps qu'un plaisir de mettre ses paroissiens au courant de ce qui se passe d'important pour la vie religieuse dans la paroisse, se réserve d'écrire, à ce sujet, une lettre qui paraîtra dans le prochain numéro.

L'évènement, car c'en est un, en vaut la peine.

Mais le Bulletin ne peut pas différer plus longtemps d'interpréter la profonde gratitude du curé de La Réorthe et la reconnaissance de toute la population catholique, en priant M. de Villedieu, dont cette nouvelle générosité est l'oeuvre, de vouloir bien en trouver ici la trop faible expression et d'en agréer le respectueux hommage.

 

Février 1909
LETTRE A MES PAROISSIENS.
LA NOUVELLE CURE

Mes chers Paroissiens,

Il vous souvient de la dernière lettre que je vous écrivis en septembre dernier, dans laquelle je vous racontais comment votre curé avait été définitivement et non moins injustement qu'administrativement expulsé de chez lui.

J'ignore toujours si la protestation que je fis entendre à cette occasion et que je confiai aux bons soins du commissaire tout à fait spécial qui commandait la manoeuvre, parvint à son adresse.

A vrai dire, je ne le pense pas ; mais ce que je sais bien et ce que je puis vous affirmer, c'est que personne, depuis lors, n'est venu dire au curé de la Réorthe de rentrer dans sa cure.

Je m'efforce à croire qu'on a peut-être trouvé des locataires mieux disposés que moi à donner la petite somme. Ce n'est pourtant pas ce qu'on dit. Mais ce n'est pas à moi à vous apprendre ce qu'on dit.

Ce qu'il y avait de plus clair, c'est qu'après le passage des gendarmes, mes derniers meubles étaient sur la rue. J'avais heureusement où les recueillir. Il y avait encore de la place pour eux dans la maison, où depuis déjà un an, j'avais eu la bonne fortune de trouver pour moi-même un refuge provisoire.

Ici, on me permettra de faire un brin d'histoire rétrospective, pour me donner occasion d'acquitter une dette de reconnaissance qu'il me tardait, d'ailleurs, d'avouer publiquement.

Le jour où je fus sommé officiellement de sortir de la cure, M. et Mme Grolet, obéissant à des sentiments dont la délicatesse les honore grandement, en même temps qu'elle m'a profondément touché, m'offrirent leur maison, s'imposant à eux-mêmes d'aller s'installer ailleurs.

Cette combinaison me permettait d'attendre tranquillement et à l'abri les évènements dont j'étais bien décidé à profiter. J'acceptai donc simplement la proposition généreuse qui m'était faite, et non moins volontiers l'obligation qui en résultait pour moi de ne jamais oublier le service rendu.

Il est temps aujourd'hui de dire merci à qui de droit.

Je remercie donc publiquement, d'abord ceux qui m'ont cédé leur maison. Je dois remercier aussi les propriétaires de l'immeuble, MM. Séguinot et Maindron, d'avoir bien voulu accepter cette substitution d'un locataire à un autre ; et enfin M. Bory, à qui M. et Mme Grolet avaient affaire directement, d'avoir consenti à ce changement, malgré ce qu'il pouvait avoir de gênant pour lui.

Je reprends la suite de mon histoire, qu'on pourra appeler plus tard l'histoire de mes déménagements.

Le jour où tous mes meubles se trouvèrent réunis, et où j'acquis la certitude que le curé de la Réorthe devait renoncer à rentrer dans sa cure, il devenait urgent pour moi de chercher un autre gîte.

Or, il y avait, au village de Libaud, une maison qui convenait assez pour faire une cure. Ce n'était pas précisément à proximité de l'église, et plus d'un ennui devait en résulter, tant pour le curé que pour ses paroissiens. Mais en vertu de l'adage qu'on fait ce qu'on peut quand on ne fait pas ce qu'on veut, je comptai sur ma bicyclette et sur la bonne volonté des gens pour avoir raison des difficultés à prévoir, et je me décidai à entrer en marché avec mon nouveau propriétaire.

Je dois à la vérité et à ma reconnaissance de dire que je n'eus qu'à demander la maison pour l'obtenir. Et cela n'étonnera pas ceux qui connaissent M. Marie Bonnaud, de Saint-Philbert de Pont-Charrault, son amabilité et son dévouement à la cause de la Religion.

Comme je dois être et que je veux être un historien exact, et consciencieux, je dirai que mes projets une fois connus ne manquèrent pas de provoquer dans la paroisse quelque émotion, et j'avouerai que certains propos qui me furent rapportés n'étaient pas dépourvus d'une certaine saveur. Je n'aurai pas la fausse honte de cacher que les critiques l'emportaient sur les approbations et qu'à part les villages de Libaud, de La Leue, pour lesquels je demande aujourd'hui pardon aux autres, il y en eut peu où la satisfaction de savoir M. le Curé assuré désormais d'un abri, ne fut mélangée, peu ou prou, du regret de le voir s'éloigner du bourg.

C'est alors que la Providence intervint. En toute sincérité, je ne me décidais moi-même qu'à regret à m'éloigner du bourg ; je m'y résignais plutôt, et uniquement parce qu'il ne se trouvait alors aucune maison susceptible de devenir une cure.

Il appartient au Bon Dieu de faire que cette maison se trouvât, pour ainsi dire, du jour au lendemain.

Quelques semaines avant que mon déménagement fut chose faite, une maison fut mise en vente, dans le bourg, laquelle répondait admirablement à l'idée qu'on se fait communément d'une cure.

Il ne manqua pas de gens pour trouver même que la future cure vaudrait mieux que l'ancienne. Mais il fallait l'avoir, et comme on n'est pas le gouvernement, on ne pouvait songer à la prendre, il fallait l'acheter.

La Providence ne fit pas son oeuvre à demi, et Elle inspira à celui dont le nom est désormais inséparable de toutes les oeuvres qui se fondent et vivent à la Réorthe, l'idée d'acquérir, cette maison pour donner une cure au curé et pour garder du même coup, un curé à la paroisse.

La maison fut donc achetée et le Bulletin du mois dernier, en publiant officiellement cette grande nouvelle, a essayé de dire la reconnaissance qui sera due pour cette oeuvre nouvelle, par les curés de la paroisse et par tous les catholiques, à M. de Villedieu et à la maison de la Baudière.

Et ainsi se trouve providentiellement solutionnée une question capitale pour l'avenir religieux de la paroisse.
Toute considération de personne mise à part, en effet, c'est le curé assuré désormais de demeurer parmi ses paroissiens, et il est permis de penser que cette question ayant cessé d'absorber les préoccupations, tant d'autres questions vitales qui s'imposent de nos jours, vont pouvoir être résolues à leur tour.

De sorte que cet évènement qui renouvelle la tradition, si brutalement interrompue par la spoliation légale, marquera un nouvel essor de la vie religieuse à la Réorthe.

Au temporel comme au spirituel, tout va être restauré en même temps dans le Christ Jésus, pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien des âmes.

En vue d'achever l'oeuvre commencée, veuillez compter mes chers paroissiens, sur mon entier dévouement.

Eugène AMOSSÉ
Curé de la Réorthe.

 

AD85 - Bulletins paroissiaux - La Réorthe - 1907 - 1908 - 1909

 

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