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La Maraîchine Normande
18 décembre 2015

LA TRANCHE-SUR-MER (85) - 1832 - MANDEMENT D'UN LIEUTENANT D'INFANTERIE AU CURÉ DE LA TRANCHE

la tranche sur mer

 

M. Ney est un lieutenant dans le 44e régiment de ligne ; mais M. Ney ne trouve pas que l'épaulette suffise à son ambition: il lui faut aussi le titre d'évêque, à ce qu'il paraît : du moins il s'en arroge les fonctions.

La chose est assez bizarre : pourtant elle est vraie.

M. Ney, qui ne tient ni de près ni de loin à la famille du prince de la Moskowa, commande un détachement de vingt ou trente hommes cantonnés à la Tranche. Or la Tranche est un village de Vendée. M. Ney qui s'intitule commandant la place de la Tranche, absolument comme si ce pauvre village était une ville de guerre semblable à Strasbourg ou à Metz, vient d'adresser au curé de l'endroit une lettre qu'il serait dommage de ne pas transmettre à la postérité, sans rien changer au style et à l'orthographe.


La Tranche, 6 juillet 1832.

Monsieur le curé,

D'après une invitation que je vous fit verballement pour chanter le Dominé salvum fac regem Philippum, conformément à une ordonnance du ministre des cultes, vous me répondîtes : que vous n'aviez point d'ordre de votre évêque pour la formule de cette prière.

Vu la mise en état de siège du département qui confie toutes les autorités à la force armée : vu les différentes ordonnances du ministre des cultes sur la formule de la prière pour le roi ; vu la presque totalité des ministres du culte catholique qui s'y sont conformés : vu les différentes ordonnances des généraux qui obligent les prêtres du culte à ajouter le mot Philippum à la prière du roi.

Vous ordonnons, conformément au pouvoir qui nous sont confiés, de faire chanter le Dominé salvum fac regem Philippum dans la grand'-messe célébré tous les dimanches dans votre Église, OU JE SERAI FORCÉ DE SÉVIR CONTRE VOUS.

J'espère, monsieur le curé, que vous éviterez cette extrémité, sauf à vous de faire vos plaintes à vos supérieurs ou à d'autres autorités si vous jugez la chose arbitraire.

Je vous préviens en outre de mettre à exécution la présente ordonnance à dater de dimanche prochain.

J'ai l'honneur, monsieur le curé, de vous saluer,

NEY.

Nous ignorons quelle a été la réponse de M. le curé de la Tranche à cette bouffonne sommation ; mais si cet ecclésiastique ne s'est pas empressé d'obtempérer aux instructions du prélat improvisé, M. Ney aura dû, pour être conséquent avec lui-même, se placer au lutrin, et entonner de sa propre voix ce Domine salvum fac Philippum, si cher à son zèle patriotique. Au reste, quand les lieutenans d'infanterie publient des mandemens, il serait tout naturel que par compensation, monseigneur l'évêque du diocèse publiât des ordres du jour et prétendit au commandement de la garnison. Nous voudrions savoir ce qu'en dirait M. Ney.

Extrait : Journal des Presbytères et des fabriques - Volume 4 - Quatrième année - 1832

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