SAINT-PAUL-EN- PAREDS (85) - 1833 - ENVAHISSEMENT D'UNE ÉGLISE PAR LA FORCE ARMÉE

1833
ENVAHISSEMENT D'UNE ÉGLISE PAR LA FORCE-ARMÉE

L'église de Saint-Paul-en-Pareds, canton des Herbiers, arrondissement de Bourbon-Vendée, fut envahie le 7 avril, jour de Pâques, par la force armée, composée de huit gendarmes, cinq à pied, trois à cheval, et de vingt hommes d'infanterie environ, à l'instant où le prêtre montant à l'autel, les chantres entonnaient le kyrie eleison.

Cette troupe, commandée par un lieutenant de gendarmerie et un officier de ligne, occupa militairement toutes les issues : l'officier de gendarmerie, à la tête de ses hommes à pied, entra dans l'église : le ministre des autels, officiellement averti, par un sous-officier, de l'objet de cette avanie "musulmane", interrompit les chants sacrés ; la force alors put à son aise faire son métier ; et, passant de rang en rang, des hommes aux femmes, et des filles aux garçons, interroge soigneusement toutes les physionomies, cherchant au fond des bancs qu'occupaient les femmes quelques victimes de la délation.

Cette inquisition "à la turque" n'ayant produit aucun résultat, l'office reprit le cours de sa solennité ; l'officier de gendarmerie resta à la porte de l'église.

L'office terminé, les assistans, sans distinction d'âge ou de sexe, passèrent encore une fois sous l'ombrageuse inspection de l'autorité civile et militaire, entre l'officier de gendarmerie et le maire de la commune, requis d'explorer et de reconnaître tous et chacun de ses administrés.

Le fonctionnaire n'eut à signaler dans tout le troupeau que deux étrangers ; l'un d'eux se fit reconnaître et fut laissé en liberté ; l'autre, appréhendé au corps, fut traîné en prison on ne sait où, en réparation de la liberté grande qu'il avait prise d'assister à pareil jour, à une autre messe que celle de sa paroisse !!

Extrait : Journal des presbytères de la religion catholique - Volume 2 - 1833