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La Maraîchine Normande
26 novembre 2015

EXCIDEUIL (24) - UN ÉPISODE DE LA TERREUR EN PÉRIGORD (19 janvier 1794)

UN ÉPISODE DE LA TERREUR EN PÉRIGORD
(19 janvier 1794)


Nous étions en pleine terreur. Le sang des victimes royales ou plébéiennes, loin d'avoir assouvi les bourreaux, ne les avait qu'altérés davantage. Lebon à Cambrai, Carrier à Nantes, et tant d'autres proconsuls, moins connus, mais non moins scélérats, couvraient la France de meurtres et de crimes. C'est alors que l'on vit de nombreux prétendus comités de surveillance, à l'imitation de celui de Paris, établis dans les moindres recoins de la France, lancer d'innombrables ordres d'arrestation, véritables arrêts de proscription, qui vous mettaient dans l'inexorable nécessité de choisir entre l'exil ou les cachots et le plus souvent la mort.

 

Exideuil 24


Nous avons cru intéressant de reproduire ici une de ces pièces qui, à force d'avoir été communes sous la terreur, ont fini par devenir rares de notre temps :

Sur la suscription est écrit : "Pour Bourdineau et sa femme APRÈS SES COUCHES. (Ces trois derniers mots sont raturés, mais pas assez pourtant pour être illisibles.) Tu payeras trois livres au porteur.
A Exideuil, département de la Dordogne, le 30 du mois nivose de l'an deuxième de la République française une et indivisible."

Au-dessous, un grossier dessin représentant le niveau égalitaire, surmonté du bonnet rouge et accompagné de droite et de gauche des mots en grosses lettres : Liberté, égalité. (Le troisième et fameux mot fraternité n'était pas encore inventé.

"LE COMITÉ DE SURVEILLANCE ÉTABLI A EXIDEUIL PAR LES REPRÉSENTANTS DU PEUPLE, te mande de te tenir prêt pour te rendre dans le château d'Aultefort dans la huitaine, à compter du jour que tu recevras l'ordre présent, pour y rester reclus jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordoné ; la loy t'ordonne d'obtempérer à cet ordre, sous peine d'y être traduit par la force armée ; tu fairas conduire audit château les meubles que tu prévois t'être nécessaires et pas au-delà, ainsi que les objets de ta subsistance, et celle de ceux qui seront avec toi qui n'auront pas de quoi s'en approvisionner.
Signé LAPEYRIÈRE, présidan (sic).
Signé COMBELAS, secr."


Nous avons dit plus haut que trois mots avaient été effacés : "après ses couches" ; peut-être qu'une main sensible les avait tracés pour éviter à Mme de Bourdineau, enceinte à cette époque, les inconvénients inséparables d'une telle position. Ce dernier témoignage de pitié a été lui-même rayé ! Nous livrons le fait sans commentaires.


Qu'il me soit maintenant permis de dire deux mots sur la maison de Bourdineau et sur celui dont il est question dans cet article.


Messire Pierre de Bourdineau, conseiller-secrétaire du roi, seigneur haut-justicier de Vieille-Cour, marquis dudit lieu et des fiefs de Laboudelie, Plamont, la Chateauderie, Puychapon, etc., etc., s'était allié à une des plus anciennes maisons du Limousin par son mariage avec Marie de Lamorelie, fille de messire Marc, chevalier, marquis de Lamorelie, seigneur des Biards, Salagnac, du Breuil et autres places, et de dame Gilette-Marie de Pradel de Lamaze. Il était issu lui-même d'une ancienne famille du Périgord, alliée aux Mèredieu, Bersac, Vococourt, Salignac-Fènelon, Feytou de Montvalon, etc., originaire, croit-on, de l'Orléanais, qui a fourni des maires à Thiviers, des avocats au parlement, des officiers, etc. Aimée, estimée de tous les alentours pour ses bienfaits (nous en avons vu la récompense !), cette maison encore subsistante avait vu un de ses membres recevoir le titre de bienfaiteur des pauvres à cause de ses nombreuses libéralités envers eux. C'était un grand-oncle à M. de Vieille-Cour, nommé Jean de Bourdineau, avocat au parlement, seigneur de Laboudelie, qui, par son testament, avait légué aux pauvres de la paroisse de Saint-Germain-des-Prés, en Périgord, 8.000 livres tournois, libéralité très-grande pour l'époque, et qui serait, de nos jours, à peine représentée par une somme quadruple ! Du reste, il faut rendre cette justice au temps présent, son nom, malgré la distance des âges, est encore tous les jours rappelé et béni dans l'humble église de la paroisse dont il fut le bienfaiteur !


HENRY DE M........ DE L....
Le Chroniqueur du Périgord et du Limousin - Troisième année - Périgueux - 1855

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