Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
19 novembre 2015

COMBRAND (79) - LA FAMILLE ROY

Sous la plume de M. le chanoine Charrier, directeur de la Semaine religieuse du diocèse de Poitiers, on lisait, le 18 novembre 1960, ces lignes à la mémoire de M. le chanoine Arnou :

 

Combrand - La Gorère Cassini


"En 1793, vivait à la Gorère, dans la paroisse de Combrand, un fermier qui s'appelait Jean Roy. Pendant que ses grands "gars" se battaient dans les armées vendéennes, lui s'était chargé de son curé réfractaire. Il lui avait aménagé une "cache" dans une épaisse "bouillée de houx" ; et la nuit, il le guidait de village en village à l'appel des fidèles. L'aventure dura toute la persécution révolutionnaire. Pendant des années, jour après jour, Jean Roy eut à faire le sacrifice de sa vie. Car la loi était formelle : quiconque assistait un prêtre réfractaire était puni de mort ; et on sait avec quelle brutalité la loi était appliquée !

 

COMBRAND EGLISE


En 1859, l'un de ses petits fils, Joseph Roy, était ordonné prêtre ; trois ans après, il était nommé vicaire, puis curé dans sa propre paroisse de Combrand. Il y resta quarante ans.

Dans notre Bocage, celui qu'en famille on appelle familièrement "tonton l'abbé", ou "tonton curé", jouit d'un prestige impressionnant. Il faut voir comment on en parle, même entre hommes. On ne prendra jamais une décision importante sans avoir au moins écouté ses avis autorisés. Le sentiment qu'on éprouve à son égard serait difficile à analyser, tellement s'y mêlent la crainte et l'affection, la familiarité pour celui qu'on a connu comme les autres et l'admirative vénération pour celui que le caractère sacerdotal élève si haut.

Le cas de M. l'abbé Roy était bien spécial : il avait à exercer son ministère au milieu de ses camarades d'enfance, dans sa propre famille comme dans sa propre paroisse. Ce pouvait être une grande grâce quand cette paroisse s'appelle Combrand et que cette famille est la famille Roy ; mais une grâce difficile à vivre, on le suppose aisément : et on comprend que l'administration diocésaine y répugne. Pour M. l'abbé Roy, ce fut une "faute administrative", avouait trente ans après Mgr Pie, mais une "heureuse faute", - felix culpa, - lui répliqua-t-on. C'était vrai. Aussi bien par son austérité de vie que par la vivacité de son esprit et son sens surnaturel, le curé de Combrand marqua sa paroisse ; il marqua aussi sa famille.

Il fallait entendre son petit-neveu - M. le chanoine Arnou - en parler à soixante ans de distance : l'émotion qui l'étreignait quand il fallait aller voir "tonton curé", son admiration quand il devina peu à peu le secret de cette vie sacerdotale si exigeante ... Les anecdotes fourmillaient sur ses lèvres : il aimait raconter en particulier comment un jour son oncle refusa l'entrée du presbytère à une brave femme qui n'avait pas mis sa coiffe et se présentait simplement "en cheveux" ... quitte ensuite à aller personnellement chez elle lui porter un panier de poires pour la consoler de son humiliation.

Le rayonnement d'un tel oncle, voilà sans doute, avec les héroïques sacrifices du fermier de la Gorère, ce qui a valu à la famille Roy son extraordinaire fécondité sacerdotale : après l'abbé Joseph Roy à la deuxième génération, nous trouvons dans la descendance de Jean Roy : 7 prêtres à la troisième génération, 10 à la quatrième, 15 à la cinquième ; ce qui fait 34 prêtres auxquels il faudrait ajouter beaucoup de religieuses et de Frères de Saint-Gabriel.

M. le chanoine Arnou était non seulement fier de ses traditions de famille : il en vivait. Tant qu'il fut valide, il ne manqua jamais d'aller prendre ses vacances chez lui, à Longeville, un petit coin perdu entre Montravers et Saint-Amand. Régulièrement il s'y refaisait à l'écoute de sa race. Cette fidélité se traduisait encore dans le plaisir qu'il avait, chaque année, pour la Saint-Joseph, à recevoir dans sa salle à manger de la Providence les séminaristes originaires de Combrand, toujours aussi nombreux que de son temps, aimait-il à constater ..."

Extrait : Les "gâs" du Bocage Vendéen - de 1760 à 1960 - par Augustin Hérault de l'Association des Écrivains Paysans - Deuxième édition - Gizay 86

Publicité
Commentaires
H
Bonjour, <br /> <br /> Savez-vous si François Charles Roy né en 1823 était de la même famille que Jean Roy. François Charles Roy était curé de la paroisse de Verrines ds les Deux-Sèvres en 1852. <br /> <br /> Je recherche des éléments sur sa vie.<br /> <br /> Merci de votre contribution.<br /> <br /> Hervé
Répondre
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité