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La Maraîchine Normande
7 novembre 2015

ALENÇON (61) - LOUIS-JEAN-JOSEPH-LÉONARD BOURDON DE LA CROSNIÈRE, DIT LE LÉOPARD, RÉGICIDE

LÉONARD-JEAN-JOSEPH BOURDON DE LA CROSNIÈRE

BOURDON DE LA CROSNIERE

 

Fils de Bourdon Desplanches [Messire Louis-Joseph Bourdon, Seigneur des Planches, Conseiller du Roy, Greffier des commissions extraordinaires en son conseil, et de dame Thérèze Jolly], Louis-Jean-Joseph-Léonard naquit en 1758, à Longny-au-Perche à Alençon, paroisse Notre-Dame, rue du Jeudy, le "mercredy" 6 novembre 1754 (Orne), et fit d'assez bonnes études au collège d'Orléans.

 

acte naissance Bourdon

 

Il vint à Paris aussitôt après, fut reçu avocat aux conseils du roi, et, n'ayant pas réussi dans cette carrière, établit une maison d'éducation sous le nom de Bourdon de la Crosnière.

D'un caractère actif et entreprenant, il eut d'abord quelque succès, et il s'efforça d'y ajouter encore au commencement de la révolution, à la faveur des nouvelles idées qu'il adopta dans toute leur exagération.

Ce fut ainsi qu'il demanda, en 1789, à l'assemblée constituante la permission de recueillir dans sa maison le centenaire du Mont-Jura, homme célèbre à cette époque, qu'il fit servir par ses élèves, afin, disait-il, de leur inspirer du respect pour la vieillesse. Cette jonglerie et d'autres du même genre ne lui attirèrent pas beaucoup d'élèves, mais elles lui donnèrent quelque célébrité et le firent rechercher par les meneurs de l'époque.

Lié bientôt avec les démagogues les plus exaltés de la capitale, il concourut de tout son pouvoir à la révolution du 10 août, et la voix publique l'accusa généralement de s'être associé aux hommes de sang qui méditèrent les massacres de septembre.

La commune de Paris, voulant étendre ces massacres à tous les départements, fit agréer Bourdon par le ministre de la justice, Danton, pour une mission relative aux prisonniers de la haute cour nationale détenus à Orléans. Il précéda dans cette ville Fournier, son ami, qui commandait le ramas de brigands destinés à l'horrible massacre ; et il arriva le 25 août avec Prosper Dubail, dont la conduite dans cette circonstance fut aussi modérée que celle de Léonard Bourdon fut infâme.

Au mépris du décret du 2 septembre, ordonnant la translation des prisonniers à Saumur, Léonard Bourdon les fit traîner plutôt que conduire à Versailles, où ils furent égorgés par la troupe que commandaient l'Américain Fournier et le Polonais Lajouski (il est constant que le projet fut d'abord de faire égorger les prisonniers à Orléans, mais que Léonard Bourdon trouva dans la population de cette ville tant d'éloignement pour ce massacre, qu'il fut obligé de changer de plan).

Sa nomination à la convention nationale, par le département du Loiret, devint bientôt la récompense de son dévouement à l'horrible système de cette époque.

Dans le sein de cette assemblée, il proposa, dès les premières séances, le renouvellement de toutes les administrations. Il se montra ensuite un des plus acharnés contre Louis XVI ; demanda qu'il ne lui fût plus permis de voir sa famille, et vota pour la mort, sans appel au peuple et sans sursis à l'exécution.

- Se trouvant à Orléans, le 16 mars 1793, et sortant le soir d'une orgie faite avec un tailleur, au Petit Père Noir, il se rendit au club, où il déclama contre les nobles et les riches, et fut insulté à son retour. L'esclandre qu'il fit attira quelques passants, qui tous furent considérés par Bourdon comme des assassins venus pour le poignarder ; et, bien qu'aucun d'eux ne fût armé, il les fit tous arrêter, et dénonça aussi la municipalité, qui ne s'était pas empressée d'accourir à son secours. Treize des principaux habitants furent traduits au tribunal révolutionnaire, et neuf périrent sur l'échafaud. Rien ne put fléchir cet homme féroce. Ce fut en vain qu'on le fit supplier par tout ce qui pouvait avoir quelque accès auprès de lui ; ce fut inutilement que ses propres soeurs vinrent demander à la convention la grâce des prétendus assassins de leur frère : cette assemblée refusa de les entendre.

De retour à la convention, Bourdon concourut de tout son pouvoir au triomphe de la montagne dans la journée du 31 mai 1793. Il fit ensuite décréter une fédération pour célébrer l'anniversaire du 10 août. Le 5 septembre, il appuya la proposition de créer une armée révolutionnaire, et vers la même époque, il déclara à la société des jacobins qu'il fallait que la convention nationale fût purgée des appelants (ceux qui avaient voté l'appel au peuple dans le procès de Louis XVI). Le 7 novembre, il demanda que l'on supprimât toute espèce de traitement aux ecclésiastiques, et proposa de décréter que le monument qu'il s'agissait d'élever au peuple français fût formé des débris de la superstition et de ceux de la royauté. Dans le même temps, il fit décider que tous les biens des prévenus qui se suicideraient seraient saisis comme l'étaient ceux des condamnés. Enfin il appuya ou il fit lui-même toutes les propositions les plus désordonnées, toutes les demandes les plus extravagantes de cette époque ; et il acquit par là une assez grande influence à la convention, dont il fut nommé secrétaire, et aux jacobins, dont il fut président.

Mais il eut le malheur de déplaire à Robespierre, en demandant à cette société, sur la conspiration d'Hébert, des explications qu'il ne convenait pas à Maximilien de lui donner, et surtout la liberté de Ronsin et de Vincent, que le dictateur avait résolu d'envoyer à l'échafaud. Cette orateur si redoutable alors fit contre Bourdon une violente sortie, et alla jusqu'à dire qu'il ne le croyait pas étranger à la conspiration. On conçoit toute la peur que le député d'Orléans dut avoir d'une pareille apostrophe. Cette peur fut telle que dès lors Bourdon garda un silence absolu. Mais, ne doutant pas que tôt ou tard, il ne dût être atteint par son irascible adversaire, il conspira contre lui dans l'ombre, et s'associa aux Barras, aux Fouché, aux Tallien, que les mêmes craintes et la même nécessité réunissaient contre Robespierre.

Ainsi se prépara la révolution du 9 thermidor, à laquelle Léonard concourut avec beaucoup d'énergie. Adjoint à Barras pour le commandement de la force armée, il pénétra pendant la nuit à la tête de quelques gardes nationaux dans la maison commune, où s'étaient réfugiés Robespierre et ses amis. Il se saisit de leurs personnes, les emprisonna dans une chambre de l'hôtel de ville, et fit transporter au comité de la convention Maximilien presque mort d'un coup de pistolet qu'il s'était tiré. Bourdon vint ensuite faire à la tribune un pompeux rapport de ces évènements et il présenta le gendarme Méda qui l'avait très-bien secondé.

Après cette révolution, il parut se rattacher sincèrement au parti qui venait de triompher, et demanda plusieurs fois à la convention et aux jacobins la liberté des prisonniers et l'épuration des autorités. Cependant il était loin d'avoir abjuré son ancien système de sang et de démagogie : on le vit bientôt s'exprimer avec amertume contre les coryphées du Panthéon pour l'ami du peuple Marat. Ce fut lui qui présenta à la convention le projet et le programme de la fête que l'on célébra dans cette occasion. Mais son influence et son crédit, comme celui de tous les agents de la terreur, devait aller sans cesse en diminuant. De nombreuses réclamations s'élevèrent contre lui, et Legendre, son collègue, le traita un jour hautement d'assassin, sans qu'il pût obtenir la parole pour répliquer.

Dans une telle position Bourdon ne pouvait que se réunir au parti que l'on appelait alors la queue de Robespierre, et qui faisait d'inutiles efforts pour rétablir le système du dictateur. Il prit donc avec ce parti une grande part à la révolte du 12 germinal an 3, et il fut décrété d'arrestation comme l'un des membres du comité d'insurrection établi à Paris. On l'arrêta dans la section des Gravilliers, où il avait formé un parti nombreux, et il fut envoyé prisonnier au château de Ham, d'où l'amnistie du 4 brumaire le fit bientôt sortir.

Peu de conventionnels ont essuyé autant que Léonard Bourdon les sarcasmes des journalistes, qui, après le 9 thermidor, contribuèrent tant à la flétrissure des jacobins. Le regardant avec raison comme l'un des plus féroces de ce parti, ils attachèrent à son nom celui de Léopard, par corruption de son prénom. Souvent ils revinrent sur son horrible affaire d'Orléans, et ils l'accusèrent encore de s'être emparé, en 1793, de meubles précieux, sous prétexte de les employer à son école des Élèves de la patrie, dont il avait fait décréter l'établissement. Le 20 juillet 1797, Boissy d'Anglas se plaignit à la tribune du conseil des Cinq-Cents de ne pouvoir faire un pas dans Paris sans être effrayé de l'apparition de cet assassin. Toutes ces attaques, auxquelles il n'était pas facile de répondre, ne purent empêcher le directoire d'envoyer Léonard Bourdon à Hambourg vers la fin de la même année, pour y établir un comité de propagande, et surtout pour y préparer la demande d'une contribution de 10 millions. Mais ce singulier commissaire était à peine arrivé dans cette ville, que la violence de ses discours et de ses notifications y porta l'effroi dans tous les esprits et suspendit toutes les opérations commerciales. Le directoire se vit obligé de le rappeler.

De retour en France, Léonard Bourdon y resta longtemps sans emploi. Il obtint néanmoins sous le gouvernement consulaire (1800) une place de membre du conseil d'administration de l'hôpital militaire de Toulon, qu'il conserva plusieurs années. Il dirigeait à Paris une école primaire dans les derniers temps du gouvernement impérial, et il mourut vers le commencement de la restauration.

Il avait publié :
1° Mémoire sur l'instruction et l'éducation nationale, Paris, 1789, in-8°
2° Recueil des actions civiques des républicains français, 4 numéros, Paris, 1794, in-8°, formant ensemble 90 p.
3° Rapport sur la libre circulation des grains, in-8° de 29 p.
4° Organisation des greniers nationaux décrétée par la convention, in-8° de 11 p.
5° le Tombeau des impostures, ou l'Inauguration du temple de la vérité, SANS-CULOTTIDE DRAMATIQUE, en 3 actes, Paris, 1794, in-8°. Moline et Valcourt travaillèrent avec Bourdon à cet ouvrage ridicule et bien digne de l'époque.

Biographie universelle, ancienne et moderne, MICHAUD - Tome 5 - 1854

 "Il n’est pas moins déconcertant de noter que l’existence de Bourdon de 1800 à 1807, année de sa mort communément admise, demeure un mystère insondable. Nous ne savons rien de cette période, hormis quelques faits bruts : il occupe des fonctions administratives au sein des hôpitaux militaires de Toulon et de Marseille, il s’emploie en vain à rechercher des postes plus adaptés à sa personnalité, à ses centres d’intérêt et meurt, on suppose en 1807 – cela également reste obscur – soit à Breslau en tant que directeur principal des hôpitaux militaires, soit peut‑être à Toulon." (Annales historiques de la Révolution française - 338 - avril-juin 2002 - La Révolution et le Droit - Léonard Bourdon. The Career of a Revolutionary 1754-1807 - comptes rendus - Steven Clay - p. 238-242)

Le site de l'Assemblée Nationale le dit décédé le 29 mai 1807 à Wroclaw (Pologne).

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