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La Maraîchine Normande
5 octobre 2015

LA JUBAUDIÈRE - LE MAY-SUR-ÈVRE (49) - PIERRE LUNEL, DIT MAYENCE OU LE BRAVE LUNEL (1779-1825)

 

LE SEL DE BRETAGNE

 

 

PIERRE LUNEL, fils de René Lunel et de Jeanne Lorieux, est né au Pas-Géraux (Le Sel-de-Bretagne, Ille et Vilaine),  le 6 novembre 1779 et baptisé le lendemain.  Il épouse, le 29 octobre 1811, à la Jubaudière, Jeanne Cathelineau, fille du généralissime.

 

acte naissance Pierre LUNEL

 

acte mariage Pierre Lunel Jeanne Cathelineau

 

PIERRE LUNEL naquit en 1779, dans le canton de Redon (Ille-et-Villaine), de cultivateurs qui le confièrent, dix ans après, aux soins charitables d'une famille d'Ancenis, qui fut une des premières victimes de nos désastres. La hache révolutionnaire priva LUNEL de ses bienfaiteurs, et il devint domestique d'un meunier du voisinage.

Bientôt il entendit parler de l'entreprise des Vendéens, et, quoiqu'il n'eût que quatorze ans, il résolut de combattre le gouvernement impie et sanguinaire de la France.

Dès que l'armée vendéenne, marchant sur Nantes, parut vers Ancenis, il alla la joindre en armes, se battit le lendemain à Nort, et entra des premiers dans cette petite ville. Il prit part à la mémorable attaque de Nantes, et suivit dans la Vendée le corps commandé par M. Chetou.

Lorsque l'armée catholique et royale passa la Loire, il marcha avec elle, et fit toute cette campagne, jusqu'au combat de Savenay, où les débris des royalistes furent presque anéantis. Blessé d'un coup de feu au cou, il passa trente-six heures dans le marais de Savenay, et trois jours dans la forêt de Cambron, qui en est proche. C'étoit vers la fin de décembre. La faim le força de quitter cette retraite, d'ailleurs environnée de périls, et de chercher un autre refuge.

Trente-huit Vendéens se réunirent successivement à lui, et ils allèrent ensemble dans la forêt d'Ancenis. Ils y passèrent l'hiver, et l'on imagine aisément quelles souffrances furent leur partage : ils étoient sans vivres, sans abris, et dépourvus des vêtemens nécessaires dans la saison rigoureuse. Ce n'étoit guère au prix de leur sang qu'ils se procuroient du pain ; car les paysans républicains ne se bornoient pas à leur en refuser, ils blessèrent et massacrèrent même plusieurs de ses malheureux compagnons. LUNEL courut plusieurs fois le plus grand danger en cherchant des subsistances : un jour étant allé, avec un camarade, demander du pain dans une ferme de la paroisse des Touches, on leur en refusa durement, et deux hommes armés, l'un d'une fourche de fer, et l'autre d'une faulx, tombèrent sur eux : la nécessité les obligea à faire usage de leurs baïonnettes. Après avoir tué un paysan, et blessé l'autre, ils entrèrent dans la ferme, et prirent deux pains qu'ils allèrent partager avec leurs malheureux compagnons.

Cette forêt devint successivement la retraite d'un grand nombre de Vendéens qui erroient çà et là de ce côté de la Bretagne.

A la fin du mois de mars 1794, ils étoient plus de deux cents, et se donnèrent pour chef M. Plouzain, qui se distingua sous les ordres de M. de Bourmont.

Vers cette époque, les malheureux Vendéens qui avoient échappé aux massacres du Mans et de Savenay, se rencontrant par troupes dans les forêts, et se joignant aux royalistes du pays, résolurent de renouveler la guerre. Telle fut l'origine de la chouannerie, espèce de guerre de partisans, qui se répandit dans une partie de la Bretagne, de la Normandie et du Maine.

En sortant de la forêt d'Ancenis, LUNEL et ses compagnons surprirent, à Riaillé, près de deux cent républicains qui périrent presque tous dans le combat. Ils se portèrent ensuite à la forêt de Bonnève, où ils battirent également l'ennemi ; mais les bois de Rougé leur devinrent funestes : ils y furent attaqués, et ils perdirent, outre beaucoup d'hommes, tous les chevaux que la victoire leur avoit procurés. Cependant ils prirent bientôt leur revanche : deux jours après, Dupré et Bernard se mirent à leur tête, et Montrelai, près Ingrandes, devint le théâtre d'un combat nocturne, où l'ennemi fut écharpé. Au reste, ces expéditions et ces coups de main ne pouvoient avoir de grands résultats : les chouans n'avoient ni places fortes, ni lieux pour se retirer et se réunir en grand nombre, et la difficulté qu'ils avoient à se procurer des provisions, les obligeoit à se disséminer.

En quittant Montrelai, cette petite troupe se dispersa, et LUNEL, avec trente-sept camarades, gagna la forêt du Gavre, près Belin. Ils y restèrent pendant deux mois, et n'en sortoient que la nuit, pour chercher des provisions ; mais, les royalistes étant parvenus à se concerter, la guerre acquit plus d'importance. Les chouans, réunis en grand nombre, formoient des corps, et la troupe à laquelle LUNEL appartenoit, livra presque tous les jours à l'ennemi des combats où les succès étoient partagés.

Cette guerre dura jusqu'au mois d'avril 1795, où la république fit la paix avec les chouans, comme avec les généraux de la Vendée.

Alors Lunel se loua chez un fermier de la paroisse de Saint-Herblons, près Ancenis. Il y resta dix-huit mois, passa ensuite la Loire ; se plaça chez un meunier de la paroisse du May, près de Beaupréau, et depuis ce moment, il a de nouveau pris part à toutes les entreprises des Vendéens. Mais, fatigué de la condition domestique, il résolut de prendre l'état de maçon, ainsi que celui de tailleur de pierre, à la Jubaudière, bourg situé près de Beaupréau.

En 1799, une partie de la Vendée reprit les armes : LUNEL se joignit à MM. Forestier et Saint-Hubert, qui commandoient un gros parti. Il prit part aux combats de Beaupréau, de Piedeau, près de Jallais, des Herbiers, de la Bruffière, à l'affaire de la Châtaigneraye, près de la Gaubretière. Son cheval, blessé de plusieurs coups de feu, dans une charge contre l'infanterie, périt en traversant un étang, et LUNEL courut risque de se noyer et d'être pris par les républicains. Observons qu'il se battoit à pied comme à cheval, et que, dans la guerre de la Vendée, il appartint tour à tour à la cavalerie et à l'infanterie.

Échappé de ce péril, il rejoignit la troupe de M. Saint-Hubert, qui attaqua l'ennemi, sur la hauteur de Nuaillé, près Cholet. Dans cet engagement, où M. Saint-Hubert fut blessé d'une balle au pied, LUNEL reçut cinq coups de sabre. Cependant il y prit un cheval, et peu de temps après, il alla rejoindre ses camarades.

Arrivés à Saint-Melaise, une femme républicaine les trompa, et ils s'engagèrent, sans le savoir, au milieu des ennemis : il fallut se faire jour, le sabre à la main, et plusieurs Vendéens perdirent la vie. LUNEL ayant eu le bonheur de faire une trouée, se dirigea du côté du Montrevault ; et, chemin faisant, il sabra deux ennemis. S'étant de nouveau réuni avec M. Forestier, la troupe que ce dernier et M. de l'Épinay, beau-fils de M. de Beauvollier, commandoient, attaqua les Bleus à Sirière. Ceux-ci furent maltraités ; mais les Vendéens y perdirent M. de l'Épinay fils, et M. Forestier fut aussi blessé.

Après cette affaire, les royalistes, commandés par MM. Renou et d'Autichamp, se réunirent pour livrer bataille à l'ennemi qui occupoit en force les Aubiers. L'affaire eut d'heureux commencemens ; mais, à la vue de l'intrépide Renou, qui étoit grièvement blessé, l'infanterie vendéenne plia, et bientôt elle prit la déroute. Dans une charge faite pour protéger les fantassins, LUNEL tomba, avec son cheval, dans un fossé où il faillit être pris par les républicains. Une nouvelle pacification termina les mouvemens de la Vendée. LUNEL reprit aussitôt son état, et se fit remarquer par sa bonne conduite, comme il s'étoit signalé par son courage. C'est à ces divers titres qu'il devint l'époux de Jeanne Cathelineau.

Lorsqu'en 1815, le retour de Buonaparte força le Roi de France à quitter le trône de ses pères, LUNEL avoit un enfant en bas âge, sa femme étoit enceinte ; cependant, il les quitta pour se rendre au château de Saint-Aubin-de-Baubigné, où M. Auguste de La Rochejaquelein rassembloit des troupes. Le 15 mai, un détachement de Vendéens, dont LUNEL faisoit partie, marcha sur Maulévrier, que deux cents soldats de Buonaparte occupoient. Ils se retirèrent à leur approche, et les royalistes se portèrent sur les Aubiers, où étoit leur quartier-général. Le 18, ils attaquèrent l'ennemi aux Échobroignes ; il fut battu et poursuivi jusqu'à Châtillon-sur-Sèvres. Dans cette affaire, LUNEL tua un grenadier, et prit deux voltigeurs qu'il conduisit au quartier-général.

Le 20, un détachement de Vendéens, parmi lesquels étoit LUNEL, se dirigea sur Saint-Gilles, où s'opéroit le premier débarquement de munitions ; ils trouvèrent le convoi à Saint-Denis-Lachevasse, et l'emmenèrent aux Aubiers.

Quelques jours après, MM. Louis et Auguste de La Rochejaquelein, à la tête d'environ trois mille Vendéens, marchèrent sur Saint-Gilles, pour favoriser et recevoir un second débarquement d'armes, de munitions et d'objets d'équipement. La division du général Travot attaqua, à Croix-de-Vie, les Vendéens qui favorisoient le second débarquement. L'affaire commença à cinq heures du soir, et le lendemain, à huit heures du soir, les royalistes tenoient encore tête à l'ennemi. Dans cet intervalle, les positions furent prises et reprises, sans qu'aucun parti eût décidément l'avantage ; mais, ne recevant pas les secours qu'ils attendoient, les Vendéens furent obligés de se retirer sur Saint-Jean-de-Mont et sur le Perrier. Après avoir combattu dans ces deux journées, LUNEL fit partie d'un piquet de trente hommes qui escortoit un convoi de munitions.

Arrivés au pont des Mattes, ils furent tout à coup assaillis par un détachement considérable d'ennemis, auquel leur foible escorte ne put résister, et qui s'empara du convoi. LUNEL fut du nombre de ceux qui purent joindre le corps d'armée de MM. de La Rochejaquelein : déjà il étoit aux prises avec les troupes de Buonaparte. Dans ce combat mémorable, les Vendéens, animés par l'exemple de leurs chefs, montrèrent leur ancienne valeur, et résistèrent long-temps à des troupes nombreuses et aguerries ; mais la victoire ne leur fut point favorable, et ils eurent le malheur de perdre le général Louis de La Rochejaquelein. Frappé d'une balle dans la poitrine, il fit le signe de croix, et tomba mort ... Français ! c'est ainsi que les guerriers de la Vendée descendent au tombeau ! ...

Après ce combat, les Vendéens rentrèrent chez eux, et LUNEL eut la permission de revoir sa femme, qui étoit malade et au terme de sa grossesse. Le bruit avoit couru qu'il étoit mort, et l'on avoit eu l'imprudence de le lui communiquer. Le saisissement et les chagrins qu'elle éprouva altérèrent gravement sa santé, et elle mit au monde un enfant qui est voué aux plus affligeantes infirmités.

Après avoir passé huit jours auprès de sa femme, LUNEL, maîtrisant les sentimens de la nature, se rendit auprès de M. le général Auguste de La Rochejaquelein, à Saint-Aubin-de-Baubigné, et de là au quartier-général de Châtillon-sur-Sèvres, où il fut fait maréchal-des-logis en chef d'une des compagnies de cavalerie, organisées dans le quatrième corps.

Peu de jours après, il partit avec sa compagnie et d'autres troupes vendéennes, destinées à l'attaque de Thouars. Cette ville fut sommée ; le commandant gagna du temps, et demanda des secours dont l'arrivée changea la face des affaires. Les Vendéens qui venoient de s'emparer de Thouars furent obligés de l'évacuer, et de tenir la campagne. Aux approches de l'ennemi, LUNEL, suivi de sept cavaliers, fut en présence de deux hussards qui s'approchoient avec confiance, et paroissoient vouloir leur tendre quelque piège. Les cavaliers vendéens n'ayant pu les atteindre par une décharge de leur carabine, LUNEL, entraîné par sa bravoure, eut l'imprudence de mettre pied à terre, pour pouvoir leur porter des coups sûrs ; et, s'avança à quelques pas, il tira un coup de carabine qui toucha un des deux hussards ; mais comme il rechargeoit son arme, un peloton de hussards, qui étoit embusqué, tombe sur des cavaliers royalistes, et LUNEL, qui n'eut pas le temps de remonter sur son cheval, fut fait prisonnier. Le général de Laage, qui n'étoit pas éloigné, confia LUNEL à la garde des sapeurs qui étoient à la tête d'une colonne d'ennemis. Les sapeurs l'attachèrent par les bras, et l'exposèrent au feu des royalistes, en le plaçant à la tête de la colonne. Il fut livré à une soldatesque barbare ; elle ne se borna pas à l'insulter, à le bafouer, à lui cracher au visage, à lui arracher la barbe, et à le meurtrir de coups ; elle le dépouilla de tous ses vêtemens, et ce fut la plus cruelle de ses épreuves, et la seule qui lui arracha des supplications. Il obtint de quoi couvrir sa nudité.

Dans ce triste état, il n'attendoit plus que la mort ; mais un officier charmé de sa valeur le prit sous sa protection. Le général de Laage l'ayant mis en liberté, le lendemain il se rendit, à Châtillon-sur-Sèvres, où étoit le quartier-général de M. Auguste de La Rochejaquelein. Il y arriva tête et pieds nus, et couvert seulement de son pantalon et de sa chemise.

Quelques jours après, la paix termina les mouvemens militaires de la Vendée, et PIERRE LUNEL retourna dans sa famille, qui est établie à la Jubaudière, près de Beaupréau. ...

"Lunel a depuis trois ans une pension de 300 francs, et sa femme autant ; mais Lunel souffre beaucoup de ses blessures, et de plus, il s'est cassé le bras l'été de 1820. Il ,e peut plus travailler, et ne sachant ni lire ni écrire, il ne peut occuper aucune place ; il a quatre enfans dont l'aîné a huit ans. Espérant que dans un moment où des croix de la Légion-d'honneur vont être données, le brave Lunel en aura une" (Note de Mme de La Rochejaquelein)

Extrait : Vie de Jacques Cathelineau : premier généralissime des armées catholiques et royales de la Vendée - seconde édition - Imprimerie de Le Normant, Rue de Seine, Paris - 1821

 

ACTE DECES PIERRE LUNEL

 

PIERRE LUNEL reçut, le 17 août [1822], la croix de la Légion d'Honneur, et mourut au May le 28 juillet 1825 (à l'âge de 45 ans). Sa veuve lui survécut jusqu'en 1875 [décédée le 18 octobre, à l'âge de 83 ans]. ( Dictionnaire Historique de Maine-et-Loire - AD49)

 

acte décès Jeanne Cathelineau

 

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