BAIS ASSIEGÉ PAR LES CHOUANS
Bais eut beaucoup à souffrir pendant les années troublées de la Révolution. Les chouans mirent le feu à la partie sud du bourg et luttèrent contre les habitants et la troupe régulière qui s'était réfugiée dans le clocher.
Le rapport du commandant de la garde nationale de Bais, Boudier-Fontaine (Arch. de la Guerre) dit que les chouans étaient mille à douze cents et les gardes nationaux soixante seulement, chiffres forcés. Il n'y avait pas de troupes de ligne dans le bourg.
Une première sommation avait été faite aux habitants de remettre leurs armes et ils avaient refusé." Les habitants de Bais ont juré de se défendre. Ils ne veulent ni vous faire de mal ni en avoir. Laissez-les tranquilles, ou vous serez la cause de la mort des personnes qui veulent le bien de leur parti. Je vous le demande encore, laissez-nous en paix. Lair Lamotte, commissaire."
Une fusillade assez vive s'engagea entre les chouans et les habitants retranchés dans quelques maisons. Mérille fit mettre le feu en plusieurs endroits. Une dizaine de maisons furent brûlées.
Les défenseurs s'étant retirés dans l'église, Mérille leur envoie une nouvelle sommation : "Rendez-vos armes ; que quatre de vos principaux viennent assurer que vous êtes de bonne foi et de suite, j'irai, si vous arrêtez, aider à éteindre le feu que j'ai fait allumer, non sans un bien vif chagrin ! Venez promptement, ou nous allons vous livrer un dernier assaut, et vous n'échapperez pas. Vous savez que nous sommes humains, venez, sur ma parole d'honneur, venez !" (J. Mérille dit Jean ou Beauregard, inspecteur).
A cette sommation était jointe la copie d'un certificat des habitants de Rouessé, attestant que "les troupes royalistes qui étaient entrées dans ce bourg, s'y étaient conduites avec toute la délicatesse accoutumée aux défenseurs de l'autel et du trône. 3 septembre 1799", termes que l'on peut supposer dictés par ces défenseurs eux-mêmes.
Les femmes éplorées insistaient pour qu'on ne prolongeât pas la défense. Une capitulation fut commencée."
"Le déclarant (Boudier-Fontaine) envoya dire aux brigands qu'ils n'avaient qu'à débloquer le bourg et rassembler leurs troupes, les habitants allaient leur déposer leurs armes.
Les brigands suivirent cet avis.
A l'instant, profitant du déblocus, le déclarant se sauva à quatre pieds, avec trois autres citoyens, emportant leurs armes et munitions, et se sauvèrent par les derrières jusque dans un bois où ils se cachèrent jusqu'au soir."
Cela ressemble assez à un manque de foi. Les autres armes furent rendues.
Le rapport ne parle ni de pillage ni de contributions. Il ajoute que les assaillants eurent huit hommes tués, dont un nommé Frédérich (Paragusti, croyons-nous), "que le déclarant tua de sa main avec deux autres", et dix autres blessés grièvement. Les républicains n'auraient eu qu'un homme tué et une femme blessée à la cuisse.
Le rapport du général Vimeux au Ministre de la Guerre (1er octobre) porte que les chouans n'ont pu pénétrer dans le bourg ; qu'ils ont eu quinze tués et quarante blessés. De la capitulation, pas un mot. (Journal des hommes libres, 6e complémentaire an VII - Renouard - Essais historique sur le Maine, t. II - p. 297).
Extrait : Monographie communale - Bais - AD53 - MS80 11/01 - p. 43-44