LE BIGNON-DU-MAINE (53) - LE CLERGÉ AU BIGNON
Au moment de l'exécution des décrets sur la constitution civile du clergé, en 1790, 91 et 92, les curés et prêtres du Bignon résistèrent carrément aux autorités. Un s'exila en Allemagne et revint en 1797 au Bignon après le fort de la Terreur passé, mais, obligé de se cacher pour éviter de nouveau la police, il fut pris de paralysie dans une ferme où il se retirait et mourut après avoir été transporté en cachette dans sa famille à Laval.
Le chapelain de la Guyardière fut peut-être le dernier prêtre de la contrée à célébrer la messe publiquement dans l'église paroissiale du Bignon. Les habitants des paroisses voisines y venaient en grand nombre. Le Bignon avait si bonne réputation pour l'accueil ... (illisible), en même temps que respectueuse et dévouée pour ses prêtres qu'à l'époque troublée de la Terreur, une douzaine au moins de ces messieurs vinrent y chercher un refuge dans l'exil. Ils se retiraient dans les fermes qui les recevaient en proportion de la foi vive du pays, et ils célébraient la messe dans les granges, hangards, ou bâtiments les premiers venus, avec la population qui avait fait savoir le lieu et l'heure de la célébration du divin sacrifice.
Une de ces fermes qui existe encore avec tous ses bâtiments du XVème siècle, est la Réhaurie. Le saint sacrement y resta conservé pendant 7 ans dans un petit grenier au-dessus d'une étable, il était renfermé dans une boîte de carton. Il y avait jusqu'à 5 cachettes pour les prêtres et les chouans blessés qui venaient s'y faire soigner.
Comme les armées passaient et repassaient, on n'y était pas en sûreté quand même, et une sentinelle guettait toujours, jetant des pierres sur les toits quand elle craignait une attaque.
L'église paroissiale fut volée de ses ornements et statues qui furent brûlés sur la place par une armée de patriotes de Ballée ayant à leur tête une femme.
Une des cloches fut également enlevée du clocher.
La chouannerie avait organisé une garde au Bignon, le capitaine, un nommé Corbin, fut arrêté à la ferme de la Massonnière, conduit à Laval et exécuté.
Un des prêtres qui s'étaient réfugiés au Bignon, nommé Pierre Gestin, en reconnaissance de ce que la paroisse lui avait sauvé la vie, résolut de donner la sienne pour le bien spirituel des habitants. Il était du diocèse de Nantes ; il demanda et il obtint, avec assez de mal, à être le curé de la paroisse qu'il ne voulut plus quitter.
M. Pierre Gestin commença par restaurer son église et se donna tout entier à son troupeau. Ce prêtre qui administra sa paroisse de 1792 à 1852 était devenu bientôt l'idole de ses paroissiens qui voyaient en lui un homme supérieur, un saint. Tous admiraient sa simplicité, l'ardeur de sa foi, son zèle apostolique et bien aussi sa sobriété, les habitudes vives et laborieuses. Les nombreuses personnes qui l'ont connu n'en parlent qu'avec admiration et si la foi est restée vive au Bignon, ce prêtre actif, vigilant, rigoriste, paraît-il, qui se souvenait du passé et craignait pour l'avenir dans son long sacerdoce, a assurément fait tout son possible pour la raviver, pour réparer les brèches de la Révolution.
L'abbé Gestin est décédé au Bignon-du-Maine, le 11 novembre 1852, à l'âge de 91 ans.
La tradition de ce prêtre actif fut continuée par ses successeurs qui furent aidés même par le maire, M. Destouches qui ne craignait pas d'aller à Rome aux pieds du Saint Père pour obtenir des faveurs spirituelles pour la paroisse.
Extrait : Monographie communale - Le Bignon-du-Maine - AD53 MS80 07/05 - p. 17-18