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La Maraîchine Normande
21 août 2015

LE HAM (53) - LOUIS-FRANÇOIS-CHARLES DUPORTAIL DE LA BINARDIÈRE, PRÊTRE

Le Ham

 

Le presbytère du Ham est un peu isolé, à 10 minutes de l'église, il ressemble à une ancienne ferme, mais, malgré sa modeste apparence s'il possédait seulement un étage, il serait bien agréable. La cure du Ham possède un beau jardin au soleil levant, une grande cour sablée au couchant : c'est la cour d'entrée. Le tout est renfermé par un portail solide.

Dans cette même demeure à l'époque de la grande Révolution, M. Louis Duportail de la Binardière, âgé de 34 ans, était curé du Ham. Depuis le 22 mars 1774 jusqu'au mois d'avril 1787, il travailla de tout son pouvoir au salut des âmes dont il avait la charge ; il se montra sans cesse le père des pauvres et le consolateur des affligés jusqu'au moment où il se démit de son emploi de la cure du Ham pour aller habiter auprès de sa mère nonagénaire qui habitait la petite ville de Bellême, chef-lieu de canton dans l'Orne.

Son zèle pour défendre la religion catholique lui fit beaucoup d'ennemis. Le curé d'une commune voisine (Secigny), prêtre constitutionnel étant en danger de mort, Louis Duportail fut appelé à son chevet mais il refusa de lui administrer les sacrements jusqu'à ce que le moribond eut rétracté son serment et réparé le scandale qu'il avait causé en optant pour la constitution.

Depuis ce moment, les partisans de la constitution résolurent la perte de l'ancien curé du Ham qui s'échappa au Mans.

Croyant le danger moins grand, il revint auprès de sa vieille mère. Le curé constitutionnel de Bellême fit auprès de lui toutes les avances possibles pour le gagner à son parti. N'y pouvant réussir, il voulut l'obliger à assister à ses offices et à communiquer extérieurement avec lui. Toutes ses ruses et tous ses efforts furent inutiles, le prêtre resta ferme dans sa foi. Ses ennemis employèrent la force. Le dimanche 19 août 1792, les volontaires des communes voisines étaient présents à Bellême pour s'enrôler pour la défense de la patrie. Cette réunion servit merveilleusement le dessein des ennemis de Louis Duportail.

Un orateur des sociétés politiques débita un discours par lequel il montrait qu'il n'y avait qu'un moyen, qu'une voie de salut pour tous ceux qui voulaient la rénovation de la France et l'abolition de la servitude, sous laquelle elle vivait et gémissait, c'était de se défaire de tous les réactionnaires qui rêvaient le rétablissement des anciens abus. Puis, il désigna Louis Duportail. C'est un aristocrate, un traître à la patrie, plus dangereux que ceux que nous allons combattre. En refusant de prêter serment à la constitution, en se montrant rebelle aux lois, il sème et entretient la division parmi les citoyens. Il faut que cet homme perfide, trop longtemps supporté, obéisse ou succombe victime de son incivisme.

Ce discours fut bien accueilli par la réunion échauffée par l'ivresse, la fureur et la peur, car à l'avance de fortes rations d'eau-de-vie avaient été distribuées. A l'instant, la foule se porta tumultueusement vers la maison de Louis Duportail en criant : Vive la nation - A bas les aristocrates, les ennemis du peuple.

Il était trois heures du soir. Ils trouvèrent Duportail caché dans un grenier, ils le saisirent et le conduisirent dans la rue au milieu de hurlements sauvages.

Une scène déchirante se passa alors. La mère de Duportail se précipite aux pieds des bourreaux, les conjure avec larmes d'avoir pitié d'elle, de ne pas lui ravir son fils. Elle s'attache à lui, le serre entre ses bras et essaie vainement de le retenir. Inutiles efforts, inutiles supplications.

Les cannibales arrachent le fils des bras de la mère en disant : Il va jurer ou mourir. Au nombre de ces hommes se trouvait le filleul de Duportail qu'il avait comblé de tant de bienfaits.

J'ai fait à Dieu d'autres serments, reprend avec calme le courageux martyrs, je ne les violerai pas pour faire les vôtres.

A l'instant, sa tête séparée du tronc roula dans la poussière. On la mit au bout d'une pique et on la promena dans les rues de la ville.

Ainsi termine sa vie, Louis Duportail de la Binardière, à l'âge de 52 ans. [19 août 1792]

Un autre curé du Ham, Nicolas Villette, âgé de 49 ans fut aussi une victime de la grande Révolution. Il fut du nombre des 12 prêtres manceaux portés dans le décret rendu par le directoire du département, le 11 avril 1793, pour subir la déportation. Il fut écroué à la prison de Bordeaux jusqu'à la fin de l'année 1794. Il fut dispensé de l'embarquement et revint au Ham. En 1802, il fut nommé desservant de Gennes, canton de St-Paterne, arrondissement de Mamers (Sarthe).

Il fut remplacé par Pierre Cantpin qui demeura au Ham jusqu'en 1820. A cette époque, M. Renaut prit possession de la cure du Ham, il y resta 5 ans et sur sa demande, fut nommé à Loupfougères en 1825.

Alors, parut M. Maillard, curé de Dehaut (Sarthe). Il était originaire de Lassay ; il fut nommé au Ham pour se rapprocher de sa famille et il y resta pendant 53 ans.

Extrait : Monographie communale - Le Ham - MS80 15/05 - p. 23-24-25

 

LOUIS DUPORTAIL DE LA BINARDIÈRE - Fils de Messire René Duportail, écuyer, Seigneur de la Binardière et de ? - Baptisé le 3 janvier 1740 à Saint-Jouin-de-Blavou (61) - Massacré à Bellême le 19 août 1792.

 

acte naissance curé du Portail de la Binardière

 

 

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