Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
18 août 2015

LA MILESSE (72) - 1793 - MASSACRE DE 52 VENDÉENS : "LA BOUCHERIE DE MILESSE"

A Milesse, petite paroisse du canton du Mans, cinquante-deux Vendéens, parmi lesquels il y avait quelques ecclésiastiques, furent assassinés à la porte de l'Église par un rassemblement de furieux républicains qui se livrèrent contre leurs victimes aux derniers excès de barbarie.

 

La Milesse église


De tous les récits qu'on nous a faits de cette tragique et déplorable histoire, nous préférons celui d'un intéressant charbonnier de la Bazoge, qui, à l'âge de neuf ans, fut soustrait au glaive meurtrier par la générosité d'un honnête homme. Son bienfaiteur, après lui avoir prodigué les soins les plus tendres et les plus variés, le constitua son héritier, et le fils adoptif du père Yvon, autrement appelé Deslauriers, a continué jusqu'ici d'habiter la maison où il a trouvé dans les malheurs de son enfance une si douce hospitalité. Malgré de nombreuses et pressantes sollicitations, Sablère (*) qui s'était fait charbonnier, à l'exemple de son bienfaiteur, n'a pu se déterminer à quitter un état qui lui rappelle sans cesse la dette de la reconnaissance, et il n'a pas moins refusé d'abandonner le toit chéri sous lequel il avait eu le bonheur de trouver un nouveau père. Cependant, il est né gentilhomme et ses manières, aussi bien que ses sentiments, sont encore dignes de sa première condition.


Mais écoutons son touchant récit :


"J'étais au Mans avec ma famille, lors de la fatale déroute. Mon frère et moi nous descendions la place de l'Épron, quand le même boulet vint tuer nos deux chevaux. Jeté dans la foule des fuyards, je me porte avec eux vers la route de Laval, sur laquelle nos gens devaient rallier en cas de malheur. Je ne sais ce que devint mon frère. Pour mon père, il me trouva après mille recherches. Comme il m'était impossible de suivre notre monde, nous nous enfonçâmes dans un bois avec quelques amis qui ne voulurent pas nous abandonner. Nous rencontrâmes quelques paysans armés de fourches et de faulx qui nous demandèrent où nous allions. Nous nous sauvons, dit mon père. Soit crainte, soit humanité, ces paysans nous laissèrent un libre passage. Notre intention était de côtoyer la route de Laval, pour y rejoindre les débris de l'armée. Bientôt nous voyons accourir vers nous un des paysans. "Mes amis, s'écria-t-il de loin, attendez-moi, je vais vous conduire en lieu de sûreté." Le traître ! il devait nous perdre.

Accablés de fatigue et loin de soupçonner sa perfidie, nous nous confiâmes à cet homme qui nous dirigea tout droit sur le petit bourg d'Aigné, où nous trouvâmes une quarantaine des nôtres entre les mains des paysans du canton. "Nous sommes trahis ! s'écria mon père ; "le malheureux nous a trahis !" On garrotta nos infortunés compatriotes, et on les poussa du côté de Milesse, pour les reconduire au Mans. Pour moi, je ne fus pas attaché, sans doute à cause de mon âge ; on se contenta de me faire suivre la troupe, avec une jeune demoiselle qui fut barbarement fusillée quelques jours après la boucherie de Milesse (Les gens du pays racontent que les vêtements de la Vendéenne furent toujours rouges de sang, malgré les efforts qu'on fit pour les blanchir).


Ce bourg n'est éloigné de celui d'Aigné que d'un petit quart de lieue. Nous ne tardâmes pas à y arriver. On nous fit arrêter devant la grande porte de l'église. Nous étions, je crois, cinquante-quatre, en comptant la jeune Vendéenne. Les prisonniers s'attendaient à chaque instant à la mort. Ils avaient à faire à de féroces républicains. Tout le long de la route, on les avait menacés avec d'horribles blasphèmes. Tout à coup, une voix terrible se fait entendre : Mort, mort aux Vendéens ; délivrons la république de ces brigands. Le même cri se répète dans cinq ou six bouches ; déjà les dispositions sont faites ; on nous entraîne derrière le cimetière pour nous massacrer. Je tremblais de tous mes membres ; j'étais si jeune, et j'allais mourir ! Une foule considérable nous entoure, sans paraître effrayée de l'horrible spectacle qu'elle allait avoir sous les yeux.

Citoyens, citoyens, mes amis, vient crier un vieux charbonnier, voulez-vous me donner cet enfant-là ? je n'en ai point : il me servira de fils". Mon père voyant qu'on parlait de moi, se retourna en pleurant, et dit à cet honnête homme : "Ah ! tâchez, je vous en supplie, de l'arracher à la mort." Un des assassins lui dit qu'il peut le prendre. Aussitôt il me charge sur ses épaules et fend la foule, en fuyant ce lieu d'horreur. Quelques-uns des républicains s'indignent qu'on laisse échapper ce petit brigand. Ils mettent le charbonnier en joue et jurent de le fusiller. "Que voulez-vous faire à cette pauvre créature, leur dit-il, elle est innocente comme l'enfant qui vient de naître ?" Peut-être ne se seraient-ils pas contentés de cette réponse ; mais leurs camarades les appelaient à grands cris pour égorger les royalistes, et ils me laissèrent avec mon sauveur.

 

bleus


J'ai appris depuis qu'ils firent mourir d'une manière affreuse mon père et ses compagnons d'infortune. Un des républicains avait fait le serment d'en immoler une fourniture (c'est-à-dire vingt-un) pour sa part. N'ayant pu, quoiqu'en se dépêchant, en sacrifier que vingt : Couche-toi là, dit-il à son chien", et il tua le fidèle animal pour compléter le nombre.


Les corps furent jetés pèle-mêle dans une fosse immense que l'on creusa derrière le cimetière. Plusieurs des royalistes vivaient encore, et on voyait la terre qui les recouvrait se soulever par intervalle. Une des victimes s'était laissée tomber aux premiers coups, sans avoir été atteinte. Les meurtriers l'enlevèrent avec deux fourches et la jetèrent toute vive dans la fosse commune."

 

LA MILESSE PLAN TERRIEN XVIIIe


Nous ajouterons à ces détails que le plus coupable de ces meurtriers a rendu le dernier soupir, dans de grands sentiments de pénitence. Ayant été frappé de la foudre et accablé d'infirmités, il reconnut dans ces châtiments la main d'un Dieu vengeur et employa le reste de ses forces à apaiser sa justice. En mourant, il donna une croix d'expiation que la prudence chrétienne a empêché de planter sur la tombe des martyrs. On la voit à une des extrémités du bourg.

Extrait : Les martyrs du Maine - par Théodore Perrin - 1837

(*) Peut-être Louis-Julien La Sablaire :  - Registre destiné à inscrire les enfants à vacciner - p. 67 du Registre de délibérations - La Bazoge - 1791-an VIII - Cote 1 MI 1343 (R88) - AD72

 

Milesse1810

Milesse1844

Publicité
Commentaires
G
Mes grands-pères de 1603 à 1780 sont de Aigné, je fais toute ma lignée (j'habite dans le Vaucluse) donc de 1603 à nos jours et je cherche tous renseignements sur -Aigné puis La chapelle St Aubin et Milesse.<br /> <br /> J'ai actuellement environ 180 ascendants de 1603 à 1905. Je cherche de 1900 à 2015. Je cherche aussi la vie de ces paroisse sur 4 siècles. Merci pour d'éventuelles renseignements et ceux que je peux donner. <br /> <br /> Jacques GIRARD 12-2-1943
Répondre
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité