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La Maraîchine Normande
22 mai 2015

1832 - LA RONDE - MONCOUTANT (79) - FERDINAND BÉCHÉ, CHOUAN

Moncoutant église

 

C'est peut-être à la Ronde que l'on manifesta plus de sympathie envers les réfractaires et les partisans qui se réclamaient de la Petite Chouannerie.

Le 22 mars 1832, une colonne de soldats était sur le point de capturer une bande de rebelles, lorsque des femmes du bourg alertèrent ces derniers, qui parvinrent à fuir.

Ferdinand Béché, 32 ans, un Moncoutantais originaire de la Ronde, fut un des plus redoutables chefs de bande de la Chouannerie.

Ferdinand Béché, domestique du baron Mallet-Roquefort, était rentré à Moncoutant au mois d'avril 1831, après avoir fait la campagne d'Espagne de 1823. Bientôt arrêté pour propos séditieux, il fut relâché à la suite d'une ordonnance de non-lieu. Mais il reprenait aussitôt la lutte contre le régime.

Le 24 octobre 1831, il abattit le drapeau tricolore flottant sur l'église de La Ronde, le remplaçant par le drapeau blanc. A la tête d'une trentaine d'hommes, parmi lesquels de redoutables bandits, il commit de nombreux méfaits, pillant les fermes, rançonnant les cultivateurs, qui, par crainte de représailles, n'osaient pas se plaindre. (Extrait : Actes du 89ème Congrès des sociétés savantes - Tome 2 - Volume 2 - 1964-1965)

 

Cour Royale de Poitiers
Arrêt qui renvoie à la Cour d'assises de Niort, François Petit et 41 autres individus, comme accusés de divers crimes et délits (dont Ferdinand Béché)

Ferdinand Béché, âgé de trente-cinq ans, né à la Ronde, demeurant à Moncoutant, ancien laquais de M. le baron de Mallet-Rocquefort, ex-colonel du régiment étranger de Holenlohe, à Bordeaux, contumax ;

Charges : à raison de la tentative d'assassinat commise sur la personne du sieur Florisson, de la destruction du drapeau tricolore dans la commune de la Ronde, des attentats commis contre le Gouvernement postérieurement au mois de juillet mil huit cent trente et un, qu'il doit être statué à cet égard comme s'il n'existait pas d'ordonnance de non-lieu le concernant ;

C'est dans le mois de septembre 1831, qu'apparaît sur la scène un nouvel accusé, Ferdinand Béché ; celui-là sortait du service du baron de Mallet-Roquefort, ex-lieutenant-colonel au régiment étranger du prince de Hohenlohe, et il avait fait avec son maître la campagne d'Espagne, en 1823.


Béché, arrivé à Moncoutant, son pays natal, le 27 avril 1831, s'aboucha aussitôt avec quelques gentilshommes du pays ; il annonçait qu'il se proposait d'aller à la Forêt-sur-Sèvre, pour parler, disait-il, au domestique de M. le comte de Marquillé, ex-pair de France, lorsque des propos séditieux et menaçans le firent arrêter par la gendarmerie : il disait qu'il avait toujours été bon royaliste, qu'il ne changerait pas, et que "dans quatre mois on ne serait pas si fier" ; il avait une paire de pistolets. Les magistrats de Parthenay, devant lesquels il fut conduit, ne trouvèrent pas de charges suffisantes ; et le 29 avril, il fut mis en liberté, par suite d'une ordonnance de non-lieu.


Mais le 24 août suivant, 4 mois après, ainsi qu'il l'avait annoncé, on trouva affichée à un arbre, entre Moncoutant et La Ronde, une proclamation, signée Béché, qui annonçait, d'une manière positive, le prochain renversement du gouvernement et appelait les habitans de la Vendée à une insurrection générale. Personne ne se leva.


Cependant, dans la nuit du 24 au 25 octobre suivant, les chouans envahirent le bourg de la Ronde, enfoncèrent les vitraux de l'église, montèrent dans le clocher, abattirent le drapeau tricolore, et le lendemain les habitans virent flotter à sa place un drapeau blanc, avec cette inscription tracée sur la toile (on copie) : (sic) "Drapeau sans tache, avant que tu tombe entre les mains des libéros, reçoit un baiser de fidélité d'un brave Vendéain qui versera jusque à la dernière goute de son sanc pour son Dieu et son Roy légitime et le boneure de son péix. Dieu te protège, flote toujours. Vive Challe dix, roi de France, la paix et le comerse.
BÉCHÉ FERDINAND
Volontaire roaiux Vendéains".


En comparant l'écriture et surtout la signature avec celle apposée par Béché au bas de son interrogatoire subi à Parthenay, il ne peut rester aucun doute sur l'identité.


A cette époque, Béché était parvenu à se former une bande nombreuse ; il avait débauché les hommes de Jean-Baptiste, qui resta quelque temps presque seul, et avait réuni en outre autour de lui la plupart des réfractaires du canton de Moncoutant. A la tête d'environ 35 hommes, il voulut donner à sa bande une espèce d'organisation militaire, prit le titre de capitaine, donna à un nommé Devaux de Terves celui de lieutenant, se fit remettre un vieux livret par un soldat congédié, nommé Bisleau, et y établit le contrôle de sa troupe, le décompte de linge et chaussures et des effets d'habillement, le compte ouvert à la masse de l'homme, et enfin la comptabilité de sa caisse ; il se fit aussi confectionner un drapeau blanc brodé en vert : c'étaient les couleurs adoptées dans la Vendée.


Plus tard, à la suite de l'engagement de Chicheville, la troupe de ligne s'empara du livret et du drapeau ; l'un et l'autre, représentés à plusieurs réfractaires arrêtés, ont été reconnus.
Voici le contrôle de la bande, textuellement copié :
"Béché Ferdinand, capitaine, accusé en fuite.
1 - Fièvre Pierre
2 - Petit François
3 - Merlet Jean
4 - Gauffreteau Pierre
5 - Goupry Pierre
6 - Sicot Louis
7 - Dahaie Jean, tué près l'Absie, les armes à la mains, le 13 avril 1833.
8 - Gruget Jacques
9 - Collet Jean
10 - Guignard Baptiste
Devaux Pierre, lieutenant
11 - Thibault Pierre
12 - Monneau Louis
13 - Bitaudeau Jacques
14 - Palluault Jacques
15 - Vincendeau Pierre
16 - Bichon François
17 - Cousineau Joseph
18 - Béchault Louis
19 - Babin Alexandre
20 - Prieur Pierre
21 - Pipet François
22 - Giraud François, a fait sa soumission, incorporé dans un régiment.
23 - Berthonneau Pierre
24 - Noyrault Pierre, a fait sa soumission, mort à l'hôpital de Bressuire.
25 - Bremeau Pierre
26 - Pelletier Pierre, a fait sa soumission.
27 - Buisson Jean, inconnu.
28 - Taudière Jacques
29 - Poignan Pierre
30 - Landreau Louis, a fait sa soumission.
31 - Gourmeau Baptiste, condamné par le conseil de guerre de Nantes." (la note de l'argent qui lui a été remis = 548 fr.)
Le livret n'indique pas quels étaient ceux qui soldaient ces bandits ...


Vers la fin de l'année 1831, Béché, Dahaie, Sicot, Taudière et Petit, se présentent armés chez le sieur Ducrocq à la Buchellerie, commune du Breuil-Bernard, et exigent une somme de dix francs pour chacun d'eux ; le sieur Ducrocq est encore obligé de les leur donner ; Petit lui-même avoue ce fait, et nomme ses complices.


Le 6 janvier 1832, Béché, accompagné de six des siens, entre à la nuit tombante chez le sieur Vinotière, à la maison du Chêne, commune des Moutiers-sous-Chantemerle ; on lui pose la baïonnette sur la poitrine, et il est obligé de livrer deux fusils.


Le 13, la bande, ayant toujours le même chef s'introduit, vers 8 à 9 heures du soir, chez les époux Baudouin, au Petit-Milly, commune de Saint-Jouin. Le maître de la maison est absent : on demande à la femme les armes et les munitions de son mari, en lui plaçant un pistolet sous la gorge ; elle répond que son mari n'a pas d'armes ; on fouille toute la maison, et les brigands emportent une chemise et une bouteille. Dans ces deux vols, Béché est le seul qui ait été reconnu.


Au mois de décembre précédent, les chouans s'étaient présentés déjà chez le sieur Florisson, à Gratteloube, commune de La Ronde, et, ne le rencontrant point chez lui, s'étaient retirés après avoir bouleversé la maison, volé une carnassière et proféré d'effrayantes menaces.


Le 15 du mois de janvier, Béché, vers les quatre heures et demie du soir, à la tête de 7 à 8 hommes, retourne chez Florisson. A leur vue, ce malheureux se réfugie aussitôt dans un petit toit à bestiaux. Les brigands veulent d'abord couper les cheveux à sa femme, puis se ravisant, ils la forcent de leur donner de la lumière pour chercher dans les étables. Béché et un autre découvrent Florisson ; rends-moi tes armes, s'écrie l'un d'eux. Je n'en ai pas, dit celui-ci. A cette réponse, l'un des chouans lui tire un coup de fusil. Florisson parvient à détourner le canon, la balle ne lui fracasse que la main ; il tombe en s'écriant : Je suis mort ! - Je m'en vais lui faire son affaire, dit l'autre chouan. La femme de Florisson veut s'interposer, il la repousse, et tire son coup de fusil, dont la balle traverse l'avant-bras de Florisson. Aux cris de la femme : au secours ! à l'assassin ! les brigands se sauvent précipitamment.


Gauffreteau a déclaré qu'ils attribuaient tous ces crimes à Béché, Dahaie, Sicot et Coupry, qui ne se quittaient jamais. ...


La bande de Béché s'était recrutée d'un déserteur, qui devait payer cher son alliance avec les chouans.


Dans les premiers jours de février 1832, le nommé François Joubert, soldat au même régiment que Secondi, avait également déserté, et fut accueilli par Béché.


Le 8 de ce mois, ce chef parut à la tête de 30 hommes dans un cabaret de Terves ; il avait Joubert à ses côtés.
Le 1er régiment de ligne ayant reçu un changement de garnison, le colonel ne voulut pas quitter le pays sans essayer de ramener Joubert ; il lui fit offrir son pardon s'il voulait rejoindre immédiatement le drapeau.


Il paraît que ces propositions furent rapportées à Béché ; elles lui inspirèrent des soupçons sur Joubert ; dans l'esprit d'un chouan, un soupçon, c'est un arrêt de mort. - Le 31 mars au matin, on trouva à la Croix-de-la-Forge, commune des Moutiers-sous-Chantemerle, un cadavre étendu sur le chemin ; c'était celui de Joubert. Il avait été percé par-derrière et à bout portant de trois balles, dont une lui avait traversé le coeur. La veille au soir, le cantonnement des Moutiers avait entendu trois coups de feu dans cette direction. Sous le corps on trouva un billet, sur lequel on lut ces mots tracés au crayon (on copie textuellement) : (sic)
"Joubers François déserteur
au premier léger reconnue
espiont enver les réfractaire
mort au champs d'honeur.
Le Capitaine."


Il est facile de se convaincre que ce billet est bien de l'écriture du Capitaine Béché, en comparant celle-ci aux écritures du drapeau de La Ronde, du livret, et à la signature authentique de Parthenay. ...


Après l'affaire de la Planche-aux-Marchands, Louis de Larochejaquelein avait quitté le commandement de la bande ; elle fit sa jonction avec celle de Béché, et celle-ci se trouva forte d'environ 30 hommes.


Dans la nuit du 11 au 12 août, cette bande bivaquait dans un champ, près de Chicheville, commune de St-Paul-en-Gâtine, lorsque sur les trois heures du matin arriva un détachement de 40 hommes, du cantonnement de Chantemerle. L'avant-garde de la troupe essuya le feu des factionnaires chouans, mais ce n'était plus comme à la Planche-aux-Marchands ; les soldats, en force ce jour-là, accoururent bientôt, et la fusillade s'engagea plus générale. Les chouans, voyant qu'il fallait se battre, et non plus assassiner, ne tardèrent pas à lâcher pied, et à fuir dans toutes les directions.


Le drapeau de Bréché, son livret, et par un juste retour, le fusil du soldat Serré, blessé et désarmé à la Planche-aux-Marchands, tombèrent au pouvoir de la troupe ; un des militaires seulement reçut dans cette action une balle qui ne fit que déchirer sa veste.


Monneau avoue avoir prisq part à cette affaire, et s'être servi de son arme ; il nomme seulement le chef Bréché, et tait les noms de ses autres camarades.


Les chouans se vengèrent de cette défaite à leur manière, c'est-à-dire par de nouveaux actes de brigandage. Le lendemain, cinq hommes de la bande à Bréché se présentèrent encore à la Buchellerie, chez le sieur Ducrocq, et lui demandèrent 300 frs., d'une chemise et d'une bouteille d'eau-de-vie. Merlet est le seul auteur indiqué de ce vol, et il reconnaît lui-même en avoir commis plusieurs de cette espèce chez le sieur Ducrocq, à la Buchellerie. ...


Cinq chouans de la bande à Béché avaient été arrêtés, ... le 13 novembre, dans une cache souterraine ; c'est cette capture qui avait irrité leur ressentiment.


Quelques jours avant, Béché et sa bande étaient vus presque tous les jours parcourant ces contrées, et portant partout le vol, le pillage et le massacre. C'est encore à Béché que l'assassinat de Guignard est imputé, soit comme auteur principal, soit comme ayant donné des instructions pour le commettre. Les nombreux témoins entendus dans l'instruction n'ont pu être confrontés avec lui, puisqu'il est en fuite ; mais leurs dépositions et toutes les circonstances du fait accumulent sur sa tête les charges les plus graves. Ses complices sont restés inconnus.


L'année 1833 ne sera pas moins désastreuse pour ces contrées que les deux qui la précèdent ; elle commence aussi par un nouvel assassinat.


Le sieur Grellier, propriétaire à la Guilbotière, commune de La Ronde, avait excité, à ce qu'il paraît, le ressentiment des chouans, on ignore pour quels motifs. Le 3 janvier, vers les cinq heures du soir, ils se présentent à son domicile. La servante, qui reconnaît les chouans, va immédiatement prévenir son maître ; celui-ci vient au-devant d'eux ; aussitôt il est frappé d'un coup de fusil qui lui fracasse le poignet ; il se sauve alors dans sa chambre, et se cache sous son lit. Les chouans le poursuivent, le découvrent : Il est sous son lit ! s'écrient-ils. Tire, tire, répond une voix du dehors. Un des chouans, porteur d'un fusil à deux coups, tire et manque ; il recommence, et le malheureux Grellier est frappé d'une balle mortelle. Il expire quelques instans après.


C'est encore à Béché que cet assassinat est imputé, et il avait pour complice le nommé Sicot, également contumax.


Au moment où le réfractaire Gauffreteau fut arrêté, il nomma Béché et Sicot comme les assassins de Grellier ; Coupry leur attribue également ce crime. Petit tient des gens mêmes de Béché que celui-ci en est l'auteur, et les dépositions des témoins entendus dans l'instruction viennent confirmer encore les déclarations faites à la charge de Sicot et Béché.


La procédure a constaté que, dans le commencement de la chouannerie, les chefs distribuaient quelquefois de l'argent à leurs hommes ; ce fait de notoriété publique résulte encore du livret de Béché, saisi après la rencontre de Chicheville ; mais il paraît que de jour en jour les subventions devenaient plus rares ; les chouans y suppléaient alors par les vols plus nombreux qu'ils commettaient, et surtout par le pillage des caisses publiques. ...


Dans l'ancienne bande de Béché, un homme paraissait jouir d'une certaine influence, due sans doute à ce qu'il savait lire et écrire ; c'était Pierre Berthonneau, réfractaire de Courlay. Il est ici question de lui pour la première fois, mais la procédure l'a déjà signalé dans plusieurs méfaits qui avaient provoqué les poursuite de la justice. Une perquisition opérée au domicile de son père avait fait saisir une correspondance hostile au gouvernement. - Berthonneau avait détaché de Béché les jeunes gens de sa commune, et s'était composé une petite bande avec laquelle, à l'instar de son ancien chef, il parcourait le pays. Il voulut avoir aussi un livret pour inscrire le contrôle de ses hommes et la comptabilité de sa bande. Mais ce livret eut le même sort que celui de Béché ; il tomba entre les mains de la justice, avec le fusil et les papiers de Berthonneau, qui furent trouvés dans un tronc d'arbre.


On lit sur le livret deux contrôles qui offrent quelques variantes, sans doute à raison de ce qu'ils ont été dressés à des époques différentes.
(sic) "Lisse de tout mes hommes.
Pierre Prieur
Pierre Desaivre
Jausephe Piau
Fransoua Billy, tué près de Terves, le 20 février 183.
Charle Bodin
Jean Briaux
Jausephe Brement
Pierre Piau
Jacque Prieur
Jausephe Cousinau.
Pierre Berthonneau.

(sic) Lisse de tout mes hommes
Pierre Desaivre
Pierre Prieur
Jausephe Puaut
Jean Briaux
Fransoi Gonnor
Pierre Billi
Breman
Bodin.

Voilà le nonbre de tout mes hommes que j'ai sur ma lis. Mai je vous assure que ses de bon soldat. Un seul est capable de batre trois soldat de Louis-Philipe."

On lit ensuite la note de l'argent et des effets remis à chaque homme. ...

 

En août 1835, il passait aux assises de Niort et était condamné à mort par contumace.

(Extraits : Cour royale de Poitiers - le 17 avril 1835)

 

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