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La Maraîchine Normande
6 mai 2015

LE MANS (72) - LOUIS-MICHEL-GERMAIN LAMBERT DE LA VANNERIE, CHOUAN

LE MANS



Louis-Michel-GERMAIN Lambert de la Vannerie appartenait à l'une des plus vieilles et des plus honorables familles du Mans, à cette famille Lambert qui, "depuis plus de quatre cents ans", fournissait des avocats aux différentes juridictions mancelles, et dont un membre, François Henri Lambert de la Vannerie, avait été procureur du Roi à l'Hôtel de Ville en 1755, puis échevin en 1759. Il était fils de Michel-Germain Lambert de la Vannerie et de Marie-Élisabeth Mullot, qui habitaient rue Saint-Vincent ...


S'il faut en croire les Mémoires de Rochecotte publiés par A. de Beauchamp, le jeune Lambert de la Vannerie se serait jeté, dès l'âge de quinze ans, dans le parti des Chouans, à la suite de M. de Geslin, l'un des trois officiers racoleurs que Puisaye avait envoyés dans le Maine et qui sera assassiné près de Laval, à la fin d'avril 1795, après avoir séduit et enrôlé sous le drapeau royaliste tout un détachement de dragons stationné à Foulletourte ! De Beauchamp doit rajeunir un peu notre personnage, qui, né à Paris, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, vers 1777, d'après son acte de décès, devait être âgé d'environ dix-sept ans en 1794.


Toujours est-il qu'en juillet 1795, Lambert de la Vannerie, fils, était déjà assez en vue et assez compromis pour être incarcéré avec neuf autres "chefs de Chouans" par arrêté du 14 messidor an III (2 juillet 1795), puis transféré à la maison d'arrêt d'Alençon et de là au château de Ham.

 

château de Ham

 

Faute de preuves suffisantes cependant, le tribunal de police correctionnel de cette dernière ville faisait remettre en liberté les dix prévenus avant même le 1er vendémiaire an IV (23 septembre 1795), en dépit des protestations énergiques des autorités du Mans, qui considéraient la mesure comme très dangereuse pour la tranquillité publique, et croyaient notamment "la conversion de Lambert bien peu sincère".


Les autorités, il faut le reconnaître, voyaient juste, car, dès la fin de l'année, ledit Lambert de la Vannerie s'empressait de rejoindre Rochecot, qui le prenait pour l'un de ses deux aides de camp. A ce titre le jeune Lambert dut se trouver aux côtés de son général à l'affaire de Saint-Mars-d'Outillé, le 2 pluviôse an IV (22 janvier 1796), et il est expressément cité à la fin de février 1796, dans celle de Souligné-sous-Vallon, où Rochecot fut blessé.

château de Rouillon Le Mans

Le certificat du 20 mai 1796, vraisemblablement signé au château de Rouillon, marque la fin de sa campagne de guerre. Au mois de décembre de cette année 1796, Lambert de la Vannerie fils se retrouve au Mans, chez son père, dans une tranquillité relative, aux premiers rangs du moins, de cette jeunesse dorée et de ces fameux "habits quarrés", la terreur de la police du Directoire. Avec eux, il prend une part active aux troubles suscités au théâtre par la représentation de la mémorable pièce "L'intérieur des Comités révolutionnaires".


Nécessairement, cela lui attire des notes plus mauvaises encore dans les dossiers de la police de sûreté.


Aussi, lorsque le commissaire du Directoire Maguin, ancien curé constitutionnel de la Couture, est assassiné en frimaire an VI (novembre 1797), a-t-elle bien soin de comprendre au nombre des suspects à arrêter "Lambert la Vannerie, fils, dont les manoeuvres contre-révolutionnaires sont de notoriété publique". Cette fois, il échappe et sa non culpabilité étant incontestable, il n'est pas donné suite à l'arrestation.


Il n'en est pas de même deux ans plus tard, alors que le commissaire de police Bergue est assassiné à son tour, le soir du 1er janvier 1799, à la porte de la maison des Ursules où il est logé. La police, qui soupçonne spécialement Lambert de la Vannerie fils, ainsi qu' "une fille Fourniolle, ci-devant religieuse, âgé de 33 ans" provoque dès le 2 janvier (13 nivôse, an VII) un arrêté de l'administration prescrivant son incarcération immédiate à la maison d'arrêt de l'Évêché. Dès 7 heures du matin le même jour, le commissaire de police Ducy, escorté d'un lieutenant de la garde nationale et d'un détachement de la force armée se précipite chez M. Lambert père, rue Saint-Vincent, et y fait une "fouille exacte" dans tous les appartements. Il n'y trouve point le suspect, mais sur ses injonctions menaçantes, celui-ci vient de lui-même dans la soirée se constituer prisonnier : il est aussitôt écroué à la maison d'arrêt de l'Évêché.


Bien qu'aucune preuve n'ait encore été relevée contre lui, Charles Lambert de la Vannerie y restera enfermé neuf mois et demi jusqu'au 15 octobre 1799, date de la prise du Mans par les Chouans, et de sa mise en liberté avec tous ses co-détenus par le chevalier de Tercier.


chouan en prison

Pendant ces neuf mois, l'infortuné prisonnier, dont la santé était fort ébranlée et qui était atteint d'une maladie de poitrine d'après un certificat des officiers de santé Mallet et Faribault, en date du 1er prairial an VII (20 mai 1799), adressa en vain aux administrateurs du département trois pétitions successives, sollicitant sa mise en liberté, "l'air de la prison aggravant chaque jour davantage sa santé". Les administrateurs demeurent inflexibles.

Ils ne furent pas plus sensibles à une touchante demande de M. Lambert père.


Bien mieux, l'arrêté du 9 thermidor an VII (27 juillet 179) pris en exécution de l'odieuse loi des otages, inscrivit celui-ci "comme père d'un chef de chouans" au nombre des otages à incarcérer à la prison de la Visitation. Il fallut que le Ministre de la police, Fouché en personne, rappelât aux administrateurs de la Sarthe que l'arrestation du citoyen Lambert de la Vannerie, père, était absolument illégale, son fils étant depuis huit mois détenu dans une maison d'arrêt.


M. Michel-Germain Lambert de la Vannerie, il est vrai, n'était pas seulement royaliste et père de Chouan. Le 16 thermidor an IV (3 août 1796), il avait acheté, pour la conserver au culte, l'église de Saint-Georges-du-Plain, que sa veuve, Mme Élisabeth Mullot, rendra à la commune en 1811. A tous égards, M. et Mme Lambert de la Vannerie étaient, comme leur fils, fort mal notés de la police du Directoire, qui, à plusieurs reprises, avait fait des visites domiciliaires et des fouilles dans leur maison de la rue Saint-Vincent, n° 35. L'une de ces visites, en thermidor an VI (août 1798), avait été particulièrement compromettante. Après avoir fait crocheter les serrures, les commissaires avaient trouvé dans la chambre de M. Lambert, père, "un couteau de chasse garni en argent, portant cinq figures de Louis XVI", et, "dans une petite cache proche le grenier, dans laquelle ils étaient entrés en se traînant sur le ventre comme des serpents, une petite boëtte renfermant une veste et un gillet d'ordonnance chouanique !" Ils avaient reconnu, en outre, que "la cache avait servi à coucher quelqu'un".


Moins heureux que d'autres, M. et Mme Charles-Germain ne connaîtront pas des jours plus gais après la Révolution.


Rentré chez eux, rue Saint-Vincent, à sa sortie de prison et toujours malade, leur fils, Louis-Michel-Germain, l'ancien aide de camp de Rochecot, épousera à Malicorne, en août 1800, Louise-Geneviève Jouin, veuve de Julien Vaslin, mais il mourra prématurément, le 21 octobre 1803 (28 vendémiaire an XII), chez son beau-père (à Malicorne), à l'âge de 26 ans.

 

 

décès Lambert fils

 


Comme il ne laissait pas d'enfants, cette branche de la famille Lambert de la Vannerie s'éteindra avec son père, Michel-Germain, décédé au Mans le 4 octobre 1809.

 

décès Lambert père

Dr Paul Delaunay

Revue historique et archéologique du Maine - 1926 (Ser2, T6)

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