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La Maraîchine Normande
14 avril 2015

SAINT-PIERRE-DU-CHEMIN (85) - LE LIBERA SUR L'ÉCHAFAUD - LE PÈRE COUTANCEAU, CHANTRE-MARTYR

LE LIBERA SUR L'ECHAFAUD

Saint-Pierre du Chemin

 


C'était en 1794, le père Coutanceau, de Saint-Pierre-du-Chemin, avait été arrêté par les bleus à la Châtaigneraie et emmené à Fontenay. Sa femme, à cette nouvelle, appela son aîné, un petit gars de 12 ans, et lui dit :
- Jean, je ne peux pas durer ainsi ; il faut que tu ailles à Fontenay voir ce que ton père est devenu.


Et l'enfant partit. Il arriva à Fontenay. Dès l'entrée, un frisson d'effroi le secoua : sur la place Viète, une horrible machine se dressait encore rouge de sang : la guillotine.

Il descendit dans la ville. Tout le jour, il chercha ... en vain. Sur le soir, épuisé, mourant de faim, il s'assit, en pleurant tout bas, sur le seuil d'une porte. Une femme passa, qui eut pitié de lui.
- Pauvre petit, dit-elle, viens chez moi.

Et tandis que l'enfant restauré, se couchait dans un bon lit, elle lui indiqua les divers endroits, des caves souvent, où les prisonniers étaient enfermés.

Le lendemain, nouvelles recherches, aussi infructueuses que la veille. La nuit déjà était tombée quand l'enfant reconnut la voix de son père causant dans une cave, avec des compagnons.

Alors, il se pencha vers le soupirail et, à mi-voix appela :
- Papa, papa !
- Qui est là ? Qui appelle ? demanda le père Coutanceau.
- Papa, c'est moi, Jean, votre petit gars. C'est maman qui m'a envoyé pour voir où vous étiez.

- Mon pauvre petit ! Eh bien, puisque tu es là, écoute, tu peux me rendre un grand service : va tous les matins au Tribunal, retiens bien les noms des condamnés à mort ; et quand mon nom sortira, viens me prévenir.

Le lendemain soir, Jean était de retour :
- Papa, vous ne serez pas tué demain : on n'a pas parlé de vous.

Deux jours passèrent encore, et, le soir venu, à l'heure habituelle, le Père Coutanceau, au lieu d'un appel joyeux, entendait un sanglot. Il comprit.

- Mon petit Jean, ne pleure pas, puisque je vais aller chez le Bon Dieu. Dis bien à ta maman, quand tu la verras, que je suis mort en pensant à elle ; que je suis mort sans regret, pour la Religion.
Et toi, mon petit gars, quand tu seras grand, sois toujours un bon chrétien.

Et le jour se leva, un jour d'hiver gris et froid, un jour comme tous les autres, sauf pour le bon père Coutanceau. Il sortit de sa prison, le pas assuré, le regard ferme. Un seul instant ses yeux se voilèrent : ce fut quand il vit, dans la foule, à trois pas de lui, son petit Jean. Il arriva au pied de l'échafaud, et là, brusquement, il se retourna.

- Voilà 40 ans, cria-t-il d'une voix forte, que je suis chantre à Saint-Pierre. J'ai chanté bien des Libera dans ma vie ; il ne sera pas dit qu'il n'en sera chanté aucun à mon enterrement.

Et aussitôt, d'un ton vibrant, les yeux au ciel, il entonna le chant sacré. Le bourreau, muet de stupeur, la foule saisie, l'écoutaient ; un silence de mort planait sur la place.

A la reprise finale, le chantre-martyr monta les gradins ; il chantait encore quand le couperet s'abattit !

(Ce Vendéen, qui mourait si crânement pour son Dieu était l'aïeul de M. Coutanceau, mort en 1910, curé de St-Sornin).


Abbé Billaud
Bulletin Paroissial - Treize-Septiers - 1951

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Commentaires
A
Merci de nous avoir rapporté ce témoignage émouvant et héroïque de la part du père comme celle de l'enfant ;
Répondre
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