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La Maraîchine Normande
12 avril 2015

TREIZE-SEPTIERS (85) - LA HINCHÈRE - UNE FIGURE, UNE ÉPOQUE - HENRI-JOSEPH RICHARD (1868-1953)

 

LA HINCHERE OU JONCHERE

 

La Hinchère (la Jonchère jusqu'à la Révolution), ce grand village, vieux de plusieurs siècles, composé, en grande partie, de bâtiments disparates et vétustes, aux toits posés plus ou moins d'aplomb et uniformément garnis de tuiles demi-rondes, la Hinchère donc a vu récemment (1953) son doyen d'âge quitter ses murs, au tournant "de la Croix" et s'acheminer vers sa dernière demeure.

 

acte naissance Henri-Joseph Richard la Hinchère

 

Membre d'une famille nombreuse, Henri-Joseph Richard, né en ce même lieu, le 9 août 1868, de Pierre Richard et de Marie Brochard, fut élevé à la dure. C'était la méthode d'alors. Il alla peu de temps à l'école, prenant part, dès sa toute jeunesse, aux menus travaux de la borderie paternelle.

A 20 ans, il participe au tirage au sort. La chance le favorise. Il sort un bon numéro l'éxemptant du service militaire.

A 30 ans, le 20 juin 1898, il prend une voisine : Jeanne-Mélanie Brochard (27 ans), pour épouse. Six enfants naissent de cette union, d'abord deux jumeaux, Marie et Pierre, Angèle, Louise, Victor, Henri.

Deux sujets, entre autres, ne laissaient jamais le "père Henri" indifférent : la paysannerie et la religion. Travailleur acharné, il avait petit à petit, à force d'économie, arrondi le patrimoine familial. Il était un des derniers à avoir connu et pratiqué pendant de nombreuses années les moissons à la faucille, couper l'herbe des prés à la faux, les battages au rouleau, la "pansion" apportée entièrement par fagot à dos d'homme, les bêtes restant bien tranquilles à l'étable, les "façons" de la vigne faites au pic, les charrois de chaux avec les boeufs à St Vincent Sterlanges, les mauvaises herbes dans les blés enlevées au sarceau. Comme tous ces travaux demandaient beaucoup de temps, il était souvent obligatoire d'allonger les journées. Aussi, pendant les grands jours, le lever sonnait aux environs de 3 heures.

... Faire une repue de charrue ou ramasser la "pansion" pour la journée avant la soupe du matin étaient considéré comme une nécessité. Enfin, il avait été le digne témoin d'une époque à jamais révolue. Terrien on ne peut plus fidèle, il représentait bien le type du Vendéen du Bocage ; à l'ascendance bien marquée, sa haute, mais mince et anguleuse stature, comme la plupart des bocains de vieille souche, s'était courbée peu à peu et définitivement vers cette terre qu'il affectionnait tant vers ce sol granitique qui ne se donne qu'à la condition de le remuer sans cesse, de le comprendre, de le bien connaître, exactement comme le caractère du paysan qu'il fait vivre, généralement assez froid et quasi hostile de prime abord aux étrangers.

Doué d'une très bonne mémoire, on prenait plaisir à entendre le père Henri raconter des histoires du temps passé. Sans bruit, sans éclat de voix jamais, discrètement, il prenait part à la vie sociale du pays et remplissait, sans faillir, les charges lui incombant de ce chef.

... Authentique catholique, il avait vu avec joie, bien que cela représentait pour lui de durs sacrifices, deux vocations religieuses éclore parmi ses enfants : Angèle, entrée à la Congrégation de la Sainte Famille à Talence et Victor, actuellement, curé du Poiroux.

Membre du Conseil Curial depuis de nombreuses années, ses avis, marqués au coin du bon sens, étaient toujours très écoutés. Juste avant de mourir, il eut la consolation d'avoir la visite des Missionnaires Diocésains venus prêcher la MIssion dans la paroisse.

Le Père Henri eut une belle vieillesse, honoré et choyé qu'il était par tous ses descendants et amis, entouré des soins judicieux et de chaque instant donnés par son fils Henri et sa bru Marie, chez lesquels il était et qui lui ont permis de vivre jusqu'à la limite du possible.

Comme chacun peut le constater, cette longue existence ne comporta rien d'extraordinaire. Mais n'est-ce pas là le plus bel éloge, faire d'un homme qui fut un parfait père de famille, honnête et bon conseiller. Aussi, comme à tous les nôtres qui nous ont précédé dans la tombe, souhaitons-lui le repos éternel.

E. BROCHARD
AD85 - Bulletin paroissial de Treize-Septiers - 1953

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