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La Maraîchine Normande
19 mars 2015

LES LANDES (40) - TOUSSAINT-JEAN-HIPPOLYTE, MARQUIS DE CORNULIER, AMI DES PAUVRES (1789-1862)

MARQUIS DE CORNULIER

 


TOUSSAINT-JEAN-HIPPOLYTE, marquis de CORNULIER, né à Paris le 25 août 1789, fut nommé chef de la troisième cohorte de la légion de la garde nationale de la Loire-Inférieure le 31 mars 1813, chef d'escadrons le 16 septembre 1814, chevau-léger de la garde du Roi le 23 du même mois ; fut attaché à l'état-major du duc de Bourbon dans la Vendée au 20 mars 1815, puis suivit le Roi à Gand, sous le commandement du duc de Berry ; fut nommé chef d'escadrons au régiment de dragons de la Manche le 22 novembre 1815 ; chevalier de la Légion-d'Honneur le 25 avril 1821 ; fit la campagne d'Espagne en 1823, et y fut nommé pour son intrépidité chevalier de Saint-Louis sur le champ de bataille, le 23 juillet.

Passé chef d'escadrons aux chasseurs de la garde royale le 14 octobre 1823, il fut promu lieutenant-colonel au 16e régiment de chasseurs à cheval le 29 octobre 1828.

Mais un jour vint où les principes qui avaient mené une partie de sa famille sur l'échafaud de 1793 lui firent un devoir de briser son épée en face d'une Révolution qui chassait les princes qu'il avait servis ; il n'hésita pas et fut réputé démissionnaire le 22 août, par suite de son refus de serment au gouvernement de 1830.

Encore jeune, doué d'une santé de fer, riche, entouré de relations brillantes, ayant déjà largement payé sa dette à son pays, tout semblait convier le marquis de Cornulier à jouir paisiblement de sa belle position sociale, à mener une de ces existences molles et agréables, mais futiles, qui sont le terme des aspirations vulgaires. Il n'eut pas un moment la pensée de se livrer à cette égoïste oisiveté ; dévoré d'une prodigieuse activité de corps et d'esprit, sa riche organisation ne comprenait pas le repos, et sa conscience se révoltait à l'idée de devenir un homme inutile.

Son ambition ne consistait pas à faire parler de lui ; d'une modestie extrême, il évitait soigneusement de se mettre en évidence ; les services cachés étaient ceux qu'il rendait le plus volontiers. Il ne se proposait pas davantage d'augmenter par des spéculations une fortune déjà bien supérieure à la simplicité de ses goûts ; en maintes circonstances on l'a vu sacrifier ses intérêts particuliers au bien public ; on peut même dire qu'il subordonnait à l'intérêt général l'avenir de ses propres enfants, en créant incessamment des établissements utiles sans doute, mais destinés à devenir d'une administration bien difficile après lui. C'est ainsi que, s'oubliant lui-même et moins préoccupé des siens que des populations qu'il avait adoptées, le marquis de Cornulier fut par excellence un grand citoyen, un véritable et sincère patriote.

Rentré, en 1831, à son château de Vair, il y essaya d'abord l'industrie des betteraves à sucre et celle de la chaufournerie sur une grande échelle, les considérant comme les deux éléments principaux d'amélioration pour la culture locale ; mais là l'agriculture était déjà trop perfectionnée pour lui ; son esprit entreprenant n'y trouvait pas assez à créer ; il lui fallait un théâtre plus vaste, où il eût tout à faire.

 

duché d'Albret

 

Frappé des progrès qu'avait réalisés, dans le département des Landes, l'habile administration du baron d'Haussez, il voulut continuer la même oeuvre. De concert avec quelques-uns de ses parents, il acquit ce qui restait de l'ancien duché d'Albret, comprenant encore plus de douze mille hectares, dans la partie de la France la plus arriérée et qui passait pour la plus ingrate ; il alla se fixer à Mont-de-Marsan pour diriger cette immense exploitation, et bientôt il couvrit de vastes établissements agricoles et d'usines importantes de toutes sortes les parties les plus déshéritées des départements des Landes, de Lot-et-Garonne et des Basses-Pyrénées, imprimant partout et à toutes choses une impulsion salutaire, donnant la vie et l'aisance là où l'on ne connaissait avant lui que la solitude et la misère. Pour nous borner à la ville de Mont-de-Marsan, qu'il avait, au péril de sa fortune, sauvée de la disette en 1846, il la dota d'une minoterie modèle, de moulins à huile, de bains publics, d'une scierie hydraulique, d'importants établissements métallurgiques ; il y créa une vaste culture maraîchère, et allait y établir une distribution d'eau sur tous les points, quand la mort le surprît.

Le seul usage qu'il fit de sa fortune était pour le travail ; il aimait mieux avoir tous les jours mille ouvriers à sa solde que de se donner le moindre luxe, la moindre jouissance : heureux et pleinement satisfait quand il avait procuré à de nombreuses familles leur pain quotidien. Sa santé, il l'usait à voyager par tous les temps, à visiter ses nombreux ateliers, à encourager ses travailleurs. Dans les distinctions civiles qui étaient venues chercher sa modestie, il ne voyait qu'une raison de plus de se dévouer aux intérêts publics, une excitation nouvelle à créer toujours, sans trêve ni repos, une dette qu'il devait payer à la société par de nouveaux efforts de générosité et d'abnégation.

Le marquis de Cornulier s'acquit ainsi une considération et une popularité immenses dans ces contrées qu'il avait vivifiées ; son affabilité, la bonté de son coeur, la simplicité et la franchise de ses manières, le rendaient cher à ces populations qui ne le voyaient jamais user de sa supériorité que pour réaliser le bien de son pays d'adoption et de ses habitants.

Mais ce qui, surtout, relevait son caractère, c'était son empressement à aller au-devant de l'infortune et à honorer par le travail toutes les misères qui s'abritaient derrière lui. Il était la Providence du pays ; tous ceux qui pouvaient travailler trouvaient suivant leur âge, leurs forces et leur aptitude, de l'occupation dans ses nombreux établissements, et sa charité n'avait pas de bornes pour ceux qui étaient incapables de gagner ; type de bienfaisance, on le nommait l'Ami des pauvres.

 

acte décès marquis de Cornulier

 

La mort qui frappa subitement le marquis de Cornulier à Mont-de-Marsan, le 16 juillet 1862, fut un coup de foudre pour tout le pays, tant il y avait d'existences qui tenaient à la sienne. Ses funérailles présentèrent tous les caractères d'une manifestation et d'un deuil publics ; les sentiments de considération, d'estime et de gratitude dont la population tout entière était pénétrée furent exprimés sur sa tombe dans des discours prononcés par le Préfet des Landes, par le maire de la ville et par le directeur de ses usines.

Le marquis de Cornulier avait épousé à Paris, le 22 juin 1824, Marie-Charlotte-Hermine de Sesmaisons, née en 1806, fille de Claude-Louis-Gabriel-Donatien, comte de Sesmaisons, maréchal de camp, commandeur de la Légion-d'Honneur, pair de France, et d'Anne-Charlotte-Française d'Ambray, fille du chancelier de France et petite-fille du chancelier de Barentin. Elle est morte au château de Benguet, près de Mont-de-Marsan, le 26 août 1867. C'était une femme d'un esprit supérieur, de grand coeur et qui avait reçu une éducation toute virile.

De ce mariage sont issus :
1° Charles-Joseph-Gontran de Cornulier, né à Paris le 18 octobre 1825
2° Isabelle de Cornulier, née le 3 janvier 1827, morte au château de Vair au mois d'octobre 183
3° Donatienne-Marguerite-Marie de Cornulier, née le 27 février 1828
4° Marie-Camille-Hermine de Cornulier, née à Mont-de-Marsan, le 8 juillet 1838.

Généalogie de la maison de Cornulier, autrefois de Cornillé, en Bretagne - Orléans - H. Herluison, libraire-éditeur - 1889

Voir également : http://static.reseaudescommunes.fr/cities/42/documents/zx17909z6ffr2jl.pdf

 

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