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La Maraîchine Normande
6 mars 2015

AMAILLOUX (79) - NOTICE

AMAILLOUX (79)

De Parthenay à Bressuire, on rencontre le Cébron, ruisseau qui traverse la grande route en venant d'Adilly, et se jette, à St-Loup, dans le Thouet. Un peu au-dessus, mais à gauche de cette même route, se trouve Amaillou, vers lequel va se répandre une branche du même ruisseau ; bourgade fort ancienne, mais encore marquée des traces de ses malheurs récents.

 

Amailloux église

 

 

Là était déjà une église paroissiale avant la fin du XIe siècle, car, en 1095, une charte de l'évêque de Poitiers, saint Pierre II, en donne l'église de St-Étienne à l'abbaye d'Airvault, alors à peine fondée. Là fut aussi une châtellenie, et par conséquent un château fortifié et une haute justice dépendante de la seigneurie. Cette terre appartenait, dès le XVe siècle, à l'illustre famille poitevine des Liniers, par sa branche d'Airvault, qui tint longtemps le parti des Anglais sous le prince de Galles. L'un d'eux, homme d'armes du seigneur de Bressuire, se qualifie, en 1468, seigneur d'Amaillou et écuyer du roi. C'est par lui que ses descendants possèdent cette terre et forment la branche qui en porte le nom. En 1592, un Pierre de Liniers possédait au même titre la Grange-d'Amaillou, appelée aujourd'hui le Petit-Amaillou, et réduite à l'humble état d'une simple métairie, dans le voisinage et au sud-ouest du chef-lieu de la commune actuelle.

 

le pain et le vin


En 1779, un usage qui paraîtrait singulier au scepticisme ricaneur de notre siècle, mais qui n'en est pas moins l'expression d'un louable sentiment de charitable ferveur, était observé dans la paroisse d'Amaillou, et a dû s'y perpétuer jusqu'à l'époque où l'on regarda comme une conquête de briser avec le passé. Un particulier du lieu, après avoir satisfait, on ne dit pas quand, à son devoir pascal dans sa vieille église paroissiale, s'était trouvé malade en retournant chez lui, où il n'allait prendre son déjeuner qu'un peu plus tard et à une certaine distance. Pour éviter que ce même accident n'arrivât à d'autres dans la suite, il donna à la Fabrique un champ de son héritage, à la condition par elle de fournir chaque année, pendant la quinzaine de Pâques, le pain et le vin nécessaires à la frugale réfection de quiconque voudrait se précautionner contre les défaillances du retour au logis. En vertu de cette convention, le pain et le vin étaient bénis tous les matins et déposés, l'un, coupé en morceaux et dans une grande corbeille, l'autre, dans de vastes bouteilles qu'entouraient des verres nombreux, sur l'autel de la chapelle de la Ste-Vierge. Cette circonstance elle-même indique une grande simplicité dans ces âmes religieuses, puisqu'une telle familiarité, mêlée aux choses les plus saintes, n'avait point semblé capable d'altérer en elles le respectueux sentiment de la foi. - Il paraît d'ailleurs que cet usage n'était pas restreint à la paroisse d'Amaillou, et qu'on l'avait établi, soit plus anciennement, soit par imitation, à Thouars et à Parthenay.


Ces moeurs paisibles et naïves, qui ne contribuaient pas peu au bien-être de nos campagnes, en y maintenant le plus fort lien des habitudes sociales, changèrent bien quand, après le renversement de nos vieilles institutions françaises, les partis dominants se jetèrent sur la Vendée, coupable de défendre, sous le drapeau de ses rois, l'autel qu'on lui voulait enlever. Amaillou eut ses jours de sombres douleurs, comme tant d'autres localités de ce territoire malheureux.

 

incendie


Lorsqu'au mois de juin 1793, l'armée royale fut forcée par Westerman d'abandonner Parthenay, M. de Baugé, qui y commandait, opéra sa retraite sur Amaillou, d'où il put gagner Châtillon, où siégeait le conseil supérieur. L'asile qui lui fut donné dans la pauvre châtellenie ne fut à peine que de quelques heures, mais il fut payé cher. Westerman, retourné à St-Maixent pour y grossir son armée, revint à Parthenay, se répandit dans le Bocage, envahit les bourgs et les hameaux, et, pendant que les habitants d'Amaillou, retranchés dans le bois voisin du même nom, se défendaient vaillamment contre l'ennemi, le général républicain fait piller leurs demeures et dévorer tout par les flammes. Autour de ces murs, relevés en partie, on voit encore, outre les traces multiples de dévastation et de fumée qu'ils portent eux-mêmes, de nombreuses masures en ruines, témoins significatifs de ces déplorables excès.

Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest - Tome 27 - 1862

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