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La Maraîchine Normande
2 mars 2015

LA DAGUENIÈRE (49) - 1859 - LA FÊTE DE SAINT BLAISE

LA FÊTE DE SAINT BLAISE, A LA DAGUENIÈRE

Bâtie au commencement de notre siècle, une des premières réédifiées en Anjou, dans ce style classique qu'archéologues et architectes désavouent maintenant, l'église de la Daguenière n'en fait pas moins plaisir à voir, car elle rachète ce défaut capital par un mobilier de bon goût, venu en partie de la communauté des Ursulines d'Angers, et par des soins tout particuliers d'entretien minutieux. Or, à ce luxe de propreté, d'autant plus remarquable qu'il est rare ailleurs, s'ajoutait dimanche dernier, 6 février, l'éclat de décorations nouvelles, fleurs, bougies, draperies flottantes, arc de triomphe, et le concours inusité de toute la population. C'est que l'église de la Daguenière célébrait avec joie et entrain, une double solennité : sa fête patronale et la translation des reliques de saint Blaise, son patron.

 

La Daguenière église


Si saint Blaise a été choisi pour patron de l'église et de la paroisse, en voici la raison :

Saint Blaise de Sébaste

Saint Blaise, dit la légende au Bréviaire romain, était en prison : on lui amena un jeune enfant qui souffrait d'une arête de poisson fixée dans le gosier. Il le bénit et le délivra. Depuis lors, saint Blaise a eu une spécialité de protection. En Italie, comme en France, on ne l'a invoqué que pour les maux de gorge ou de gosier, surtout au bord des rivières, où le poisson, qui fait la principale nourriture des riverains, peut amener par des arêtes imprudemment avalées, le besoin d'avoir recours à l'assistance de saint Blaise.

Cette dévotion a motivé le vocable de l'église de la Daguenière, et aussi les charmantes fresques d'une chapelle de saint Aubin des Ponts-de-Cé (XVIème siècle).

Depuis de longues années, M. le curé de la Daguenière cherchait des reliques de son patron, quand il apprit que la Poitevinière en possédait. Aussitôt, demande faite et demande accordée. Le partage, fait par le délégué habituel de Monseigneur pour les saintes reliques, eut lieu au mois de janvier dernier. L'église de la Poitevinière, qui se montrait si généreuse, ne savait même pas au juste quel était son trésor, et grande fut sa joie quand, le reliquaire du XVème siècle ouvert et les suaires de soie rouge qui enveloppaient la relique, décousus, elle aperçut un morceau assez considérable d'ossement, qui ni le temps ni l'humidité n'avaient altérés. Soit dit en passant, puisque l'occasion s'en présente, jusqu'au XVIIème siècle en France, et fréquemment encore en Italie, les reliques étaient enveloppées dans des suaires qui forçaient le fidèle à croire dévotement à la présence de la relique par les bienfaits qu'elle opérait, la tradition locale, le sceau de l'évêque et la possession non interrompue.


Il existe à Angers, rue Baudrière, un magasin d'objets d'église qui doit sa réputation à la conscience de MM. Berger et Chentrier, à la variété et bonne qualité de ses articles et aussi au soin qu'ont ces Messieurs de ne s'approvisionner, pour l'orfèvrerie, que dans les ateliers renommés de MM. Bachelet, Figaret, Trioullier, Didron, etc., de Paris ; il fallait pour la relique de saint Blaise un reliquaire élégant, portatif. Une quête fut faite à cet effet dans la paroisse et suffit amplement à l'acquisition d'une délicieuse monstrance, fondue et dorée par M. Figaret, sur un modèle du XIIIème siècle. Un pied circulaire, garni de rinceaux, porte une tige mince, divisée dans sa hauteur par deux noeuds et sur laquelle repose le quatre-feuilles, rehaussé de gros cabochons, qui contient la relique.

 

La Daguenière intérieur église


A dix heures, M. l'abbé Chesneau, vicaire-général, bénissait au presbytère le reliquaire, que tout le monde admirait, et commençait la cérémonie de translation et d'inauguration par une procession solennelle, à laquelle un clergé nombreux, fourni par Mongazon et les paroisses environnantes, ajouta à la pompe que comportent les prescriptions du Rituel romain. Le chant d'action de grâces fut suivi de la bénédiction du peuple, agenouillé, avec la sainte relique, qui fut placée ensuite, à son autel, sur un trône préparé exprès.


Après le Credo - car la Daguenière n'est pas encore au romain - M. Chesneau parla avec facilité et conviction sur la gloire du martyre de saint Blaise, le bonheur de la solennité, le culte dû au saint évêque de Sébaste, puis promulgua l'indulgence de quarante jours accordée à chaque anniversaire de cette fête et exposition de la relique.

Le procès-verbal, inscrit sur le registre de la paroisse, fut signé par le clergé, les marguilliers, le maire et les notables de la commune.

Le soir, après vêpres, tous les fidèles, réunis à la sainte table, vénéraient par un pieux baiser la relique de saint Blaise, aux chants répétés et joyeusement acclamés de ce cantique populaire :
Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits.

C'est effectivement un tel bienfait pour une paroisse, cette possession de reliques de son patron, que le moyen-âge, confondant dans une même pensée l'ossement sacré et le secours obtenu par l'intercession du saint, nommait bienfaits, beneficia, les reliques elles-mêmes.

Puisse la relique de saint Blaise, si cordialement accueillie par la population, être pour elle, après tant d'épreuves, une source abondante de bienfaits à la fois spirituels et temporels !

H.D.
Journal des curés des villes et villages - 13 février 1859

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