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La Maraîchine Normande
2 mars 2015

MARIE-ALEXANDRE-ANTOINE-DIEUDONNÉ, "ÉDOUARD", COMTE DE MESNARD (1767-1797)

COMTE ÉDOUARD DE MESNARD

 

Édouard de Mesnard

 


Né à Luçon, en 1767, [le 13 octobre], du comte Alexandre de Mesnard et de Mademoiselle de la Boucherie, veuve en premières noces de Jacques Maynard, chevalier, seigneur de Passy, il était issu de la famille de Maynard-Mesnard, l'une des plus anciennes du Bas-Poitou, l'une des plus riches en loyales actions et en glorieux faits d'armes.
Son père, mestre de camp de cavalerie, avait fait avec distinction la guerre de Sept Ans et avait été nommé en 1772 gentilhomme de la Chambre du comte de Provence et capitaine des gardes de la porte de ce prince, charge dont la survivance avait été assurée à son fils.

 

acte naissance comte de Mesnard


Le comte Édouard de Mesnard avait 17 ans lorsqu'il épousa, en 1784, Mademoiselle de Caumont, petite-fille de la marquise de Caumont-La Force, gouvernante des enfants du comte d'Artois.


Lorsqu'éclata la Révolution, il était officier au régiment des Trois Évêchés (cavalerie). Il suivit en émigration son frère Charles et son père. Ce dernier - le comte Alexandre de Mesnard - remplit quelque temps à Coblentz les fonctions d'adjudant général à l'armée des Princes. La mort l'y ayant surpris en 1792, Édouard de Mesnard et son frère regagnèrent la Vendée pour apporter quelques consolations à leur mère et à leur soeur, Éléonore de Mesnard (depuis Mme de Mahé), restées au château de Mesnard-la-Barottière, près les Herbiers.

Ils y parvinrent sans trop de difficultés, grâce aux passeports belges dont ils étaient nantis, et trouvèrent leur mère dans une désolation qui se devine. Leur présence l'eût sans doute atténuée, s'ils n'avaient pas dû mettre si rapidement un terme à leur séjour. Prévenus, en effet, au commencement de juillet, par lettres chiffrées, que les armées devaient prochainement entrer en campagne, ils partirent dès le lendemain de la réception de ces lettres, imposant silence à la voix du coeur pour n'écouter que le sentiment du devoir, et laissèrent sous la garde de serviteurs fidèles, dans le vieux manoir berceau de la famille, leur mère, sa fille, et le petit Ladislas de Mesnard.

Un de leurs voisins, M. de Sapinaud, voulant également sortir de France, prit place avec eux dans une vieille voiture de la famille, dont les armes avaient été par prudence recouvertes d'une plaque de métal. Cette précaution faillit leur attirer de sérieux désagréments. En arrivant au Mans, ils durent en effet montrer leurs passeports. Pendant qu'on en faisait l'examen, un garde national, sans plus de façon, fit lever la plaque d'une des portières et s'écria en voyant les lions, supports des armes, entourés du collier de l'ordre de Saint-Lazare, dont leur père était commandeur : "Quel excès de vanité ! C'est trop suspect, il faut conduire ces Messieurs à la Municipalité." Fort heureusement un soldat du régiment de Conti-Dragons, où Charles de Mesnard avait servi, se trouva là, reconnut son ancien officier, répondit d'eux et les fit partir.

Le jour de leur arrivée à Paris, la patrie venait d'être déclarée en danger.

On savait le mouvement des armées alliées et défense était faite de délivrer des passeports pour l'étranger. Les deux frères de Mesnard parvinrent néanmoins à s'en procurer pour Boulogne, où ils devinrent bientôt suspects, et d'où ils ne seraient pas aisément partis si leur brave hôtesse ne les en eût avertis. Les ducs de Fleury et de Lévis arrivèrent à point avec des passeports d'artistes et s'arrangèrent avec le maître d'un paquebot anglais. Édouard de Mesnard trouva également moyen d'en avoir un et put s'embarquer avec eux. Quant à Charles, il ne put les suivre qu'en achetant le silence du capitaine et en se dissimulant au fond de la cale, dans un tonneau vide, tout le temps que durèrent la visite de la Douane et celle de la Municipalité.

Le bateau les débarqua à Ostende. De là, ils gagnèrent Bruxelles, où ils achetèrent des chevaux, et peu de jours après ils arrivaient à Trèves, à l'armée des Princes, dans les rangs de laquelle ils prirent place comme gardes du corps. C'est en cette qualité qu'ils firent la campagne que devait terminer la bataille de Valmy. Les Princes qui s'étaient mis à la tête de la petite armée des émigrés brûlaient du désir d'attaquer les troupes républicaines et de soutenir dignement l'honneur français en présence des Prussiens et des Autrichiens, dont ils n'avaient souhaité que quelques démonstrations. Le duc de Brunswick ne l'entendit pas ainsi, et il fallut se résigner à suivre les alliés dans une retraite que les ravages de la dysenterie rendirent désastreuse.

Les princes durent donc sortir de France, et, arrivés à Arlon, ils se virent contraints de prononcer le licenciement de leur petite armée.


Après avoir vécu de privation et de misère en Hollande et en Angleterre, Édouard de Mesnard se fit, en 1796, déposer par une frégate anglaise au Clos-Poulet et vint combattre en Bretagne, où la lutte était encore vive. Il y fut blessé et se rendit secrètement à Paris pour s'y faire soigner. Il s'y croyait en sûreté, lorsqu'il fut lâchement dénoncé par le chirurgien auquel il s'était confié. Arrêté à Passy, il fut traduit le 10 octobre 1797 devant la commission militaire qui siégeait place de Grève, et condamné sans défense à la peine de mort, malgré tous les efforts que la femme du général Bonaparte tenta pour le sauver.

Le 12 octobre, lorsqu'on le conduisait à la place de Grenelle, où il devait être fusillé, ses regards se croisèrent sur le boulevard avec ceux d'un de ses amis, le marquis de Galard, qui avait été mousquetaire à l'armée de Coblentz en 1791 et qui était rentré avec lui secrètement d'émigration. Le condamné eut la présence d'esprit de ne pas reconnaître le passant, et ce dernier fut sauvé.

Quant à lui, arrivé au lieu du supplice, il refusa le bandeau qu'on voulait mettre sur ses yeux, fléchit le genou, ôta son chapeau et dit en étendant les bras : "Soldats, tirez, je suis prêt !"

C'était dignement couronner sa carrière : après l'existence glorieuse du héros, la sublime mort du martyr !

M. de la Fontenelle de Vaudoré
Revue du Bas-Poitou - 1893 (3ème livraison)

Voir également : http://mesnard.maynard.pagesperso-orange.fr/html/gene18s2.htm

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