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La Maraîchine Normande
15 février 2015

SAINT-MICHEL-MONT-MERCURE (85) SOUS LA RÉVOLUTION

Saint-Michel-Mont-Mercure église

 

La Révolution vint. On l'accueillit d'abord, là comme ailleurs, avec sympathie. Elle parlait d'abus à supprimer, de libertés à accorder, d'impôts à alléger, d'inégalité entre Français : toutes choses en soi excellentes. Au début personne ne s'inquiète.


Cependant au bout de quelques mois, on se demande où on allait. L'Assemblée avait votée à Paris une Loi : LA CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ, qui voulait créer une espèce de schisme en France ... Puis un décret survint qui imposait à tout curé ou vicaire en fonction un serment de fidélité à cette Loi. Le serment devait se prêter publiquement un dimanche, à la grand'messe, à haute voix, devant le Maire.


Que va faire le clergé ? Le clergé est bien anxieux : Peut-on en conscience prêter le serment ? Que pense le Pape ? ... On n'en sait rien car, pour l'instant le Pape se tait.


Il semble qu'en général les curés hésitent plus que les vicaires. Les curés sont plus vieux ; plusieurs n'aspirent qu'au repos. Leur devise serait volontiers : PAS D'HISTOIRE ! les vicaires, eux, plus jeunes, plus ardents sont prêts pour le combat !


Combien y eut-il de serment prêtés en Vendée ? ... Certains curés prêtent serment carrément et très haut, comme celui du Boupère ... d'autres le refusent, carrément aussi et non moins haut, comme celui de Saint-Mars-la-Réorthe ; d'autres, enfin, le prêtent, mais avec des restrictions.


Veut-on des chiffres ? Il y a, en ce temps-là en Vendée, 323 curés. 86 prêtent le serment et 238 le refusent. - Il y a 144 vicaires : 18 seulement prêtent serment, et 126 refusent.

 

signature curé de St-Michel M


Et à Saint-Michel ? ... Saint-Michel a pour curé alors un Mr DE LA RUE - (le dernier vicaire : Mr de LAUBIER, était parti en 1787) - Mr DE LA RUE fut sans nul doute, endoctriné par son voisin, le fameux Dominique DILLON, curé du Vieux-Pouzauges, élu, deux ans auparavant, député. DILLON qui, plus tard, apostasiera, poussa au serment tous les curés du canton. La plupart firent, en effet, le serment ; Mr DE LA RUE, comme les autres ... A noter qu'en général, les vicaires ne marchèrent pas et refusèrent, eux, le serment.


Et maintenant dans la Vendée entière, c'est le trouble. En maintes Paroisses, le curé a fait serment, le vicaire l'a refusé, où inversement. Qu'on juge de la vie entre curé et vicaire dans ces cures ! ... Parfois un incident survient, qui attise encore le conflit. A TREIZE-VENTS, le jour du Jeudi-Saint, le vicaire célébrant, refuse, publiquement, la Communion à son curé jureur ; Celui-ci furieux, se lève et crie :"Mes frères, je vous prends à témoins : mon vicaire me refuse la Communion" !!!


Naturellement, à l'époque des Pâques, l'agitation augmente. La masse des fidèles, tournant le dos aux jureurs, va se confesser aux autres. Les gens de Saint-Michel vont se confesser à Saint-Mars ou à Saint-Paul, mais non point à leur curé ! On se raconte aussi des faits surprenants : au BOUPÈRE, un Dimanche, pendant la messe du curé, un chat-huant est venu se poser sur l'autel, regardant de ses gros yeux ronds, le célébrant. Aussitôt, tout le monde s'est sauvé en criant : "C'est le diable ! ... C'est le diable !"


Le 2 mai 1791, à Saint-Christophe (du Ligneron), près de Challans, un fait plus grave se produisit : le curé est malade. On dit qu'un jureur va le remplacer. Les paysans se rassemblent menaçants. Des troupes arrivent de Palluau et de Challans. Des coups de feu sont tirés : 2 soldats blessés ; 3 paysans frappés à mort : l'un d'eux, un jeune homme s'appelle BARILLON. Perdant son sang par 2 blessures, debout au pied d'un Calvaire, BARILLON se défend avec une fourche. Un gendarme lui crie : "Rends-toi" Et le jeune homme jette pour réponse ce mot sublime : "Et toi, rends-moi mon Dieu !!! Il expire enfin, percé de coups ! Pour la première fois le sang Vendéen a coulé pour la cause de Dieu.


Plusieurs mois passent encore. Et voici que le 30 juin 1792, un décret paraît : tous les curés et vicaires non jureurs doivent se rassembler à Fontenay. Là, ils seront ... internés !
Du coup c'est la Vendée entière qui se voit sans prêtres. Si l'arrêté est suivi, le pays entier va rester sans guides, sans sacrements, sans messes. Car des jureurs on n'en veut moins que jamais ... Que vont faire les bons prêtres ?


Dans la Plaine, le Marais de Luçon, en butte à une population indifférente ou hostile, ils se résignent à partir. Mais dans le Bocage, c'est différent. Là, les fidèles entourent, suppliants, leurs pasteurs, "Mr le Curé, implorent-ils, restez, restez avec nous ! On vous cachera, on vous défendra ; ne nous abandonnez pas ..." !


Les prêtres hésitent. Puis les uns obéissent, ils s'arrachent, le coeur brisé, à leurs ouailles. Les autres, résolument, demeurent. Leur vie nouvelle commence pour eux, vie errante, de cachettes en cachettes, de métairies en métairies. La plupart se déguisent ; ils se font bergers, paysans, colporteurs ; leurs fidèles les gardent avec un soin jaloux.


A Saint-Michel, ce ne fut pas le cas : le curé ayant prêté le serment, n'eut pas à se cacher ; mais, il put compter, maintenant, ceux qui le saluaient au passage !


Quelques semaines passent encore : et voilà qu'à Paris, un fait énorme s'est produit : le 10 août, la Monarchie est tombée, le Roi est enfermé au Temple. Désormais, pour les persécuteurs, la voie est libre.
Aussitôt, ils en profitent. Le 26 août, une Loi est portée : Tous les prêtres insermentés devront quitter, dans les 8 jours, le Département, et dans les 15 jours, le Royaume : c'est la déportation, l'exil !


Dans les Paroisses des scènes poignantes se passent :


A Saint-Paul-Mont-Penit, le curé, Mr REVERSEAU, célèbre, une dernière fois, devant une foule consternée, la sainte Messe. Il communie, une dernière fois les fidèles. Puis, il consomme les hosties qui restent, sauf une. Cette hostie, il l'enveloppe dans un corporal, la dépose dans le Tabernacle, referme la porte à clef, prend cette clef, éteint la lampe du sanctuaire, monte en chaire, et, d'une voix que l'émotion étrangle, dit : "Mes frères, je m'en vais, mais je vous laisse un gardien et un ami : JÉSUS-HOSTIE. Quand vous serez affligés, vous lui direz vos peines, et il vous consolera ; quand vous serez en péril, vous l'invoquerez, et il vous défendra" !


Et les "bons prêtres" s'en vont, un à un. Ils gagnent les Sables ou Saint-Gilles, et s'embarquent pour l'Espagne ou l'Angleterre ... Dans l'espace d'un mois, 20 ont quitté les Sables et 14 ont quitté Saint-Gilles. Quelques-uns reviendront, mais beaucoup mourront là-bas, en exil.


Et voici Noël, Noël 1791 ! Triste, sombre Noël ! Comme on songe le soir, aux veillées, dans les châteaux, les fermes, les villages perdus au fond des campagnes, aux Noëls de jadis ! Alors on partait joyeux, par groupes, lanternes à la main, pour la Messe de Minuit. On trouvait le saint lieu illuminé, l'autel paré. On chantait à pleine voix de vieux et beaux cantiques, on communiait et on revenait heureux, la conscience en pais, l'âme réchauffée. Et maintenant ? Maintenant on est seuls ! sans prêtres ! sans église ! sans messe ! Ah oui ! quel Noël !
Car comment et à qui se confesser ?
Pour 11 paroisses des environs, sur 16 prêtres, 6 ont fait le serment, 10 l'ont refusé. Sur ces 10, 5 sont en Espagne, un est dans les Deux-Sèvres et les autres se cachent. Mais où sont-ils ?


Et alors dans les coeurs, la colère monte, sourde, mais terrible !


Et voilà que 2 mois après, une nouvelle encore court la contrée ; le Gouvernement va emmener les hommes, les jeunes surtout, au loin pour faire la guerre. Du coup, les colères explosent ! Comment ? Aller faire la guerre, eux ! pour les bandits qui ont chassé les prêtres, et aboli le culte ? C'est ce qu'on verra ! Et dans les celliers, pichets en mains, on discute, on s'échauffe ! et un cri revient résolu et farouche : "Nous ne partirons pas ! Nous ne partirons pas !" ... Et brusquement, au début de mars, aux alentours, partout et aussi à Saint-Michel, le tocsin sonne ! C'est la Vendée qui, bafouée en ses croyances, blessée en son âme, se lève comme un seul homme, pour sa Religion et pour son Dieu ... La Guerre des Géants est commencée !


On croit souvent, on dit que la guerre a commencé en Anjou, que c'est Cathelineau qui le premier a donné le signal. Ce n'est pas vrai ! ... Cathelineau est parti le 13 mars ! Or, le 12 déjà, les gars de la Verrie, la Gaubretière, Beaurepaire et Chambretaud s'étaient levés. Et avant eux, le 11, les gars de Saint-Michel s'étaient levés. Ce jour-là, en effet, une bande s'en alla à Nouzillac, chercher Monsieur du Retail. Il leur fallait un capitaine. Mr du Retail voulut, en vain, les raisonner. A la fin voyant qu'il perdait son temps, il leur dit : "Eh bien soit ! Partons ! Nous vaincrons ou nous mourrons ensemble" ! et il partit avec ses trois fils : François, Louis et Charles.

VENDÉEN 5


Les gars de Saint-Michel s'en vont, en sabots ! Ils ont mis à leur veston un Sacré-Coeur, à leur cou pend un chapelet. Quelques-uns, mais assez rares, ont un fusil de chasse ; plusieurs n'ont qu'une fourche ; beaucoup ont une faux (un dail), frans battu et emmanché à l'envers. Chemin faisant, ils disent le chapelet, ils chantent des cantiques ; puis pour varier, ils poussent un chant, composé par l'Abbé Lusson, vicaire de Saint-Georges de Montaigu, sur un air nouveau : "LA CONTRE-MARSEILLAISE".


Le premier combat sérieux eut lieu le 19 mars entre l'Oie et Saint-Vincent. Les bleux se sont sauvés, en jetant leurs fusils. Et le lendemain, plus d'un gars, parti avec son dail, revint triomphant, un bon fusil de guerre sur l'épaule. Et comme le dira un jour l'un d'eux : "Quand iavins adju chacun un fusil, dame, fi d'garns ! iétins-y kintants" !

 

Saint-Michel-Mont-Mercure église


Le pays bientôt est nettoyé ! Les églises sont rouvertes ... là du moins où il y a un bon prêtre ! C'est le cas de Saint-Mars ! Ce n'est pas hélas ! le cas de St-Michel ... Qu'est devenu Mr DE LA RUE ? On n'en sait rien ! Il s'est sûrement sauvé à Fontenay, car les Vendéens haïssaient les jureurs au point que parfois, ils les fusillaient ! Alors faute de curé chez eux, les gens de Saint-Michel descendent faire leurs Pâques à Saint-Mars ... à Saint-Mars où les clochent sonnent et sonnent ! folles de joie !

Cependant Saint-Michel n'est pas longtemps sans prêtre. Dès la Quasimodo, le vicaire de St-Laurent-sur-Sèvre, l'abbé BROCHU, vient, de temps en temps à Saint-Michel. Alors de partout, on lui apporte des enfants - dont plusieurs ont 6, 8, 10 mois - pour les baptiser. Le 8 avril, il en baptise sept de suite ! Le premier est un petit Jean AGENEAU, né aux COUX, le 11 novembre 1792. - Le lendemain, 4 baptêmes encore, dont 2 ... de Saint-Mesmin. - Le 21 avril, l'abbé est revenu pour un enterrement ; ce qu'apprenant les gens de la Focellière lui amènent 6 nouveaux-nés ... si on peut ainsi parler ! le plus vieux a dix mois et trois jours !

D'avril à juin 93, 4 prêtres passent chacun une semaine ou deux à Saint-Michel, notamment MM. G. BILLARD, LEBRETON et NICOLAS.

Pendant ce temps, la Grande Guerre continue. D'abord, les Vendéens sont vainqueurs : ils prennent THOUARS, FONTENAY, SAUMUR, ANGERS ... Puis ils échouent devant NANTES, où Cathelineau est tué. Échec aussi, et échec sanglant devant LUÇON, le 14 août.


Et voilà qu'en septembre, la Convention envoie sur la Vendée ses meilleures troupes ... 20.000 Mayençais, jusque là invaincus ... Alors partout les moulins à vent, de POUZAUGES, de l'ÉPAUD, avec leurs grands bras, appellent aux armes. Les Vendéens se portent sur les Mayençais. Le 19, à TORFOU, une bataille furieuse s'engage : les Mayençais, après un corps à corps sauvage, doivent lâcher pied. Kléber, écumant de rage, de honte, voit ses fiers guerriers, ses héros invincibles, fuir devant des paysans. Les Mayençais ont trouvé, enfin, leurs Maîtres : les VENDÉENS.


Pas pour longtemps, hélas ! Un mois après, à Cholet, un choc décisif a lieu. Des deux côtés, forces égales, valeur égale ! Des deux côtés, on veut vaincre ou mourir ! Les Vendéens avancent ! avancent ! Les bleus plient un effort encore ! ... Quand soudain, sur le soir, catastrophe ! Kléber, se voyant perdu, a joué le tout pour le tout. Il avait encore un bataillon, un seul en réserve, le 108ème. Il le lance sur les Vendéens. Dans la nuit qui tombe, les paysans croient voir une armée nouvelle qui arrive. Le découragement les prend. Un cri de panique court dans les rangs : "Sauve qui peut ! A la Loire ! A la Loire ! ..." - Le ressort est brisé ; les chefs ont beau s'interposer ; une fuite éperdue vers la Loire commence ! Et pourtant Kléber a eu chaud ! Les Mayençais ont subi une saignée effroyable ! N'importe, la Vendée est battue !


Et maintenant que va-t-elle faire ? Pour l'instant, une idée fixe l'obsède : franchir le Fleuve ; mettre l'eau entre les bleus et soi. Immédiatement le passage commence. On manque de bateaux, on fait des radeaux à la hâte. Heureusement les eaux sont basses. Bientôt 40.000 hommes et 2.000 vieillards, femmes et enfants ont passé.
Mais, avant de passer (la Loire), les Vendéens ont su pardonner : 5.000 bleus étaient là, à Saint-Florent, enfermés dans l'église ... Que faire d'eux ? ... Tuons-les, ont crié plusieurs voix ! ... Ils ont massacré nos femmes, égorgé nos enfants, brûlé nos métairies ! Vengeance ! Vengeance ! ... Bonchamp agonisant apprend l'horrible chose ! Il appelle d'Autichamp et lui dit : "Je ne veux pas qu'on tue ces misérables ! Ne souillons pas notre cause par un massacre aussi hideux ! Qu'on épargne ces malheureux !"
D'Autichamp arrive devant l'église ; déjà les canons, chargés à mitraille, sont braqués. Il veut parler ; des clameurs couvrent sa voix. Un roulement de tambour, et dans le silence, enfin obtenu, d'Autichamp s'écrie : "Grâce aux prisonniers ! Bonchamp mourant le veut ! Bonchamp mourant l'ordonne !"
A ce nom d'un chef vénéré et agonisant, les coeurs soudain mollissent, les colères tombent. La foule machinalement répète : "Bonchamp mourant l'ordonne ; grâce pour les prisonniers ! On ouvre la porte ; les bleus sortent sans mal ... Après Bonchamp les Vendéens ont su pardonner !

Quittons pour un instant l'Armée Vendéenne. Nous voici à POITIERS.

C'est le 3 OCTOBRE 1793. Sur la place, la guillotine dresse ses grands bras rouges de sang. Une femme de Saint-Michel va y monter : c'est Madame du RETAIL - de NOUZILLAC. Elle a voulu se réfugier à POITIERS pour s'y cacher avec ses enfants les plus jeunes ; elle a été dénoncée, arrêtée, jugée. Son mari est chez les Vendéens : son compte à elle est bon ! à la guillotine ... ! On l'étend, les mains liées, sur la planche fatale ; le couperet est tombé. Horreur ! ... L'instrument fonctionne mal ! le cou n'est qu'entaillé. Une seconde fois, le couteau retombe ! le sang coule ... mais le cou n'est pas tranché encore ! Ce n'est qu'à la troisième fois, qu'enfin, la tête sanglante, affreuse à voir, roule dans le panier !


Et revenons à SAINT-FLORENT.


On a passé le Fleuve. Et alors commence une lamentable aventure : la "GRANDE VIRÉE AU PAYS DE GALERNE". On s'en va par LAVAL, FOUGÈRES, AVRANCHES, jusque dans la MANCHE, à 200 kilomètres, de SAINT-FLORENT, à la recherche d'un port : GRANVILLE, où l'on doit recevoir des secours Anglais.


Dans cette cohue en marche, y-a-t-il des gens de SAINT-MICHEL ? Certainement, oui ! Le curé de SAINT-MARS y était, en tout cas ; mais il n'en revint pas.

 

GRANVILLE


A GRANVILLE, pas d'Anglais, comme par hasard. Et il faut revenir vers la Vendée. Mais les bleus barrent le chemin. Mal leur en prend. En 4 jours, à PONTORSON, DOL et AUTRAIN, les Vendéens les pulvérisent !
Mais ces victoires ont coûté cher !
Depuis des mois, le sang des Vendéens coule ; l'armée peu à peu s'affaiblit. Surtout l'hiver est venu, avec ses pluies et ses frimas ; et il faut marcher, nus pieds souvent, avec des guenilles trempées sur le dos.
Et la famine aussi est venu ; il faut marcher, l'estomac creux, tout le corps si faible ! si las !
Et le choléra surtout est venu, et la dysenterie ; l'armée est rongée par le fléau ; à chaque pas, des malheureux, exténués, se couchaient dans la boue glacée pour y mourir !
La Vendée en marche agonise lentement.

Un espoir pourtant soutient les Vendéens : le pays approche ! Hélas ! sur le chemin, il y a ANGERS, Angers aux portes fermées. Le 3 décembre, par un froid terrible, les hommes valides - et ils sont peu ! " s'essayent en vain à forcer le passage. Sans canons, mourant de faim, les mais bleuies par la bise, que peuvent-ils ? ... On les entend gémir, lamentables, au pied des remparts : "Mon Dieu, aidez-nous ! Mon Dieu, aidez-nous" ... Ils se replient enfin, laissent 800 morts. Ils se replient sur le MANS.


Au MANS, les bleus reformés attaquent. Un bref combat, et c'est le massacre, la boucherie ! 15.000 morts ! Les autres fuient, éperdus, vers LAVAL ... puis vers ANCENIS : beaucoup feront 20 lieues, à pied, en 24 heures ! Ils arrivent enfin à ANCENIS, le 16 décembre. De leurs coeurs un cri s'échappe, de joie et d'espérance ; ils revoient enfin ! de loin, leur chère VENDÉE.


Joie, hélas ! prématurée ! Entre la VENDÉE et eux, il y a la LOIRE, la LOIRE de décembre, aux eaux gonflées et rapides. Pas de bateaux, ou si peu ! Comment passer tous avant que les bleus n'arrivent ? ... On prépare des radeaux ; le courant les disloquent ! et pourtant de 1/4 d'heure en 1/4 d'heure, on entend, dans le Nord, un grondement sourd : c'est le canon de Westerman, le boucher des Vendéens, qui arrive !


Au bout d'un jour, 400 Vendéens à peine ont passé ; 400 ont péris noyés ; et Westerman est là ! Alors, un immense découragement s'empare de la foule : elle gémit : il nous faut donc mourir !


On quitte ANCENIS, on marche vers la Bretagne. Le 20, à SAVENAY, les bleus attaquent, à 3, 4 contre 1. Un dernier corps à corps furieux, et le combat finit faute de combattants : La Vendée n'est plus !
La Vendée n'est plus ! Mais ce n'est pas KLÉBER qui l'a vaincu ! Un historien récent l'a dit : "Les Vendéens battirent KLÉBER, MARCEAU, WESTERMAN en 10 batailles ; rien ne les fit trembler ! La dysenterie, la faim, on tuèrent plus que le fer ; nulle défaite plus glorieuse".


Défaite cependant, et défaite cruelle. La Convention exulte : il n'y a plus de Vendée ! Elle se réjouit trop tôt : s'il n'y a plus de Vendée, il y a encore des Vendéens !


Il y a encore des Vendéens. Ils sont las de lutter ; et ils sont prêts à faire la paix. Mais la Convention a eu trop peur ; il faut que maintenant elle se venge ; et elle se vengera si bien que la Vendée blessée, ensanglantée, se lèvera une fois encore ; et cette fois, elle vaincra !!!


La Convention veut se venger. La chose, hélas, est facile ! Les prisons, à NANTES, à ANGERS, regorgent de captifs. Qu'en faire ? ... à NANTES on les noie ; à ANGERS on les fusille.

 

Noyades prêtres


A NANTES, règne un Auvergnat, demi-fou, ivrogne, brutale et débauché : CARRIER. CARRIER a ses hommes : FOUQUET et LAMBERTY. Certains soirs, ces bandits et leurs aides gagnèrent l'Entrepôt. Il y a là, pêle-mêle, 10.000, 12.000 captifs, ramassés vers ANCENIS et SAVENAY. Qui sont-ils ? Vendéens. Cela suffit.
A la lueur des torches, FOUQUET ou LAMBERTY désigne au hasard, des hommes, des femmes ; on les lie par le poignet, 2 à 2 ; on les pousse vers la sortie, à la file, en silence. L'opération dure 2, 3, 4 heures. Puis un ordre : "Avancez" ! La file descend, trébuchant, dans les ténèbres de la Loire.

On monte sur un vieux bateau. Là, on déshabille les condamnés, souvent entièrement, parfois jusqu'à la chemise. A certains jours, les bandits s'amusent ; il font ce qu'ils appellent des "mariages républicains" : ils lient ensemble un homme et une femme, un prêtre et une religieuse .. Les plaisanteries grasses se mêlent aux rires épais : la bête humaine est déchaînée !

Un second bateau est amarré non loin. On y pousse les malheureux. Les premiers arrivés attendent, des heures entières, grelotent sous la bise ; pas un cri, les uns pleurent, en silence, des autres prient à voix basse ; ils ont tous compris : on va les noyer.
La galiote enfin est pleine ; on a refermé la trappe qui s'ouvrait sur le pont. Les condamnés, dans le noir, tâtent, de leur main libre, les parois du cercueil flottant. Il semble à certains que déjà, par endroits, l'eau suinte ou gicle, à l'intérieur. Puis, le cercueil commence à glisser lentement et sans bruit.
Le murmure des prières se fait plus grave, plus suppliant. Soudain, des coups sourds sont frappés au dehors. Les hommes de LAMBERTY défoncent les trous pratiqués à l'avance aux flancs du bateau. Le flôt jaillit, lourd et froid, sur les corps nus. Dans la caisse inondée, une clameur confuse retentit. L'eau entre de partout ; elle monte aux genoux, puis aux reins ; les malheureux sentent qu'ils s'enfoncent, fatalement dans la mort. Un dernier cri, prolongé, fait d'effrayante angoisse, s'élève dans le silence des nuits d'hiver. Puis, tout à coup, ce cri s'éteint : le bateau, prison et tombeau a disparu. On distingue un instant encore, de loin un vague remous à la surface de l'eau ; c'est fini !
Une nuit, on noya ainsi une dame des HERBIERS, et ses trois filles. Un officier bleu voulu sauver la cadette ; elle refuse, disant : "Je préfère la mort au déshonneur !" - Elle se jeta elle-même dans le fleuve, tomba sur un monceau de cadavre, se débatit en vain, sans pouvoir seulement caché son pauvre corps."Je vous en prie implore-t-elle, poussez-moi, je n'ai pas assez d'eau".
On la poussa, le flot l'engloutit ; elle avait 21 ans !


Combien périrent ainsi noyés : 4.800 !


A Angers, on ne noie pas, on fusille ... Les prisons sont pleines là aussi. Les juges s'y transportent ; les débats ne traînent pas : "Ton nom ? - Un tel ou une telle. - Brigand ? - entendez par là Vendéen ? - Brigand ? - oui ; -Flanquez-lui un F", crie le Président au greffier.
F au crayon bleu, en face du nom, signifie : A FUSILLER !
Car, à Angers, du moins, on prend les noms ; on inscrit aussi à côté la CAUSE de la condamnation ; cette cause souvent est religieuse ... En voici quelques spécimens pris au hasard :
François MIAULET, 35 ans : a fabriqué des chapelets : F.
Françoise PAGIS, 62 ans : n'a pas voulu aller à la messe du curé jureur : F.
Marie ALLARD, 60 ans : a été aus processions à Saint-Laurent : F.
Gabriel AUDOUIN, 36 ans : a caché plusieurs fois son frère prêtre : F.
Pour beaucoup, le seul motif est "fanatique", c'est-à-dire "Calotin !" ; à F.


Il y aura à Angers 9 fusillades. 1940 Vendéens périront, dont la moitié environ sont des femmes.


Les condamnés s'avancent, liés 2 par 2, en silence. Leur chaîne s'allonge par les rues, interminable ! Les Angevins pâles d'effroi, regardent le défilé. Quelques mégères escortent la colonne ; et le contraste est grand, de ces femmes sordides, puant l'alcool et le vice, aux chrétiennes, marchant d'un pas ferme, les yeux au ciel, vers le martyre.
Le cortège quitte la ville, et arrive, après 1/2 here environ, à un champ appelé la Haye aux Bonshommes. Dans le champ, un trou franchement creusé est béant : c'est la fosse qui attend ses victimes. Les condamnés sont rangés sur le bord de la fosse, à genoux, les mains toujours lisées, le visage tourné vers le trou. Ils restent là, 5, 10 minutes, priant en silence. Derrière eux, les tueurs s'amusent, plaisantent. Soudain, la fusillade crépite. Les malheureux tombent pêle-mêle dans la fosse. La plupart vivent encore. Alors les bandits, manches retroussées, sautent dans le trou, où de pauvres corps se tordent, douloureux, gémissants.


Noyades à NANTES ; fusillades à ANGERS ; et voici pire encore : LES COLONNES INFERNALES !
La Convention l'a décrété : la Vendée sera anéantie, il faut faire d'elle un désert. Le général TURREAU dresse son plan : 24 colonnes vont pénétrer en Vendée. Leur consigne est très simple : tout brûler : les bourgs, les villages, les foins et les grains, les bois et les genêts, tout massacrer : les hommes et les femmes, les enfants, les bestiaux. "Sous 15 jours, écrit TURREAU, il n'existera plus en Vendée ni maisons, ni armes, ni vivres, ni habitants".


Le programme est féroce ; l'exécution le sera plus encore. Si des chefs, comme Haxo se montrent plus humains, des bandits comme Grignon, Lachenay, Huché, Cordelier rivalisent de cruauté. Ils en feront tellement que des bleus comme Savary, chapelain, Barrion, en seront eux-mêmes révoltés. C'est surtout par leurs rapports indignés que nous savons un peu ce qui s'est passé.

massacre


Veut-on des faits ? ... En voici pris entre mille !


A CHAMBRETAUD, le vicaire, Mr NICOLAS, trahi par un mendiant est pris et emmené à MORTAGNE. Une tombe est creusée ; on l'y enterre vivant, jusqu'au cou, la tête seule passant le sol. Puis au milieu des rires, les bleus tirent, l'un après l'autre, sur la cible vivante. Au 20ème coup seulement, le martyr rend son âme à Dieu. Alors on scie la tête sanglante ; on se la renvoie à grands coups de pieds comme une boule. Pendant 2 jours, la tête meurtrie défigurée, roula à travers les rues.


A PALLUAU, à AIZENAY, COMMAIRE et ses bandits s'amusent à couper les enfants en deux. Ils prennent ces petits par un pied et d'un seul coup de sabre, les fendent de haut en bas.


A LA CHARDIERE de BEAUFOU, les bleus amènent 3 enfants dont l'aîné à 12 ans, devant une croix ; on leur met un sabre en main ; on leur dit "Abattez cette croix". Sur leur refus, on les dépouille, on les pend à un arbre voisin, et on les taille en morceaux.


Aux ÉPESSES, les bleus ont rassemblé les gens du Bourg, 104 vieillards, femmes et enfants. Ils veulent faire jurer les hommes ... Ils refusent ... Ils veulent les faire marcher sur des crucifix : ils refusent tous encore.
Alors les bleus, furieux, allument les fours : ils sont chauffés à blanc ; ils y jettent les vieux ... puis les enfants. On tient les mères à la gueule des fours pour qu'elles voient bien leurs petits brûler ... Puis on réchauffe les fours, et on jette à leur tour les malheureuses. L'une d'elles à moitié brûlée, s'échappe de la fournaise. Un officier lui plonge une fourche dans le ventre et la rejette dans le brasier !


On brûla ainsi, vifs, pour n'avoir pas voulu renier leur Dieu, 52 femmes, 16 vieillards, et 32 enfants ! ... 104 morts ... 104 martyrs !!!


A LA GAUBRETIERE, des hommes, des femmes ont la langue arrachée, les yeux crevés, les oreilles coupées avant de recevoir le coup de la mort. M. de la Boucherie, sa femme, sa soeur, sont suspendus par le menton, dans la cuisine à des crochets de fer et brûlés vifs.


AUX LUCS SUR BOULOGNE, en un seul jour, on compte plus de 500 morts dont 105 n'ont pas 7 ans, 33 n'ont pas 2 ans, et 2 n'ont pas 15 jours !


Glissons rapidement sur les récits où l'on parle d'hommes, de femmes éventrées, les viscères arrachés, le corps rempli d'avoine, servant de mangeoires aux chevaux ! ... N'insistons pas sur les petits enfants embrochés et promenés à la pointe des baïonnettes.


Signalons, d'un mot seulement, la tannerie de peau humaine d'Angers ; peau donnant, d'après St-Just, un cuir excellent : "La peau des hommes, expose froidement St-Just à la Convention, est meilleure que celle des chamois ; celle des femmes est plus souple, mais moins solide !


Il faudrait parler aussi, pour être complet, des abominations commises par ces brutes, ivres souvent, sur les femmes, les jeunes filles, les religieuses ... Mais à quoi bon remuer cette boue ! Sachons seulement ce que, jadis, nos aïeules craignaient le plus, ce n'était pas la mort, c'était l'outrage bestial à leur pudeur !


Qu'est-ce qui se passait, pendant ce temps-là à St-Michel ? Vit-on là aussi les Colonnes Infernales ? Oui. La colonne de GRIGNON mit tout le pays à feu et à sang.


Grignon campa avec ses bandits, à la FLOCELLIÈRE, pendant 3 jours : du 27 au 30 janvier 1794. Puis le 31 janvier, GRIGNON se dirigea, par St-Michel, sur les Herbiers. Ce fut, à SAINT-MICHEL, le jour du grand massacre.


De fait, on ne sait pas trop ce qui s'est passé. On sait pourtant que les bleus, après avoir livré le Bourg aux flammes, partirent vers l'ÉPAUD. Là, leur colonne se coupa en deux. Une bande descendit vers la CROIX-BARRA et les HERBIERS ; l'autre descendit, par la CHAMBAUDIERE, vers Saint-Paul en Pareds. Evidemment, tous les villages trouvés en chemin, furent brûlés ; les habitants furent massacrés ! Les anciens se rappellent encore certains faits.

 

 

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Le père AUGUSTE MERLE m'en a raconté. Il y eut un massacre à la CHAMBAUDIERE ; les victimes, dont un PENAUD, furent enterrés là où est maintenant la CROIX DE LA POIZELIERE. Une seule maison fut épargnée ; elle appartenait, en ce temps-là, à un certain BARBEAU, notaire, qui était républicain ... Plus loin, la BONNELIÈRE aussi fut épargnée : c'est qu'elle appartenait désormais à l'État. L'État l'avait confisquée à Monsieur de GOURGEAULT, propriétaire, émigré. C'était maintenant un bien national. Le château fut en effet acheté, quelque temps après, avec la métairie et les moulins, par Monsieur COQUILLAUD.


On raconte aussi qu'à la BURLANDIÈRE, les bleus, ayant pris un nommé RAVAUD, lui enfoncèrent leur bayonnette dans le ventre. Le malheureux revint peu après, chez lui, en tenant à deux mains ses entrailles sanglantes, qui lui sortaient par plusieurs blessures !

 

Bleu 4


Imaginons un peu, si nous le pouvons, ce jour de cauchemar. Les bleus sont tout près, on le sait, ils sont là à la FLOCELLIÈRE ; ils viennent pour tuer et brûler tout ... Sera-ce pour aujourd'hui, ou pour demain ? - Imaginons les coups de feu tirés au loin, dès le matin, qu'on entend le coeur serré, de la CESSIÈRE, de la BESSONNIÈRE, de la CHAMBAUDIÈRE, de la BURLANDIÈRE, des BROSSES ... et qui signifient que les bandits approchent ! Le bétail qu'on envoie dans les champs, pour qu'il ne périsse pas, égorgé ou brûlé, dans les étables. Les pauvres vieux, infirmes souvent qu'on ne sait comment cacher, et qui, résignés à la mort d'avance, disent aux enfants : "Allez-vous en ! Laissez-moi là ! Cachez-vous !" et qui s'assoient au coin du feu, leur chapelet à la main, prêts à recevoir le coup fatal ! - Les enfants malades qu'on ne peut transporter et qui supplient leur mère de rester avec eux ; et les mères qui préfèrent mourir avec leurs petits, plutôt que de vivre sans eux ! - Et les métairies, et les villages qu'on voit de loin flamber comme d'immenses brûlots rougeâtres ! - Et les femmes blotties, tremblantes dans leurs cachettes avec des petits que la Terreur affole, et qui sans le vouloir font du bruit ! - Oh ! l'horrible instant où l'un des bandits arrive devant la cache et appelle ses camarades ! Les baïonnettes qui s'enfoncent dans les corsages ! les petits enfants, qu'on attrape dans les jupes de leur mère, qu'on empoigne par un pied, et dont on fracasse le crâne sur une pierre !

 

mère et enfants massacrés


Ah ! mes chers amis, ces messes célébrées en cachette, sans chant, par un prêtre voué à la mort, devant des fidèles eux aussi en péril de mort, avec quelle attention on les suivait ! avec quelle ferveur on y priait ! avec quelle ferveur on y communiait ! - Mais aussi, comme on en partait, après, plus forts, plus prêts à tout, à la lutte, à la mort même, pour Dieu et pour la religion ! ...


Jeunes gens, hommes, qui m'écoutez, quand vous serez tentés de manquer la messe pour un rien, pensez à vos aïeux ! Ils comprenaient, eux, ce que c'est que la messe ; et c'est pourquoi ils y allaient, quoi qu'il leur en coûtât, autant, du moins, qu'ils le pouvaient !

 

CHARETTE 3


Peu à peu cependant, la situation a changé en Vendée. Les Colonnes Infernales, massacrées à leur tour par Charette, à Chauché, à Legé, aux Clouzeaux et ailleurs, ont disparu ! Dans ces combats acharnés et sans merci, les gars de SAINT-MICHEL, sûrement, eurent leur part ... Il faudrait ajouter, à ces combats connus, mille combats inconnus, mille embuscades ! Combien de fois, dans nos chemins creux, au coin des bois, les bleus ont-ils laissé 1, 2, 3 des leurs, frappés à mort à travers un buisson, par une femme parfois, à bout portant ?

 

VENDEENS 8


Un combat a lieu un jour, dans le vallon, entre la MAURIÈRE et le PUY-FOU : les Vendéens sont vainqueurs, pas un bleu n'en réchappe ; il paraît que le soir, le ruisseau, en bas, était rouge de sang ...

 

 

MAURIERE PUY-FOU

 

 

 

Une autre fois, deux bleus, à cheval descendent vers la BURLANDIÈRE ; deux paysans les ont vus : "Vise celui qui va devant, moi je prends l'autre". Les cavaliers s'avancent sans défiance ; les deux gars attendent le doigt sur la gachette ... et voilà, bonnes gens, que le premier, à mesure que les bleus approchent, se met à trembler ... il ne peut ni viser, ni tirer ! L'autre, lui, heureusement est plus calme ; il tire, et son bleu s'abat, foudroyé ! Les deux chevaux alors s'emballent. Le premier bleu s'enfuit, à bride abattue. L'autre ? on l'enrocha, quelque part, dans un coin !

 

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... Et cela arrive partout, dans la Vendée entière ! Les bleus maintenant ont peur ! ... Dubois-Crancé, un jour disait : "Nos hommes craignent les Vendéens plus que des chiens enragés !" D'autres parlent avec terreur de l' "INFERNALE VENDÉE" ! Avec cela les soldats bleus, mal vêtus, mal nourris, mal payés, se révoltent ! La maladie les décime, la gale les dévore. Leurs officiers dégoûtés, démissionnent en masse !


Si bien qu'à la fin de 1794, la Convention, fatiguée la première d'une guerre sans fin, demande la paix à Charette. Cette paix négociée à la JAUNAYE, près de NANTES, est signée au début de 1795 ! Cette paix, glorieuse pour les Vendéens, leur accordait, à eux et à leurs prêtres, liberté presque entière du Culte.
Ce fut alors grande joie à SAINT-MICHEL. La messe se chante, à nouveau, en plein air !
Désormais la Grande Guerre est finie.

 

Saint-Michel-Mont-Mercure


Dans quel état est alors SAINT-MICHEL ?
Dans un état lamentable ! Des morts et des ruines partout !
Combien de morts ? de victimes de la Révolution ?


On peut s'en faire une idée par le recensement très précis, opéré en 1803, huit ans après la fin de la guerre ...
Nous y voyons qu'au BOUPÈRE, la population est tombée, en 10 ans de 2.131 à 1.057 - à la POMMERAYE ? DE 700 à 312 - à POUZAUGES, de 2.200 à 1.262 - aux ÉPESSES, de 1.000 à 615 ... Et à SAINT-MICHEL ? ... SAINT-MICHEL, elle, est tombée de 800 à 330 !!!


Autrement dit, les deux tiers environ des habitants ont péri !!! Comment ont-ils péri ? ... Beaucoup d'hommes évidemment sont morts dans les combats ; et puis il y a ceux, hommes, femmes et enfants qui passèrent la Loire, et dont presqu'aucun ne revint ; il y a encore ceux que les bleus massacrèrent chez eux en 94. Il y a ceux enfin qui périrent guillotinés ou fusillés ... Nous avons déjà dit la mort affreuse de Madame du RETAIL, de NOUZILLAC, à POITIERS ... Il y eut aussi un jeune homme de 27 ans, JACQUES TRANCHET, tisserand, guillotiné ... Il y eut enfin 4 victimes fusillées le 11 mai 1794 à NOIRMOUTIER ; c'étaient FRANÇOIS PENAUD, 18 ans ; JACQUES COUE, 28 ans ; FRANÇOIS GELOT, 38 ans et MATHURIN BRUNET, 38 ans.


Mes chers amis, nous avons vu ce que nos pères ont jadis fait et souffert pour leur Foi. SAINT-MICHEL s'inscrit, en bon rang, certes, parmi nos paroisses martyres. Combien de nos champs ont bu le sang de nos martyrs ? ... Mais ce sang ne coula pas en vain ; on l'a dit et c'est vrai : c'est grâce aux Vendéens que la Religion recouvra un jour, en France, la liberté. ...


Abbé Auguste BILLAUD
Bulletins Paroissiaux de Saint-Michel-Mont-Mercure - 1949 - 1950

(Conférence de Monsieur l'Abbé Billaud, professeur d'histoire au Collège Richelieu de la Roche-sur-Yon : "La Guerre de Vendée et Saint-Michel-Mont-Mercure")

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