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La Maraîchine Normande
3 février 2015

TIFFAUGES (85) - LE CLERGÉ SOUS LA RÉVOLUTION

TIFFAUGES
LOUIS-ANDRÉ THOMAS, curé de Saint-Nicolas
JACQUES-ANTOINE ROBIN, vicaire
RENÉ CHEVALIER, curé de Notre-Dame.

Tiffauges était partagé en deux paroisses, Saint-Nicolas et Notre-Dame, d'une importance différente, ainsi qu'on le voit d'après la taxe des décimes de 1641 ; la cure de Saint-Nicolas payait alors 13 # de décimes, et la cure de Notre-Dame 4#10s. seulement.

 

TIFFAUGES ÉGLISE SAINT NICOLAS


A la révolution, M. Thomas était curé de Saint-Nicolas depuis le 14 avril 1782, en remplacement de M. Carré. Il refusa le serment, et, voulant partir pour l'Espagne, fut du nombre des prêtres qui, faute de bateaux aux Sables-d'Olonne, se rendirent à Saint-Gilles-sur-Vie pour s'embarquer. Ils y furent dépouillés de tout l'argent qu'ils possédaient, sous prétexte que la loi interdisait l'exportation des métaux précieux.

 

TIFFAUGES SIGNATURE THOMAS


M. Thomas s'embarqua, le 4 octobre 1792, à Croix-de-Vie, sur le navire du capitaine Mornet, muni, pour tout viatique, du passeport que lui avait délivré la municipalité de Saint-Gilles :

"André-Louis Thomas, prêtre français, domicilié depuis quelque temps à la Gaubretière, ci-devant curé de Saint-Nicolas de Tiffauges, âgé de 41 ans, taille de 4 pieds 10 pouces, cheveux et sourcils châtain-clair, yeux gris, nez petit, bouche moyenne, menton court, front grand, visage plein, marqué de petite vérole, pour aller en Espagne."

 

Santander Espagne

 


Débarqué à Saint-Sébastien, il fut placé à Guétaria, dans le diocèse de Pampelune, puis, par crainte d'invasion des patriotes français, fut envoyé à Mascueras dans la vallée de Cazalon. Le 14 octobre 1794, Mgr de Mercy écrivait, de Mindrizio, à M. Paillou : "Le déplacement de mes frères à raison des fâcheux évènements me faisait craindre des malheurs plus grands encore. Je ne reste inquiet que sur ceux de Guétaria. Mon coeur sera en peine tant que vous ne pourrez pas me donner de bonnes nouvelles de tous." M. Thomas fut de ceux qui trouvèrent un asile plus sûr à Masqueras, près de Santander. C'est de là qu'il écrivit à Pierre et à Charles Baudry, ses anciens paroissiens, deux lettres qui ont été conservées, dans lesquelles il donne des nouvelles de son confrère, M. Chevalier, curé de N.-D. de Tiffauges, et des siennes, qu'il dit excellentes, sans aucun détail sur sa façon de vivre, ni sur les autres déportés. On n'eut pas d'autres nouvelles de lui. Il avait été inscrit sur la liste des émigrés le 1er fructidor an II.

 

ACTE NAISSANCE CURÉ ROBIN


En 1790, M. Jacques-Antoine ROBIN, né à Fontenay-le-Comte (paroisse Notre-Dame), le 25 février 1766, succéda, comme vicaire de Saint-Nicolas de Tiffauges, à M. Heveren, dont il sera parlé plus loin. Il refusa le serment, et s'embarqua aux Sables-d'Olonne pour l'Espagne, le 11 septembre 1792, sur le Marie-Gabrielle. Dès son embarquement, il fut dirigé dans le diocèse de Cuença, au couvent des Augustins de Campillo Altobuey.


Lorsque le roi d'Espagne conclut la paix avec la République française, une des conditions de cet accord fut le transport, hors du continent, des prêtres français déportés, et leur envoi aux îles Canaries. A ce moment les colonies d'exilés répandue dans le diocèse de Cuença furent envoyées à Barcelone, lieu d'embarquement, et provisoirement débarquées dans les îles Baléares. Dans une lettre interceptée, et conservée aux Archives nationales, l'abbé ROBIN, alors interné à Palma, mande, le 18 mars 1800, à sa mère à Fontenay-le-Comte, que, depuis deux ans, il n'a pas reçu de nouvelles d'elle et de sa soeur, à qui il avait écrit le 23 décembre 1797. Il ne peut raconter toutes les peines qu'il a endurées depuis qu'il est sorti de Campillo Altobuey, pour venir habiter cette île, où les chaleurs excessives altérèrent sa santé au point qu'il fut administré ; mais les soins de son ami intime et inséparable, l'abbé Ardouin, vicaire de Saint-Médard-en-Aunis, l'ont tiré de là. Il donne des nouvelles des confrères qui sont avec lui. Ils ne savent rien de ce qui se passe en France. On admire les talents politiques et militaires du Premier Consul. Déjà plusieurs de leurs confrères sont rentrés chez eux, d'autres se disposent à partir. "Faites tous vos efforts, ajoute-t-il en terminant, pour me sortir de d'ici au plus tôt. Conférez-en avec les amis qui peuvent me servir de la manière la plus efficace." M. ROBIN ne tarda pas à rentrer dans sa famille. Son nom figure sur la liste des pensionnaires ecclésiastiques dressée en vertu de l'arrêté des Consuls du 3 prairial an X. En 1803, il résidait encore à Fontenay, comme prêtre libre.

 

Tiffauges abbé Chevalier signature


Le 8 février 1786, M. CHEVALIER, alors âgé de 40 ans, fut nommé à la cure de Notre-Dame de Tiffauges en remplacement de M. Aillon, démissionnaire depuis le 3 juin 1785. Il refusa le serment, et continua à administrer sa paroisse, jusqu'à ce qu'il en ait été chassé par la force en octobre 1791, lors de l'installation du curé constitutionnel, amené par les garde-nationaux de Clisson et de Cugand, et par le Royal-Roussillon en garnison à Cholet, lesquels donnèrent au curé et au vicaire fidèles deux heures pour se retirer, sous menace d'emporter leurs têtes à Cholet. Dans son curieux Journal de ce qui s'est passé à Tiffauges de 1789 au 11 mars 1793, Guerry, alors sénéchal de la baronnie de Tiffauges, dit sommairement que "M. le curé Chevalier fut maltraité à l'occasion de l'installation du curé constitutionnel, et chassé". La violence faite le rendit en outre suspect, et, le 9 mars 1792, il fut mandé à Fontenay pour rendre compte de sa conduite. Il put s'embarquer quand même le 10 septembre 1792 aux Sables-d'Olonne, sur le navire l'Heureux Hasard, avec 38 autres prêtres. En Espagne, il eut pour résidence Utiel, dans le diocèse de Cuença, jolie ville située dans une plaine plantée de vignes et d'oliviers. Il logeait chez les Pères de la Merci ; il y mourut peu de temps après son arrivée.

 

TIFFAUGES ÉGLISE NOTRE DAME


Guerry, dans son Journal, relate, à la date du 16 octobre 1791, l'installation manu militari, comme curé constitutionnel, du sieur Benestreau, précédemment vicaire à Saint-Mesmin. Le 24 avril 1792, l'intrus fit fermer les portes de l'église Saint-Nicolas, où un concurrent était venu s'installer en la personne du sieur Thadée Heveren, irlandais, naturalisé français, vicaire de Saint-Nicolas de Tiffauges depuis 1789, et précedemment vicaire d'Ardelay depuis juin 1786. Bien que remplacé en 1790 par M. Antoine Robin, il n'avait pas quitté la paroisse, et, en 1791, ayant prêté le serment, il revendiquait le titre de vicaire de Tiffauges depuis le 26 mars 1790. La municipalité se contenta de certifier que M. Heveren avait dit la messe à Saint-Nicolas, que la paroisse n'avait jamais eu qu'un vicaire, que M. Robin avait été nommé à sa place, et que, quoique maintenu ensuite par l'évêque Rodrigue, il ne pouvait se dire vicaire, parce qu'il avait dit la messe, cette fonction étant celle de tout ecclésiastique. M. Lucien Prevel, historien de Tiffauges, donne quelques détails sur cette affaire. On ignore ce que devint M. Heveren.

 

Tiffauges vicaire Heveren


Pendant l'exil, le culte fut assuré à Tiffauges par l'abbé Buffard, vicaire de la Verrie. Il se cachait à la métairie de la Chasseloire en Saint-Martin-Lars, et prenait soin de toutes les paroisses voisines. Le Commissaire du Directoire exécutif près le canton de Tiffauges écrivait dans un rapport de l'an IV : "Les prêtres de Tiffauges reparaissent en public, rétablissent leurs églises, et semblent assurés d'une réaction prochaine." En bon fonctionnaire opportuniste, le même rapportait en l'an VIII : "Le rétablissement du culte a calmé les esprits et fait tout rentrer dans l'ordre".

 

Buffard vicaire de la Verrie signature


Au Concordat, M. Buffard rentra comme curé à Tiffauges, bien qu'adhérent au schisme de la Petite Église. Interdit de ce chef le 1er septembre 1803, il rédigea les actes de baptême sans les signer. On retrouve sa signature sur les registres de Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges, du 19 janvier 1807 au 20 novembre 1809, avec cette note : "desservant de N.-D. de Tiffauges, caché dans cette paroisse à cause de la persécution.

TIFFAUGES GRAVURE

(Merci Nicolashttp://www.vendeensetchouans.com/)


Les deux églises de Tiffauges furent incendiées en février 1794 par les colonnes infernales de Turreau. L'État des églises de l'arrondissement de Montaigu, dressé en vendémiaire an V, les mentionne ainsi : "à Tiffauges, paroisse N.-D., église totalement brûlée, abandonnée, vendre le terrain. - Paroisse Saint-Nicolas, petite, totalement brûlée, abandonnée, vendre le terrain." Par une souscription publique, Saint-Nicolas fut sommairement réparé en novembre 1795.


Le presbytère de Saint-Nicolas fut vendu nationalement le 18 fructidor an IV, et celui de N.-D. le 2 nivôse an VII.

Revue du Bas-Poitou - 1908 - 4ème livraison

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