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La Maraîchine Normande
26 janvier 2015

HISTOIRE DE SAINT-GEORGES-DE-MONTAIGU (85) DES ORIGINES JUSQU'A LA RÉVOLUTION

HISTOIRE DE SAINT-GEORGES-DE-MONTAIGU
(écrite en 1865, par M. l'abbé Remaud, curé de la paroisse)

Saint-Georges-de-Montaigu, du temps des Gaulois et de l'empire romain, fut pendant plusieurs siècles une ville importante. Elle était du nombre de celles qu'on désignait sous le titre : "Mansio Romana". La place publique, devenue aujourd'hui simple champ de foire, s'appelle encore le For et rappelle le Forum des Romains. M. Dugast-Matifeux dit que cette ville était la capitale de la puissance romaine dans l'ouest de la Gaule.

 

LE FOR ST GEORGES DE MONTAIGU


DURIVUM - Elle se nommait primitivement Durivum, ville des deux rives. Le nom qui veut dire "deux ruisseaux", exprimait admirablement la position au confluent de deux rivières, sur lesquelles elle s'étendait. De la corruption de ce mot, on fit dans la suite Durinum, puis Durin.

POPULATION DE DURINUM - La tradition attribue à Durivum une population d'au moins 20.000 âmes. Elle était située sur le coteau où se trouve aujourd'hui le bourg de Saint-Georges-de-Montaigu. Le centre de la ville devait être à peu près au lieu qu'occupe aujourd'hui le calvaire du bas du bourg ; de là elle s'étendait sur le flanc des deux collines opposées. La cité se trouvait ainsi partagée en trois parties égales par les deux rivières bordées de quais élégants.

VOIES ROMAINES - Quatre voies romaines, de celles qu'on appelait "Viae stratae seu calcatae", traversaient Durivum et le croisaient, dans le lieu même où se trouve aujourd'hui le clocher de la paroisse. Le point de leur jonction était marqué par un monument surmonté d'une statue d'Apollon, dieu guerrier honoré de ces peuples belliqueux. Le dieu du paganisme devait plus tard céder la place à Saint-Georges, le plus glorieux des chevaliers chrétiens.
La première des quatre voies romaines venant de l'est passait par Bressuire, Les Herbiers, Bazoges-en-Paillers ; elle traversait les terres de la Fournerie, celles de La Limouzinière, où elle est encore très apprente, le Gué du Jonc. Après avoir passé au travers de Durivum, elle allait par le Vivier, où on la reconnaît, aboutir à l'océan, au port de Saint-Gilles.
La deuxième venait par les Essarts, Benaton, la Landette, la vallée de la Brachetière, le Pont-Chait. Au sortir de Durivum, elle traversait la Grande Maine sur une simple chaussée jetée un peu au-dessus du confluent des deux rivières. C'est dans le lieu où a été construit plus tard, au Moyen-Age, un pont ogival dit pont de Boisseau. A la tête de cette chaussée, du côté du Nord, elle se confondait avec une autre voie romaine venant d'Angers par Cholet, le Grand Planty. Cette dernière voie traversait les deux rivières à leur confluent sur une autre chaussée qui sert aujourd'hui à un moulin. Elle passait par le jardin de la Lévinière et arrivait à Rezé, qui était le quartier le plus commerçant de Nantes, avant que Saint Félix, évêque et gouverneur de cette ville, eût fait creuser, dans le sixième siècle, la Fosse ou le port de Nantes.

 

ST GEORGES DE M PONT BOISSEAU

 

VIEUX PONT DE BOISSEAU - Cette dernière voie de Nantes à Angers par Durivum se reconnaît encore aujourd'hui aisément lorsqu'ayant passé le nouveau pont de Saint-Georges, ou remonte vers la métairie des Chaussées. A 100 mètres à peu près avant d'y arriver, l'on a sur la droite un enfoncement de terrain assez prononcé qui ressemble à un ravin ; c'était la voie romaine. Cinquante mètres plus haut, un autre affaissement du sol se fait remarquer au milieu d'un champ cultivé ; il vous désigne la voie du moyen-âge. Enfin, cinquante mètres encore plus loin, toujours en remontant, vous avez la grande voirie du treizième siècle, qui longe la métairie des Chaussées ; laquelle remonte au delà de l'époque de la construction du pont et tire évidemment son nom des deux chaussées qui le suppléaient jadis.

 

St Georges de M Moulin des Chaussées

 

PONT DE SAINTE-MARIE - Outre le pont de Boisseau, il existait autrefois à Saint-Georges de Montaigu une chapellenie dite : chapellenie des Boisseaux, ce qui ferait supposer que ces deux oeuvres étaient dues à une famille riche et puissante qui leur avait donné son nom. En même temps que le pont de Boisseau, vers le treizième siècle, fut construit celui de Saint-Maîme, lequel n'est autre que saint Maximin, compagnon de Saint-Martin, ce qui montre combien, dans tous les temps, la mémoire de ce saint a été vivante à Saint-Georges et combien on tenait à en perpétuer le souvenir.

INDUSTRIE ET COMMERCE DE DURIVUM
Genre d'industrie et de commerce - Durivum, ville commerçante et manufacturière, était le point central de tout le commerce de l'Aquitaine et de l'Armorique. Elle échangeait avec les marchands grecs de Marseille, les marchands romains de Narbonne, contre les plus riches productions de l'Orient, le fer, l'étain, qu'elle travaillait, et les produits manufacturés, tels que ces tissus serrés et épais qui résistaient à l'arme blanche, et ces toiles si légères, appelées toiles d'ombre, contre lesquelles s'élevaient les Pères de l'Eglise, en disant qu'elles voilaient moins les charmes qu'elles n'excitaient à la volupté.

DÉCOUVERTES DE 1810 - Ce que nous venons d'avancer, d'après deux auteurs, le genre d'industrie qui s'exerçait autrefois à Durivum, trouve une puissante confirmation dans le résultat des fouilles faites en 1810 sur la grande place de Saint-Georges, par les soins d'un amateur d'antiquités, M. Monteau, alors maire de cette commune. On y déterra une multitude de cônes en terre cuite, percés au sommet transversalement et propres à être suspendus. Plusieurs de nos tisserands s'en servent encore aujourd'hui pour tenir tendus sur les métier les fils dont ils composent leurs toiles.
Mais ce n'est là que la moindre partie des découvertes curieuses qui furent faites à ce moment. Ainsi, on retira de dessous terre plusieurs charretées de poids en plomb que l'on présume avoir servi aux tisserands d'alors. Ces poids, conduits à Nantes par les soins de M. Monteau, furent vendus et on en fit fondre le plomb. Plusieurs témoins oculaires, encore vivants, m'attestent la véracité du fait.
Ce phénomène qui paraît surprenant ne viendrait-il point aussi de ce qu'à Durivum, où l'on travaillait le plomb, on aurait tenu fabriquée à l'avance, pour la livrer au commerce, cette prodigieuse quantité de poids que l'invasion des Barbares aurait condamnés à rester dans les magasins d'abord, puis à se trouver dans la suite enfouis sous terre.

OSSEMENTS - Ce qui atteste encore l'importance de la ville de Durivum dans l'antiquité et les nombreuses révolutions qu'elle a dû subir, c'est que le sol en était littéralement pavé d'ossements humains. M. Jagueneau, propriétaire, habitant le Grand-Logis, trouvant, il y a quelques années, de la résistance pour faire bêcher des carrés de son jardin assez profondément, voulut le faire défoncer. Que trouva-t-il ? De vastes charniers d'ossements entassés. On a découvert des tombeaux creusés dans une pierre dont nulle carrière n'existe dans les environs. On l'a dit venu de Doué, en Anjou. J'ai pu examiner moi-même l'un de ces tombeaux, retiré de dessous une grange à foin. Il renfermait un squelette humain, et la pierre dont il était composé, de la nature de celles dont j'ai parlé plus haut, m'a paru n'être autre chose qu'un espèce de sable coagulé et entremêlé de petits coquillages.
La ville de Durivum était dans toute sa splendeur dès la fin du IVe siècle de l'ère chrétienne, lorsque l'Empire d'Occident, dont la chute devait lui être si funeste, inclinait à sa ruine.

DÉCADENCE DE DURIVUM
L'invasion des Barbares dans l'enquête romain ruina tout le commerce des Gaules. Et comment aurait-il pu subsister avec le passage de vingt peuples divers qui traînaient toujours à leur suite le pillage et la dévastation. Toute transaction cessa entre Durivum et les peuples nombreux qui commerçaient jadis avec elle. Dès lors cette cité, qui tirait de son commerce et de son industrie l'élément de sa grandeur, devait rapidement déchoir.
Ajoutons que les conquérants ayant fixé leur cour à Lutèce et à Tournai, ces villes attirèrent seules tous les regards. Enfin, les Teiphaliens ayant adopté pour chef-lieu de leur établissement dans l'ouest de la France la ville de Tiffauges, qui prit leur nom, au nord du pays des Agésinates et à peu de distance du Durivum, cette ancienne capitale de l'Aquitaine et de l'Armorique perdit aussi le rang politique qu'elle avait occupé jusqu'alors.

 

 

Saint Martin de Vertou

SAINT MARTIN DE VERTOU - Aussi, vers la fin du VIe siècle, vers l'an 580, elle n'était déjà plus qu'une ville indigente et sans renom, quand tout à coup elle voit ses portes s'ouvrir pour recevoir un homme pauvre et grossièrement vêtu, marchand à pieds, un bâton à la main ; une croix brille sur sa poitrine. Cet homme puissant en oeuvres et en paroles est un saint. A sa voix, la religion, comme un astre bienfaisant qui ramène l'abondance et la fertilité dans une contrée dévastée par les orages, se lève, majestueuse, sur l'antique Durivum, répare tous ses malheurs, console les infortunés, guérit son indigence.
Ce saint, cet apôtre, ce thaumaturge comparable à tout ce que l'Église peut offrir de plus merveilleux en ce genre, est Saint Martin de Vertou. Nous devons ici une notice sur la vie d'un saint trop peu connus ; c'est du reste le but principal que nous nous sommes proposé. Puissions-nous venir à bout de procurer à nos peuples une vie complète et détaillée de ce grand protecteur de notre pays. Les sources où il serait facile de puiser sont abondantes : les Bollandistes, Albert de Morlaix, Dom Sobineau, Isidore Massé (la Vendée poétique), enfin M. de Kersabiec (Vie de Saint Félix, évêque de Nantes).
L'abrégé que nous allons donner ne sera qu'un abrégé fort court des merveilles que raconte Albert de Morlaix sur la vie de Saint Martin (Vie des saints de Bretagne). De temps en temps, nous donnerons quelques fragments de son style antique, original et agréable dans sa simplicité.
N'omettons pas de dire que les auteurs précités ont puisé leurs documents sur Saint Martin de Vertou à une source plus ancienne et infiniment recommandable : Acta ordinis sancti Benedicti, recueillis par Dom Mabillon. Ce précieux ouvrage se trouve à la Bibliothèque civile de Nantes.

NAISSANCE DE SAINT MARTIN - Saint Martin, surnommé de Vertou parce qu'il fut le fondateur et le premier abbé du monastère de Vertou, au diocèse de Nantes, naquit l'an 527. Son père était Seigneur de Rezay, et sa mère était une dame de grande maison en Aquitaine. Il étudia d'abord à Nantes puis à Tours. Dieu, qui en voulut faire un vaisseau d'élection, pour porter, comme autrefois l'apôtre des Gentils, la connaissance de son nom à une foule de peuples qui l'ignoraient ou toujours croissant. L'an 560, Saint Félix, évêque de Nantes, le connaissait à peine, lui inspira dès l'enfance un grand dégoût du monde et un extrême désir pour le Ciel. ... Saint Martin le supplia de l'aider à mettre à exécution le dessein, par lui formé depuis longtemps, de quitter le monde pour se consacrer entièrement à Dieu. Il était alors âgé de 3 ans. Le saint prélat, ayant reconnu que sa vocation venait du Ciel, l'emmena avec lui à Nantes, lui fit faire ses études ecclésiastiques dans son palais épiscopal, lui conféra les saints ordres et l'éleva à la dignité de chanoine et de grand archidiacre de son église. Puis connaissant son talent pour la prédication, il lui confia le soin d'annoncer la parole de Dieu.

PREMIERE MISSION DE SAINT MARTIN - Le premier peuple auquel Saint Félix envoya le pieux archidiacre pour lui porter l'Evangile fut une colonie de Saxons établie vers l'embouchure de la Loire dans les îles et sur la rive du côté nord. Cette mission de Saint Martin eut un plein succès. Le démon qui régnait en maître dans ces contrées encore païennes ne céda pas le terrain sans avoir fait de violents efforts pour s'y maintenir et pour tromper le saint missionnaire. Mais celui-ci éclairé de la lumière d'en-haut, sut découvrir toutes ces embûches, et les déjoua.
Saint Félix encouragé sans doute par ce premier succès de saint Martin, résolut de lui confier une autre mission bien plus importante, mais aussi bien autrement difficile.

RUINES D'HERBAUGES - A quelques lieues du rivage de la Loire, du côté du midi, et sur la rivière de la Boulogne, s'élevait alors une ville fameuse, connue sous le nom d'Herbadilla, ou Herbauges. Elle donnait son nom à tout le pays qui s'étend entre la Sèvre nantaise et l'Océan, jusque bien avant dans le département de la Vendée. C'est le pays surtout que saint Martin a évangélisé et qui lui doit le bienfait insigne de la vraie foi. Saint Martin a donné aussi une mission aux Essarts.
"La ville d'Herbauges était une des plus riche, grande et florissante de Bretagne, nous dit Albert de Morlaix, que nous allons transcrire dans le récit d'un évènement mémorable. Mais ainsi que l'abondance et prospérité causent la méconnaissance, les habitants de cette ville s'étaient tellement plongés dans le luxe et si abandonnés à toutes sortes de vices et d'abominations que Saint Félix, comme bon pasteur, soigneux du salut de leurs âmes, se résolut de les envoyer prêcher, et tacher de les détourner de leur mauvaise vie. Et connaissant saint Martin être de vie sainte et exemplaire, il jugea qu'aucun ne se pourrait mieux acquitter de cette mission que lui, partant il l'y envoya. Le saint y alla et étant entré dans la ville, fut laissé longtemps sur le pavé, sans qu'aucun le voulut loger. Il prêchait infatigablement ce peuple obstiné, mais en vain, car fermant les yeux à la lumière céleste, et les oreilles aux salutaires instructions du saint Archidiacre, ils se moquaient de lui et de sa religion.
Saint Martin voyant l'obstinée opiniâtreté de cette ville, se résolut à s'en retourner à Nantes. Mais auparavant, s'étant mis en oraison, Dieu lui révéla l'horrible punition dont l'incrédulité de ce peuple devait être châtiée. Saint Martin sortit de la ville et n'en était encore guère loin, lorsqu'il se fit un effroyable tremblement de terre, laquelle s'ouvrant engloutit cette ville avec ses tours, murs, châteaux, faubourgs, et autres appartenances, qui en moins d'une heure, fondirent en abîme. En leur lieu se fit un grand lac qui contient deux lieues de long, une et demi de large et 7 de circuit."
Tel est mot pour mot la narration que nous fait Albert de Morlaix de la ruine de la ville d'Herbauges. Une tradition constante depuis 1.300 ans, conserve le souvenir de ce fait épouvantable. Cette tradition fut écrite au IIe siècle, et même réduite en vers latins que l'on chantait sous forme d'hymne religieuse. Voici ces vers, ou plutôt cette prose rimée :
Dum non credit casum dedit
Herbadilla funditus
Per Martinum Vertavinum
Floret agmen primitus.
Cette poésie chantée dans l'église et prenant place au milieu des cérémonies du culte, ne pouvait admettre la moindre fantaisie.
L'effrayante catastrophe de la ruine d'Herbauges était destinée sans doute dans les desseins de la Divine Providence, à confirmer la mission toute divine de saint Martin, et à rendre les autres populations plus dociles à la voix de cet envoyé céleste. C'est ce qui arriva en particulier pour la ville de Durivum, ainsi que nous le verrons dans la suite.
Cependant le Missionnaire, comme s'il eût craint lui-même qu'il ne lui manquât encore quelque chose, retourna à Nantes, et renonça pour un temps à toutes les missions. S'étant démis de ses bénéfices, il partit pour Rome dans l'intention sans doute de puiser plus abondamment encore à la source l'esprit apostolique dont Dieu l'avait déjà revêtu.

SAINT MARTIN FAIT LE VOYAGE DE ROME - Il prit avec lui un prêtre nommé Maximien que l'Église honore aussi du titre de Saint, et qui fut toujours dans la suite le compagnon fidèle de ses voyages et de ses travaux apostoliques. Pendant ce voyage, Dieu multiplia les prodiges sous les pas de son serviteur. Dans ces temps reculés où la foi était vive, un grand nombre de personnes, de tout âge et de toute condition, faisaient le pèlerinage de Rome pour visiter les tombeaux des Saints Apôtres ; Saint Martin, touché de compassion pour les peines et les dangers qu'ils avaient à essuyer, sans autre moyen que celui de la prière, jeta plusieurs ponts sur des torrents et fit jaillir dans des lieux arides des sources bienfaisantes qui continuèrent de couler.
Quand nos deux pèlerins eurent satisfait leur dévotion dans les sanctuaires de la ville éternelle, ils se mirent en marche pour revenir. Or comme un jour il passaient aux environs d'une ville, ils attachèrent l'âne qui portait leurs hardes ; Maximien demeura pour la garde et saint Martin entra dans la ville pour y acheter des provisions. Maximien s'endormit et pendant son sommeil un ours, descendu des montagnes voisines mangea la pauvre bourrique. Maximien s'étant éveillé, demeura fort étonné et ne sut que répondre à saint Martin quand celui-ci fut de retour. Mais Dieu avait déjà révélé au Saint ce qui s'était passé, de sorte qu'il ne fit que sourire, disant : "Eh ! mon frère, Dieu nous pourvoira d'autre voiture". A peine avait-il proféré la parole que l'ours se présenta à lui, doux et traitable comme un agneau, lequel leur servit longtemps à même usage que faisait l'âne qu'il avait dévoré ; au grand étonnement de ceux qui le voyaient basté et sanglé porter de grands faix de bois au monastère de saint Martin."
Ceci se trouve consigné dans le chant religieux dont nous avons parlé plus haut.

SAINT MARTIN AU MONT CASSIN - Après ce pèlerinage de Rome, saint Martin, par une pratique qui a été commune à un grand nombre de Saints, voyagea dans plusieurs royaumes de l'Europe, afin d'en visiter les monastères et d'en étudier les règles. Il s'arrêta plus longtemps en Italie, dans le célèbre couvent du Mont Cassin, apprit à fond la règle de saint Benoît, la copia et l'apporta avec lui en France.

SAINT MARTIN DANS LES ALPES - Mais après avoir conféré avec les grands maîtres de la terre, saint Martin devait, comme autrefois saint François dans la Portioncule, saint Ignace à Manrèze et comme tous les Saints à peu près que Dieu destine à l'accomplissement de ses oeuvres quand elles sont grandes, saint Martin devait, dis-je, lui aussi, se mettre en communication directe dans la retraite avec Celui qui enseigne tout homme venant dans le monde. Il se retira donc dans un hermitage qu'il se choisit au milieu des Alpes en un lieu sauvage et inconnu du reste des hommes. Là pendant trois années consécutives, il eut à souffrir les jeûnes, les rigueurs de l'hiver, les privations et les incommodités de tout genre. C'est ainsi qu'il se préparait à fonder dans ces contrées, voisines de l'Océan, l'institution monastique, et à les éclairer des lumières de la vraie foi.

SAINT MARTIN EN ANGLETERRE - Voilà de quel moyen Dieu se servit pour retirer saint Martin de la chère solitude. Une fille d'un des rois d'Angleterre se trouva possédée d'un malin esprit, qui l'agitait et la faisait beaucoup souffrir. Souvent elle répétait qu'elle ne serait guérie que quand le solitaire Martin caché dans les Alpes reviendrait la délivrer par ses prières.
Le père regarda ceci comme un avertissement du ciel et envoya des gens dans les Alpes à la recherche du solitaire Martin. Dieu sans doute conduisait leurs pas ; ils le découvrirent dans ces lieux inaccessibles, lui exposèrent le but de leur voyage et l'engagèrent à les suivre.
Saint Martin après avoir consulté Dieu, croyant qu'il l'appelait à la cour de ce prince pour y faire éclater la gloire de son nom, les suivit avec son compagnon. Arrivé devant le roi, on lui présenta la jeune fille. Saint Martin se mit à genoux et la délivra par la vertu toute puissante de sa prière. Le père pénétré de reconnaissance donna à saint Martin de grands trésors.
Celui-ci les reçoit et les distribue entièrement aux pauvres sans en rien garder pour lui-même. A cette vue le père devenu chagrin demande ce qu'il pourra donc faire pour lui. Alors saint Martin le pria de lui donner une table de marbre pour en faire un autel. Quand elle fut prête, le roi la fit transporter au bord de la mer pour l'embarquer avec le saint et le faire reconduire dans son pays.
Saint Martin au lieu de monter dans le vaisseau se met à genoux sur le bord de la mer et après avoir prié quelques temps dans un recueillement profond, il se lève et pousse dans l'eau la table de marbre. O prodige, elle surnage ; saint Martin monte sur elle avec son compagnon, et de même qu'il est dit dans l'Évangile : ascendit Jesus in navem et applicuerunt (Jésus monta dans la barque et ils abordèrent), saint Martin abordait sur le rivage de la Neustrie, c'est-à-dire en Normandie.

SAINT MARTIN EN NORMANDIE - Dire la surprise des populations en voyant cet arrivage serait sans doute chose impossible : Dieu manifestant ainsi la sainteté de son serviteur pour lui gagner l'estime et la confiance des peuples qu'il devait prêcher et convertir. Mais de même qu'il est dit que les idées de Dieu sont bien différentes de celles des hommes qui pourrait presque affirmer la même chose de celles des Saints. ...
Pendant que tout le monde se précipite sur ses pas pour admirer les merveilles dont le revêt en quelque sorte le Tout-Puissant, lui se dérobe aux applaudissements, même à tous les regards et s'enfonce dans une épaisse forêt de la Normandie, dite Forêt Noire. Il s'y construisit de ses mains un pauvre abri avec des branches ployées et entrelacées, recouvrant le tout avec de l'herbe et des feuillages. Voilà donc encore une fois cette brillante lumière ensevelie et, comme parle l'Évangile, cachée sous le boisseau. Reconnaissons à ce trait le caractère de la vraie sainteté. Mais si les saints quittent tout pour Dieu, Dieu ne se montre pas moins généreux et ne leur refuse rien. Le dernier ermitage de notre Bienheureux était dans un lieu sec et aride, le Seigneur lui fit présent d'une fontaine délicieuse dont l'eau même parfois se changeait en vin pour satisfaire aux besoins du saint.
Mais enfin le moment était venu où ce vaisseau d'élection devait être employé aux oeuvres du Très-Haut. Peuples des rivages que baigne l'océan, allez, courez chercher l'apôtre que le ciel vous destine pour ouvrir vos yeux à la lumière et pour vous plier complètement désormais sous son joug paternel ; comme jadis un autre Martin plus célèbre encore, rangea sous ce même empire tout le centre de notre France.

SAINT MARTIN A VERTOU - En effet, nous voyons tous les peuples environnants courir en foule à la grotte de saint Martin. Comme un autre Jean-Baptiste, il les instruisait du fond de son désert et guérissait leurs malades. Les petits et les grands, les pauvres et les riches, les savants et les ignorants se succèdent, c'est un concours non interrompu. De pieux gentilshommes, de puissants seigneurs déposent à ses pieds de riches offrandes ; et lui qui, en Angleterre, avait refusé la munificence royale, accepte aujourd'hui les dons qui lui sont faits. Et c'est avec ces présents qu'il va se présenter à Nantes devant son maître Saint Félix. Il lui demande un lieu pour bâtir son monastère. Saint Félix lui assigna un endroit rempli de forêts, non loin des bords de la Sèvre, et nommé Vertou. Ce fut là que saint Martin fonda son premier monastère en l'honneur de saint Jean-Baptiste ; et c'est à cause de ce monastère dont il fut aussi le premier supérieur qu'il est connu sous le nom de saint Martin de Vertou. Deux ans après, saint Félix bénit l'église, et les moines ainsi que leur saint fondateur furent définitivement employés aux travaux des missions. M. de Kersabiec dans son histoire de saint Félix cite un très grand nombre de paroisses du diocèse de Nantes qu'il assure avoit été évangélisées et converties par saint Martin ou ses religieux. Nous n'en transcrivons ici que quelques-unes : Le Bignon, La Chevrolière, Cheméré, Chauvé, Rouans, Arthau, Le Clion, etc., etc.
On ne s'étonnera point des succès obtenus par saint Martin si l'on se rappelle avec quel soin Dieu prenait en quelque sorte tous les moyens imaginables pour bien convaincre les peuples qu'il était avec son serviteur comme autrefois avec les apôtres. En effet les prodiges opérés par saint Martin ne paraissent guère le céder aux miracles de ces premiers envoyés du Sauveur des hommes. Ainsi voici un fait que je rapporte sur la foi d'une tradition que je trouve encore assez vivante dans ma paroisse que si elle ne datait que d'hier.

LE BATON DE SAINT MARTIN - Lorsque saint Martin faisait creuser les fondations de son monastère de Vertou, il planta en terre le bâton dont il s'était servi dans ses voyages ; lequel prit racines, porta des feuilles, devint un grand arbre, lequel était visité des pèlerins qui, par dévotion, en prenaient des rameaux". Rien n'était plus capable assurément de gagner la confiance à saint Martin, et de lui attirer de nombreux disciples et collaborateurs. Or c'est ce qui arriva. Le nombre des religieux réunis autour de saint Martin à Vertou s'éleva bientôt à plus de trois cents ; tellement qu'il lui fallut songer à faire de nouvelles fondations. Il jeta les yeux sur la ville de Durivum, encore importante, et favorable à la diffusion de l'Évangile à cause des nombreuses voies romaines qui y aboutissaient. Deux de ces grandes voies mettaient Vertou en communication avec la ville de Durivum, celle d'Angers et celle de Nantes d'où l'on pouvait remonter la Sèvre jusqu'à Vertou.

SAINT MARTIN A DURIVUM, SAINT-GEORGES-DE-MONTAIGU - Saint Martin fonda à Durivum, un premier monastère d'hommes dans l'endroit où se trouve aujourd'hui notre école de garçons, puis ensuite sur la demande qu'on lui en fit un monastère de filles sur l'emplacement qu'occupe en ce moment le grand Logis. Il y vestit grand nombre de filles vertueuses et de maison." Il donna à ses religieux la règle de saint Benoît qu'il avait apportée du Mont Cassin.
Le Pouillé de Luçon nous dit qu'à partir de ce moment Durivum fut le centre d'où^le christianisme rayonna sur les populations demi-barbares du voisinage. Et ce fut pour célébrer les glorieux triomphes de la religion que le vieux nom de Durivum, vers cette époque ou un peu après, fit place à celui de Saint-Georges, le plus glorieux des chevaliers chrétiens. Malheureusement je n'ai pu tomber sur aucun auteur qui donnât des détails circonstanciés sur les diverses missions de saint Martin dans notre pays. Dans une vie de saint Martin il est fait mention d'une mission donné par lui aux Essarts.

MORT DE SAINT MARTIN - Cependant le moment approchait où le Seigneur allait récompenser les travaux de son serviteur en l'appelant à la gloire céleste. Comme saint Martin faisait une dernière fois la visite des différents monastères qu'il avait fondés, il fut pris à Durivum de la maladie dont il mourut. Dieu lui ayant fait connaître sa fin prochaine, il appela autour de lui les religieux, les exhorta à l'observance de la règle et à persévérer constamment dans leur vocation. Puis s'étant confessé généralement au prieur du monastère, il reçut les sacrements de l'Eucharistie et de l'Extrême-Onction, et ayant les yeux et le coeur élevés au Ciel, il rendit son âme à Dieu le 24e jour d'octobre de l'an de grâce cinq cent octante-neuf.
Les religieux de Vertou instruits de sa mort, vinrent à Durivum réclamer le corps du saint afin de l'enterrer dans l'église de leur monastère qui était le berceau de tout l'ordre. Ils étaient accompagnés d'une troupe nombreuse d'habitants de Vertou, bien déterminés à ne point revenir sans avoir obtenu le but de leur voyage. D'un autre côté ceux de Durivum ne se montraient pas moins résolus à conserver les précieux restes du Thaumaturge, croyant y avoir droit parce qu'il était mort chez eux, et regardant que Dieu avait voulu par là manifester sa volonté.
On se voyait arrivé au moment où ces peuples, qui conservaient bien encore quelque chose de leur rudesse primitive allaient en venir aux mains. Pour éviter un malheur qui pouvait aller jusqu'à l'effusion de sang, les moines s'entendirent et usèrent d'adresse. Quelques-uns des moines de Vertou partirent secrètement au commencement de la nuit emportant avec eux le saint dépôt ; les autres restant à chanter l'office toute la nuit pour empêcher les soupçons. Quant à ceux de Durivum, pour feindre d'avoir été surpris, ils allèrent se coucher alléguant les veilles non interrompues des nuits précédentes, qu'ils avaient employées à psalmodier autour du corps de saint Martin, exposé dans leur chapelle. Au point du jour la déception fut grande à Durivum, on frémit de colère et on se mit à la poursuite des ravisseurs. Ceux-ci avaient atteint les bords de la Sèvre dans un endroit appelé Portillaud ; mais n'ayant point trouvé de bateaux ils se virent dans un grand embarras. Ceux de Durivum approchaient ; les moines alors ayant mis le corps à terre, les eaux de la rivière se séparèrent justement comme autrefois celles du Jourdain à la présence de l'arche. Les moines de Vertou portant le corps de saint Martin traversèrent à pied sur le lit de la rivière et aussitôt les eaux se rejoignirent, barrant le passage à ceux de Durivum.
Ce miracle ayant été divulgué, il se fit un grand concours de peuples pour reconduire le saint corps à Vertou, entre lesquels se trouvait un pauvre homme aveugle qui, ayant invoqué saint Martin et touché son corps par dévotion, reçut la vue. Ce qu'ayant vu, un autre, qui était boiteux, fit de même et fut guéri. Le corps de saint Martin fut enseveli dans l'église de son monastère où Dieu fit plusieurs miracles par son intercession, rendant la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, aux paralytiques l'usage de leurs jambes. De sorte que de tous les royaumes voisins on venait visiter son tombeau. Un jeune homme de Toulouse étant devenu aveugle et tellement débile de ses pieds qu'il ne s'en pouvait servir, fut averti en songe d'aller visiter le tombeau de saint Martin s'il voulait guérir. Lui, croyant que c'était à SaintMartin de Tours, s'y fit transporter, mais après avoir fait des dévotions et offrandes n'y reçut aucun soulagement. De quoi étant fort triste, comme il s'en retournait quelqu'un lui dit qu'il allât à Vertou, il le fit et fut parfaitement guéri.
Le corps de saint Martin demeura à Vertou jusqu'à l'an huit cent septante huit que les Normands ravageant la Bretagne, fut transporté au monastère de Saint-Jouin-de-Marne en Poitou, nommé autrefois Monasterium Hesionense où il fut trouvé en une châsse avec les religieux des saints Judicaël, roi de Bretagne, saint Jouin, patron du lieu, saint Rufin et saint Marculptre, et fut transféré pour la seconde fois l'an 1130, de laquelle translation se fait tous les ans une fête solennelle le dimanche d'après la Nativité de Notre-Dame, au mois de septembre, qu'ils appellent à Saint-Jouin la fête des reliques.
Saint Martin en finissant de convertir Durivum à la religion chrétienne lui fait, pour un moment, oublier ses malheurs. Deux couvents, l'un de religieux et l'autre de religieuses, fondés dans le centre de la ville, joints aux aumônes abondantes d'un peuple encore dans la ferveur de sa première conversion, subvenaient amplement aux besoins d'une population devenue indigente. Une tradition rapporte qu'un autre couvent aurait existé sur le chemin qui mène du pont Boisseau au Grand Planty. On y remarque deux champs appelés les St. Gilaires. Ces champs sont encore en partie entourés de murs et au-dessous l'on montre un petit pré que l'on dit avoir été le cimetière du couvent ; peut-être découvrira-t-on là-dessus quelques renseignements.

 

SUITE DE LA DÉCADENCE DE DURIVUM


Cependant l'époque approchait où Saint-Georges ne serait plus qu'un bourg de campagne ; cette époque était celle de l'invasion des Normands vers 820. A ce moment de notre histoire, une grande révolution s'opéra dans la société ; elle déserta en quelque sorte les plaines pour les porter vers les lieux élevés et d'un accès difficile. On y construisit de véritables forteresses appelées châteaux-forts, pour s'y mettre à l'abri d'un coup de main. Les guerres intestines des seigneurs entre eux ne rendaient pas cette précaution moins utile que les pillages des Normands.
Si à l'embranchement des deux rivières de Saint-Georges il se fût trouvé alors un promontoire ou quelque rocher excarpé propre à y bâtir une citadelle, jamais, dit M. Dugast-Matifeux, Saint-Georges n'aurait vu son nom rayé de la liste des villes. Mais privé de ce moyen de défense naturelle, il dut voir à peu de distance de lui les forteresses de Tiffauges, de Clisson et de Montaigu, vers lesquelles affluèrent les populations effrayées désertant ainsi l'antique Durivum.

 

château de Montaigu

 

FONDATION DE MONTAIGU - Vers l'an 1130, Saint-Georges, ainsi que les pays environnants, était passé sous la domination anglaise. Sous le règne de Richard Coeur-de-Lion, plusieurs seigneurs anglais, dont les noms sont restés inconnus, réparèrent le château-fort de Montaigu déjà délaissé depuis qu'on n'avait rien à craindre des Normands, transportèrent de gré ou de force le plus de population qu'ils purent sur l'esplanade du côté du nord, près du château, et y formèrent une petite ville qui commença à prendre le nom de Montaigu.

PASSAGE DU DUC DE BERRY - En 1461, Charles, duc de Berry, frère unique du roi Louis II, allant de Poitiers à Nantes en suivant l'antique voie romaine, passa par Saint-Georges de Montaigu, mais sans s'y arrêter car ce n'était plus qu'un simple bourg.

PASSAGE DE HENRI IV - Vers la fin du seizième siècle, Saint-Georges-de-Montaigu reçut le roi Henri IV venant de la Rochelle. Ce fut à Saint-Georges que ce prince rangea ses troupes en bataille, pour les faire marcher contre le duc de Mercoeur qui, à la tête des seigneurs, assiégeait alors Montaigu, ville livrée aux protestants.

GUERRES DE RELIGIONS VERS 1562 - Saint-Georges ne se trouva pas à l'abri de leurs incursions. Les sectaires attirés sans doute par les Seigneurs de la Goyère et de la Gestière, qui étaient protestants, livrèrent bataille aux catholiques dans l'enceinte même de Saint-Georges. Ces derniers furent défaits et leur église qui était un prieuré de Saint-Jouin de Marne en Poitou fut brûlée. Mais la vraie foi que saint Martin avait plantée au milieu de ce peuple, qu'il y avait affermie, et comme enracinée par une vie toute de miracles n'en put être ébranlée. Le peuple de Saint-Georges demeura profondément catholique malgré le triomphe de l'hérésie, et la défection ou plutôt l'apostasie des Grands.

LE BARON DE GÈS - Le baron de Gès, fondateur, et par la suite seigneur à la Gestière était protestant. Nommé grand prévôt du Poitou, il eut pour mission de poursuivre les trois frères Guillerit, brigands, devenus célèbres à la suite de nos malheureuses guerres de religion. Ces frères, qui peut-être avaient d'abord combattu pour la bonne cause, prirent goût peu à peu à vivre de rapines et de brigandages et continuèrent après la pacification. Leur repaire était la petite ville de Vouvant. On rapporte un trait singulier et bien hardi de celui qui était sans doute le premier ou le chef des trois. Un jour que le prévôt avait grande invitation à la Gestière, Guillerit déguisé en poissonnier, et conduisant une charge de poissons, se présente au moment du repas. Le temps était trop bien choisi, on lui achète quantité de poissons, il dîne à la cuisine et son cheval est mis à l'écurie. A peine la société nombreuse et splendide était-elle à table que Guillerit va prendre son cheval, le présente à la fenêtre de la salle à manger, puis avec une profonde révérence ; vous cherchez Guillerit, dit-il, c'est lui qui a en ce moment l'honneur de vous saluer. Tout le monde se lève à ce coup inattendu. On court aux écuries, mais tous les chevaux avaient un jarret coupé ; et Guillerit enfilait la campagne en s'applaudissant de son stratagème. Ce qui ne l'empêcha pas plus tard d'être pris et étranglé. Une chanson pleine de sarcasmes et de railleries amères, fut composée ; elle marque combien le peuple était satisfait du supplice de ce scélérat. Elle devint tellement populaire qu'elle subsiste encore dans nos campagnes. En voici à peu près, je crois, le refrain :
Compère Guillerit
Enfant de Carabit
Te lairas-tu, te lairas-tu mourir.
Le Gès fut anobli pour ce bon office rendu à la sûreté publique, par lettres de patentes du roi Henri IV. Le Gès mourut de 1640 à 1650.

DANIEL DE LA PRIMAUDAYE - Daniel de la Primaudaye, seigneur de la Goyère, mort en 1686, était aussi protestant. A la révocation de l'Édit de Nantes, il fit semblant de se convertir. Mais après sa mort, il fut accusé d'avoir fini sa vie dans l'hérésie. Jugé au Présidial de Poitiers, condamné comme relaps, exhumé, et traîné sur la claie. Une dame de cette famille fut réduite à exercer en Angleterre le métier de laveuse.

ÉGLISE DE M. GUINAUDEAU - Cependant le peuple de Saint-Georges ne se relevait qu'avec peine des pertes que lui avait causées les guerres de religions. Aussi ce ne fut qu'en 1684 que M. François Guinaudeau, nommé curé de Saint-Georges entreprit d'y rebâtir une église. Elle ne devait pas être assurément en rapport avec les anciens sanctuaires de cette paroisse, mais très remarquables néanmoins pour cette époque. Elle avait trois nefs des piliers carrés en pierres de taille, reliés ensemble par des arcades, le tout en granit. L'église était régulière et bien éclairée. Le zélé pasteur employa 13 ans à construire son église, qu'on appela de son nom, l'église de M. Guinaudeau, parce qu'il en fit à lui seul à peu près tous les frais. A la fin cependant, l'évêque de Montauban, alors seigneur de Saint-Georges, apprenant la peine qu'éprouvait le digne pasteur à terminer son église, se chargea du dallage qui fut posé en belles pierres de taille de granit. L'église achevée en 1691 fut bénite par M. Guinaudeau qui vécut encore 16 ans, et mourut en 1713 après avoir été curé de cette paroisse 32 ans. Toutes ces époques si précises se trouvent consignées sur une pierre qui se voit encore aujourd'hui 1865, dans la partie non reconstruite de l'église de M. Guinaudeau. 

Bulletins paroissiaux de Saint-Georges-de-Montaigu - 1945 - 1946

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