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La Maraîchine Normande
22 janvier 2015

MOUTIERS-LES-MAUXFAITS (85) - L'ÉGLISE - LE CITOYEN-MAIRE ROBIN - L'ÉCOLE

MOUTIERS-LES-MAUXFAITS


Ce fut le 12 février 1791, qu'en vertu de la schismatique Constitution civile du Clergé et au nom du Roi (car Louis XVI avait eu la faiblesse de sanctionner la loi) les biens ecclésiastiques du prieuré des Moutiers, volés par l'État, furent mis en vente et achetés, à des prix dérisoires, par des acquéreurs sans scrupules.

 

ancienne église Moutiers-les-Mauxfaits


Les adversaires de l'Église trouvèrent alors que c'était très bien, et aujourd'hui les soi-disant esprits forts - plutôt très faibles - de la Ligue des Droits de l'Homme contre les Droits de Dieu estimeront sans doute que c'était parfait ; mais à ceux que les miasmes anticléricaux n'ont pas encore complètement abêtis, et auxquels il reste un grain de bonne foi et de bon sens, je me permets de soumettre, à titre de méditation, les simples faits très authentiques que voici :


1° Les revenus des biens ainsi volés par l'État étaient annuellement d'environ 3.000 livres.
2° Ils étaient régulièrement encaissés par le trésorier du Chapitre de la cathédrale de Luçon, mais ils n'entraient dans la bourse des Chanoines que pour en ressortir aussitôt, sous forme de subventions destinées à parer à tous les frais du culte dans la paroisse des Moutiers.
3° En dehors des frais ordinaires du culte, le Chapitre versait annuellement, entre les mains des marguilliers, la somme nécessaire pour entretenir une école où les petits enfants des Moutiers recevaient une instruction élémentaire, école qui fut naturellement fermée à partir du jour où furent volés les biens dont les revenus la faisaient vivre ; de sorte que, pendant toute la Révolution, et jusqu'à l'époque du Consulat, les pauvres drôles de la paroisse furent condamnés à la seule instruction que pouvait leur fournir ... l'école buissonnière !
4° En outre des frais du culte et de l'entretien de l'école, les Chanoines de Luçon - qui devaient tout de même être joliment économes parce que charitables - trouvaient encore le moyen de prélever de temps en temps, sur les revenus qu'ils encaissaient aux Moutiers, des sommes plutôt rondelettes pour ajouter un brin de superflu à la vie paroissiale. C'est ainsi, par exemple, qu'en 1763 (je précise la date) ils avaient fait construire, à leur frais, les magnifiques halles qui étaient alors les plus belles de tout le Bas-Poitou et qui, après avoir contribué à la réputation régionale de nos foires, sont peut-être encore aujourd'hui les plus curieuses du département.

 

 

Moutiers-les-Mauxfaits halles

 

 

Le vol des biens ecclésiastiques, en 1791, n'était qu'un premier pas dans la voie de l'arbitraire et de l'iniquité ; l'État voleur en fit un second en mettant hors la loi les volés, et aussitôt la persécution commença. de plus en plus violente, contre les ministres du culte dépouillés et qui, en outre, n'eurent même plus le droit d'exercer gratuitement leur ministère. Les prêtres qui avaient refusé de prêter le serment schismatique, c'est-à-dire d'apostasier, furent assimilés à de vulgaires bandits et traités comme tels. On se contenta d'abord de les condamner à l'exil et de les déporter. Quant aux réfractaires qui avaient eu le mauvais goût de ne pas vouloir monter bénévolement dans cette première charrette, la police se mit à leurs trousses, et tous ceux qu'on arrêta furent jetés dans les prisons, bondées de suspects, d'où l'on ne sortait guère que pour être traîné à l'échafaud.

Le curé des Moutiers ayant été chassé dès la première heure, l'église avait été fermée, en attendant qu'on la laïcisât, comme nous dirions aujourd'hui, pour en faire successivement un Temple de la Raison et ... un magasin à fourrages ! Il n'y eut plus, dans la paroisse désormais sans pasteur, ni messe, ni baptêmes, ni mariages religieux ; on agonisait, on mourait sans avoir reçu l'absolution du prêtre, et les morts n'étaient conduits au cimetière que pour y être enfouis comme des chiens ! Et cela, au nom de la loi et de la liberté, devait durer plus de dix ans !


En revanche, si l'apostolat religieux était interdit sous peine de mort, l'apostolat révolutionnaire était devenu obligatoire, toujours au nom de la loi et de la liberté. L'ex-avoué sablais Biret qui, devenu agent terroriste, jouait alors au proconsul dans toute notre région, avait commencé par créer un corps "d'apôtres sans-culottes ardents" (sic), chargés d'aller combattre "la superstition et le fanatisme" dans les campagnes. Mais comme ces apôtres, encore plus pratiques qu'ardents, entendaient bien ne point marcher à l'oeil, leur patron, en sa qualité de procureur-syndic, avait fait prendre par les membres du District des Sables l'étrange arrêté que voici :


"Article premier - Il sera ouvert une souscription volontaire pour payer les dépenses indispensablement attachées à l'apostolat révolutionnaire.
Art. II - Tous les citoyens sont invités de contribuer à cette collecte civique, suivant leur générosité ou que leurs moyens pécuniaires le leur permettront.
Art. III - Les offrandes seront déposées sur le bureau de la Société populaire, sous trois jours de la publication du présent arrêté.
Art. IV - Ceux des citoyens riches, qui seraient assez égoïstes pour ne rien offrir ou qui ne le feraient pas proportionnellement à leurs facultés seront dénoncés à l'opinion publique.
Art. V - Le présent arrêté sera envoyé à la Société populaire et sera publié au son de caisse."


Cette façon de solliciter des offrandes rappelait tout à fait - avec une bonne dose d'hypocrisie en plus - le procédé des bandits de grand chemin demandant la bourse ou la vie, et les citoyens se le tinrent pour dit ; bon gré mal gré, tous s'empressèrent de mettre la main à la poche, surtout les riches qui redoutaient avec raison d'être dénoncés, tout dénoncé devenant suspect et tout suspect, à ce moment de la Terreur, étant noté comme bon pour l'échafaud ! Les apôtres sans-culottes se mirent alors en campagne, avec Biret à leur tête.


Ce fut le 9 février 1794 qu'ils vinrent évangéliser la vallée de Troussepoil. Il serait intéressant de savoir à quoi s'en tenir sur le succès de cette journée apostolique : c'est malheureusement impossible, à défaut de documents précis. Sans doute Biret, dans un rapport à l'esbrouffe destiné à se faire mousser personnellement auprès de la Convention, écrivait à celle-ci, le jour même, que le peuple des Moutiers, "assemblé en foule dans le Temple de la Vérité, a solennellement abjuré sa superstitieuse et intolérante religion catholique, et juré de ne reconnaître d'autre culte que celui de la philosophie républicaine et de l'amour de la patrie" ; mais un point, c'est tout ! Et comme, d'autre part, l'ex-avoué, toujours ficelle, note sur ses tablettes qu'il n'a trouvé là que des "Municipaux faibles et nuls", tout ce qu'on pourrait conclure, en rapprochant deux documents si vagues et quelque peu contradictoires, c'est que la prétendue foule, rassemblée pour cette mascarade impie n'avait dû être composée que de braillards soifeurs, préalablement arrosés par les apôtres sans-culottes, grâce à la bonne galette juteuse des poires tapées sous la pression de la peur !

 

Le Concordat ne rendait pas seulement la liberté aux prêtres proscrits ; il mettait, en outre, leur entretien à la charge de la Nation. Ce n'était que justice, en vertu du principe qui oblige tout voleur à restituer ce qu'il a volé. Aux termes de ce traité de paix religieuse, conclu entre l'Église et l'État, il fut donc entendu que celui-ci, à titre d'indemnité, assurerait désormais aux ministres du culte un traitement capable de les faire vivre. En outre, les anciennes Fabriques, officiellement réorganisées, étaient autorisées à reconstituer peu à peu, à l'aide de nouveaux dons des fidèles, l'ancien patrimoine ecclésiastique confisqué par la Révolution.


Ce fut le 19 février 1803 (29 germinal an XI) que la Municipalité des Moutiers installa la nouvelle Fabrique paroissiale, et voici, à ce sujet, le curieux procès-verbal que j'emprunte à nos archives, en ayant soin de respecter scrupuleusement tant la ponctuation que l'orthographe :


"Aujourd'huy trente pluviose lan onze de la Rép. nous soussignés Maire et adjoint de la mairie de cette commune, juge de paix de ce canton, commissaire Répartiteur et membres du Conseil municipal réuni sur linvitation du Maire aux fins de nommer un fabriqueur et son conseil de fabrique de cette commune en execution de la loi du 18 germinal an dix sur lorganisation des cultes art. 76 ainsi conçu ; il sera établi des fabriques pour veiller a lentretien et a la conservation des temples à ladministration des aumônes.
Le citoyen Maire ayant consulté lassemblée sur le mode à suivre pour lelection du fabriqueur et des membres de son conseil et a quel Nombre seleveraient Celui des dits membres du conseil de fabrique, il a été arrete a lunanimité que le nombre serait de deux qui ainsy que le fabriqueur seraient Nommé par scrutin secret et a la pluralité Relative. Chaque votans, au Nombre de onze ayant déposé leur vote, il en est Resulté que le citoyen Antoine Guesdon a reuni six voie, le citoyen Jean Tessier quatre et le citoyen Charles Joseph Alexandre Dupont une. En conséquence le Maire a proclamé le citoyen Antoine Guesdon fabriqueur et les citoyens Jean Tessier et Charles Joseph Alexandre Dupont membres du Conseil de cette fabrique qui ont unaniment accepte leur fonction."

L'Église rendue au culte, le Curé réinstallé, la Fabrique légalement reconstituée et les deux autorités, civile et religieuse, tirant désormais sur la même corde : c'était la paix enfin rétablie dans la paroisse des Moutiers, après dix années de persécution, de sectarisme révolutionnaire et de vie sans Dieu.


Depuis le 24 janvier 1802, date de sa nomination de maire, le "citoyen Robin" n'avait cessé de s'affirmer comme chaud partisan de l'esprit nouveau imposé partout, comme principe de gouvernement, par l'auteur du Concordat : emboîtant le pas à la politique pacificatrice du Premier Consul il avait multiplié les avances, les démarches à la Préfecture et même, au besoin, les arrêtés municipaux, non seulement pour rassurer le curé (proscrit de la veille et naturellement intimidé), mais encore pour lui faciliter la plus grande liberté dans l'exercice de son ministère. C'est ainsi, par exemple, que, le 19 mars 1803, on voyait s'étaler sur les murs une pancarte officielle dont voici la copie :


"Arrêté du Maire sur le libre exercice du Culte :
"Le Maire de la com. des Moutiers-les-Mauxfaits, vu la loi du 18 germinal an 10, relative a lorganisation des cultes art. 45 qui ne déffend pas aucunes cérimonies religieuses hors de lédifice consacré à lexercisse du culte catholique en cette commune il est permi à Mr Maymard pretre curé de cette commune dexercer publiquement son culte tant interieurement qu extérieurement. Délivré, en Mairie, ce vingt-huit ventose lan 11e.
ROBIN, maire."


C'était parfait. Mais, pour en arriver là, le signataire avait dû mettre pas mal de gouttes d'eau libérale dans son tord-boyaux révolutionnaire ; car, depuis l'année 1793, il s'était plutôt classé carrément à gauche, pour ne pas dire à l'extrême gauche.


Jeune chirurgien aux Moutiers lorsque éclata la Révolution, et emballé, comme presque tous les demi-lettrés d'alors, à la suite des beaux parleurs démagogues qui ne juraient que par Voltaire et Rousseau, il avait, dès le mois de mars 1793, lâché la lancette pour tirer l'épée contre la très légitime insurrection vendéenne. Ses états de services, comme militaire, nous le montrent tout d'abord lieutenant et bientôt capitaine de la garde nationale, puis successivement capitaine de cavalerie franche, commandant du poste de Saint-Cyr et enfin capitaine de hussards. C'est dire que pendant tout le règne de la Terreur il avait sinon mis personnellement les mains à la pâte sanglante, du moins figuré comme officier dans les troupes de soutien dont le rôle était de faire la police sur les limites du Bocage insurgé : ce qui permettait aux bandits déchaînés par Turreau de tout mettre à feu et à sang à l'intérieur de la Vendée et d'y massacrer, à tête reposée, les femmes et les petits enfants de ceux qu'on appelait les Brigands.


Républicain, certes ! mais humain, le capitaine de hussards s'était tout d'abord étonné, puis bientôt indigné au récit des abominations dont ne craignaient pas de se vanter les massacreurs. Il commença par se demander si c'était bien ainsi qu'on devait pratiquer la fraternité proclamée par la devise républicaine ; puis, interrogeant sa conscience, il finit par se rendre compte et par se dégoûter du rôle de complice qu'on lui faisait jouer : si bien qu'un beau jour, n'y tenant plus, il donna sa démission de protecteur de bourreaux, brisa son épée et vint reprendre aux Moutiers sa lancette.

[voir également : http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2015/01/22/31362432.html]


Il avait été l'un des premiers à y acclamer l'avènement de Bonaparte nettoyant les écuries d'Augias de la République, mettant les bandits à l'ombre, rendant sa place à Dieu et rappelant les prêtres proscrits ; puis en bon citoyen, en républicain logique ami de la liberté, il s'était empressé de se mettre tout entier au service de l'ordre et de la paix pour réparer de son mieux, dans sa modeste sphère, les malheurs produits par dix années de désordre et de guerre civile.

L'oeuvre de réparation du Concordat valut à l'Église de France un siècle de paix et de prospérité. Il y eut bien sans doute à plusieurs reprises, de la part des Gouvernements qui se succédèrent, soit des tentatives d'empiètement, soit même des empiètements formels dans le domaine de la liberté religieuse ; en 1880, par exemple, lors des iniques décrets qui furent le signal de la guerre aux Congrégations ; mais, en somme, le Clergé séculier de nos paroisses continuait à être reconnu, bon gré mal gré, comme faisant partie essentielle de l'armature nationale. Pendant plus de trente ans, la troisième République elle-même n'avait point osé s'en prendre à lui autrement que par de mesquines chicanes, et il fallut l'arrivée au Pouvoir d'un renégat pour que se déclenchât l'attaque ouverte, depuis longtemps préparée dans le secret des Loges. Ce fut, en effet, le défroqués Émile Combes, l'homme du "régime abject" de la casserole et des fiches, qui attacha le grelot de la loi sur la Séparation de l'Église et de l'État.


S'il ne s'était agi que d'une séparation à l'amiable, laissant au Clergé la libre administration des biens ecclésiastiques, peut-être eût-on pu s'entendre. Mais, en réalité, c'était la spoliation que l'on voulait ; c'était la réédition du vol commis en 1790 et réparé par le Concordat ; et, pour y arriver, on adressa au Clergé un ultimatum qui pouvait se résumer ainsi : "Si vous ne voulez pas donner à l'État les clefs de votre caisse, non seulement nous vous couperons les vivres dans l'avenir, mais encore nous vous dépouillerons de tous les biens, nous confisquerons tous les fonds dont le Concordat vous avait garanti la libre disposition ! C'est à prendre ou à laisser !"


Mais les escarpes qui avaient osé proposer un pareil marché devaient encore moins de succès que leurs devanciers de 1790 ; car s'il y avait dans le Clergé, à l'époque de la Révolution, quelques rares brebis assez galeuses pour se laisser acheter en prêtant serment à la Constitution Civile, Dieu merci ce fut à l'unanimité que les prêtres de France, en 1906, envoyèrent promener les maîtres-chanteurs en leur faisant cette fière réponse : "Plutôt mourir de faim que de nous rendre !"


Et c'est alors que partout il fut procédé, au nom de lois intangibles tirées de l'arsenal de Robert Macaire, à ce brigandage des Inventaires qui eut pour résultat de faire passer dans la poche de l'État ... et des gros liquidateurs, non seulement le produit de tous les biens ecclésiastiques, évêchés, curés, séminaires, etc ..., mais même l'argent des morts, cet argent versé sou par sou, par plusieurs générations de fidèles, pour assurer le bénéfice de quelques messes aux pauvres défunts !


Ce fut le 4 janvier 1907 que l'acte de brigandage s'accomplit aux Moutiers, en présence et malgré la protestation de M. le Curé Faivre, lequel constate sur les registres paroissiaux qu'à cette date on vint s'emparer, au presbytère, de quatre titres de rente ... et d'une somme de 29 fr. 47 centimes, reliquat des recettes de fabrique pour l'année 1906. Et l'abbé Faivre ajoute : "C'est un capital de près de dix mille francs dérobé par l'État à l'église des Moutiers ... Cet argent servait uniquement à acquitter les messes et services de fondation et avait donc été donné uniquement pour des prières."


Retenons bien cette date tristement historique du 4 janvier 1907, ainsi que la note indignée du bon et doux curé Faivre dans la caisse duquel les cambrioleurs combistes, après avoir volé aux morts dix mille francs de titres de rente, n'hésitèrent pas à rafler jusqu'au reliquat de 29 fr. 47 centimes !

 

L'ÉCOLE DES MOUTIERS
Révolutionnaire converti et désormais éclairé sur le compte des éteignoirs de la soi-disant Libre-Pensée, le "citoyen maire" Robin avait à coeur de faire rétablir au plus tôt l'ancienne école des Moutiers.
Mais ce n'était pas chose facile.


D'abord, on ne pouvait plus compter sur l'ancien régent, lequel était parti pour un monde meilleur.


Ensuite, comme les écoles avaient été partout supprimées par la Révolution, et que le Gouvernement réparateur du Consulat insistait pour qu'on les rétablit partout, c'était à qui, parmi les Maires zélés, prendrait les devants et ferait les offres les plus alléchantes pour mettre la main sur les meilleurs sujets disponibles. Or les candidats n'affluaient malheureusement pas, beaucoup des anciens titulaires étant ou décédés, ou désormais trop âgés pour reprendre leurs fonctions.


Mais, le "citoyen-maire" Robin était débrouillard ; son curé, l'abbé Maymaud, ne l'était pas moins. Ils manoeuvrèrent si bien de concert qu'ils finirent par dénicher l'oiseau rare, ainsi qu'en témoigne la curieuse délibération municipale que voici, datée du 19 floréal an XII (9 mai 1804) :


"Lan douze de la République française une et indivisible, le Conseil municipal de la commune des Moutiers-les-Mauxfaits et Saint-Avaugourd réuni aux marguilliers et Curé de cette paroisse composée des deux communes, nous sommes réuni au lieu des séances de la mairie des Moutiers, sous la présidence du citoyen maire ... Nous avons observé que le principal objet de notre Reunion est dans les "vûes" de la loi, la lettre du Préfet tend à établir dans chaque commune un maître décole, un secrétaire de mairie et de lui fixer un traitement annuel quil convient de lui accorder en ses qualités. Considérant que cette commune a toujours eu un maître décole et chantre, le Conseil après avoir délibéré de cet établissement a reconnu que la population et limportance de cette commune réunie mérite dy fixer un maître décole qui peut remplir la place de chantre et de concierge des prisons du canton, et son choix est tombé sur la personne du citoyen Jacque Joseph Jonnet instituteur primaire d'Olonne muni de la commission de Mgr leveque de Luçon en date du 2 octobre 1787 et reçu par les membres du juri dinstruction de Larondissement des Sables, et vu la lettre du maire de sa commune attestant ses capacité pour instituteur et chantre et sa bonne conduite nous lavons nommé maître décole et chantre de cette paroisse et concierge des prisons du canton et a promi de sen acquitter dignement.
Le Conseil ayant délibéré sur le salaire quil convient de, lui allouer en ses qualités a fixé son salaire ainsy quil suit savoir : 1° en sa qualité de chantre il recevra les honoraires de léglize accordés par le tarif des oblations ; 2° en sa qualité de maître décole il recevra, à compter de ce jour, en payement les arrérages des rentes due a linstituteur de cette commune qui se montent à 269 livres. Tous les membres des Conseils réunis demandent par le présent le payement : 3° en sa qualité de concierge il recevra le logement et le payement de la somme de cinquante francs par an ...
Le Conseil a fixé la Rétribution fournie par les parents savoir, pour ceux qui commencent à lire et jusquà ce quils écrivent à un franc cinquante centimes par mois, et pour ceux qui lisent, écrivent et chiffrent à deux francs par mois.
Et en vertu de Larticle quatre de la loi relatée ci-dessus nous exemptons de la Retribution ceux des Parens qui seraient hors détat de la payer en proportion du cinquième des enfans reçus dans lécole.
De tout quoi nous avons rédigé le présent procès-verbal que le Maire de cette commune est chargé de faire parvenir au citoyen prefet dans le délai et suivant la marche quil lui a prescrit pour avoir son approbation."


Et voilà comment, en 1804, grâce aux démarches du maire Robin, rallié au gouvernement réparateur du héros de Marengo, l'école des Moutiers, fermée depuis 1793, put enfin rouvrir ses portes à un nouveau régent, à la fois instituteur, chantre et ... gardien de la prison.

Henri Bourgeois
Bulletin paroissial de Moutiers-les-Maufaits - 1931 - 1932

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